Ainsi donc la loi sur les nouveaux devoirs des chômeurs a été adoptée. Désormais, les allocations chômage seront dégressives en cas de refus de deux offres “raisonnables”. Mais à quoi cela peut-il bien servir?
– Cela va-t-il élever le taux d’activité, réduire la durée moyenne de chômage? Probablement pas. Pour l’essentiel des chômeurs, ceux qui cherchent effectivement un emploi acceptable, cela ne changera strictement rien; pour ceux qui ne souhaitent pas réellement retravailler, ou cherchent l’emploi “idéal”, (et qui constituent une minorité) il restera toujours la possibilité de faire en sorte de ne pas être recruté si l’on n’est pas intéressé par l’emploi qu’on nous propose.
– Cela va-t-il accroître l’efficacité économique? Certainement pas. Rappelons que si la recherche d’emploi est une activité socialement utile, c’est pour disposer du temps pour trouver le meilleur appariement possible entre employeur et salarié. Faire en sorte de réduire ce délai, sans améliorer les mécanismes permettant de réaliser cet appariement, c’est conduire un certain nombre de personnes dans des emplois où ils seront moins productifs que ceux qu’ils auraient pu trouver en attendant plus longtemps.
– Cela va-t-il économiser l’argent du contribuable? Probablement pas. Pour les personnes à bas revenus, entre les allègements de charges sociales et les dispositifs type prime pour l’emploi, il n’est pas du tout évident que le retour à une activité, surtout à temps partiel, constitue une économie pour le contribuable. Pour les autres, les gains éventuels seront absorbés par les coûts administratifs nécessaires à un suivi plus strict des chômeurs.
Alors quoi? Cette loi, au fond, relève de deux aspirations. La première, c’est de signifier aux chômeurs qu’ils sont des parasites en puissance, que leur situation relève de leur responsabilité. Ce n’est qu’une forme banale de politique de classe, de cette attitude puritaine consistant à présenter les pauvres comme indignes d’appartenir à la communauté politique. La seconde, c’est de leur imposer la contrainte : leur signifier que le pouvoir, l’administration, en sait plus qu’eux sur ce qui est bon pour eux, qu’ils doivent leur être soumis : du paternalisme autoritaire, qui s’exerce de plus en plus dans nos sociétés vis à vis de ceux qui n’ont pas l’heur de correspondre à la norme morale du moment. Dans cette perspective, “revaloriser” le travail en le rendant obligatoire n’est que tristement compréhensible.
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tout a fait d’accord. Au lieu d’ameliorer la qualite du matching via un meilleur accompagnement, on utilise le baton…
Heureusement il y a des projets qui visent a ameliorer tout ca :
http://www.povertyactionlab.org/...
http://www.povertyactionlab.org/...
Je crois me souvenir que certains umpistes mettaient en avant le succès d’une telle politique en Gb, politique alors de gauche puisque blairiste (le debat sans fonds et fin de la gauche et blair restant posé). sauf que je crois me souvenir que le camarade tony avait surtout mis le doigt sur une reforme totale du systeme de recherche d’emploi et de suivi des chomeurs non faite en france jusqu’ici
mais je peux me tromper..
Réponse de Alexandre Delaigue
Voir le lien “puritain” dans le post sur l’efficacité de ce genre de mesures en Grande-Bretagne.
Cette loi a pour effet de réduire un forme d’aléa moral qui prévaut en matière de chômage : si je suis correctement indemnisé, sur un durée qui m’est garantie, je peux faire semblant de chercher du travail durant cette période ou ne pas en chercher du tout, préférant vivre de ma rente plutôt que me fatiguer.
Remonter le niveau minimal d’effort à accomplir par le chômeur indemnisé et le niveau d’exigence de l’organisme payeur me semble une bonne méthode.
Réponse de Alexandre Delaigue
Il n’y a aucun aléa moral, il n’y a que le présupposé que travailler doit être obligatoire, sous-jacent dans votre remarque.
Le travail n’est pas obligatoire, mais le chômeur (aka ‘demandeur d’emploi’) indemnisé a pour obligation de rechercher du travail.
Ok, donc, selon Alexandre Delaigue, il ne faut rien changer ! Tout va bien !Il ne sert à rien de pousser les chômeurs à travailler…, c’est a-économique…
Il est vrai que les pays où les chomeurs sont sérieusement encadrés ont un chômage encore plus important, n’est-ce pas ? La France est un modèle.
Et puis quand vous dîtes : "paternalisme autoritaire, qui s’exerce de plus en plus dans nos sociétés"
Vous parlez bien du paternalisme autoritaire du PS et des godillots ? Le PS stalinien qui oblige à la discipline de parti sous peine de lynchage public et médiatique ?
Travailler ne saurait être "obligatoire" en soi, évidemment. Mais ça le devient dans le cadre d’un système de solidarité où l’inactivité temporaire est financée par les actifs. Ça ressemble plus à une évidence qu’à du paternalisme, tout de même…
Je crois qu’il y a une petite confusion entre "pauvres" (cf le lien puritain) et chômeurs.
Personnellement, j’ai bien noté un troisième effet Kiss Cool de la loi anti-chômeurs.
Alors que depuis quelques mois, sous l’effet de départs à la retraite de plus en plus nombreux (le départ de 2006 des babyboomers a été repoussé à maintenant grâce aux réformes des retraites qui se sont succédées), j’ai pu voir que les salaires de ma branche remontaient lentement et commençaient même à ressortir de leur niveau d’indignité chronique (sans toutefois remonter aux niveaux des années 80!), l’annonce de l’obligation de reprendre un boulot dont le revenu pouvait plafonner à 57% de son dernier salaire (si, si, suffit de laisser mariner le chômeur 1 an pour pouvoir se le reprendre à demi-tarif!) a fait s’effondrer subitement tous les salaires d’embauche, alors même que les décrets ne sont pas publiés, juste par anticipation de cette main d’œuvre contrainte et bon marché.
Depuis, la plupart des boulots, y compris avec expérience et qualifications affichent gaillardement 8,71/h…
Et oui, la cible, ce n’était pas les chômeur…
Le risque de perte d’emploi est couvert par une assurance (obligatoire et paritaire). Ne sont couverts que ceux qui ont cotisé, à hauteur de leurs cotisations. Les systèmes relevant de la solidarité sont différents, et obéissent à d’autres règles (ex. RMI, allocations de solidarité).
L’assurance est le domaine de prédilection de l’aléa moral, quand l’un des contractants modifie son comportement pour son avantage et contrairement à la règle établie.
"il restera toujours la possibilité de faire en sorte de ne pas être recruté si l’on n’est pas intéressé par l’emploi qu’on nous propose." Et en plus, on aura gâché du temps et de l’essence pour rien, en plus de ressources chez le recruteur potentiel.
Y a des commentateurs qui savent pas lire. En même temps, c’est tellement plus simple de tomber sur ce sale socialo-trotskiste de Delaigue.
Cette loi ne change rien. A vrai dire les règles précédentes étaient plus strictes vu que c’était dès le premier refus d’emploi qu’un demandeur d’emploi pouvait être sanctionné. Loi qui n’était pas appliqué de façon rigoureuse tout simplement parce que de l’emploi pour tous le monde il n’y en avait pas… Derrière celui qui refusait un emploi il y en avait 10 qui attendaient.
Cette loi est plus la traduction d’un changement de philosophie qui s’est mis en place depuis le PARE. Il ne s’agit plus de gérer la liste d’attente d’accès au gateau "emploi" comme on l’a demandé pendant longtemps à l’anpe et aux assedic mais de faire en sorte que cette liste d’attente tourne le plus rapidement possible. C’est un changement de culture majeur pour les deux institutions qui fusionnent aujourd’hui dont elle n’ont pas encore pris toute la mesure. Mais c’est aussi un changement pour les demandeurs d’emploi dans leur ensemble (une proportion conséquente est déjà dans cette démarche: prendre tout ce qui vient…) Bref on avait une loi qu’on nous demandait de ne pas appliquer. Demain nous aurons une loi plus souple que l’on nous demandera d’appliquer plus strictement.
Au niveau des individus, sans compter les difficultés techniques (garder en mémoire les refus d’offres, leurs motifs, etc…) et juridiques (comment prouver un refus d’emploi, en tant qu’agent anpe je ne suis pas assermenté, l’employeur "délateur" encore moins…) je n’en vois guère l’intérêt sauf sur une frange très minime de la population des demandeurs d’emplois qui en effet utilisent un système .
@cdc
Job Seekers Allowance of £60.50, ca fait 260livres par mois soit en gros 325E. Amha ca rentre dans la categorie pauvre.
La question aux UK, pour c’est que les gens qui sont on the doll la pluspart du temps ils sont dans des trappe a pauvrete. Et les forcer a travailler ne va pas ameliorer leur situation – sinon ils seraient deja au boulot -.
Mais si cette loi ne sert pas a ameliorer leur situation pourquoi la mettre en place? certainment parce que c’est juste une bande de lazy bastard qui vivent au croche de l’etat. bah oui ma bonne dame voyez ou vos taxe elles vont, bah nous on va s’en charger de remettre ces faineants au travail.
Alors que faire? peut etre commencer par se charger des trappes a pauvretes, il y a bp de chomeur de longue duree qui aimerait travailler mais qui ne peuvent pas s’offrir se luxe…
A all:
cette loi s’applique à tous demandeurs d’emplois. Un refus d’emploi pourra être sanctionné par une radiation de la liste des demandeurs d’emplois. Si vous n’êtes plus inscrits comme demandeur d’emploi vous pouvez perdre en effet votre assurance chomage mais dans certains cas aussi le revenu de solidarité: ASS, AAH, et suivant les département le RMI.
Super… Alors l’Etat me zappe des Assedics illégalement, et vous vous zappez mon commentaire. Bravo et merci !
Réponse de Alexandre Delaigue
je n’ai coupe aucun commentaire de ce fil, il doit s’agir d’un souci technique. N’hésitez pas a le reposter.
Manifestement, Emmeline a raison de souligner que all n’a pas bien lu le billet avant de le commenter. Alexandre commence en effet par démontrer que la dimension d’aléa moral est négligeable (premier paragraphe), pour suggérer ensuite (avec d’excellents arguments) que le retour à l’emploi de certaines catégories de chômeurs ne sont pas une bonne opération pour les actifs qui payent d’un côté les indemnités, et de l’autre côté les allègements de charges (donc le comentaire de Hugues est vide de sens).
Ceci dit, en complément de ce que dit Alexandre, il me semble qu’un des buts non avoués de la mesure est de décourager plus rapidement les chômeurs de s’inscrire à l’ANPE, ce qui fait baisser les statistiques mensuelles du chômage (au prix d’un psychodrame quand l’INSEE publie des chiffres plus fiables).
Réponse de Alexandre Delaigue
La question qui subsiste, c’est en quoi y a-t-il aléa moral? Uniquement si l’on suppose que les allocations chômage doivent être subordonnées à une recherche immédiate d’emploi. En somme en posant comme postulat l’idée que le travail permanent est la norme à laquelle il faut se conformer (et que les chômeurs, par nature, ne s’y conforment pas). Comme l’indique le commentaire d’Armel ci-dessous, il est tout à fait possible de considérer les choses autrement : les allocations chômage sont un droit issu de l’accumulation de périodes travaillées, permettant de disposer pendant un temps donné d’un revenu lorsqu’on ne travaille pas. Dans cette perspective il est normal que les allocations soient dégressives au cours du temps et cessent au bout d’un moment (cf post de Wasmer mis en lien) : mais dans cette perspective, on part du principe que l’individu est plus à même que l’administration de savoir ce qui est bon pour lui. C’est en cela que cette mesure ne relève que du paternalisme autoritaire.
Mathieu P :
Que l’aléa moral soit faible ou inexistant, on en sait rien ! On est dans le domaine du comportemental et à ma connaissance aucune étude de faite. Dire que le nombre de chômeurs qui fraude est infime ne signifie rien : on ne dit pas quel type de fraude, ni pourquoi, ni comment, ni combien, par quelle méthode d’évaluation, comment évaluer le comportemental.
Rien ne permet d’affirmer que les chômeurs indemnisés ne trouveraient pas plus vite un emploi si on leur met la pression à un niveau supérieur, comme rien ne permet d’affirmer le contraire.
Comme le rappelle Zaxxon, la contrainte existe déjà en théorie, elle est même plus forte. Tout comme les capitulaires du haut Moyen-Âge témoignent, par la répétition des interdictions, de leur inefficacité, les règlements et lois successifs cherchant à imposer cette discipline se succèdent depuis des années.
Après, il me semble bien que les systèmes de flexisécurité dont on prétend s’inspirer impliquent une forte obligation d’accepter les offres proposées. Ca me paraît cohérent. En revanche, cela suppose que les offres en question soient bien adaptées (auquel cas votre seconde objection tombe). C’est ce qu’exprime l’exposé des motifs de la loi: "Cette réforme repose enfin sur une logique d’engagements réciproques : le service public de l’emploi s’engage à mettre en oeuvre toutes les actions jugées nécessaires pour faciliter le retour à l’emploi et propose au demandeur d’emploi des offres d’emplois considérées comme raisonnables. En contrepartie, ce dernier s’engage à accepter ces offres et pourra être sanctionné en cas de refus répété."
On est donc assez loin du soupçon systématique et du paternalisme. Ca me semble relever du fonctionnement normal d’un système d’assurance. Et encore une fois, c’est déjà comme ça que c’est censé fonctionner. L’apport de la loi est moins dans l’obligation d’accepter un poste que dans la volonté de rendre le système effectif: en définissant mieux l’offre raisonnable (concept qui existait déjà), qui est en fait définie conjointement par le demandeur d’emploi et l’agence machin truc (je ne sais plus comment ils ont renommé le bazar, France Emploi je crois). Les critères évoluent ensuite avec le temps.
Alors vous avez raison, si le système fonctionne mal et de façon absurde (comme il semble que ce soit le cas au moins à Lille), l’obligation peut se traduire par des situations très contre-productives. Mais l’idée de la loi est de le faire fonctionner bien.
Le peut-il? Je pense que oui, avec beaucoup plus de moyens. Cette politique est bien plus critiquable par son incohérence entre objectifs et moyens que par sa philosophie, à mon sens. Le principe d’obligations réciproques dans un système assuranciel ne me paraît pas vraiment contestable en soi.
Question : les assédics que l’on touche ne sont-ils pas, ne s’assèchent-ils pas ? A titre personnel, en devenant "demandeur d’emploi", après 10 ans de salariat, j’avais le droit à 23 mois. Ces droits ne sont-ils pas simplement dûs à mes propres côtisations ? Auquel cas, pourquoi devrait-on me forcer à retravailler si je ne le souhaite pas, puisque j’ai travaillé 10 ans le droit d’être indemnisé un peu moins de 2 ans ? Et comment forcer quelqu’un à travailler ? Quelle entreprise voudrait de quelqu’un qui ne veut pas travailler ?
Le travail obligatoire ne deviendrait-il pas une forme de privation de liberté ?
@Mathieu P.:
Pour l’aléa moral, je pense que si une population est ciblée par la loi, ce n’est pas celle des pauvres, mais davantage celle de cadres très bien payés (y compris, donc, en indemnités chômage) qui peuvent se permettre de profiter du système un peu plus longtemps que nécessaire parce qu’ils ne s’inquiètent pas sérieusement pour leur avenir. J’en connais.
Par ailleurs AD ne "démontre" pas que la dimension d’aléa moral est négligeable, il le suppose. Je la crois pour ma part faible, mais pas négligeable – et très difficile à calculer.
Il ne démontre pas par ailleurs que les allègements de charges coûtent autant que les indemnités. Le ferait-il qu’il oublierait une chose: il ne s’agit pas des mêmes caisses. Encore une fois, l’assurance-chômage est, comme son nom l’indique, une caisse d’assurance, et elle ne peut absolument pas se permettre d’être en déficit. Quand elle en subit un, l’Etat ne le comble pas, à la différence de la Sécu; il se porte seulement caution pour les emprunts internationaux qu’elle contracte pour payer sa dette. Penser macro est important, mais ça ne doit pas conduire à oublier les réalités institutionnelles et politiques.
mais si je comprends bien, encore une loi inefficace dans ses objectifs avoués mais efficace au niveau "politique" à savoir montrer aux votants que la parole populaire ("y foutent rien et y touchent des allocs et des aides") est écoutée?
Car si en plus les chiffres (deja bidons) du chomage diminuent par le meme truchement on a le beurre et l’argent du beurre(les votes)?
Alors que le veritable moyen de faire baisser les trappes à inactivité reste l’Arlésienne de M.Hirsch, enfin jusqu’ici rien d’autre ne semble prometteur.
Reste une question: il y a des emplois dispos dans le tertiaire sous qualifié (que ce soit dans l’aide a domicile et dans l’hotellerie et restauration;cf SocioEconomie des services, La Découverte, et le CAE), mais aussi dans le batiment or ces emplois restent non remplis. Comment le faire?d’autant qu’en limitant les flux migratoire et donc une entrée de main d’oeuvre qui, l’Histoire le prouve, serait prête à accepter ces postes…
très bien résumé ce papier.
le but avoué est bien de stigmatiser le chômeur ("fainéant") qui vit aux crochets de l’Etat (ben voyons…) pour le forcer à accepter n’importe quel taf en définitive (offre d’emploi raisonnable, tu parles…) et d’exercer une pression à la baisse sur les salaires.
alternatives économiques de juin a fait un très bon papier là dessus.
ça permettra une baisse artificielle du chômage dont certains vont pouvoir se vanter en insistant sur leur formidable (salut jack) politique…
il n’y a que des imbéciles pour croire qu’un chômeur est content d’être au chômage et qu’il fait tout pour y rester en étant "payé" à ne rien faire…
@ all comm. 16 : si l’on ne sait pas pour l’aléa moral, pourquoi le supposer comme tellement important au point de fonder toute une loi là-dessus ?
Et si vous deviez avoir raison en partie, pourquoi ne pas réclamer alors la suppression d’une vraie exception française, le plafond des allocations ? Celui-ci est plus de deux fois plus important que celui du Danemark (5200 € contre 2000 €). Les bénéficiaires de ces allocations ne sont pas concernés par cette loi, leur capital social leur permettant aisément de la contourner par le biais de rendez-vous bidons avec un ami chasseur de tête ou RH ou autre. Ceci reste à ma connaissance difficile pour une catégorie de gens qui ne bénéficient pas d’un tel entregent. L’ampleur de l’aléa moral est proportionnelle à la probabilité de retrouver rapidement un emploi. Plutôt que de précariser ceux qui le sont déjà (de mémoire, les allocations moyennes tournent autour de 1000 €, mais je peux me tromper), les vrais bénéficiaires de l’allocation chômage ne sont pas ceux à qui l’on pense.
Je me permets de vous renvoyer vers cet article d’ecopublix (http://www.ecopublix.eu/2007/09/... pour plus de détail.
A bien y regarder cette loi vise surtout à nous envoyer un message, à changer nos comportements:français, il y a des tas de boulots en France, peut-être mal payés, peut-être avec des horaires incompatibles avec une vie de famille, voir avec une vie tout court, peut-être à des kilomètres de chez vous, qui ne vous correspondent peut-être pas mais il y en a, alors vous allez devoir les accepter.
Cette loi correspond bien au message de sarkozy lors de son intervention sur tf1 et dont personne, me semble-t-il n’a relevé la stupidité :en gros, il disait, il y a des milliers d’offres non pourvues en france, alors plutot que de faire venir d’autres immigrés, pourquoi ceux qui sont présents ne les prendraient-ils pas? Peut-être, tout simplement parce que les immigrés déja en France ont des diplomes qui leur permettent de prétendre à d’autres types d’emploi? Et puis pourquoi les français de longue date ne les prendraient-ils pas aussi? Par exemple.
Cette loi et cette phrase anodine nous disent la même chose: au lieu de faire venir du monde pour ces emplois dont personne ne veut, obligeons ceux qui sont là à les prendre.
@tigrette
Il y a le meme genre de loi au RU, et pourtant c’est tres ouvert aux immigres. Ca n’a donc a mon avis rien a voir.
@Tigrette: non, la loi n’oblige pas à accepter n’importe quel poste n’importe où. Elle oblige à accepter la 2e "offre raisonnable", ce qui suppose une cohérence avec les compétences et le projet professionnel défini par le demandeur et l’agence. Au bout de trois mois, on doit accepter 95% du salaire précédent; au bout de 6, 85%. Au bout d’un an, à hauteur du revenu de remplacement (autour de 60%, je crois). Sans qu’on puisse, évidemment, descendre en-dessous des salaires moyens versés dans la région pour ce type de poste. Un ingénieur ne peut donc pas être contraint à faire des ménages, si c’est ce qui vous inquiète.
Le message envoyé, c’est juste celui-ci: l’allocation chômage vous permet de rechercher un emploi qui vous convienne. Si vous en trouvez un, prenez-le. Si vous n’en avez pas trouvé au bout d’un an, revoyez vos critères à la baisse. Je ne trouve pas ça délirant.
(Je reposte plus ou moins mon commentaire des fois qu’il soit passé à la trappe, désolée si c’était volontaire).
@FC : je ne vois pas en quoi les cadres sont davantage ciblés par cette loi – et par "ciblés" j’entends "en quoi cela aura un impact sur la vraie vie des vraies gens", pas "c’est à eux que pensait le gouvernement en se disant que comme ca ils culpabiliseraient bien fort". Il me semble plausible qu’un DRH, face à un cadre mal rasé, ayant envoyé une lettre de motivation truffée de fautes d’orthographe et lui déclarant tout unimement "ce job ne m’intéresse pas, je vous préviens je n’en foutrai pas une" lui proposera quand même le poste quitte à pénaliser son entreprise rien que pour le punir de violer la morale de la République, et toc. Plus probablement, il se dira qu’il a perdu une heure de son temps, probablement précieux, et passera au suivant.
En outre, si AD ne démontre pas que l’aléa moral est inexistant (il ne le prétend même pas d’ailleurs, puisqu’il mentionne la minorité à laquelle vous vous référez), ce qu’il démontre est que cette nouvelle loi ne le réduira probablement aucunement. Elle se contentera de culpabiliser et stigmatiser un peu plus l’immense majorité qui se démène pour trouver un emploi et n’avait probablement pas besoin de ca. Et de faire perdre du temps aux DRH.
L’exemple particulièrement invraisemblable d’un chômeur ayant refusé plusieurs dizaines d’offres d’emploi en un an (quelle ANPE est capable d’en proposer autant?) montre bien le but recherché: indigner le brave peuple qui ne réféchit pas plus loin et le monter contre ces saopards de chômeurs qui se la coulent douce.
Bref, offrir un exutoire à ceux qui souffrent de leurs salaires minables en leur offrant un ennemi "plus bas" pour les dissuader de chercher des responsables "plus haut".
Savoir si ça va marcher, ou si, à force d’être dupé et manipulé, le peuple ne va pas devenir futé?
@deadbydawn
Merci pour le lien sur écopublix http://www.ecopublix.eu/2007/09/... , il m’avait échappé. Et il permet peut-être de répondre a alexandre.
ces préconisation sont les suivantes :
1> plafonnement du montant des allocations chômage, dégressivité importante,
2> définition précise d’un emploi convenable et sanctions immédiates en cas de refus injustifié pour les chômeurs qualifiés,
3> mise en place d’un accompagnement personnalisé
Et il précise que ces mesures ne seront jamais mise en oeuvre tant qu’il y aura dissociation ANPE / ASSEDIC.
Or sur le chomage, la politique met en place le point 2 des réformes et surtout organise la fusion des deux entités.
Le point 1 viendra tout seul si la crise s’aggrave et qu’il faut faire des économies.
Finalement, peut-être que Sarkozy lit-il ecopublix ?
Si All, il y’a des études de faites, et qui portent sur un paramètre simple: la durée d’indemnisation. Si les gens sont des tire au flanc, ils doivent reprendre un boulot quand ils arrivent aux alentours de la fin de la durée d’indemnisation. Si ils cherchent un boulot, ils en prennent quand ils en trouvent et alors il ne devrait pas y’avoir de lien avec la fin des allocs. Réponse: y’a pas de lien, sauf chez les cadres sup. Apparemment, seuls les travailleurs les plus riches sont suffisamment décomplexés pour se faire payer des vacances par l’assurance sociale. Mais je vais passer pour un gaucho-trotskyste 😉
@Alexandre Delaigue.
L’"autoritarisme paternel puritain" que vous dénoncez ne consiste pas à demander aux gens de travailler, mais consiste à considérer que tous les citoyens ne peuvent pas subvenir à leurs besoins en rendant service à leurs congénères et donc doivent être soumis à un régime unique pour mener leur vie à leur place.
Je suis d’accord quand vous dites que "l’individu est plus à même que l’administration de savoir ce qui est bon pour lui." … mais cela n’est valide que lorsque la personne agit avec son argent. A partir du moment où il s’agit de l’argent public, il est tout naturel que l’Etat en fixe les règles du jeu, et les change à sa guise. C’est le principe même de l’étatisation.
Pour la majorité des citoyens, ce qu’elles ont cotisé durant toute leur vie au titre de l’assurance chômage peut être bien disproportionné avec le "service" d’allocation qu’elles auront, surtout après cette réforme. Pour ces personnes, le "paternalisme autoritaire puritain" les empêche effectivement de gérer leur vie comme ils le voudraient, ils auraient pu par exemple épargner cette argent pour se couvrir contre le risque de chômage.
Pour les autres, il y a les revenus d’assistance.
Le problème de fond est que l’on mélange "assurance" et "assistance". Dans le premier cas, les personnes peuvent très bien gérer leur vie comme ils l’entendent et savent effectivement mieux que l’administration comment la mener. Pour les autres, si ils sont en difficulté, c’est bien qu’ils ont eu des difficulté à gérer leur vie et qu’il faut les aider avec un accompagnement particulier.
A mélanger "assurance" et "assistance", les systèmes sociaux ne satisfont à aucun des deux problèmes.
@ all (qui décidément est la star de cette série de commentaires)
Ce n’est pas parce que l’assurance chômage s’appelle "assurance" qu’elle en est (de même que quand un produit d’épargne s’appelle "populaire", cela peut justement signifier qu’il est tout sauf populaire, cf le PERP).
La question qui se pose est : le chômage est-il assurable ? A mon avis (je me mouille), comme tous les phénomènes macros (inflation, mortalité) et les risques extrêmes (sang contaminé, amiante, Katrina etc…), ce n’est pas un risque assurable. Les assureurs proposent certes des garanties dénommées "chômage", mais je vous suggère d’en voir le contenu (les garanties sont difficiles à mettre en œuvre, temporaires, avec des primes révisables annuellement etc…) pour vous convaincre qu’elles n’ont qu’un très lointain rapport avec les garanties offertes par l’assurance chômage.
@ AD
Il me semble avoir lu (S. Paugam, la pauvreté en France, de mémoire) que le travail, c’était la dignité. Non pas que ce soit bien (ou mal), plutôt comme une valeur reconnue quasiment uniformément dans toutes les classes. D’où la thématique des chômeurs malheureux de se voir privés de la possibilité de travailler (que j’ai personnellement vécue : faites l’expérience d’attendre l’ouverture d’une ANPE et observez le regard que vous portent les passants) et qu’il faut bien sûr aider.
Paugam arrivait d’ailleurs à une conclusion proche de la vôtre (à propos du RMI) : toutes les politiques publiques ne visent en fait qu’à une chose, faire le tri entre les bons pauvres (ceux qui cherchent à "s’en sortir", peu importent les résultats) et les mauvais pauvres (grosso modo les SDF et les ignobles passagers clandestins essayant de vivre de la rente constituée par le RMI).
Dans un système d’assurance, il est quand même davantage efficace économiquement de minimiser le montant des préjudices subis. C’est également un impératif moral quand ce système d’assurance est obligatoire, monopolistique et basé sur la solidarité.
Dans le cas de l’assurance chômage française, cela suppose donc la minimisation de la durée d’indemnisation et une recherche immédiate d’emploi.
Le demandeur d’emploi est-il le mieux placé pour juger de la durée optimale de recherche d’emploi? Non. D’abord parce que ses intérêts particuliers ne coïncident pas avec l’intérêt général. Ensuite parce qu’il ne porte pas nécessairement un regard lucide sur son employabilité.
Les ASSEDIC doivent donc mettre en place des mécanismes pour inciter le chômeur à réduire la durée de sa recherche d’emploi. La dégressivité des allocations en est un. Les sanctions en sont un autre, même si probablement pas le plus facilement applicable.
"Alors que faire? peut etre commencer par se charger des trappes a pauvretes, il y a bp de chomeur de longue duree qui aimerait travailler mais qui ne peuvent pas s’offrir se luxe… "
Encore faut-il démontrer l’existence de ces trappes… Le problème du chômage ne doit seulement se poser sur le plan économique (néo-classique) du calcul rationnel. Ou du moins, ce calcul que l’on attribue aux demandeurs d’emploi doit intégrer une autre perspective que celle du gain financier : le gain social lié à l’intégration et à la socialisation dont l’emploi est un vecteur crucial dans nos sociétés actuelles. Des travaux récents de sociologie montrent, en particulier, comment des ex-RMIstes ont pu prendre un emploi en sachant parfaitement qu’ils gagneraient (monétairement) moins… Alors, le RMI, une trappe à pauvreté ?
D’où l’intérêt du croisement des approches (l’unité des sciences sociales pour faire court) pour traiter le problème socio-économique qu’est le chômage de masse.
@ l’auteur.
Bonjour,
Merci pour l’article… Vu la conclusion, j’apprends qu’il existe une politique de classe ! C’est un scandale : Ce mot est interdit depuis la chute du mur de Berlin, nous sommes tous heureux maintenant! :-))
Plus sérieusement : merci pour cette courte synthèse qui montre les dangers pour l’économie quand on veut forcer des salariés à occuper des postes pour les quels ils ne sont fait ou quand ils aspirent à mieux (moins de productivité, perte des qualifications,économies de gestion absorbées par la gestion de la répression). La note Monolecte est un bon complément : n’est-ce pas là aussi un moyen pour casser tout progrès salarial (apparamment, "l’armée de réserve du capitalisme" recrute plus que l’autre !).
Cette loi non seulement va spolier les salariés en recherche d’emploi mais aussi atteindre notre productivité nationale…
L’écart entre les classes sociales va encore grandir… mais chuuut ! c’est un gros mot.
Bonne journée
Bonjour,
merci pour ce post qui apporte un point de vue vraiment différent ET argumenté sur la sanction des chômeurs. C’est suffisament rare pour être souligné.
Par contre, bien que je sois d’accord sur le fond, il me semble avoir vu quelque part (peut être dans le livre de Cahuc, "Le chomage, fatalité ou necessité", si ce n’est pas ça je me replongerai dans mes cours pour retrouver la référence) une étude montrant qu’en France (comme dans les autres pays), la reprise d’emploi remontait en pic juste avant la fin des allocations chômage. Cela n’apporte-t-il pas un élément en faveur de la sanction ?
Une illustration du chômage pour la route :
http://www.blog.progresetudiants...
euh, j’ai un peu honte à l’avouer, mais je n’ai pas compris ce qu’était un "aléa moral". Quelqu’un peut m’expliquer ?
Une autre remarque : de quoi vient donc ici se mêler l’Etat ?
Les relations entre une assurance et ses assurés gagneraient à être régis par de simples contrats : tel est déjà le cas dans de si nombreux secteurs qu’on en reste rêveur.
L’Etat est-il donc à ce point en manque de vocation qu’il lui faille s’intéresser à tous les maux de la société quitte à en inventer.
J’espère que l’Union Européenne organisera rapidement la concurrence des assurance-chômage. Ainsi sera-t-on rapidement débarassé de cet autoristarisme qui n’est pas sans nous remémorer le goût du regretté XVème Plan
@cdc
Aléa moral: Fait pour un assuré prend plus de risques que s’il n’était pas assuré.
Par exemple, si je suis assuré contre le cambriolage, je ne prends plus la peine de fermer à clé la porte de ma maison.
Dans le cas de l’assurance-chômage, cela signifierait (pour le gouvernement) refuser un emploi parce que l’on aurait accepté si l’on avait pas d’indemnités chômage.
L’aléa moral est voisin de la sélection adverse, qui correspond au fait de ne s’assurer que si on sait que l’on a un risque élevé.
Par exemple, si j’habite dans une ville où la criminalité est particulièrement élevée, j’aurais plus tendance à m’assurer que si je suis dans une zone calme.
Dans le cas du chômage, cela consisterait à s’assurer lorsqu’il y a une restructuration dans l’entreprise dans laquelle on travaille.
Face à ces comportements, les assureurs ont adopté des stratégies:
_Franchise, normes à respecter pour l’aléa moral,
_Questionnaires complémentaires, obligation d’assurance (imposée par l’état, par exemple, la sécurité sociale.), contrats d’assurance révélant le risque (les assurés les plus risqués préférant un type de contrat faits pour eux) pour la sélection adverse.
Dans le cas du chômage, le propos de notre hôte est qu’il n’y a pas d’aléa moral, le but de l’assurance-chômage étant précisément qu’un chômeur ne soit pas amené à accepter n’importe quel travail.
@AD: N’y a-t-il pas un aléa moral dans le fait d’accepter des emplois plus précaires parce que l’on sait que l’on bénéficiera de l’assurance-chômage? Si oui, a-t-on tenté d’y remédier (caisses par secteur d’activité), ou cela fait-il partie des problèmes économiques sans réponses claires?
@Fred : Merci !
Pour un Président élu sur le thème du pouvoir d’achat…Ce texte de loi révèle une vision des choses dépassée et prend le contrepied de ce qui se fait au royaume de la flexicurité.
Consulter l’article suivant:
courrierdanemark.wordpres…
Une anecdote à ce sujet quand même : quand les chantiers navals du HAVRE ont fermé, l’ANPE a proposé aux chômeurs issus de cette entreprise de prendre un poste aux chantiers de ST NAZAIRE qui eux à l’époque recrutaient; or beaucoup de ces chômeurs ont refusé (sous prétexte qu’ils avaient leur vie, leur maison au HAVRE et non ailleurs) alors qu’ils disposaient de la qualification adéquate. Les chantiers de ST NAZAIRE ont dû recruter à l’étranger (notamment dans les pays de l’ESt) la main d’oeuvre nécesaire pendant que nos chômeurs du HAVRE continuaient à percevoir leurs indemnités. Je trouve inadmissible ce cas de figure et je pense qu’on aurait dû les forcer à aller à St NAZAIRE ou alors supprimer leurs indemnités.
Mais carrément Tocvil, les chômeurs sont malléables, c’est juste un chiffre. Je suis certain que dans ces chômeurs, il n’y en avait PAS UN dont la femme avait un emploi au Havre, un crédit sur 20 ans sur une maison au Havre etc. Ils étaient tous célibataires, locataires et pouvaient se permettre de déménager du jour au lendemain dans une autre ville.
Quelle bande de feignants profiteurs, tout est si simple quand on résume un problème en 2 phrases, j’en parlais l’autre jour avec Dassault fils.