Martin sur la BCE

Dans Libé, Philippe Martin compare les réactions de la FED et de la BCE aux troubles actuels.

Une question qu’on peut se poser :

“L’urgence et la précipitation semblent telles du côté de la Fed qu’on peut se demander si ses dirigeants ont connaissance de cadavres dans les placards que nous ignorons.”.

Une remarque de bon sens :

“Le second argument avancé par la BCE est qu’il faut attendre que le choc qui frappe les Etats-Unis ne produise des effets négatifs bien visibles sur notre croissance pour agir. Pour une fois, l’Europe a un avantage clair sur les Etats-Unis : nous pouvons voir la vague venir de très loin. Mais nous n’utilisons pas cet avantage et nous attendons qu’elle frappe notre économie pour réagir. Or une baisse de taux d’intérêt met bien six mois pour aider l’économie.”

Le premier argument étant la hausse de l’inflation. Sur ce point, elle n’a pas tort. Ses statuts étant très clairs sur le sujet, le reste en deviendrait presque superflu.
Bah, oui, mais justement :

“La BCE semble penser qu’en agissant ainsi, elle construit sa crédibilité sur la question de l’inflation. Si on la juge sur ce seul critère, ce n’est pas cependant un succès : en 2007, elle a dépassé sa cible d’inflation (en dessous de 2 %) et cela pour la huitième année consécutive !”

Du coup :

“Ce «ratage» montre que la BCE est plus pragmatique que son discours anti-inflationniste ne le laisse croire et que la plupart des hommes politiques français ne le prétendent. Comme les autres banques centrales, la BCE a dans les faits un objectif de croissance en plus de son objectif d’inflation. Les travaux de recherche confirment d’ailleurs ce pragmatisme. Au nom de la transparence qu’elle exige des autres acteurs économiques, elle ferait mieux de mettre en adéquation son discours à sa pratique.”
%%

Et pour finir :

“On fêtera bientôt les 10 ans de la BCE : c’est un âge où une telle institution devrait parler et agir avec plus d’assurance.”

Avant, je me disais que la BCE avait une crédibilité à constuire et que cela passait par quelques années de psychorigidité. Je n’ai pas de mal à approuver Martin.

Share Button

9 Commentaires

  1. La crédibilité de la BCE ne s’entendrait pas plutôt comme l’ancrage des anticipations d’inflation à moyen et long terme (point mort d’inflation ; projections des marchés financiers et des professional forecasters) ? Le fait que l’inflation headline dépasse 2 % ne remet pas en cause la crédibilité de la BCE qui vise à maintenir la stabilité des prix à moyten et long terme et pas à un horizon de 6 mois. Il n’y a pas à mon sens de ratage sur ce point. Une autre chose est de discuter de la "bonne" politique monétaire à suivre.

    Réponse de Stéphane Ménia
    L’argument de Martin est que quand pendant 8 ans vous dépassez le taux cible, on peut s’interroger sur vos motivations réelles. Disons que ça commence à faire un moyen long terme significatif. Et, de fait, on voit mal pourquoi une baisse d’un quart de point pourrait mettre en péril votre objectif de long terme.

  2. Pourriez-vous nous expliquer en quoi "une baisse de taux d’intérêt met bien six mois pour aider l’économie"? C’est sur le verbe "aider" que je m’interroge, et non sur le décalage de 6 mois. Merci d’avance.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Vous pouvez préciser votre question ? J’ai peur de comprendre.

  3. Certes, l’inflation dépasse 2 % dans le passé, mais quand on regarde les anticipations elles sont en lignes avec l’objectif de la BCE.
    Sur une baisse de taux de 25 pb, en fait, je ne vois pas en quoi elle aura du sens. Soit on admet qu’il faut baisser les taux (croissance en berne et tensions délfationnistes) et donc il faut aller au-delà de 25 pb pour rentrer dans un cycle de détente monétaire, soit on estime que ce n’est pas justifié actuellement et donc on maintien le status quo.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Vous voulez dire que la BCE est crédible ? Si c’est ça, je suis d’accord. Ce que je vais dire est à la limite du troll, mais je ne vois pas comment le formuler autrement : ayant construit une crédibilité certaine, est-elle encore condamnée à suivre le même modus operandi qu’il y a quelques années ? En d’autres termes, puisqu’il est possible qu’elle ait un objectif de croissance implicite, ne peut-elle pas la jouer finement ? Et là, les taux d’inflation actuels appellent une réponse plutôt négative. Mais en bouclant sur l’argument de Martin concernant les 8 ans de dépassement… Les 25, c’est un chiffre au hasard. Je me souviens que la BCE a pu s’arc-bouter dans le passé sur cet ordre de grandeur là.

  4. Autant pour moi, j’ai sans doute été emporté par ma passion pour les nains de Francfort… Mais, je pense que la stratégie actuelle de la BCE (dure dans les mots et souple dans les actes) est cohérente, face à la montagne d’incertitudes qui se trouve devant nous.

  5. La banque d’Angleterre a il me semble un objectif plus explicite. Elle doit (contribuer a) maximiser la croissance sous contrainte d’une inflation comprise entre 2% et 4%. Demander a la BCE de suivre ce genre d’objectifs rendrait sa politique actuelle plus claire et moins contestee.

  6. "Vous pouvez préciser votre question ? J’ai peur de comprendre."

    Eh bien est-ce que l’effet attendu est par exemple d’augmenter la production? la consommation? l’épargne? les deux? S’agit-il d’aider tout le monde? les ménages? les banques? quelqu’un d’autre?

    J’aimerais savoir ce qu’on peut raisonnablement attendre (en gros) de cette "aide" que tant de commentateurs réclament. Et je me retiendrai de donner un avis sur la question, c’est promis!

    Réponse de Stéphane Ménia
    Si vous niez l’existence des politiques conjoncturelles en tant qu’instrument d’amortissement des cycles, eh bien, tant pis.

  7. Mais, selon vous SM, le problème que posent les taux d’intérêt en europe, c’est quoi ? la déconnexion d’avec la FED ? l’anémie de la demande ? la difficulté d’accès au crédit ? L’investissement trop faible ? l’anémie du recours au crédit pour la consommation ? Tout à la fois ?

    Réponse de Stéphane Ménia
    Vous avez entendu parler de la crise des subprimes ?

  8. En quoi la crise des subprimes affecterait-elle tout particulièrement l’économie de la zone euro, par opposition à celle de la Chine, de l’Inde, du Japon ?

    Réponse de Stéphane Ménia
    Vou savez quoi ? Arrêtez de tourner autour du pot. Vous avez une idée sur le sujet ? Exprimez-la. Pour tout dire, votre mode allusif permanent m’épuise un peu. La plupart du temps, je ne sais pas quoi vous répondre, car je ne sais pas ce que vous voulez. Qui a dit ce que vous avancez ? Moi ?

  9. @Passan: parce que les banques européennes ont acheté des titres enrichis en subprime, et vont perdre beaucoup d’argent, donc moins préter, donc moins de conso et d’investissement donc moins de croissance et d’emploi

    @gu si fang: t’a jamais pris un crédit ou épargné, sinon tu comprendrai

Commentaires fermés.