Et si cette fois un Gn avait servi à quelque chose (en bien ou en mal selon les avis, mais là n’est pas la question) ? Après, on peut toujours dire que le G20 n’était pas nécessaire pour en arriver là. Mais ce serait un peu de mauvaise foi, non ? Notons que l’aspect important et palpable réside avant tout dans le plan de relance coordonné, plus que dans les annonces concernant la régulation bancaire, les agences de notation ou les paradis fiscaux. Annonces qui pourraient, comme d’autres engagements solennels du passé, être oubliés avec le temps. Affaire à suivre quoi qu’il en soit.
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Ce qui paraît significatif c’est l’extension du rôle du FMI ainsi que de ses moyens financiers.
Dans Bretton Woods, avec des parités fixes entre les monnaies, le FMI avait pour objet d’aider à maintenir la parité des monnaies des pays rencontrant des problèmes "conjoncturels" de balance de paiement. Aujourd’hui, il n’a plus aucune raison d’être.
Pourtant, en plus du renforcement de ses fonds, il a récupéré quelques nouvelles missions, dont la surveillance des risques financiers internationaux. Comme son nom l’indique, le FMI était "monétaire" et il est peut-être en train de devenir un embryon d’institution financière mondiale…
Ben, puisque le blog n’est pas arrêté, j’y vais de mon commentaire.
Ce qui me semble très important, c’est la modification (abandon) de la règle "market to market".
http://www.boursorama.com/infos/...
Comme les banques ont déjà fait énormément de provisions, et bien, ca y est, leurs bilans sont nettoyés et la crise bancaire est finie
@ henriparisien
Bon sang! il suffisait de changer une règle comptable? et on n’y avait pas pensé avant???
Non, sérieusement : l’abandon du mark-to-market est juste une manière d’assouplir opportunément les règles prudentielles. C’est plus ou moins comme si, tout en gardant le mark-to-market, on avait abaissé le ratio de solvabilité. Ca va faire grossir le problème et le dissimuler (peut-être) pour un temps. Mais ça ne peut pas changer la rentabilité réelle de ces actifs.
La justification de cette mesure est que le marché ne valoriserait pas les actifs toxiques à leur "juste prix". Les banques, elles, prétendent le connaître. Ce "juste prix" est censé être contrôlé par les auditeurs, les agences de notation, avec des procédures décidées au niveau international : aucun de ces contrôleurs ne risque SON argent en cas d’erreur!
Ira Glass a réalisé un documentaire radio qui explique cette idée de la pseudo-valorisation du bilan des banques de façon pédagogique et humroristique :
http://www.thisamericanlife.org/...
En abolissant la formation du prix sur le marché, on ne peut aboutir qu’à retarder les ajustements nécessaires.
Je ne trouve pas mention du mark-to-market dans le communiqué du G20 ni les commentaires sur VoxEU. Mais le timing de cette annonce du FASB n’est peut-être pas une coïncidence. Quelqu’un a-t-il une idée de ce qui s’est passé en coulisse?
@henri
Il était effectivement très important de casser le thermomètre. Nous n’avons plus de fièvre, alors reprenons un coup de blanc.
"L’Association américaine des banques (ABA) a salué cette décision, qui va selon elle permettre aux banque "d’utiliser leur jugement lorsque qu’elles évaluent les actifs non liquides" et de "fournir des estimations justes" de leurs valeurs."
Il nous avait échappé que le jugement des banques et leurs estimations justes, n’étaient pour rien dans cette crise. Tout est de la faute des comptables fous. Vite du bitume et des plumes.
Comme si la comptabilité était autre chose qu’un langage et pouvait avoir des pouvoirs magiques. La seule chose que ce truc va permettre c’est aux actionnaires et aux dirigeants de sauver leur peau en présentant un bilan Potemkiné, en empruntant aux banques centrales a 0% et en investissant dans des bons d’État afin de reconstituer leur marge sur les 10 prochaines années et en espérant écluser leurs pertes petit a petit. Scénario Zombie Japonais en vue.
Merlin met le doigt sur un point important.
Ces dernières années les banques ont gonflé leur bilan (i.e. créé de la monnaie) pour faire des prêts hypothécaires risqués. C’est mâââal!
Ce qui serait vraiment sympa, maintenant, ce serait qu’elles gonflent leur bilan (i.e. créent de la monnaie) mais pour acheter de la dette publique. Ca s’appelle monétiser partiellement la dette publique. Ca fonctionne en gonflant le prix des actifs (et donc les impôts), en baissant les taux longs, etc. Mais c’est partiel puisque la banque conserve une partie du seigneuriage.
Une autre solution est de nationaliser quelques grosses banques pour internaliser le seigneuriage et peut-être les revendre plus cher qu’on les a payées. Ca va peut-être venir…
La dernière solution est que la Fed achète directement des bons du Trésor à long terme. Comme elle reverse au Trésor les intérêts perçus sur ses actifs, le Trésor se paierait ainsi des intérêts… à lui-même. Non, elle ne va pas faire ça quand même? Ah ben si…
Je n’ai pas encore lu le communiqué en détail, mais je suis effaré par le consensus de la presse française, c’est fou…
Et je me demande si ce qui sort du G20, ce n’est pas un beau rideau de fumée…
– Ok il y a le FMI (cependant, c’est pas l’argent "en plus", ce sont des quotes parts qui bougent, et une capacité d’endettement qui augmente)
– les plans de relances coordonés, c’est rien c’est juste l’aggrégation de chiffres qu’on a recopié sur une même feuille
– avez vous vu la liste des paradis fiscaux de l’OCDE, c’est risible… (en plus par ex les chinois ils s’en fichent, il en font pas parti)
-les normes comptables :c’était déjà engagé par la FASB
-Agence de notation :on nous refait le coup de la "bonne conduite", c’est du pipeau
– Hedges funds, mouais, le coup de la transparence, mais c’est pas vraiment ça le problème… (on connaissait déjà l’endettement des HF via les contreparties)
Est-ce que, là dedans, on remet véritablement en cause le principe de l’Autorégulation et la théorie de l’efficience des marchés, (qui sont a mon sens les deux causes souterraine de la crise) ? je n’ai pas vraiment l’impression…
Cette règle du market-to-market était une aberration. Je le dis en toute honte bue. Lorsqu’elles sont sorties j’y étais favorable.
Que se passait-il avant ?
Les marchés baissaient, les banques, les entreprises voyaient leur plus values latente baisser, disparaître et même se transformer en moins value. Tant qu’elles avaient des flux de trésorerie positive leur permettant de faire face à leur engagement, il n’y avait pas de problème ; Ou plutôt les défauts de payement arrivaient en fin de crise.
Que se passe-t-il maintenant ?
Les marchés baissent, les banques, les entreprises voyent leur plus values baissés, elles doivent faire des appels de marges auprès de leur créancier ou actionnaire pour combler les trous. Ceux-ci voyent leur flux de trésorerie s’inverser et à leur tours …
Et les défauts de payement commence au début de la crise, ne faisant que l’amplifier.
Bien sûr, on peut parler de thermomètre et de tout ce qui s’ensuit.
Maintenant expliquez moi, en quoi un thermomètre qui obligent à provisionner ENTIEREMENT un portefeuille de créance qui n’a à ce jour que 10 % de défaut parce qu’il n’y a plus personne pour acheter ce genre de créance est un bon thermomètre.
Les règles comptables ne sont guère qu’un formalisme destiné à inspirer confiance : une représentation d’une situation que personne n’est payé à décrire dans son plus simple appareil.
L’informatisation croissante des affaires monétaires a certainement poussé ce formalisme un peu loin. Il fallait quand même être bien sot pour ne pas percevoir qu’à toujours vouloir tout évaluer à telle ou telle aune, on finirait bien par tomber sur des contradictions.
De toutes façons, que cela vous plaise ou non, vous n’avez pas le choix : à moins d’aller vivre d’amour et d’eau fraîche dans les bois, vous devez être client d’une banque, elle même asservie au bon vouloir des états trop heureux de trouver un rôle dans le système et vous devez utiliser la monnaie tous les jours pour vivre où que ce soit, et donc, en gagner, c’est à dire, daigner vous mettre au service de tel ou tel rouage de l’économie.
Donc, à quoi bon s’en plaindre ? Soit on joue le jeu, soit on part vivre avec les sangliers dans la forêt sans accès internet.
Si mes souvenirs sont exacts, les trois évaluations acceptées par les règles de Bâle sont :
– le mark to market (embêtant quand il n’y a plus de marché)
– les évaluations des agences de notation (ha ha ha)
– les modèles internes des banques fondés sur la value at risk (qui ne marche pas)
C’est bien gentil de critiquer le mark to market, mais les alternatives ne sont guère meilleures.
"embêtant quand il n’y a plus de marché"
Il n’y a plus de marché ? Plus assez de transactions pour fixer un cours, je suppose : Durablement ?
Pardonnez mon ironie mais il me semblait qu’en vertu du principe selon lequel il n’y aura jamais assez pour satisfaire tout le monde, la demande ne pouvait en théorie pas chuter. Et puisque d’un autre côté les vannes du crédit n’ont jamais été autant ouvertes, on peut vraiment se demander comment il devient possible qu’il n’y ait plus de marché.
Bonjour,
J’avais gardé longtemps un article paru en 2001 ou 2 très argumenté, qui expliquait en quoi les réformes IFRS et le mark-to-market allaient gravement accroître la volatilité du bilan des sociétés. J’étais à l’époque très convaincu et je le suis resté, donc je ne vais pas râler sur le fait qu’on revienne (en partie) là dessus. Franchement ça ne me paraît pas aberrant.
Ben on reprend les modèles internes des banques.
Cela marche très bien pour les portefeuilles de créance immobilières. On estime un taux de défaut, on prend une marge de sécurité qui peut-être conséquente, on actualise, et voilà on a une valeur.
Cela marche un peu moins bien quand il s’agit d’évaluer des actifs ‘mono-bloc’ comme un bâtiment, une participation dans une entreprise non coté etc… Mais bon, dans ce cas là, on ne peut pas appliquer le "mark to market".
Je crois que la critique ne porte pas sur le "mark to market" lui-même, mais sur l’obligation de n’utiliser uniquement que cette méthode.
Aucune méthode d’évaluation n’étant complètement fiable, il me semble assez intelligent d’autoriser leur combinaison pour obtenir un prix plus "juste" : Mark to market évidemment, mais aussi évaluations internes et externes, actualisation des cash-flows…
d’où l’idée : laisser les banques valoriser comme elles veulent (c’est quand même elles les moins incompétentes pour ça), mais dire clairement qu’on ne viendra pas les tirer de la m… si elles se trompent. La banque libre, je vous dis !!!
Il ya de meilleurs comptables que moi ici donc je parle sous leur controle.
Les gens qui disent que mark to market est mal confondent comptabilité, qui est un reporting aussi transparent et correct que possible de la situation patrimoniale des actionnaires, et règles prudentielles, qui sont fixées par un régulateur pour que les banques possèdent plus ou moins de capital ou se comportent de telles ou telles façons suivant les circonstances.
Le mark to market ne s’applique a ma connaissance que pour le bucket "Trading" et le bucket "Available for sale". Pas le bucket "Held to maturity".
Dire que l’on ne peut marquer au marché des actifs que l’on veut vendre et que l’on veut trader mais que l’on laisse a la discrétion du management le soin de les valoriser est tout simplement un oxymore.
D’autant plus qu’il existe a ma connaissance trois façon de mark to market suivant l’existence ou non d’un marché. Tout ce que ce truc fait est de permettre a des managers de banques, dont on connait la prescience et l’expérience, de ne pas reconnaitre comme valeur de marché les valeurs issues de transactions entre tierces parties lorsqu’ils estiment que le "marché" n’est pas liquide. Si je pouvais faire cela pour la valeur déclarative de mon appartement pour l’ISF, j’économiserais pas mal de cash flow. En voila une idée.
Comme ces trucs seront invendables, les banques vont les garder dans leur bilan – jusqu’au moment ou elles seront en position de vente forcée. Elle vont espérer le miracle (une bulle immobilière peut être en oubliant le fait que la plupart des derniers produits étaient remplis de déchets radioactifs absolus mixé and matché nul ne sait plus comment).
En attendant que ça se passe, elle ne vont tout simplement plus prêter ou prendre de risques. Ce qui est leur boulot. Si les banques ne font pas leur boulot, l’économie va couler. L’intérêt de la profession banquaire, de ses créditeurs et actionnaires est complètement contraire a l’intérêt général en général et du contribuable en particulier.
La banque libre ?
Mais on en est déjà là : chacun peut battre monnaie comme bon lui semble.
(en allant emprunter auprès de la Banque de son choix, dans la monnaie de son choix, dans le pays de son choix)
On est même allé plus loin : les monnaies émises par chacun sont librement convertibles l’une dans l’autre, puisqu’elles sont émises dans l’une des vingt à cinquante unités de compte communes.
Cerise sur le gateau, on peut même choisir son étalon monétaire : Euro, dollar. Il n’y a certes pas d’étalon métal, mais un étalon métal a-t-il vocation à être plus stable qu’une monnaie fruit d’un accord international se donnant comme objectif essentiel la stabilité des prix (je pense évidemment à l’Euro).
Bon, vous me direz, une vraie banque libre, c’est quand chacun émet autant de monnaie qu’il veut. C’est ce qu’on aura essayé de faire avec les subprimes et la titrisation des créances.
@Alexandre : c’est plutôt IFRS, ça (pour les deux premiers en tout cas), même si les deux sont souvent associés : IFRS plus pour les valo individuelles, Bâle pour le risque global.
Autre possibilité, mais guère explorée (car fort coûteuse en temps et en pépettes) : faire valider les valorisations individuelles par des certificateurs extérieurs.
Erratum à mon précédent commentaire (JE a dit que c’était incompréhensible, mais j’avais déjà fait la petite addition) : les certificateurs extérieurs ne doivent pas valider une valorisation relevant d’un modèle interne (comme c’est le cas pour la VaR), mais donner leur propre diagnostic de valorisation.
Le complément indispensable de la banque libre, c’est que chacun puisse choisir la monnaie qu’il préfère pour ses transactions. On verrait alors rapidement disparaître les monnaies émises par chacun comme il veut, notamment celles des banques centrales, les subprimes et les créances titrisées.
Dans le régime de boulangerie libre sous lequel nous vivons, chacun est libre de faire autant de pain qu’il veut, et pourtant les boulangers n’en fabriquent pas beaucoup plus qu’il n’en faut. La meilleure régulation possible, c’est la concurrence.
@elvin le comparaison avec la boulangerie n’est pas terrible, depuis au moins Keynes, on sait que justement les marchés de biens et les marchés financiers ne fonctionnent pas de la même façon. "La main invisible" ça marche à peu près pour les marchés de biens, pas pour les marchés financiers.
Laisser les banques valoriser comme elle veulent, c’est exactement ce qu’on a fait avec Bâles 2, et on voit le résultat…
Mais on ne doit pas mélanger les normes prudentielles et les normes comptables. Elles ont en commun de s’appuyer généralement sur le mark to market, et donc d’être procycliques, mais pour les normes prudentielles, qui imposent des provisions au banques, on planche déjà sur de nouveaux modèles qui obligeront les banques à provisionner dans les phases hautes du cycle, histoire de pas se retrouver à poil quand les problèmes arrive. Les normes comptables ne sont pas là pour prevenir les crises bancaires, elles ont une valeur informative. si avec l’affaire d’Enron, on avait vu une entreprise gonfler artificiellement son bilan comptable pour tromper les investisseur, la crise actuelle n’est pas une crise de la comptabilité… Les normes comptables ont tout au plus un peu aggravé la situation.
"Le complément indispensable de la banque libre, c’est que chacun puisse choisir la monnaie qu’il préfère pour ses transactions."
L’idée selon laquelle chacun émet sa monnaie (par l’intermédiaire d’une entreprise titulaire d’une délégation de service public nommée banque) en la libellant dans l’une des unités de compte officiellement gérées par une banque centrale était sensée répondre à un besoin pratique, qui était de simplifier l’évaluation de la valeur de la créance émise par celui auquel on la propose.
Le système semble fructueux puisque, alors que chacun pourrait libeller la monnaie qu’il émet, c’est à dire, les créances qu’il tente de refourguer dans n’importe quelle unité de compte (par exemple, les stocks d’or de sa cave, sa bonne foi ou les vieux bordeaux de son vieux père), la plupart des créanciers préféraient, jusqu’à maintenant du moins, les créances les plus classiques (dollar, euro, yen, etc…). Mais rien ne vous interdit d’essayer de refourguer des créances libellées dans l’unité de compte de votre choix à l’un ou l’autre des acteurs du libre marché. Je suis par exemple certain qu’en insistant un peu, vous pourriez payer votre voiture neuve en pièces d’or ou en coltane.
C’est d’ailleurs l’une des raisons qui jusitifiaient historiquement qu’un service public prétendant être ouvert à tous dans le cadre d’accords à vocation mondiale en situation de monopole soit gratuit : parce que le payer impose de facto de recourir à l’unité de compte émise en monopole par la puissance publique fournissant le service public, accès *qui, par définition même, ne peut pas être équitable*.
@ Passant
Que faites-vous de l’art. 642-3 du Code Pénal, de l’art. 150VK du CGI, et du Code Monétaire et Financier?
Avec ces dispositions, la loi de Gresham garantit qu’aucune des médailles que vous pouvez frapper ne deviendra jamais une monnaie, c’est-à-dire "un bien généralement accepté comme intermédiaire dans les échanges".
[sorry pour le double post]
A lire aussi : de Robert Mundell, "Uses and Abuses of Gresham’s Law in the History of Money"
@benji
"depuis au moins Keynes, on sait…"
si Keynes l’a dit, ya des chances que ça ne soit pas vrai..(;->)
Gu Si Fang: Sur ce point précis, Elvin insistait :"Le complément indispensable de la banque libre, c’est que chacun puisse choisir la monnaie qu’il préfère pour ses transactions.". Même si ce propos peut être interprété de différentes manières, je suppose qu’il n’imaginait pas permettre à qui le souhaitait d’imposer sa monnaie en guise de paiement à son fournisseur.
Donc, je ne vois pas le problème …
Ou plutôt si : vous avez l’air de penser que les offreurs de service survivent sans protection étatique, alors qu’à l’évidence, il est souvent plus facile de voler ou de tuer que de payer, ce qui, vous en conviendrez, décourage l’entrepreneur.
Depuis la fin du XIIIème siècle, on a constaté que lever des impôts pour payer des soudards pour protéger la production n’était pas le moyen le plus efficace. Et donc, qu’une société prospère s’organise pour son bien-être et cumule diverses stratégies pour assurer la paix sociale. La monnaie n’a rien d’obligatoire : que je sache, l’on peut payer en dollars ou en pièces de cuivre son pinard chez certains fournisseurs, mais pas tous, j’en conviens : certains vous feront même crédit, comme le première vulgaire banque venue. Mais vous n’espérez quand même pas imposer en tant que client votre monnaie au fournisseur ?
En conclusion, que ce soit l’étalon-or ou la banque libre, vous l’avez déjà, du moins, dans le cadre de l’économie mondialisée. Ce n’est d’ailleurs sans doute pas une cause profonde des problèmes que souhaitait vouloir traiter le G20 contrairement à ce qui s’affirme, mais ce n’est pas une solution au sens usuel du terme, c’est à dire, une possibilité d’action institutionnelle : c’est un choix individuel : libre à vous d’aller vivre dans les bois.
Le principal problème du mark-to-market, même appliqué à un fraction des actifs, c’est qu’il a un effet pro-cyclique évident. En schématisant un peu, quand un marché très important (immobilier, bourse) se retourne, les actifs évalués en mark-to-market baissent, ce qui dégrade le résultat des acteurs concernés, ce qui dégrade leur valeur boursière et alimente le cycle infernal.
En dehors des valeurs liées au trading, le mark-to-market présente donc des inconvénients majeurs. Pour prendre le contre-pied de Merlin, en dehors des activités de trading, ne vaut-il mieux pas laisser les acteurs financiers gérer dans la durée un retournement (peut-être conjoncturel) de marché plutôt que de les contraindre à annoncer brusquement des pertes abyssales ?
"je suppose qu’il n’imaginait pas permettre à qui le souhaitait d’imposer sa monnaie en guise de paiement à son fournisseur."
non en effet je n’imagine pas. En bon libéral, je pense que le choix de la monnaie utilisée pour une transaction doit résulter d’un accord librement consenti entre les parties. C’est ça que je voulais dire.
Que ça reste possible, je veux bien mais je constate que l’utilisation d’autre chose que des signes libellés en euros est tout à fait exceptionnelle, et que les Etats font tout pour l’empêcher même s’ils ne peuvent pas y arriver tout à fait. Cela dit, c’est vrai : quand une monnaie se déprécie complètement, les gens se mettent spontanément à en utiliser une autre. Mais il vaudrait mieux qu’ils n’attendent pas que ce soit la catastrophe. C’est en ce sens qu’une concurrence réelle et quotidienne entre monnaies éviterait l’inflation et donc les crises.
"je constate que l’utilisation d’autre chose que des signes libellés en euros est tout à fait exceptionnelle, et que les Etats font tout pour l’empêcher même s’ils ne peuvent pas y arriver tout à fait. "
Certainement.
Cela me semble lié au principe, peu libéral, dit de "maturité juridique".
Il consiste à limiter la liberté des citoyens incapables d’utiliser leur liberté sans entraver celle de ceux qui en sont capables. Dans un pays libre, chacun peut librement revendiquer un certain niveau de maturité juridique : par exemple, en créant une entreprise (auquel cas on devient moins protégé) ou même simplement en devenant propriétaire de son logement.
Nous vivons encore dans une société où l’on considère que le seul devoir de chacun est de travailler (au sens : remplacer une machine) s’il est physiquement apte à ce faire. Pour ceux qui ne démontrent aucune autre aptitude qu’une aptitude à l’emploi et aucune autre ambition dans la vie que le salariat, la fonction publique, la retraite ou une pension, le monopole de la monnaie locale devient naturel puisque c’est au service de leur société que ces gens se mettent ou du moins, intègrent leur existence. Bien entendu, il ne serait pas trop valorisant pour les citoyens de leur dire qu’ils sont simplement membres d’un état-firme faute de maturité, donc on ne le dit pas : c’est pourtant le cas, y compris et surtout pour les rentiers.
Pour le reste de la population, ce monopole n’existe pas.
@elvin vous êtes un défenseur de l’idéologie Greenspan, c’est très louable, vous n’êtes pas le seul… Mais :
il y a une différence toute bête entre les marchés de biens et les marchés financiers. Lorsque le prix d’un bien ou d’un service monte, la demande baisse, lorsque le prix d’un actif monte, la demande augmente, et cela fait une bulle… (et vice-versa…) C’est très simple, et c’est diablement important. Je crois à Adam Smith, pas à Greenspan…
Pendant vingt ou trente ans le monétarisme mal digéré et l’escroquerie de l’efficience des marchés ont dominé, les modèles inventé par ces messieurs de chicago dont devenu les seuls valables(Fama, Black-Scholes etc) utilisés à la fois par les créateurs de produits innovants, mais aussi par les agences de notation, les estimations de VAR, et même les stress test des banques centrales… Sans même parler des phénomènes d’évènement rares, de queues de distrib statistiques et compagnies, ces modèles ne prennent pas en compte le risque de liquidité, puisqu’ils supposent une liquidité minimale (dixit Mme El Karoui, grande pretresse des math fi)… La crise a actuelle est précisément une crise de liquidité… Donc les modèles sont foireux, ça commence à être largement admis… (Shin, Smith, Persaud etc ont écrit un tas de papier là dessus) On est incapable de penser la crise si on la pense avec les outils développés depuis les années 70… Un petit retour en arrière est donc très instructif… Minsky en particulier, et donc ce bon vieux Keynes, dont on semble (y compris les prétendus keynesiens) avoir négligé la moitié de l’oeuvre, (théorie de la monnaie, et du crédit) au détriment de l’autre (théorie de l’emploi)…
@augustissime:
Je dois mal m’exprimer. Le mark to market ne s’applique QUE aux activités de trading ainsi que lorsque l’actif est disponible a la vente.
De plus le problème de la cyclicalité est un problème de régulation et non de comptabilité. Le problème de la comptabilité est de donner une vision "fair" du patrimoine de la société.
La Banque d’Espagne par exemple a obligé les banques locales a sur-provisionner pendant les bonnes années. Rien n’empêchait une autre banque centrale de faire de même.
De toute façon, un changement de traitement comptable ne change en rien la valeur des compagnies. Le cash-flow que ces banques recevront ne subira aucune modification. A part des spéculateurs et des naïfs, personne ne va investir dans ces sociétés, les investisseurs s’étant opposés a cette modification.
Ce changement comptable correspond a maintenir sous respirateur des entités dont l’électro-encéphalogramme est plat en espérant un miracle.
Les banques parlent d’ailleurs deja de rembourser les fonds obtenus de l’État, ce qui leur permettra de s’affranchir des obligations salariales et autres qui vont avec.
Sans compter que ce mouvement va a contre-courant du Plan Geithner dont l’objectif était de créer un marche (largement subventionne par les contribuables) pour les actifs illiquides.
Comme disait Churchill, "On peut toujours compter sur nos amis Américains pour arriver a la solution correcte; une fois qu’ils ont essayé toutes les autres."
@Benji
Je ne me sens pas du tout "défenseur de l’idéologie Greenspan". Laquelle d’ailleurs ? Greenspan Président de la Fed a fait l’inverse de ce qu’il avait prêché jusque là, et je pense qu’il est parmi les premiers responsables de la bulle et donc de la crise.
Sur la différence entre les marchés, pas du tout d’accord. Vous confondez prix actuel et prix espéré à l’avenir. Si la marché s’attendait à ce que le prix des voitures double dans un an, la demande de voitures augmenterait comme celle des titres dans la même hypothèse. C’est ce qui s’est passé pour l’immobilier (mais vous allez me dire que l’immobilier est un placement de type financier et vous n’aurez pas tout à fait tort). De plus, on ne peut pas raisonner comme si les variations de prix étaient des phénomènes autonomes : ce sont elles-mêmes des conséquences de la variation de l’offre et de la demande.
Sur la suite, je suis encore pire que vous sur le retour en arrière. Je pense que c’est à Say qu’il faut remonter, et en évitant non seulement "ces messieurs de Chicago", mais aussi (surtout ???) Keynes.
@elvin:
"Je ne me sens pas du tout "défenseur de l’idéologie Greenspan"": sans doute pas de l’ancien gouverneur de la réserve fédérale. En revanche de ce Greenspan-là peut-être un peu plus:
http://www.usagold.com/gildedopi...
@fred : oui, en effet.
@Merlin
Je sais bien que les IAS ne prévoient pas une valorisation en mark to market pour tous les actifs. Mais la part qui suit ce mode de valorisation se voit reprocher d’avoir un effet pro-cyclique.
Car la comptabilité n’est pas neutre, comme vous l’écrivez. Suivant les règles appliquées, une entreprise peut se trouver en bénéfices ou en pertes. Dans le cas d’une entreprise qui enregistre des bénéfices uniquement parce que le marché immobilier flambe, les investisseurs, même avisés, auront le plus grand mal à identifier ce qui ressort de l’activité normale de l’entreprise et ce qui vient de la bulle du moment. Le résultat est clair : l’entreprise sera survalorisée, pourra lever plus facilement des fonds, bénéficiera de spreads plus réduits. Elle ne générera pas les mêmes cash-flows.
@augustissime:
La valeur d’une entreprise dépend de sa génération de cash flow. Pas de son profit, qui est aisément manipulable et contient des éléments "non cash". Des entreprises très profitables peuvent souffrir de crises de liquidité et devoir mettre la clef sous la porte (généralement elles auront du stock).
La facilité de lever des fonds n’augmente pas en soit, sauf investissement profitable, la génération de cash flow de l’entreprise et par conséquent sa valeur.
Contrairement a ce que vous penser, les spreads de ces entreprises n’ont pas variés. Le marché du crédit est difficile a convaincre et c’est en fait la ou cela se passe.
Les investisseurs avisés auront d’autant plus de mal a comprendre ce qui se passe, que le management a de latitude d’opacifier les comptes. Dans ce cas, ils s’abstiennent.
Je pense que l’on a tout dit.
@ Passant
"La monnaie n’a rien d’obligatoire : que je sache"
Détrompez-vous!
Le salaire et l’impôt doivent être payés en monnaie légale, ce n’est pas rien.
La monnaie légale a un pouvoir libératoire pour toutes les dettes. Cela veut dire qu’un vendeur ou un créancier ne peuvent pas refuser les euros de la banque centrale (on peut refuser les euros d’une banque c’est-à-dire un chèque, une CB).
Ce "pouvoir libératoire" a un but évident : fabriquer de la monnaie pour "payer" des dettes. Cette disposition a servi à éliminer les bonnes monnaies pour les remplacer par des billets convertibles, avec des réserves de plus en plus faibles (en leur donnant cours légal) puis finalement du papier-monnaie non convertible (cours forcé).
C’est une situation unique à mon avis. Quel autre produit jouit du même privilège? Il n’existe pas de loi vous obligeant à accepter un produit précis, plutôt qu’un autre ayant votre préférence. Sauf pour la monnaie.
Quelques exemples :
Art. L112-10 Le salaire est payé dans les conditions fixées par l’article L. 143-1 du code du travail. Sous réserve des dispositions législatives imposant le paiement des salaires sous une forme déterminée, le salaire doit être payé en monnaie métallique ou fiduciaire ayant cours légal […]
Art. L121-1 Sous réserve de celles qui ont cours légal en France, les pièces métalliques de fabrication étrangère ne peuvent être admises dans les caisses publiques en paiement de droits et de contributions de quelque nature que ce soit, payables en numéraire.
Art. R162-1 Le fait d’accepter, de détenir ou d’utiliser tout signe monétaire non autorisé ayant pour objet de remplacer les pièces de monnaie ou les billets de banque ayant cours légal en France est réprimé conformément à l’article R. 642-2 du code pénal.
Art. R162-2 Le fait de refuser de recevoir des pièces de monnaie ou des billets de banque ayant cours légal en France selon la valeur pour laquelle ils ont cours est réprimé conformément à l’article R. 642-3 du code pénal.
Merlin, j’ai bien du mal à concilier vos assertions avec la crise des subprimes, qui n’a pas montré un marché du crédit difficile à convaincre ou s’abstenant devant l’opacité. Hélas.
Maintenant vous avez raison, on a tout dit.
Puisque nous sommes sur un blog d’économie, il est certainement sensé de se demander que vaut la loi dans les faits ?
Si vous parlez d’un monopole juridique, donc, applicable en les terres et protectorats de la France éternelle, bien entendu, il existe. Comme existent les rêves et les croyances dans l’esprit des hommes et nulle par ailleurs.
Par contre, dans les faits réels de l’époque actuelle, à l’instant présent et ici même :
Pour l’impôt, effectivement, il me semble tout à fait logique qu’il soit payé dans la monnaie de celui à qui on le paie.
Imaginons un monde très libéral dans lequel il n’y aurait plus d’états, mais juste des firmes : votre sécurité matérielle, la protection de vos biens et de votre famille est assurée par la Bush, Bush and Sarketti Corporation. Le coeur de métier de ces firmes étant ce qu’il est (vous protéger de l’appétit de vos semblables), il refuse tout être unité de compte que la sienne comme paiement pour ses services. Car c’est précisément ce qu’exprime une monnaie : une dette de celui qui l’émet envers celui qui la détient.
Incidemment, sa capacité à lever l’impôt est ce qui vous incite à lui prêter, surtout à long terme, l’argent dont il a besoin pour progresser technologiquement en vue de toujours mieux assurer votre protection future.
Pour les salaires, nos en avons déjà parlé : tout d’abord, nombreux sont les salariés exerçant en France et payés dans d’autres monnaies que l’Euro : par exemple, les salariés de firmes étrangères détachés en France.
Sur le fond : être salarié, c’est avoir un employeur. Un employeur paie (faute de mieux) sa protection à un état. Le simple fait qu’il existe un statut de salarié est un des services rendus par l’état à chaque salarié, sans même parler des services publics annexes et caisses sociales. Le salariat n’étant pas une fatalité, si vous l’acceptez et notamment si vous en acceptez les avantages, que vous l’acceptiez ou non, vous êtes devenu un client de la BBS Corp. Pour l’employeur, c’est la même chose. Précision utile : plus d’un travailleur au monde sur deux n’est déclaré ou connu d’aucune administration et n’est donc redevable envers personne de rien, et inversement.
Les autres articles que vous citez ne concernent que les professionnels et leurs clients désirant jouir du bénéfice des autres règles d’état. Vous le savez, dans de nombreuses branches de l’activité réelle, les choses se font à la parole d’homme : on livre avant d’être payé, et, invariablement, on rend le service avant d’être payé. Et, encore une fois, à qui d’autre que l’émetteur d’une monnaie (ou l’une de ses filiales) espérez-vous exiger quelque contrepartie que ce soit pour la monnaie de votre choix ?
Mais qu’imagineriez-vous ?
– Que l’état français devrait accepter le versement des impôts en Yuan ?
– Qu’un employeur devrait pouvoir payer son salarié en dollars panaméens s’il l’exige ? C’est possible, par le biais du contrat de travail, par l’intermédiaire d’une société adaptée au besoin.
– Qu’un commerçant installé sur les champs élysée devrait pouvoir refuser les euros ? ou devrait pouvoir accepter les zlotys s’il le souhaite ? N’est-il pas plus simple pour le commerçant qui est soucieux du bon usage de l’argent public de demander à ses clients de changer leur monnaie en dehors de son activité de commerçant ? Qu’est-ce qui lui interdit ensuite de changer ses euros en zlotys ?
@ Passant
Certains titres de créance au porteur, parce qu’ils sont transférables, sont susceptibles d’être échangés. Ils peuvent donc devenir une monnaie parmi d’autres, avec ses utilisateurs, sa zone de circulation, etc. Mais il est faux de dire que toute monnaie exprime une dette, si l’on donne au mot dette son sens légal habituel.
Pour le monde "idéal" de Bush et Sarketti je vous le laisse. D’ailleurs, quel rapport? Tout ceci est très confus. Je parle d’une chose simple : que le vendeur et l’acheteur doivent choisir une monnaie d’un commun accord. L’acheteur est libre de se procurer ou de produire des moyens d’échange, et le vendeur est libre de les refuser.
Outre la liberté des acteurs il faut faire respecter leurs droits de propriété et les contrats en évitant la fraude monétaire et bancaire. C’est une tâche dont la police s’acquitte plutôt bien (les problèmes actuels sont dûs à des activités licites). Enfin, la responsabilité des acteurs implique qu’ils ne doivent pas s’attendre à un plan de sauvetage mais au contraire à la faillite en cas de mauvaise gestion de leurs affaires. Là aussi, rien de plus simple.
Ceci n’a pas de conséquences majeures sur les autres activités de l’État. En revanche, cela ne lui laisse que deux sources de financement légitimes : l’impôt et l’emprunt. Cela conduit à des monnaies infiniment meilleures que celles que nous avons, pour un coût moindre, et évite les crises à répétition, l’altetnance entre l’hypertrophie bancaire et financière et leur nationalisation, etc.
@ Passant
Poursuivons ce débat en privé si vous êtes d’accord : gusifang (arobase) gmail (point) com
oh pétard, qu’est ce que vous nous manquez les copains…
Réponse de Stéphane Ménia
Encore un peu de patience… 🙂