Vive la crise, à mort la récession


Via Alea, je lis cet article de Clive Crook, qui se désespère de la tournure idéologique prise par le débat sur les politiques économiques aux Etats-Unis. Crook n’a pas tort sur beaucoup de choses. Il a en revanche, je crois, tort de s’arrêter à Krugman vs Barro pour valider sa thèse.

 

Car cela néglige à mon sens plusieurs choses.

La première, c’est qu’il ne sont pas les seuls à compter. La deuxième, c’est que savoir jusqu’où se niche la pure idéologie est complexe. Crook dit (c’est moi qui grasse) :

“I had thought they would at least agree that raising trade barriers at a time like this must be a bad idea. Then I read Paul Krugman, Nobel laureate, Princeton professor, and New York Times columnist, explain that raising tariffs – though perhaps unwise for other reasons – “can make the world better off”. “There is a short-run case for protectionism,” he went on, “and that case will increase in force if we don’t have an effective economic recovery programme.” What are his readers to make of this? Are all the economists who say otherwise just wrong?”

Krugman souhaite depuis longtemps maintenant peser sur les débats de politique économique. On sait que cela n’est pas toujours heureux et que son Nobel est de ce point de vue un petit miracle (petit seulement). Néanmoins, on sait aussi qu’avant cela, il était de ceux qui se lamentaient que certains concepts d’économie erronés soient largement exploités en politique. A l’époque, il avait formulé l’idée que si certains avançaient des thèses fausses, c’était pour se faire comprendre plus facilement et faire passer en douce des mesures basées, en réalité, sur un autre raisonnement, plus conforme de la bonne économie. Sous cet angle, le passage mis en gras me semble exploitable. Crook affirme un peu plus loin dans le texte que si Krugman envisage le protectionnisme, c’est pour plaire à ses amis libéraux. Sauf que les mêmes amis libéraux n’ont pas forcément quelque chose contre un programme de relance… Bref, envisager le protectionnisme si la relance n’est pas massive, c’est plus militer pour une relance massive que pour une hausse des droits de douane. Mais, dans le même temps, c’est aussi adresser un message aux opposants au plan : relance ou fermeture, vous préférez quoi ? Force est de constater que des conservateurs préféreront le protectionnisme, c’est vrai. Mais pas tant que ça, si on suit les clivages récents entre Républicains et Démocrates. En d’autres termes, c’est à un jeu risqué que se livre peut-être Krugman, mais dès lors que l’on entre dans la logique de celui qui crie le plus fort, il vaut mieux agir de la sorte. Ce qui ne me réjouit guère, pour tout dire, en tant que rédacteur d’éconoclaste.

Par ailleurs, je trouve que la critique de Crook du comportement des économistes sur la toile est abusive. En gros, il leur reproche de fonctionner en chapelles sans connexions, de favoriser les clans et les invectives plutôt que le débat. Son exemple de Krugman vs Barro infirme déjà en partie son point de vue, tant les commentaires ont été variés sur le sujet. Il a également tort de croire que les barrières sont aussi élevées qu’il ne le dit. La confrontation des idées existe. Un certain nombre de médiateurs créent des ponts. Rien que pour le cas américain, le très attentif Mark Thoma de Economist’s View réunit, compile et commente des points de vue assez variés. Le lecteur n’a qu’à se servir s’il veut avoir une vue du débat qui ne soit pas couverte d”œillères. N’oublions pas non plus que la plupart des lecteurs des blogs d’économie ne sont pas économistes et qu’ils sont les auteurs des commentaires. Et quand bien même existerait-il un comportement clanique, ce n’est pas le privilège des économistes sur le Net. C’est plutôt la norme de la plupart des communautés, des supporters de foot jusqu’aux fans de Mac vs PC.

Enfin, et surtout, déplorer ce qui se passe actuellement sans revenir sur le travail collectif de réflexion réalisé sur Internet au moment de l’explosion de la crise bancaire est dommage. On a vu à ce moment là une intelligence collective se mettre en place dans un laps de temps étonnamment court, bien au delà des clivages habituels de la discipline. On pourrait souhaiter que cette intelligence se soit prolongée au moment des choix de politique conjoncturelle. Pour l’instant, il faudra s’en contenter, en se disant que les crises financières sont plus sympathiques que les récessions qui les suivent…

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27 Commentaires

  1. "si Krugman envisage le protectionnisme, c’est pour plaire à ses amis libéraux."

    Il faut bien sûr se rappeler que le mot "liberal" en anglais veut dire à peu près le contraire du mot "libéral" en français.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Oui, mais bon, quand va-t-on pouvoir éviter de prendre 10 lignes à chaque fois pour ça ?

  2. @stéphane
    parce que je suis sûr que même sur ce site il y a une majorité de gens qui ne le savent pas ou ont oublié

  3. @ stéphane : ben moi je vous avoue que j’ai compris votre "libéral" dans le sens français… Mettre en italique ou faire juste la précision en trois mots (plutôt que dix lignes…) aurait probablement suffit à ôter toute ambiguité…

  4. La reponse de Krugman:
    krugman.blogs.nytimes.com…

    Au risque de paraitre biaise ideologiquement, je trouve Crook assez malhonnete intellectuellement lorsqu’il ne cite qu’une phrase sur 2 du post de krugman, oubliant "opportunement" celles en soutien au libre echange:

    "if we go all protectionist, that will shatter the hard-won achievements of 70 years of trade negotiations — and it might take decades to put Humpty-Dumpty back together again."

    D’ailleurs, Krugman commencait son post en affirmant qu’il fallait etre irrite ("upset") par les mesures protectionistes (le "buy-american")incluses dans le plan de relance US.

    Et comme il le souligne, Crook ne discute absolument pas de la validite de l’argument…vous avez dit biais ideologique?

  5. Oui, moi aussi ça m’a fait bizarre ce "liberal" ("gauchistes")… Euh, une relance sans protectionnisme, ça donne pas Pierre Mauroy ? (pshittt !)

    Ps : je vais prendre mon bain sans mettre le bouchon sur l’évacuation d’eau, je calcule ensuite mon multiplicateur de mousse et je vous rappelle !

    Réponse de Stéphane Ménia
    Mauroy était seul au monde à relancer.

  6. Bien vu ! Cependant 900 milliards de dollars contre 200 millions d’euros, ça ne fait pas un Obama RELATIVEMENT seul ?

    Réponse de Stéphane Ménia
    Oui. D’ici à ce qu’il en conclue qu’il faut du protectionnisme…

  7. L’une des causes de l’actuelle crise est l’usage de très diverses stratégies dopeuses de croissance qui leur pètent aujourd’hui à la gueule. Parmi lesquelles, principalement, les stratégies de paradis fiscaux, les stratégies de spécialisation dans la finance (que l’on peut aisément identifier par le travail de modification du droit national relatif) et les stratégies de sweatshops.

    Les économistes partisans d’une relance massive prennent implicitement parti en considérant que les avantages acquis par les états dont les stratégies ont largement contribué à créer les conditions de la crise n’est pas une chose importante à considérer : je ne suis pour ma part par surpris que les perdants du jeu, ou, du moins, ceux convaincus de l’être, ne puissent pas partager cette opinion.

    Dès lors, je ne vois rien de bien étonnant à ce qu’un consensus sur la crise financière mène à un clivage sur l’intérêt même d’éviter une récession qu’auront tout fait pour obtenir ceux qui espéraient gagner au jeu contre les autres.

  8. Si on regarde ça d’un peu loin, sociologiquement, on ne peut s’empêcher de penser que ce qui se dit derrière la complainte de Cook, c’est la diminution de la force symbolique qu’apportait l’économie académique à l’équilibre idéologique antérieur à la crise. Cette contribution était fondée : 1) sur la victoire presque complète des positions post friedmanienne depuis 30 ans dans la discipline 2) sur la coincidence de ce relatif consensus universitaire avec les positions libérales (au sens français) dans le champ politique. Bref, les libéraux pouvaient d’autant plus affirmer être dans le vrai qu’il leur était possible de proclamer que tous les économistes étaient d’accord avec eux. Si cette unité des économistes se défait, c’est, comme le dit Cook, la force symbolique de la discipline qui disparaît, puisque toute prise de position scientifique semble n’être plus qu’une apparence derrière laquelle se dissimule des positions politiques. Mais, du même coup, la discipline perd toute la valeur persuasive qu’elle apportait jusque là aux libéraux qui s’appuyaient idéologiquement sur elle. Et c’est sans doute cela qui est, pour Cook, qui est l’expression même de ces libéraux qui s’appuyaient sur des nécessités économiques supposées pour affirmer des positions politiques contingentes, le plus dommageable.

  9. Moi qui suis farouchement libéral, je n’ai jamais pensé que l’économie académique, "mainstream" ou "néoclassique", apportait des arguments décisifs en faveur du libéralisme. Si le libéralisme reposait sur la théorie de l’équilibre général et ses séquelles, il serait en effet bien fragile. Les critiques d’un Maris ou d’un Généreux me semblent tout à fait fondées, à ceci près qu’elles passent à côté du véritable libéralisme, qui est en effet d’essence idéologique (éthique pour être précis). Les "autrichiens" (oui, je sais, y’en a pas beaucoup…) sont plus libéraux que les néoclassiques tout en réfutant leurs positions en économie. Et Turgot, Say, Mill, Bastiat et consorts n’ont pas attendu Walras ni Samuelson.

  10. Il est certain qu’on ne peut que très difficilement dire que la crise financière est une crise du libéralisme :

    oserai-je dire, bien au contraire :

    C’est le secteur de la finance règlementée qui s’est effondré, et ses contrôleurs, ses organisations de tutelles, les banques nationales, les auditeurs, les comptables et les évaluateurs : bref, toutes ces créations secondaires conséquences de l’application des théories économiques les plus orthodoxes mises en oeuvre dans le monde réel par l’élite des meilleures écoles.

    Le secteur dérèglementé lui, sombre en silence, et sans faire jouer tout ce qu’il compte d’entregent pour mendier l’argent public.

  11. @Passant
    +1 ! c’est bien que de temps en temps quelqu’un rappelle ça, au lieu de hurler avec les loups pour réclamer encore plus de réglementation !

  12. Je dirait plutôt dit que les "contrôleurs, organisations de tutelles, les auditeurs, les comptables et les évaluateurs" ont failli, plutôt que "se sont effondrés".

    Pour les banques nationales, je ne sais pas ; desquelles parlez vous ? Leman Brother et compagnie (i.e. toutes les banques qui ont eu besoin d’argent, c’est à dire toutes les banques), c’est (était) pas privée ?

  13. tangi: j’aurais peut-être effectivement du utiliser le terme "banques centrales" plutôt que banques nationales, notamment du fait que l’une des missions qui leur échoit est le contrôle de l’évolution de la masse monétaire. Et j’ai le sentiment que l’idée selon laquelle les masses monétaires sont désormais tout à fait hors de contrôle n’est pas juste mon analyse de la situation.

    Et même en Europe, comme le dit la Banque de France elle-même :

    http://www.banque-france.fr/fr/p... (dernier paragraphe)

    "Il reviendra à la BCE de déterminer les orientations et infléchissements …. et aux banques nationales de les mettre en oeuvre sur leurs places respectives……".

    Et, me semble-t-il, les choix de la BCE ces dernières années n’ont pas fait l’objet d’acerbes commentaires des plus éminents spécialistes.

    Pour le reste, le caractère collectif et uniforme de la faillite d’ensemble d’un tel ensemble de profession traduit davantage, me semble-t-il, *l’effrondrement d’un système* plutôt que de si nombreux échecs simultanés de tant d’hommes et de femmes dont la bonne volonté générale ne fait aucun doute. A moins de croire à un complot corporatiste, j’admets.

  14. Pour les masses monétaires, j’avais entendu parler de la politique de Bernanke, mais j’ignorais que pour l’Europe le problème existait.

    Pour le reste, je ne vois pas quelle réglementation est responsable de la crise ? Les ratio de Bale, le markt to market ? Cela à jouer un rôle certes, mais est ce vraiment le facteur principal ? Les incitations au risque des politiques de prîmes, les relations clients/évaluateurs des agence de notation avec les banques, l’incompétence des assureurs (AIG) me semblent plus importants.

  15. Je viens de jeter un coup d’œil aux stats monétaires de la zone euro. Tous les agrégats ont des taux de croissance en chute libre : la décélération est brutale. M1 a rebondi au début de l’automne, au moment des grandes interventions des banques centrales, et de la fuite vers la liquidité des acteurs, mais cela 1) n’a pas suffit à stopper la décélération des taux de croissance des autres agrégats 2) n’a été que temporaire, puisque le taux de croissance de M1 a fortement décéléré en décembre.

    Pour le reste, pour l’instant, il y a beaucoup de discours de réassurance du côtés des libéraux -qui tournent à vide. Peut être que si la crise est brève, ces discours cesseront de tourner à vide. Mais pour l’instant, cette crise est aussi une crise intellectuelle.

  16. "Pour le reste, je ne vois pas quelle réglementation est responsable de la crise ? "

    Disons qu’il ne m’aurait pas semblé excessif d’attendre des nombreux théoriciens de l’économie d’avoir d’ores et déjà pratiqué l’autopsie du patient à défaut d’avoir diagnostiqué sa maladie, son évolution, d’en avoir perçu les symptômes, etc. . Et ce d’autant plus que d’une manière générale, le grand public n’a toujours pas compris quel était donc ce merveilleux système financier et comptable construit en leur nom par les grands esprits de leur temps : force est de constater que leur confiance était ici mal placée.

    Mais à priori, la bagarre des grands esprits de notre temps me semble davantage se concentrer sur la répartition de la manne publique.

    Maintenant, même aux yeux du plus grand public, il n’y a pas de quoi s’inquiéter : au pire, on pourrait toujours en revenir aux pièces d’or.

  17. @stagell

    Le discours libéral (ou plus exactement autrichien) sur la crise est tout sauf rassurant. Il dit au contraire que les mesures prises par les gouvernements ne font que retarder le dénouement nécessaire et fabriquer une crise encore plus grave dans quelques années, de même que l’origine de la crise actuelle est largement dans les mesures prises pour effacer les effets de l’éclatement de la bulle internet.

    S’il y a crise intellectuelle, elle est là.

  18. @Passant : est-ce que ce que vous dîtes est équivalent au dernier commentaire d’elvin ?

    Si oui il me semble qu’il est reconnu que la politique mené par Greenspan est une des causes de la crise actuelle ; après, en conclure qu’il ne faut rien faire maintenant, c’est autre chose. Même si je suis d’accord avec vous sur le fait que la méthode employée est sujette à caution, existerait il un mode d’action faisant consensus ?

    Je n’ai toujours pas compris ce que vous entendez par réglementation. Quelles sont les réglementations responsables de la crise ? La fixation des taux d’intérêts a été mal faite d’accord, mais il faut bien en fixer le niveau quand même, non ? A côté de quoi je passe ?

    Je continue de penser que les principales causes viennent d’agents tout ce qu’il a de privé, voir d’individus confondant leur intérêt personnel avec l’intérêt de l’entité pour laquelle il travaillait.

    Quand à l’autopsie du système, je suis sensible aux arguments expliquant qu’une analyse à court terme faisant consensus est impossible. (voir rationalité limitée).

  19. "Les critiques d’un Maris ou d’un Généreux me semblent tout à fait fondées, à ceci près qu’elles passent à côté du véritable libéralisme, qui est en effet d’essence idéologique (éthique pour être précis)."

    Joyeux mot que celui d’idéologie, on peut le mettre à toutes les sauces. Mais quand on veut être un minimum sérieux, on pense à l’usage qu’en ont fait les successeurs d’Auguste Comte (Durkheim surtout), ou bien dans un autre genre, Hannah Arendt.

    Tiens d’ailleurs, avant de parler d’éthique, connaissez-vous la critique (philosophique) de l’idéologie libérale moderne (appelez la libertarienne si vous voulez) qui découle des travaux de cette même Arendt ?

  20. @Pioupiou
    je connais pas mal de "critiques du libéralisme", qui ont comme point commun de s’en prendre à quelque chose qui n’a rien à voir avec le libéralisme des libéraux. Chacun appelle "libéralisme" ce qui ne lui plaît pas dans la société, et croit dénoncer le libéralisme en dénonçant ça.

    Pour moi, Arendt est libérale, et j’ai du mal à imaginer qu’on puisse l’utiliser contre le libéralisme (le vrai, celui de Locke, Kant, Mises, Hayek et consorts). Si vous pensez à Bourdieu, Christian Laval, Michéa ou Onfray, je connais et ce sont de bons exemples de ce que je dis au paragraphe précédent.

  21. Je parlais du libéralisme que vous défendez, celui de l’école autrichienne, déçue de la théorie néoclassique…

    Et non, Arendt n’est pas une libérale, du moins comme vous l’entendez, parce que pour elle, la "liberté" au sens libéral du terme (les libertés individuelles) n’est que le mauvais rejeton du concept moderne de politique. Vous trouverez même une phrase qui énonce directement l’idée que l’avênement du libéralisme politique et économique est une des causes de la perte de sens du politique (dans l’article "Qu’est-ce que la liberté ?").

    Bien sûr, elle ne rejette pas en bloc ce sens moderne de la liberté, mais elle regrette qu’il ait éludé le concept antique, qui est légèrement plus développé et plus nuancé que le simple concept de libéralisme politique, concept lui-même écrasé par son frère, le libéralisme économique.

  22. @Pioupiou

    j’ai du mal à comprendre: si "la "liberté" au sens libéral du terme (les libertés individuelles) n’est que le mauvais rejeton du concept moderne de politique", comment est-il possible que "l’avênement du libéralisme politique et économique [soit] une des causes de la perte de sens du politique" ? De toute façon, si le libéralisme a pour conséquence un effacement du politique, c’est plutôt une bonne chose, non ?

    Quoi que dise Hannah Arendt, je ne reconnais pas d’autre sens, libéral ou pas, moderne ou antique, au mot "liberté" que celui d’absence de contrainte de la part des autres humains. Libéralisme politique et libéralisme économique ne sont que des cas particuliers d’application de ce même principe dans les domaines respectifs.

    Là, on digresse un peu, non ?

  23. toujours @Pioupiou

    l’école autrichienne n’est pas "déçue de la théorie néoclassique". Elle n’en a jamais rien attendu de bon et s’y est opposée dès le départ. Menger est antérieur (un peu) à Walras et Mises à Samuelson (largement).

  24. Le paradoxe que vous soulevez et que vous dites ne pas comprendre est justement celui qu’expose Hannah Arendt… Donc évitez de juger bien vite d’une critique que vous ne connaissez pas ce dont il n’y a aucune honte à avoir.

    Hayek et Mises ne se sont-ils pas dégagés volontairement du cadre de l’equilibre général à cause, entre autres, du paradoxe de l’équivalence d’une économie planifiée parfaite avec une économie de marché parfaite, puisqu’au terme des deux on se retrouvait face à un organe centralisateur ? Donc autant je veux bien que Menger soit un peu antérieur à Walras, autant choisir Samuelson comme pilier de la théorie néoclassique (hum) est un peu… fumeux.

    (Mais bon, on digresse peut être un peu… mais on ne peut pas alors parler des fondements idéologico-éthiques du libéralisme que vous invoquez…)

  25. @Pioupiou

    continuons à digresser

    1. d’après ce que j’ai compris, Arendt redéfinit la liberté à sa façon (assez chantournée à mon avis)- donc en utilisant le même mot nous ne parlons pas de la même chose
    2.Hayek et Mises ne se sont pas "dégagés" du cadre de l’équilibre général, ils n’y sont jamais entrés (Hayek un peu tout de même sur le tard, mais en le redéfinissant à sa façon – toujours ces questions de vocabulaire)
    3. je suis bien loin d’être le seul à considérer Samuelson comme le chef de file de la "synthèse néoclassique". Consultez n’importe quel prof ou manuel.

  26. @elvin

    1. Arendt redécouvre le sens (antique) de la liberté, qu’elle considère (avec raison, c’est mon avis) comme plus consistant que le concept moderne [celui dont vous vous réclamez : "le libéralisme (le vrai, celui de Locke, Kant, Mises, Hayek et consorts)], qui lui-même dérive du concept qu’elle prétend redéfinir.

    2. O.K d’accord.

    3. Chef de file de la synthèse néoclassique oui (donc quand même à moitié "keynésien" ?), mais l’équivalent (dans ses objectifs) de Walras, Pareto, Marshall, Arrow et Debreu ? C’est un peu comme Hicks… Que faire de ces néoclassiques qui ont joué les médiateurs avec la théorie keynésienne ?

  27. @Pioupiou

    Ok, nous convergeons.

    Sur Arendt ; question de goût. Sur le sujet de la liberté, moi je préfère Thomas d’Aquin, Kant ou Locke aux auteurs antiques dont elle s’inspire. Pour le coup, cette discussion-là est hors du sujet de ce billet.

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