C’est celui des maladies professionnelles, physiques en particulier. Cette étude conforte, quatre ans après, le constat de Philippe Askenazy dans son remarquable bouquin, toujours d’actualité apparemment. Il en ressort que le problème numéro 1 de la santé au travail n’est pas la dépression, mais les affections musculo-squelettiques. A l’époque, Askenazy ne semblait pas très optimiste sur la prise en compte du phénomène. On peut difficilement dire qu’il avait tort. Qu’est-ce qui a changé depuis ? Qui en a parlé en public ? Quand on sait que notre pays a un problème de rapport à la façon de travailler plutôt que de rapport au travail en soi, on ne peut que se désoler de voir qu’un des éléments fondamentaux (la santé, c’est important, hein… Alors un employeur qui vous la pourrit, pas facile de l’aimer) soit splendidement si négligé.
- Sur le passeport vaccinal - 18 mai 2021
- Laissez le temps de travail en paix - 19 mai 2020
- Élinor Ostrom, le Covid-19 et le déconfinement - 16 mai 2020
- Ne tuons pas l’enseignement à distance. Optimisons-le - 15 mai 2020
- Quelques commentaires sur les évaluations à l’arrache des systèmes de santé en pleine épidémie - 9 mai 2020
- Du bon usage du supposé dilemme santé vs économie - 9 mai 2020
- Le problème avec la courbe. Édition Covid-19 - 4 mai 2020
- Reprise d’activité - 21 avril 2020
- Problème corrigé sur les notes de lecture - 6 février 2020
- éconoclaste a 20 ans. Épisode 2. Passeurs dans les années 2000 - 27 décembre 2019
Bonjour,
J’ai peur que, pour une fois, vous ayez tort.
L’enquête citée date de 2006 et, depuis, une campagne nationale de sensibilisation, d’ampleur assez importante, a été lancée par le gouvernement en avril 2008 (cf. lien suivant).
http://www.actualites-news-envir...
Je ne sais pas si c’est suffisant mais il me semble qu’on ne peut plus dire que ce sujet est "splendidement négligé". Mais peut-être ce post n’était-il qu’un prétexte pour citer l’excellent P. Askenazy et son très bon livre sur les désordres du travail (qui pourrait constituer un socle intéressant pour une politique de gauche du travail).
Maxime
Réponse de Stéphane Ménia
Sur l’étude datée de 2006, si j’ai bien compris (en tout cas, tel que je l’ai compris), c’est la collecte des données et la publication est récente. Sur la campagne de sensibilisation, ok, elle m’oblige à retirer “splendidement négligé” (le pire, c’est qu’effectivement, j’en avais entendu parler). Mais comme vous avez lu Askenazy, vous reconnaîtrez qu’on est bien loin de ce qui s’est passé ailleurs, dix ans avant… En gros, on peut sensibiliser tant qu’on veut, si ça fait plaisir. Alors, reconnaissons que le sujet est évoqué. Je crains hélas qu’il ne soit pas en passe d’être réglé comme il devrait l’être.
Si, les assureurs en ont tenu compte : dépression, migraine et mal de dos font dorénavant partie des maladies exclues de la couverture.
En tant que citoyen (et que travailleur), je trouve ça choquant.
En tant qu’actuaire, je trouve ça normal : comment contrôler que le risque assuré s’est bien réalisé ?
Réponse de Stéphane Ménia
Ouaip, ben allez soigner votre schizophrénie chez un psy. On peut rien pour vous. 😉
Oui, y a pas de mal à citer l’excellent Askenazy, et aussi pour son billet dans Le Monde (http://www.lemonde.fr/a-la-une/a... En revanche, comme Maxime, je pense que les TMS sont une préoccupation importante de santé publique. Ayant siégé au CA d’une CRAM pendant plusieurs années, je confirme que les employeurs y sont fortement sensiblisés.
Réponse de Stéphane Ménia
Sensibilisés comment ? Comme les médecins sont sensibilisés à l’utilité de réduire certaines prescriptions de médicaments ? Est-ce que quelqu’un connaît un candidat qui ait fait campagne sur la réduction des TMS ? Un président qui ait proposé un “plan TMS” ? Ce qui est frappant dans le livre d’Askenazy, c’est cette idée que ce n’est pas un acquis social à gagner, mais au moins autant un facteur de productivité.
Il est vrai que ce sujet n’a pas la place qui devrait lui revenir normalement dans le débat public. Mais je rejoins Maxime et Gizmo, les TMS on en parle beaucoup, mais dans un milieu très concentré, autour des pbtiques de santé au travail : les CRAM, les CHSCT d’entreprises, ou encore le réseau des agences régionales pour l’amélioration des conditions de travail (ARACT) qui en a fait son principal cheval de bataille, reléguant un peu les autres maladies professionnelles d’ailleurs.
Réponse de Stéphane Ménia
“les TMS on en parle beaucoup, mais dans un milieu très concentré, autour des pbtiques de santé au travail”. C’est déjà ça. Mais est-ce assez, en effet ?
Sans vouloir épiloguer trop longtemps, je donne juste l’adresse d’un autre site :
http://www.info-tms.fr/
Et je ne suis pas sûr qu’un plan TMS soit vraiment du niveau d’un programme présidentiel, ou alors c’est une ligne dans la rubrique "santé publique".
Mais c’est vrai que, vu le niveau de détail de certaines promesses, il y aurait pu tout à fait y avoir ce type de plan dans les programmes.
Réponse de Stéphane Ménia
Merci pour le lien. Pour le reste, on est bien d’accord.
J’ignore ce qu’il en est pour les TMS, et de façon générale pour les maladies professionnelles.
En matière d’accident du travail par contre, il y a un système de bonus / malus au niveau de la branche mais aussi des entreprises qui est assez efficace pour réduire les accidents.
De plus, et comme le fait remarquer le lien plus haut, le coût direct pour l’entreprise n’est pas nul. Il se compte en désorganisation du travail, en arrêt maladie et en frais de reclassement.
Réponse de Stéphane Ménia
C’est tout le paradoxe de la situation : en engageant des coûts, on en réduirait d’autres, et au delà.
Lu ce matin sur le net (sur un site périphérique de la CFTC : http://www.tousuniquestousunis.com) ça m’a fait penser à votre billet :
70 % de l’ensemble des maladies professionnelles sont reconnues comme TMS (troubles musculo-squelettiques).
Impressionnant non ?
J’aurais bien mis un commentaire, mais mon syndrôme du canal carpien m’en empêche… notons qu’en Allemagne, c’est pris relativement au sérieux car certaines conventions collectives précisent que tout salarié qui a des motifs raisonnables de le faire peut exiger des outils de travail ergonomiques (chaise, clavier, …) dans un délai raisonnable. Ca reste vague, mais ca a déjà sauvé le dos de mon voisin. Üas mon poignet, hélas.