La découverte, qui m’envoie régulièrement quelques nouveautés dans la collection Repères, m’a adressé la nouvelle édition de l’ouvrage de Bernard Guerrien sur la théorie néoclassique, dont j’avais chroniqué une ancienne édition. Quelques commentaires sur la nouvelle mouture.
Le premier fait notable est que Guerrien publie désormais l’ouvrage avec une co-auteure, Emmanuelle Bénicourt.
Sur la forme, les deux tomes des précédentes éditions ont été regroupés en un seul, ce qui n’est pas plus mal.
Sur le contenu, on retrouve tous les chapitres des précédentes éditions. Mais outre que la seconde partie a été réorganisée dans sa progression, des développements supplémentaires ont été ajoutés. Ce qui est une bonne chose. La description de la théorie néoclassique de Guerrien est très bien foutue. A l’époque où j’avais chroniqué une ancienne édition, on pouvait même se réjouir de l’éclairage limpide qu’il donnait des insuffisances du modèle d’équilibre général. Le problème dans les années qui ont suivi est que Guerrien s’est focalisé sur ces critiques en diverses occasions, alors même que l’analyse économique, suite à une longue gestation, changeait radicalement, abandonnant largement le modèle Arrow-Debreu, cible de son courroux. Ce que l’on peut appeler théorie néoclassique aujourd’hui est une mutation génétique assez profonde du modèle walrasien des années d’après guerre.
C’est dans cette perspective que les mises à jour de l’édition courante sont intéressantes, car elles ouvrent sur ces changements, même s’il semble que les auteurs ont du mal à sortir d’un costume "anti-néoclassique". Un chapitre baptisé "aux frontières de la théorie néoclassique" (incluant l’asymétrie d’information, la finance ou la théorie néoinstitutionnelle) a été ajouté. Et la perspective change un peu dans l’introduction et la conclusion, évoquant par exemple l’essor des méthodes empiriques.
Le bouquin reste donc un bon point d’entrée dans la théorie néoclassique de base, par sa qualité didactique. L’aspect critique s’enrichit, même si on n’arrive pas à une vision globale sereine de ce qu’est l’économie orthodoxe aujourd’hui. Probablement parce que les auteurs estiment explicitement que les néoclassiques font toujours l’apologie de la concurrence parfaite à des fins plus idéologiques que scientifiques.
Je ne change pas mon point de vue exprimé lors de mon ancienne chronique : c’est un livre globalement de bonne qualité, qui peut être utile à l’étudiant (en complément d’autres ouvrages plus techniques) et instructif pour les autres lecteurs.
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C’est un embrouillement pour les étudiants qui passent leur temps à suivre des enseignements orthodoxes. Alors qu’à côté ces enseignements ne valent pas la peine selon Guerien et maintenant avec Emmanuel aussi..
Réponse de Stéphane Ménia
J’avoue humblement ne pas comprendre ce que vous voulez dire. Voulez vous dire que Guerrien et Bénicourt, qui passent leur temps à dire du mal de la théorie néoclassique, ne devraient pas écrire un livre sur celle-ci, accréditant l’idée qu’elle puisse avoir un intérêt ?
faut lire quoi alors?
en prépa B/L on a vu en hypo les failles du modele orthodoxes en khagne on a su qu’il y avait pas grand chose de mieux en iep on nous montre que les orthodoxes seraient un lobby sans objectivité limitant les recherches des neo ou post keynesiens et j’en passe
chacun a sa querelle et ses problèmes…
d’où ma question: que lire d’objectif et d’instructif? sans etre un bouquin trop spécialisé
Réponse de Alexandre Delaigue
Lisez en anglais. Economics, a very short introduction est un bon début.
Précision : il y a maintenant un seul tome, mais gros et grand, quand les deux précédents étaient bien estéquits. Je dis cela pour éviter à d’autres la mine perplexe que j’ai tirée en apprenant que Guerrien s’était adjoint un renfort et avait réalisé des développements supplémentaires, le tout en divisant son bouquin par deux…