La baisse de la TVA, inefficace?

Etienne Wasmer répond à l’un de ses étudiants :

Question : une relance “à l’anglaise”, c’est à dire par une réduction de la TVA, est-elle aussi stupide que Monsieur Sarkozy veut nous le faire croire?

Réponse : la baisse de la TVA est une mesure de relance de la consommation qui me parait bonne car rapide et effective. La relance par l’investissement est plus longue à générer des effets car les projets ne vont pas voir le jour avant plusieurs mois. Or on est dans l’urgence. Je crois que c’est une erreur économique de type idéologique de ne pas avoir relancé la consommation. Il aurait fallu relancer massivement la consommation de façon concertée au niveau européen (car sans concertation, les relances des autres nous servent sans que cela nous coûte donc mieux vaut ne pas relancer nous même, c’est un dilemme du prisonnier) pendant un an et ensuite passer à l’investissement.

La remarque présidentielle est d’autant plus absurde qu’elle n’est validée ni par la théorie, ni par l’expérience. Pour les arguments théoriques en faveur actuellement d’une relance fondée sur la baisse de la TVA, on pourra aller voir Piketty ou Martin. Mais surtout, comme le constate Chris Dillow, les données récentes tendent à montrer un effet positif de la baisse de la TVA britannique. Sarkozy a donc tort en théorie et en pratique. A la télévision française, il y a des traditions qui subsistent : un président peut toujours y raconter n’importe quoi sans la moindre contradiction.

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Alexandre Delaigue

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36 Commentaires

  1. Comment ? Monsieur Sarkozy aurait privilégié un effet d’annonce, qui tendrait à bénéficier aux plus munis, à une mesure efficace, pour tous ?
    Il aurait dissimulé la vérité avec des arguments d’autorité ?
    Allons, allons…

    Dans les trucs assez humoristiques, quand on est d’humeur à rire de ce genre de choses, lors du débat de chez Libé entre Hamon et Lefebvre, ce dernier argumentait contre la baisse de la TVA en soulignant une mesure injuste socialement, puisque elle bénéficie le plus aux personnes qui consomment le plus, donc les riches.
    Et là, je dis : «Wow.» C’est effectivement un métier.

  2. Sur les questions de soutien de l’activité, il faut se garder de trop parler d’inégalités. La seule chose qui compte, c’est de savoir si les mesures ont un impact positif sur la conjoncture. La ligne de partage n’est pas entre bon pour les riches / bon pour les pauvres. Dans les faits, il n’y a pas de lien systématique entre efficacité et bénéficiaires des soutiens. Mais bon, évidemment, ça se vend moins bien.

  3. La différence entre la GB et la France est le cartel des groupes de distribution… Les retailers britanniques sont depuis longtemps engagés dans une véritable concurrence qui fait baisser les prix et les pousse à répercuter les baisses de TVA. Les distributeurs français, not so much… Le marché de la distribution en France est loin d’être efficient (litote de la journée). Donc le multiplicateur d’une telle relance à mon avis ne serait pas très élevé, voire même inférieur à 1…

    Si on veut à tout prix relancer par la consommation, peut être que le meilleur moyen (si l’on a trop peur que des transfers directs de cash soient épargnés) serait tout simplement des bons d’achat.

    Mais à mon avis la meilleure relance possible serait une variante de ce qu’a proposé Greg Mankiw aux US: une suspension des charges salariales et patronales d’un an, remplacées progressivement par la fameuse TVA sociale.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Ca m’amuse toujours, ces commentaires data-free et theory-free. Vous avez quoi pour appuyer ces diverses affirmations, à part des préjugés?

  4. Ah, désolé, je savais pas qu’il fallait inclure une bibliographie dans les commentaires de blogs, autant pour moi.

    Sur les ententes et les contrôles de prix dans la grande distribution en France il y a de nombreux rapports et études, notamment un de McKinsey si j’ai bonne mémoire que je ne retrouve plus et un autre de Telos. Je pensais que la situation était assez connue pour y faire référence comme ça, mais bon, tant pis.

    Sur l’idée des vouchers, je crois savoir que Singapour et quelques autres pays d’Asie du Sud-Est ont expérimenté, mais c’est justement parce que j’ai très peu d’infos sur cette suggestion originale mais à mon sens intéressante que je l’ai évoquée sur un blog d’économistes, histoire d’avoir une réponse éclairée, grand bien m’en a fait.

    Quant aux méfaits des payroll taxes, encore une fois, le sujet a été passé et repassé…

  5. merci pour ces liens très intéressants particulièrement l’info sur la propension à importer les biens d’équipement comparativement aux biens de consommation!

    petite question subsidiaire: y a t’il un article ou un livre qui traite avec précision et recul les effets de la relance de 1981?

  6. Je rejoindrai assez Picketty sur un point : la baisse de la TVA, on y viendra en 2009!
    Mais si on doit faire les mesures actuelles sur l’investissement et la baisse de la TVA Il me semble qu’il vaut mieux les faire dans cet ordre…

  7. ce qui est dommage, et ce n’est pas la première fois que je le vois, c’est qu’un gars comme PEG poste, et de suite il se fait allumer.
    C’est le site d’econoclaste et de ses auteurs, le site a suffisamment d’influence sur la blogsphère en économie pour que ses auteurs assument le fait que certains commentaire ne peuvent pas toujours être à leur goût (comme celui que j’écris ici). Question de respect pour les gens qui apprécient de lire vos articles..bon ceci dit merci pour la précision sur le billet de wasmer 🙂

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Les commentaires qui ne sont pas à notre goût, ils ne sont tout simplement pas publiés. Poster un commentaire ici, c’est s’exposer à être censuré, où à se faire allumer. Ce n’est pas à nous d’assumer les commentaires avec lesquels nous sommes en désaccord (mais que nous postons toujours, pour peu qu’ils contribuent à l’intérêt de la discussion); c’est aux commentateurs d’assumer le fait que nous sommes parfois chafouins et désagréables. La discussion, c’est ça…

  8. Nous sommes en crise : la croissance antérieure n’était pas soutenable, en partie artificielle. Les crises permettent de restructurer la production pour reprendre une croissance saine.

    Si, au prix de je ne sais quelle dette pour demain, la consommation pouvait être relancée avec même, délirons comme les tenants de l’alchimie, un effet multiplicateur, le seul résultat sera de repousser de quelques mois la nécessaire restructuration.

    La relative inaction du gouvernement est un choix très sage.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    N’oublions pas durant cette attente de nous couvrir de cendres, de nous vêtir uniquement d’une robe de bure, et de nous flageller avec un martinet à clous, en psalmodiant “nous sommes punis mais nous l’avons bien mérité”.

  9. Je le trouve pour ma part bien optimiste Chris Dillow. Il s’appuie sur un document qui montre une croissance de 1,8 % en volume et de – 0,8% en valeur.
    Cela se combine avec une baisse de la TVA de 2,5 %. On se retrouve donc avec un coeff multiplicateur de la mesure de 75 % 🙂

    Sans remonter au calendes grecques, un bilan a-t-il été tiré de la baisse de la TVA de 1% faites par Jospin autour de 2000 ?

  10. @ alexandre : oh oui alors, j’adore les martinets à clous ! (remarque inutile que vous n’êtes pas obligés de publier…)

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Haha! tant pis pour vous, vos perversions sont désormais au grand jour 🙂

  11. Bon, c’est malin, maintenant j’ai peur de commenter "data-free" et "theory-free". J’espère que je m’en sortirais scot-free. A ma décharge, je ne suis pas économiste ! En entendant le Président de la République, je me suis fait deux remarques :

    1°) Est-ce que, de manière générale, le fait qu’un truc ne fonctionne pas dans un pays signifie que ça ne fonctionnera pas chez nous ? Surtout quand, juste après, on souligne des différences structurelles entre notre économie et celle d’un autre pays ? (Et, tant que j’y pense, les services, c’est que 3 % du PIB en France ? Ou j’ai mal compris ce qu’a dit le Président ?)

    2°) Est-ce que, du fait de salaires moyens supérieurs, les Anglais n’auraient pas un pouvoir d’achat légèrement supérieur à celui des Français, ce qui, de fait, altèrerait logiquement l’influence d’une baisse de TVA ? Ou alors je me trompe complètement ?

    Ah, oui, une dernière question : cher AD et cher SM, vous ne voudriez pas devenir journaliste, histoire de remonter le niveau général de ce genre d’interview ?

    Réponse de Alexandre Delaigue
    1- je pense que le président faisait référence aux services financiers. C’est pas possible autrement. Ou alors, il peut virer ses conseillers et les envoyer en rééducation à la campagne. Sinon, vous avez raison : l’effet de différentes mesures ne sera pas le même selon la nature de la crise dans les différents pays, et en fonction de leurs spécificités nationales. Aux USA, il y a beaucoup de “low hanging fruits” en matière de dépense publique, plus qu’en France (surtout avec un gouvernement qui manifeste une préférence marquée pour la dépense inefficace par rapport à la dépense efficace). 2- les salaires moyens britanniques sont tirés vers le haut par les très hauts revenus (l’effet bill gates entrant dans un bar et faisant monter le salaire moyen). Pour 90% de la population, ils sont plus faibles qu’en France, a fortiori avec la baisse de la livre. 3- attention : ne confondez pas l’offre et la demande

  12. En fait, le critère pour juger en France de la pertinence d’une "relance" dans le petit milieux politico médiatique est très simple.

    Si ça sonne comme "baisse d’impots", par exemple la mesure de Gordon B de baisse de la TVA. Alors là, c’est MAAAAAAAL…

    Si ça sonne "Nationalisation", comme par exemple la mesure de Gordon B pris pour Northern Rock. Alors la, c’est GRANDIOOOOOSE…

    Peu importe le résultat supposément obtenu, nul besoin de Data ou Théory. Inutile de savoir si c’est financé par l’emprunt ou par une réduction de dépenses. C’est juste une affaire d’axe du bien et du MAAAAAAL.

    La routine en politique quoi.

  13. "N’oublions pas durant cette attente de nous couvrir de cendres, de nous vêtir uniquement d’une robe de bure, et de nous flageller avec un martinet à clous, en psalmodiant "nous sommes punis mais nous l’avons bien mérité". "

    C’est effectivement une très bonne idée de reconversion pour tous ceux qui prétendent faire notre bonheur à notre place.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Décidément, certaines perversions sont plus répandues qu’on ne le pense…

  14. Je me pose la question suivante: Si Sarkozy avait dit jeudi "Puisque la baisse de la TVA en angleterre a fonctionné, je baisse la tva de 2.5 points", n’aurait-on pas lu sur ce blog ou d’autres des économistes (pas forcément les mêmes) que non c’est n’importe quoi, les chiffres n’indiquent pas que ça marche etc.

    Après tout Chris Dillow reste très modéré dans son analyse.

    Après il y a un juste milieu, il pourrait ne pas annoncer une baisse de la TVA, mais en restant ouvert en disant qu’il analyse la situation etc etc. Mais une baisse de la TVA n’est-ce pas comme une dévaluation, il ne faut jamais laisser penser qu’on va le faire sinon les gens vont retenir leurs consommations en attendant?

    Ne serait-ce finalement pas ce qu’on attend des politiques: qu’ils jurent leur grand dieux de façon crédible que la tva ne va pas baisser, quitte à se déjuger dans 2 mois ?

  15. Moi ce que je ne comprends pas c’est que pour mister président, une baisse de la TVA serait inefficace en général…..mais qu’il l’obtiendra pour la restauration, parce que là ça fonctionne? Quelqu’un peut-il lui indiquer l’article d’un certain Clément dans le premier numéro de regards croisés sur l’économie? Il me semble que cet article est assez pédagogique pour que les conseillers de mister président comprennent l’idée…Si j’osais même, je lui enverrais bien la pétition des marchands de chandelles! (pour pas que l’on puisse invoquer une quelconque idéologie gauchisto-browniste)

  16. Je pense que le grand non-dit de Sarkozy c’est qu’il n’y aura pas de relance par la consommation, baisse de TVA ou autre, tant que Mme Merkel continuera a penser qu’elle peut rester vierge (de relance).

    N’oubliont pas que les allemands ont augmentés leur TVA de 3% il y a un an, politique typique de beggar thy neighbour, et ne veulent absolument pas revenir en arrière.

    Le jour ou nos cousins Germains se décideront a un peu de promiscuité, alors nous pourrons orgiaquer tous ensemble, tous ensemble, etc.

    Et ca ne me parait pas idiot (sans compter que relancer la consommation dans un pays ou la consommation est déjà élevée…).

    Pour le reste il semble me souvenir que la baisse de TVA n’était pas populaires auprès des distributeurs UK, dans la mesure ou cela induisait des couts administratif alors que le contexte tait déjà a la déflation.
    D’ailleurs il doit être bien difficile de différencier ce qui vient d’une baisse de la TVA et ce qui vient d’une approche marketing agressive.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Remarque très juste sur la question allemande.

  17. Puis je poser une question?

    D’après l’INSEE, en 2007, le PIB fut de 1892, la consommation totale de 1510, l’investissement de 419 et l’importation de (538).

    Lorsque Philippe Martin dit que: "En France, la part des biens d’équipement importés dans l’investissement est cependant plus élevée que la part des biens de consommation importés dans la consommation totale, 23 % contre 7 %."

    Cela veut il dire que la part des biens d’équipement importés est de 23% x 419 soit environ 100 et que la part des biens de consommation est de 1510 x 7% soit environ 100 ou veut il dire autre chose?
    Si le calcul ci-dessus est correct il me semble que la part des biens importés est égale a la fois pour l’investissement est la consommation.

    Il est probable que les designers du plan pensent qu’il est plus facile de contrôler les "fuites" a l’importation en favorisant un certain type d’investissement plutôt qu’en favorisant la consommation.

    Je présume aussi que le solde (338) des importations correspond a des biens intermédiaires. Bref tout ceci me parait être plus chaleur que lumière.

    Note personnelle: Piketty me semble souffrir du syndrome de Krugman.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Les designers du plan cherchent surtout à faire des machins qui se voient – ce qui n’est pas forcément idiot d’ailleurs. Ensuite, vous avez raison pour les chiffres, mais le problème, c’est que de ce fait (en supposant que les parts correspondent à des propensions marginales) la même somme dépensée dans l’un ou l’autre générera plus de “fuites” dans l’investissement.

  18. L’argument implicite de la relance par la consommation est qu’il existe des capacités inutilisées lors d’une récession ou dépression qui vont être remises en route et coordonnées. Coordonnées harmonieusement? Bonne chance! Pas de goulots d’étranglements?
    Comme le dit Thomas Piketty, la théorie, l’observation statistique (re Thomas Piketty), la plus grande partie de l’activité économique se passe en amont du dernier stade de la consommation. Il faudra du temps pour relancer à partir de la consommation.
    Quant à dire que c’est theory-free, data-free, vraiment court. Il est vrai que ce ne fait pas partie de tes lectures habituelles AD.
    Une citation lointaine avec références, du vintage :
    Fritz Machlup clearly exposed the error committed by the theorists of the paradox of thrift when he made reference to the concrete historical
    case of the Austrian economy after World War I. At that time everything possible was done to foster consumption, however the country became
    extremely impoverished. Machlup ironically states: Austria had most impressive records in five lines: she increased public expenditures, she increased wages, she increased social benefits, she increased bank credits, sheincreased consumption. After all these achievements she was
    on the verge of ruin. (Fritz Machlup, “The Consumption of Capital in Austria,” Review of Economic Statistics 17, no. 1 [1935]: 13–19)
    Other examples of this kind of generalized impoverishments were the Argentina of General Perón and Portugal after the 1973 Revolution.
    in José Huerta de Soto, Money, Bank Credit and Economic Cycles
    Bonne chance aussi à Gordon ou son successeur quand il devra augmenter la TVA.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Machlup avait-il entendu parler du traité de Versailles? franchement, l’Autriche après la première guerre mondiale… Soyons sérieux, hein. Effectivement, ce genre de conneries ne fait pas partie de mes lectures habituelles, je leur réserve un usage disons, plus sanitaire.

  19. Article pas mal ici sur toutes les erreurs : dechiffrages.blog.lemonde…

    Quoique il faut aller dans les commentaires pour trouver quelqu’un qui précise que la part des services n’est pas stupide, il a juste oublié "financiers".

    Par contre, affirmer qu’il n’y a pas d’industrie du tout en UK, c’est assez osé !

    Mais enfin, j’ai bien lu dans "Le Point" que les autres pays d’Europe se fichent du piratage des films parce qu’eux n’ont pas d’industrie du cinéma.

  20. Bonjour,
    Je suis un partisan de la relance par l’investissement et lui seul.
    Ces mesures présidentielles consistent à faire quelques grands travaux. Les chinois ont creusé des canaux et construit des barrages, nous construirons un EPR qui ne nous servira pas plus.
    Je préfère payer des impôts pour des réalisations plutôt que pour financer les 35heures (cout pour ceux qui payent l’IRPP : 100 milliars).
    Donc :
    Quitte à payer, autant qu’il y ait des réalisations, au moins elles ne partiront pas dans des tables de ping-pong à la MJC…
    Patrick Marchant

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Je pense que tout le monde est ravi de connaître votre avis, ainsi que votre goût pour les constructions pharaoniques, inversement proportionnel visiblement à votre goût pour la véracité des chiffres (et le ping-pong).

  21. @P.Marchant : si je vous suis bien, il vaut mieux payer des choses inutiles pendant longtemps que de payer des choses inutiles pendant moins longtemps ? C’est surprenant, mais je veux bien une démonstration. La durée de vie et d’entretien d’un EPR me semble hélas bien plus longue que celle des 35 heures. Surtout, je doute que la charge d’un EPR soit transférable sur quelqu’un d’autre que moi, pauvre contribuable à l’IRPP. Ensuite, votre mépris pour les tables de ping pong est regrettable : apprendre aux jeunes cons les vertus du sport, de l’hygiène et de la vie en société est bien plus productif pour l’économie et les finances publiques que de construire des choses sans intérêt. Je vous recommande vivement la lecture suivante (n’ayez crainte, c’est une publication hébergée par l’université de Chicago).

  22. @Alexandre
    Votre mépris a priori envers certains auteurs dont vous traitez les idées de "conneries" me choque. Moi, je lis bien Maris, Généreux, Lordon, Michéa, Laval, Alternatives Economiques, etc…
    Et je ne dis pas que c’est des conneries, même si je le pense.

  23. Fritz Machlup est un auteur largement aussi sérieux et respectable que … allez, au hasard … Krugman

  24. Je ne suis pas économiste et j’aimerais bien que les économiste se contentent honnêtement de faire de l’économie, plutôt que de la polémique partisane.

    Tous les papiers que vous nous citez sont a un degré ou un autre malhonnête intellectuellement.

    La relance en UK par exemple ne me parait pas du tout démontrer les mérites de la TVA: Prenez un mois de 34 jours, deux ou trois semaines de soldes/promotions supplémentaires par rapport a l’année précédente par des détaillants soucieux de finir correctement l’année dans un contexte de crise et vous en tirez 3,9% de consommation en plus par rapport a l’année précédente (de 30 jours). Est ce beaucoup? Est ce l’influence de 2,5% de TVA ou de 30 a 70% de démarque? Poser la question c’est y répondre me semble t il.

    Quand aux deux économistes Français je remarquerais qu’il n’est pas innocent de citer des chiffres en pourcentage de deux montants très différents, ce qui donne une impression voulue de déséquilibre, plutôt que de comparer des montants – parfaitement identiques.
    Sans compter Piketty qui se trompe dans ses chiffres. ATTAC est coutumier de ce genre de mensonge par présentation.

    Sur le plan disons du bon sens, pensez vous que 1% de TVA en moins peut inciter des gens a dépenser si, dans un contexte ou on les panique a tour de bras, ils deviennent prudents. Les soldes ont elles été bonnes avec leurs ristournes beaucoup plus élevées que ce pouyieme de TVA?

    Si l’on veut "forcer" la demande, n’est il pas plus logique de le faire par le biais de la demande publique qui est la seule dont on soit certain? Demande que l’on pourra orienter vers des investissements productifs négligés jusque a présent (je ne dis pas que c’est le cas).
    Et si on veut augmenter la consommation ne serait il pas plus logique d’améliorer les conditions d’indemnisation du chômage pour les plus faibles indemnisation, plutôt que de saupoudrer de la poussière de TVA sur tout le monde? Après tout les seuls revenus qui vont être affectés par cette crise sont ceux de ceux qui vont perdre leur emploi. Pas ceux des retraités, pas ceux des fonctionnaires, pas même ceux des revenus sociaux.

    D’autant plus que, au niveau des chiffres, les Français consomment bien, ont une épargne abondante sur laquelle ils pourraient tirer si ils le souhaitaient et, si j’ai bien compris, ont eu une évolution du pouvoir d’achat agrégé, plutôt positive sans être extraordinaire ces dernières années.

    Les données me semblent plutôt favorables a la voie suivi par le gouvernement même si ici ou la j’aurais fait différemment; encore une fois je pense que il attend que l’Allemagne bouge et de constater la sévérité réelle de la crise avant de se décider a faire plus. Ceci dit je n’ai que mon certif. modèle 1880 modifié 1914.

  25. Une question complémentaire : Une relance par la baisse de la TVA est elle pertinente alors qu’on est en plein risque de déflation? (cf le dernier billet de Krugman)

    Réponse de Stéphane Ménia
    Le problème de la déflation en tant que baisse de prix, c’est qu’elle pèse sur les profits et traduit une impossibilité de vendre au prix affiché initialement. Une baisse de la TVA pèse sur les recettes fiscales. Elle n’a donc pas l’effet dépressif d’une déflation provoquée par l’obligation pour les entreprises de baisser les prix. La question est seulement de savoir si les consommateurs réagiront à une baisse des prix et, évidemment, de savoir comment sera répercutée la baisse de TVA (sur les prix, mais pas seulement. Après tout, une baisse de TVA partagée entre prix, salaires et investissements est très bonne).

  26. Une autre question (bis):
    Un des arguments en faveur de la baisse de la TVA est que "la part des importations est en réalité plus importante pour les biens d’investissement et les consommations intermédiaires que pour les biens de consommation. "
    Cependant on parle ici d’investissement public, pour lequel par nature (BTP) ou par choix (appel d’offres) on peut favoriser des fournisseurs français. Est-il donc pertinent de prendre les chiffres généraux de l’investissement public et privé?

  27. Je vois bien l’argumentaire de la relance par la consommation (en particulier dans la succession temporelle d’une réponse à un choc). Mais qu’est ce qui nous dit qu’il n’y aura pas un effet d’opportunité sur les prix comme on a pu le constater lors de la réduction de la tva dans la construction? Il me semble de mémoire que les prix de la construction (TTC) on continué de progresser, la baisse de la tva étant compensée par la hausse de la rentabilité (le prix HT). Ce qui est questionnant à mes yeux c’est que l’effet d’annonce d’une tva à 5,5% a suffit pour booster la demande alors que les prix continuaient de progresser.
    De fait, pourrait-il y avoir un side effect à la réduction de la tva qui permette d’accroitre la rentabilité des entreprises (et donc d’améliorer la santé financière, la capacité de financement – auto et levier-)et de relancer la consommation avec un simple effet d’annonce de baisse de la tva, en sachant qu’elle ne sera pas repercutée sur les prix publics? Si c’est le cas, le gain est double, action à court terme sur la conso et à moyen terme sur la résilience des entreprises à la dégradation des conditions financières fournies par les banques. Un avis?

    Réponse de Stéphane Ménia
    C’est un des éléments intéressants de la TVA, au fond. Dire qu’elle ne profitera pas aux prix est certes ennuyeux si on vise directement un effet de demande globale. En même temps, on voit mal une compensation se faire en période de tensions à la baisse de l’inflation, quel que soit le secteur. Hormis les biens où l’offre est non élastique (fruits et légumes par exemple, qui pourraient voir leur prix grimper en cas de mauvaise récolte), il semble raisonnablee de considérer que le problème actuel des entreprises n’est pas tellement de marger que d’écouler. On ne peut donc pas a priori considérer que la TVA sera seulement répercutée en marges. Et quand bien même, elle peut effectivement servir la tréso des entreprises, voire même des salaires ou des emplois dans certains cas. Et politiquement, la TVA a l’immense qualité d’être globalement neutre en termes de redistribution.

  28. Aucun terme n’est aussi mal défini qu’investissement.

    C’est un terme connoté positivement puisqu’il recouvre des notions de prévoyance, anticipation… Du coup, il est repris à toutes les sauces par tous ceux qui veulent faire bien voir une dépense par l’opinion.

    En comptabilité privée, il a un sens relativement clair : acquisition d’immobilisations (corporelles, incorporelles, ou financières). Mais ça recouvre déjà des réalités très différentes : acquisition d’un bien, d’une entreprise, dépenses de R&D; dans certains cas on peut arriver à classifier des dépenses de publicité comme un investissement dans une marque (actif incorporel)…

    En économie, on semble se restreindre à l’acquisition (mais pas la création) de biens d’équipement, en tout cas c’est ainsi que je comprends ce que dit Martin.

    Ce manque de rigueur dans les définitions entraîne des erreurs de raisonnement. Je me souviens par exemple, au moment du "débat" sur la TVA sociale, avoir lu un peu partout que l’investissement était déduit de l’assiette de la TVA.

    En l’occurrence, quand Sarkozy parle d’investissement, il semble désigner de la construction lourde : BTP, centrales nucléaires etc… Bien entendu, on peut juger que construire des logements, des autoroutes ou des EPR ne sert à rien (ou coûte trop cher par rapport au bénéfice attendu). Mais appliquer, comme le fait Martin, le taux d’importation sur les biens d’équipement à des travaux publics ou des machines achetées à Areva me paraît friser le contre-sens.

    Pour finir, j’ai du mal à réconcilier les taux d’importation mentionnés par Martin avec les chiffres cité par Merlin en 19. Le PIB représente 1900Bn, dont la consommation représente 1500Bn, dont seulement 100Bn sont importés (si j’en crois Martin). Or les importations représentent plus de 500Bn. Où sont les 400Bn+ d’importations qui ne sont pas dans la consommation?

    Réponse de Stéphane Ménia
    Le terme a un sens précis en économie et plus large que le lourd évoqué. Tout ce qui est consacré à accroître le stock de capital utilisable pour produire des biens ou services est assimilable à de l’investissement. Donc, on peut retrouver sans difficultés les catégories comptables, à la différence près qu’un pays n’est pas une entreprise, ce qui exclut des choses comme les acquisitions. Inversement, et toujours parce qu’une économie n’est pas une entreprise, dans une machine, le comptable ne voit qu’une immobilisation corporelle, alors que l’économiste peut y voir aussi de la connaissance.

  29. La politique, un vrai metier. Une illustration de plus de la capacite de nos amis les politiques a sortir le plus naturellement du monde des chiffres (au mieux) sujets a caution (cela peut cependant etre drole, parfois, comme sur le nombre de sous marin atomiques ou la part du nucleaire dans la production d’electricite en France pendant la derniere campagne presidentielle).

    Plus serieusement, je me suis pose la meme question que Liberal en lisant les contributions de Thomas Piketty ou Philippe Martin sur la part des importations respectivement dans les investissements et la consommation. Philippe Martin ecrit: "En France, la part des biens d’équipement importés dans l’investissement est cependant plus élevée que la part des biens de consommation importés dans la consommation totale, 23 % contre 7 %."

    Si l’on reprend les composantes du PIB en 2007 (http://www.insee.fr/fr/themes/th... les importations representent globalement 28% du PIB. Le chiffre de 7% cite semble correspondre au montant des importations de biens de consommation (EUR 71Bn) sur le total de la consommation des menages (EUR 1047Bn). Le chiffre de 23% est bien celui des importations de biens d’equipements (EUR 92Bn) rapporte au total des investissements (EUR 406Bn).

    Si l’ordre d’arrivee ne me choque pas intuitivement (le poids de la machine outil allemande vs. les ipod Chinois), il faut cependant avouer que la presentation de ces chiffres est, pour moi, au moins partielle. En effet, ces chiffres ne prennent pas en compte les importations de biens automobiles, agroalimentaires ou les produits intermediaires qui, par exemple, composent une bonne partie des milliards "perdus" de Liberal (100+100 vs. 538 tout de meme) et qui sont egalement des composantes de la consommation. De plus, les biens d’equipements importes ne sont pas tous "investis" (seulement EUR 67Bn) mais peuvent etre largement consommes. Bref, je ne suis pas sur que le rapprochement de ces deux chiffres soit tout a fait pertinent (il existe une expression avec des pommes et les oranges, je crois).

    Plus largement,, j’ai essaye de savoir si il existait des etudes sur la part des importations dans la consommation et de l’investissement en France. N’etant pas economiste, je me suis limite a google comme source, mais cela m’a permis de trouver une etude du ministere des finances sur des chiffres de 2004 (http://www.minefe.gouv.fr/direct... Ces chiffres semblent suggerer (pour un lecteur "profane" comme moi, n’ayant pas la maitrise de toute la science econometrique et des biais possibles) que la part des importations etaient d’environ 18-19% dans les investissements et 16-17% dans la consommation en 2004 (35% dans les exportations).

    Enfin, en echo a une remarque de henriparisien ("Sans remonter au calendes grecques, un bilan a-t-il été tiré de la baisse de la TVA de 1% faites par Jospin autour de 2000 ?"), je serai egalement curieux de savoir si des bilans ont ete tire des situations d’action de la baisse de la TVA (ou d’actions similaires chez nous ou nos voisins) qui nous "eclairent" un peu dans le debat actuel (c’est a dire pas forcement comme en 2000, periode de forte croissance).

    PS: merci pour votre blog que je suis depuis quelques mois et qui m’a fait comprendre que la dette publique n’etait pas forcement une maladie honteuse et que l’on pouvait s’interesser a l’economie sans dire n’importe quoi tout le temps (meme si je regarde toujours Jean Marc S. en podcast le matin en allant au boulot pour rigoler). Du coup, je me suis fait envoyer votre livre par amazon ici aux US. Bonne coninuation.

  30. loin de moi de défendre sarkozy, mais même si je vous acccorde le point que la relance par la consommation est à court terme plus efficace que la relance par l’investissement (c’est le bon sens même) et qu’aujourd’hui nous nous trouvons dans l’urgence, n’y a-t-il pas un problème de timing quand même?
    n’est-il pas destructeur de valeur de ramer contre le marché (attention, cela ne veut pas dire que je pense que les politiques contre cycliques sont débiles, au contraire) dans une économie ouverte?
    bref la baisse de la TVA en angleterre ne va-t-elle pas bénéficier à tout le monde au dépens uniquement du contribuable anglais?
    bref en l’absence de concertation des politiques de relance, l’intérêt économique national n’est il pas de privilégier la relance par l’investissement?
    (bon, le problème c’est que pour le coup chez nous il n’y a même pas de relance par l’investissement il n’y a que des effets d’annonce, mais ça c’est une autre histoire).
    enfin, au crédit de pépère sarko, l’étendue du pb n’est pas la même en France par rapport à la grande bretagne, l’urgence et les moyens doivent donc être moindre (perso, faut faire les calculs mais si du fait d’une politique fiscale trés laxiste, l’oat 10 ans prends 300pb à terme, on multiple presque par deux la charge d’intérêt à venir pour le même montant d’endettement…).
    Je sais que vous avez souvent à raison pourfendu les grands principes de rigueur budgétaires, personnellement moi je pars du principe que mieux vaut que l’état s’endette qu’il taxe à la seule condition que le coût de son endetteement reste faible. bref tant que le retour sur investissement est supérieur au coût de l’endettement, endettons nous, sinon gare à nos fesses….et je ne suis pas sur que de filer du pognon aux consommateurs pour qu’ils achètent des pulls chinois a un bon retour sur investisssement. Par contre je suis sur que quand notre dette sera supérieur à 100% du PIB, l’état n’empruntera plus à 3,6% à 10 ans.

  31. Je fus longtemps tres tres sceptique sur les effets d’une baisse de la TVA. En effet, -2.5 sur un prix de 100 a-t’il vraimment une conséquence? Changez vous votre comportement si le bien coute 97.5 plutot que 100 ou meme 975 plutot que 1000 ? Je ne pense pas.
    Par contre, indépendamment des politiques agressives des entreprises sur les prix, cela peut les aider a reconstruire (ou préserver) leurs marges…

  32. Le profond ignare en économie que je suis, aimerais beaucoup avoir votre commentaire sur sa reflexion :
    Le choix d’une relance par une baisse de la TVA ou par l’investissement ne résulte-t-il pas d’une interprétation différente des faits, sans même se poser la question de ce pourraient indiquer les modèles?

    Le relanceur par baisse de la TVA se dit que si les consommateurs n’achètent plus aujourd’hui c’est que d’après eux les objets de leurs désirs seront moins chers demain qu’ils ne le sont aujourd’hui. Un effort, sur une durée limitée, sur la part taxé du prix final associée à de grands effets d’annonces devrait donc casser cet attentisme.

    Le relanceur par l’investissement de se dire qu’au contraire les consommateurs sont inquiets dans l’avenir (ou ont leurs avenirs sérieusement compromis si par exemple de chômage s’est invité chez eux) et que leur réaction pour anticiper un éventuel coup dur est de se serrer la ceinture, de limiter leur consommation et d’essayer d’épargner. Dans ce cas, un effort en de quelques % sur la part TVA des prix ne saurait suffire pour redonner une confiance en l’avenir, voire serait même une confirmation que pour tout le monde l’avenir n’est pas rose. La conclusion de notre relanceur serait alors de se dire qu’une solution à envisager une relance par de l’investissement de l’état dans de grand chantiers par exemple.

    le moral de nos ménages est certainement partagé entre ces deux exemples (et certainement plus encore qui m’échappent), mais s’il faut choisir une relance ne vaut-il mieux pas choisir une option et s’y engager pleinement plutôt que de choisir un ersatz de l’une et de l’autre qui aurait encore plus pâle figure?

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