Effrayant. Mais je m’en fous, je suis en tongues.

Sur Les éco-comparateurs, blog prolongeant sur Libé ”la campagne déchiffrée”, à laquelle Alexandre a participé (il sera présent sur la nouvelle mouture ; peut-être que moi aussi, j’y réfléchis.), un billet d’Olivier Bouba-Olga suscite des commentaires qui donnent à réfléchir.

On en sort avec quelques convictions :
– les lecteurs de Libé, ou de son site, ne sont vraiment pas tous des ”bobos” ;
– s’il y avait une révolution culturelle demain, les économistes finiraient dans des camps, aux côtés de nombreux intellectuels ;
– ce rejet de la réflexion théorique, au nom d’un pur pragmatisme, est une erreur sur la compréhension de la façon dont le monde ”marche”.
– le “pragmatisme” étant la chose la mieux partagée au monde, nous vivons dans une grande ”école des fans”, où chacun pourra non seulement avancer son point de vue sur tout mais, de plus, considérer que ce point de vue est le meilleur quoi qu’il advienne.
Mais oublions tout ceci. C’est l’été. Et l’été, ce que les gens veulent, c’est de la joie de vivre ! Musique ! C’est François qui va être content…

Paradise Lost, Shadowkings

Prong, Rude Awakening

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14 Commentaires

  1. "Shadowkings" est un très bon choix, qui, quand je serai maître du monde, vous évitera le sort de vos collègues économistes.

    Blague à part. L’économie est méprisée, je crois, parce qu’elle est crainte. La simple et éternelle question de l’ignorance.

  2. C’est vrai : les tongues, c’est effrayant.

    Mais au fait, c’est quoi, déjà, la démocratie ?

    Plus sérieusement, il faudrait quand même constater que si rares sont les insitutions à adopter des comportements non-prédateurs vis à vis de l’activité économique civile, toutes auront réussi à construire des camps et des prisons.

    De là à en déduire que dans tout renouveau institutionnel il y a une regression de la pensée il n’y a qu’un pas que même en tongues je franchis allègrement.

  3. Je dois dire que ça en devient même limite flippant… Le pire c’est que je crois que ces réactions sont bien représentatives d’une partie de la population française.

  4. Sur la théorie vs la pratique, je trouve excellentes les premières lignes de la Pétition des fabricants de chandelles (Bastiat) :

    "Nous venons vous offrir une admirable occasion d’appliquer votre… comment dirons-nous? votre théorie? non, rien n’est plus trompeur que la théorie; votre doctrine? votre système? votre principe? mais vous n’aimez pas les doctrines, vous avez horreur des systèmes, et, quant aux principes, vous déclarez qu’il n’y en a pas en économie sociale; nous dirons donc votre pratique, votre pratique sans théorie et sans principe."

    (Il s’adresse à ses collègues députés…)

  5. L’économie n’est pas la seule touchée. On en a eu un récent exemple sur le blog de koz:
    “L’abolition de la peine de mort ? Que messieurs les assassins commencent!”
    lien: http://www.koztoujours.fr/?p=408

    Il est devenu à la mode de se glorifier d’inculture. Snif.

    Mouai. Exact. Ennuyeux ce billet…

  6. voui, moi aussi, plutôt effrayé par ces commentaires… Ceci dit, pour relativiser un peu, Libé m’a informé que 40 000 personnes se sont connectées en 3 jours, on peut donc considérer que les vingt commentaires "effrayants" ne sont pas nécessairement représentatifs. J’opte pourtant pour la même stratégie : j’enfile mes tongues demain, je ne les quitte pas jusque début août.

    Bonne idée. Y a qu’ça de vrai, les tongues. Je crois que le commentateur qui leur demande pourquoi ils viennent vous lire résume assez bien le problème… Et le chiffre de 40 000 confirme ce qu’on sait déjà : les commentateurs sont comme les personnes qui répondent spontanément aux enquêtes. Ils ont un profil atypique.

  7. Avant de penser, vaniteusement(?), que vous serez dans un camp avec des "intellectuels" (ca me rappelle Jojo Marchais ca) il faut d’abord passer le test du psittacisme niaiseux du commentateur qui n’aime les économistes qu’avec l’agreg de philo.

  8. Ouh là… Quel hauteur, quelle condescendance… et quel mépris ! De votre part, et de celles de vos commentateurs également.

    Ne me flattez pas trop, ça risque de m’encourager à continuer… On va remettre les choses à leur place une minute. OBO a été pris à partie à la limite de l’insulte par des gugusses qui nient, par des arguments populistes, le droit d’exister à toute science sociale développant des théories, à l’économie en particulier. Et vous parlez de condescendance, de mépris ? Je me trouve plutôt d’un humanisme remarquable, probablement attribuable au port de tongues arc-en-ciel.

    Il est bien naturel que vous prisiez la réflexion économique et théorique. Mais vous lui donnez une place disproportionnée dans la société.

    Ca, c’est l’argument que je ne supporte plus. Nous publions un site consacré à la théorie économique. Quand on s’en écarte, on se fait allumer par des rigolos qui nous font remarquer qu’on n’est pas compétents sur autre chose. Quand on s’y tient, on se fait allumer aussi, au prétexte que notre compétence devrait s’étendre au reste. Que dois-je faire ? Je vous le demande. Que je sache, nous n’avons jamais bouffé ensemble, vous ne m’avez jamais demandé pour qui je vote et pourquoi, quel monde je veux pour ma fille, qu’est-ce que ça me fait de voir des gens crever de faim et tutti quanti. Bref, si vous n’arrivez pas à vous foutre dans le crâne que penser comme un économiste c’est déterminer quels sont les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre certaines fins, pas de déterminer les fins, ne venez pas gâcher ma saison tonguifère.

    Vous (et vos commentateurs) attribuez à la science économique le titre enviée de « 1ère victime du totalitarisme » (quel intellectuel ne rêve pas de l’être ?) ;

    Foutaises. Je n’ai pas opéré de classement. J’ai seulement suggéré que les économistes ne seraient pas franchement épargnés. Quant à la question, tenez, allez voir ça. La bonne vieille iconographie antisémite reprise par la gauche, c’est beau. Et écoutez un peu certains bonhommes parler…

    un puissance si grande qu’elle en est crainte ; la gloire d’être géniale mais incomprise (alors que le génie est toujours parfaitement compréhensible).

    Vos articles sont passionnants lorsqu’ils sont rigoureux, précis et argumentés. En somme, lorsque vous y faites preuve de modestie.

    Laissez les ignorants épandrent leur ego sur Internet et ne les imitez pas.

    Ce billet est tout à fait naturel. Ne serait-ce que pour témoigner ma sympathie envers OBO qui se fait gentiment lyncher par ces gens-là.

  9. D’ailleurs le billet d’Olivier Bouba Olga est typique du travers que je dénonce.[….]

    Si vous voulez dénoncer les propos d’OBO, faites le au bon endroit. Ici il n’est question que du néopragmatisme des commentateurs chez Libé.

  10. "Laissez les ignorants épandrent leur ego sur Internet et ne les imitez pas."

    Vous voyez, ils vous laissent faire exactement ça.

  11. Oui, c’est effrayant, mais ce n’est pas parce qu’on est en tongues qu’il faut s’en moquer. De tous les commentaires, celui qui me chagrine le plus, c’est celui sur le mode : "ces prétendus experts en économie qui n’ont jamais travaillé dans une entreprise (voire jamais travaillé tout court), et qui ne peuvent donc pas connaître la vraie vie économique". Faut-il être carie pour être un bon dentiste ? Faut-il être une femme pour être un bon gynécologue ? Pour moi, pas de tongues pour l’été, je vigile et la lutte continue…

    Ah, Gizmo… Quand je pense que vous auriez pu être dentiste ou gynéco… D’ailleurs, dentiste est préférable par les temps qui courent. Curieuse (belote) contrée ou être économiste (de comptoir) interdit d’avoir une opinion sur l’économie, mais où être entrepreneur est le nec plus ultra pour être ministre de l’économie et des finances. Bon, sinon, on peut vigiler en tongues. Des tas de maîtres nageurs le prouvent chaque jour. Alors, on prend ses tongues et hop…

  12. Gizmo a comme toujours (intuition pelucheuse ?) mis le doigt sur là où ça passe pas… Oui, on peut être un homme et un bon gynéco, n’empêche que la plupart des femmes préfèrent un gynéco femme, même moins bonne (et potentiellement moins investie dans sa discipline, parce que devenir gynéco quand on est homme ça exige quand même de la motiv’ !) paske, voilà, elle est passée par là… en même temps, mon argument ne tient pas vraiment (flûte !), vu qu’on est pas tous passés par Neuilly. Tant pis, je me risque quand même à la terrible censure de la modération…

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