La légitimité de la théorie dominante

C’est sa capacité à visiter de nouveaux territoires avec les mêmes outils méthodologiques. Dédié à ceux qui pensent qu‘une autre économie est possible. Oui, c’est vrai. Mais il se pourrait fort qu’elle soit néoclassique…

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6 Commentaires

  1. Intéressant. J’ai commencé à lire les papiers, et j’ai l’impression qu’Akerlof a redécouvert la théorie subjective de la valeur et l’a mise en équation en ajoutant un paramètre à la fonction d’utilité. Vu son palmarès, ça parait un peu simple et j’ai dû rater quelque chose! Peut-être la formation des préférences, l’influence des pairs, les boucles de rétroaction que cela crée?

    Peut-on en savoir un peu plus? Merci!

  2. Deux lectures pour comprendre que 1) l’extension du champ d’application d’une théorie n’est pas gage de pertinence et que 2) toute théorie n’étant qu’un point de vue sur un sujet, un même sujet peut être éclairé de manière également pertinente par différentes théories, y compris au sein de la même discipline.

    *Max Weber, "Essais sur la théorie de la science", 1904, Plon.
    *Geoffrey Hodgson, "How Economics Forgot History", Routledge, 2001.

    Bref, heureux de savoir que l’économie standard "explique" de plus en plus de phénomènes. Moi ça aurait plus tendance à me faire douter de la pertinence de sa méthode… question de point de vue. Mais en tout état de cause, cela ne prouve en rien que l’économie doive nécessairement et tout le temps être "néoclassique".

  3. Je ne suis pas sur de partager votre opinion que Akerlof et collegues (on pourrait etendre ce type de remarques a plein d’autres domaines de l’economie, en mouvement ces derniers temps) "visitent de nouveaux territoires avec les memes outils methodo", particulierement si vous indiquez que cette methodo est neoclassique (je suis pas sur de bien voir en quoi l’identite non plus definie comme des relevant de preferences individuelles stables est neoclassique), a moins bien sur que tout modele un peu mathematise soit neoclassique…

    Ah, mais je suis preneur pour que vous m’expliquiez en quoi ce qu’ils font n’est pas néoclassique.

  4. Non seulement sa force est sa capacité à "visiter de nouveaux territoires avec les mêmes outils méthodologiques" mais aussi sa capacité d’englober toutes ces théories dites hétérodoxes. La critique envers la théorie dominante qui n’est pas néoclassique uniquement comme vous le dites mais résulte plutôt d’une synthèse qui va de SMITH à KEYNES en passant par WALRAS est plus idéologique que scientifiquement fondée.

    Si vous assimilez néoclassique avec des noms qui datent d’avant Walras, je ne peux pas grand chose.

  5. Ce que je veux vous faire comprendre c’est que la théorie dominante n’est pas forcément néoclassique même si la théorie néoclassique en constitue l’ossature. Elle résulte d’une longue synthése. C’est ça que j’ai voulu dire, peut être que je me suis mal exprimé.

    Ben, vous répétez un peu différemment ce que vous avez écrit plus haut. Bon, tenez, indépendamment de la critique qu’il en fait, Guerrien, par exemple, définit la théorie néoclassique de la façon suivante : “Théorie selon laquelle il faut chercher l’explication ultime des phénomènes économiques au niveau des comportements individuels, en supposant que ceux-ci sont guidés par le principe de rationalité. La théorie néoclassique adopte donc les préceptes de l’individualisme méthodologique, dont elle est l’exemple le plus achevé.”. La théorie dominante, c’est bien elle. Je ne vois pas pourquoi ont ferait des chichis de vocabulaire. Par contre, vous avez absolument raison de dire qu’elle est dominante parce qu’elle a prouvé sa capacité à assimiler des théories mieux que les autres.

  6. OK. Mais vite alors. Neoclassique = en gros : rationalite et preferences coherentes, stables sur les consequences (ce qui assure par un theoreme de Debreu que l on peut les representer par une fonction d’utilite).
    Si maintenant les preferences dependent de l’environnement, concernent le chemin suivi par ex. dans une interaction ou porte sur le processus, alors on n est plus dans un modele neoclassique (je suis deja bien gentil de pas megoter sur le fait qu’en gros dans la theorie neoclassique: les preferences sont "selft-interested").

    Ok, vous faites une définition restrictive et historisante de ce qu’est la théorie néoclassique. Pourquoi pas ? En ce qui me concerne, j’ai pris la définition de Guerrien, citée dans un commentaire au dessus. Le coeur de la théorie économique est là. Et il n’a pas varié depuis longtemps. De ce point de vue, les textes cités sont néoclassiques. Sinon, c’est un peu comme si vous disiez que Becker n’est pas néoclassique. Pourquoi pas, encore ? Un bon exemple est ce qu’il y a dans ce bouquin. Pour moi, c’est de la théorie néoclassique, dernière version en date, si on peut dire.

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