Bravo à Esther Duflo

Elle est récompensée par la John Bates Clark Medal 2010. Après Emmanuel Saez en 2009, la génération dorée des économistes français est encore à l’honneur. Esther Duflo est spécialisée dans l’économie du développement. Ses travaux portent sur l’analyse empirique du développement économique. Elle enseigne au MIT. Pour un aperçu abordable de ses travaux voir son ouvrage récent, Lutter contre la pauvreté (tome 1, tome 2) qui attendent sagement dans ma bibliothèque depuis deux mois…

Concrètement, deux candidats potentiels au prix Nobel d’économie en deux ans.

Share Button

8 Commentaires

  1. Bravo à elle.

    J’ai lu le tome 2 de "lutter contre la pauvreté". Il m’a quand même un peu déçu. De mon humble point de vue ça m’a plus fait pensé à une bonne étude de marketing sur le microcrédit qu’à un bouquin d’éco. Même si les références viennent de revues type AER.

  2. Je suis tombé dessus à la BNF. Rien de bien convaincant… J’ai sûrement raté quelque chose. Si tous le monde en parle il doit bien y avoir une raison.

  3. @ Thomas, j’ai du mal à vous suivre.

    Par ailleurs, je suis très content pour l’économie du développement que j’adore. Après le raté de EM, c’était naturel que ça soit elle. J’espère simplement qu’au jour du Nobel elle ne sera pas primé seul, en tout pas pas sans Michael Kremer, le pionnier comme on a fait avec Krugman.

    Je profite de l’occas pour faire déjà mon pronostic pour le nobel de cette année Romer-Aghion-Howitt (ces deux derniers sont plus balezes que le premier. Leur théorie schumpéterienne constitue presque le nouveau paradigme pour la théorie tant de la croissance que sur autre chose. Cfr par exemple, Aghion (2002) Les défis de nouvelles théories la croissance, Actualité économique, Revue d’analyse économique, vol.78, n°4)

  4. Très bonne économiste, qui a appliqué intelligemment des méthodes venant de l’épidémiologie à des questions d’économie du développement. C’est là son vrai apport.

    Car sur les fond, ses résultats sont parfaitement insignifiants : on apprend ainsi qu’en Afrique, les enfants mieux nourris réussissent mieux à l’école, comme c’est curieux !!

    Réponse de Stéphane Ménia
    Non, ce n’est pas curieux. Mais tant qu’on le prouve pas, ce n’est pas un résultat, juste une hypothèse fort plausible. Les gens comme Duflo font ce travail. Et quand ils constatent que des idées jugées aussi triviales que celle-ci sont fausses, des gens disent “oulala ! c’est incroyable ! et dire qu’on croyait ça depuis longtemps. Voici quelqu’un qui brise les idées reçues.”. En réalité, la bonne économie, c’est ça.

  5. Certes, mais jusqu’à preuve du contraire, l’économie ne doit pas se borner à enfoncer des portes ouvertes. Avoir un apport conceptuel de qualité me paraît tout aussi fondamental que la validation empirique des résultats.

    Or, avec ma modeste lecture de ses travaux (je reconnais n’avoir pas tout lu d’elle, sans doute mon jugement en ce sens est trop excessif), il me semble que si sur le plan empirique son approche est tout à fait pertinente, il n’en reste pas moins que sur le fond elle n’a pas fait avancer grand chose (mais cela semble être relativement commun à l’économie du développement soit dit en passant).

    Et il est tout à fait réducteur de croire que l’économie doit se réduire à "briser des idées reçues". Faire un bon papier en économie, ce n’est pas et cela n’a jamais été de produire un papier "contre-intuitif" en soi. Mais bien de fournir un modèle explicatif qui peut éventuellement être contre-intuitif.

    Il est vrai cependant que c’est un peu la tendance en ce moment, de pondre un papier contre-intuitif pour faire croire qu’on a fait avancer la chose. Quand on y regarde de près d’ailleurs, les évidences empiriques sont d’ailleurs discutables, ce qui n’est pas le cas de Duflo, encore une fois.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Bon, je ne pense pas qu’on soit en profond désaccord. Quand je parlais de contre intuitif, c’était simplement en regard des portes ouvertes. Je disais simplement que quand on étudie une question, il y a le plus souvent un résultat attendu et un qui l’est moins. Si celui qui est attendu est confirmé, le réflexe du lecteur est de dire “bah, oui…” ; sinon, c’est “oh, tiens…”. Je n’ai pas dit que le but de l’économie était de briser des idées reçues. Par contre, comme n’importe quelle discipline, c’est une de ses dimensions. Je sais à peu près ce qu’est la recherche en économie et je ne la confonds pas avec les petits écrits de vulgarisateurs (si vous voyez ce que je veux dire…).
    Quant à la mesure de l’apport de Duflo, il faut prendre en compte plusieurs choses. D’abord, on ne fait pas de découvertes en économie, au sens de trouver de nouvelles idées jamais abordées. Pour n’importe quelle avancée jugée majeure, quelqu’un en avait déjà parlé dans le passé. Ensuite, méthodologiquement, elle est dans un bon wagon. Enfin, elle est jeune !

  6. "Non, ce n’est pas curieux. Mais tant qu’on le prouve pas, ce n’est pas un résultat, juste une hypothèse fort plausible."

    AH! C’est amusant et effectivement contre-intuitif: donc, si jamais la bonne recherche économique n’avait pas prouvé que mieux manger est bon pour l’attention scolaire ça aurait changé la valeur d’une meilleure nutrition pour les pauvres ? En fait, manger bien, ça n’a pas de valeur en soi. Intéressant pour la hiérarchie des valeurs dans la "lutte contre la pauvreté".

    Par ailleurs, je suis surpris, de ce que vous dites ‘deux candidats potentiels au nobel d’éco’, vu qu’il n’y a pas de nobel d’économie, seulement un prix de la Banque Royale de suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Tiens, un con prétentieux qui découvre notre site…

  7. "Tiens, un con prétentieux qui découvre notre site…"
    tiens un génie modeste qui me souhaite la bienvenue. Merci, ça me fait plaisir à moi aussi

    Réponse de Stéphane Ménia
    Bien, sur ce, au revoir, hein…

Commentaires fermés.