Il nous faut la même

Publicité d’Oxfam sur les subventions agricoles aux USA :

Et en Europe? C’est la même chose. Petit rappel (via Vox-EU) :

– les très grandes exploitations agricoles représentent 0.2% des exploitations européennes : le versement moyen pour ces exploitations est de 780 000 € par an.
– Les 1.5% d’exploitations les plus grandes reçoivent 27% de l’argent de la PAC; le paiement par exploitation dans ce groupe est de 70 000 € par an.
– Les 6% de plus grandes exploitations reçoivent la moitié des versements (53%); dans ce groupe, le paiement moyen par exploitation est de 30 000 € par an.
– les 52% d’exploitations agricoles les plus petites se partagent 4% du budget de la PAC; dans cette catégorie, le paiement moyen par an est de 425€.
Mais quand donc va-t-on enfin supprimer la PAC?
EDIT : merci à Richard Baldwin de nous signaler dans les commentaires son article, “qui paie la Reine d’Angleterre dans la politique agricole commune“?; evidemment recommandé.

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Alexandre Delaigue

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7 Commentaires

  1. Les principales résistances à la suppression de la PAC y compris de la part de ceux qui n’en bénéficient pas proviennent de craintes concernant la MSA (mutuelle sociale agricole : régime notoirement déficitaire de solidarité des agriculteurs).

    Dans le revenu d’un agriculteur "plutôt pauvre" (donc, non subventionné par la PAC), ce que redistribue la MSA a une importance tout à fait considérable : dès lors, les agriculteurs, même ceux aux revenus les plaçant en dessous du seuil de pauvreté et ne touchant rien de la PAC, craignent que la réforme de la PAC n’emporte en cascade la MSA.

    Et bizarremment, personne ne contredit ce discours pourtant sans fondement dans les divers services départementaux et régionaux du ministère de l’agriculture (DDAF, DSV, SV-Douanes, SAFER, etc.), qui emploient il est vrai désormais parfois plus de personnels administratifs que les services de l’éducnat (sans pour autant atteindre les effectifs ahurissants des services du MINEFI) Sans compter que les subventions de la PAC valorisent d’autant la valeur des terres : par exemple l’indemnité de jachère pouvant "rapporter" 100 €/an/ha sur un simple pacage, est fort logiquement valorisée entre 500 et 1000 € sur le cours de la terre concernée. Pareillement, les actuelles subventions à l’arrachage définitif des vignes (de 1.000 à 5.500 €/ha) valorisent mécaniquement le prix des vignes même totalement inaptes à produire à terme des produits adaptés au marché. La suppression de la PAC se traduirait donc mécaniquement par une perte de valeur immédiate et irrévocable du capital des exploitants (perspective qui d’ailleurs impacte actuellement sur toute l’économie rurale). Car je veux bien qu’on reproche beaucoup de choses aux paysans…. mais pas de savoir compter !

    Vous avez raison sur la valorisation des terres : mais cette valorisation, en bénéficiant aux agriculteurs installés et propriétaires de leurs terres, nuit aux agriculteurs qui veulent s’installer et doivent payer plus cher pour cela.

  2. Vous avez bien entendu raison Mr Delaigue.

    C’est même en fait pire que ça : lorsque vous avez, en tant qu’agriculteur, la chance de bien vous en sortir malgré (voire, à cause de..) la mondialisation (par exemple parce que vous avez anticipé le besoin de productions agricoles de base avec deux sous de jugeotte et que vous avez réussi à échapper aux règlementation limitant la production ET aux bons conseils de l’INRA et du credit Agricole), vous vous retrouvez bien embêté pour faire croitre votre entreprise, pardon, étendre votre installation.

    Mais je vous rassure : pour les agriculteurs réellement entreprenants, il y a d’immenses terres presques vierges à l’Est. Enfin, plus exactement, sortant d’un demi-siècle de gestion communiste, ce qui est à peu près la même chose.

  3. Votre billet renvoie à un autre billet, intitulé "Il faut supprimer la PAC"
    Les commentaires pour ce précédent post étant fermés, c’est donc sur celui ci que je relève une erreur :
    En effet, vous écrivez :
    "Elle consiste à garantir sur les marchés européens des prix supérieurs à ceux qui prévaudraient spontanément."

    Vous n’avez jamais que 15 ans de retard!
    En effet, depuis la réforme de 1992, la PAC ne soutient plus les prix, mais accorde des aides directes aux agriculteurs. Et depuis la réforme de 2003, entrée en vigueur en 2005, les aides sont même totalement découplées de la production

  4. @Astre noir : On accorde donc des subventions sans rien
    leur demander en retour à des gens qui auparavant faisaient
    de l’agriculture intensive polluante. Ils ne sont donc pas
    incités à avoir des pratiques agricoles plus efficientes
    (que ce soit en produisant plus si c’est nécessaire ou en
    polluant moins si c’est nécessaire aussi). Ils sont donc
    incités à continuer à produire de façon similaire sans que
    la politique agricole puisse faire varier leur
    comportement.

    Et cet argent est dépensé là dedans au lieu d’aller
    soutenir des pratiques agricoles développant des
    externalités positives, ou bien ne pas être dépensé du
    tout ? Mais dites moi, c’est encore plus formidable que
    dans la situation précédente !

  5. Astre noir: Inexact : notamment, le découplage concerne essentiellement les "droits acquis", basés sur des productions des années antérieures, "sédimentés" au bénéfice du propriétaire exploitant ;

    http://www.scad.fr/PagePAC-Agri-...

    D’ailleurs, la France reversera cette année une bonne cinquantaine de millions d’euros pour ne pas avoir assez contrôlé la qualité effective de producteur des membres des sociétés coopératives de production, laquelle conditionne au sens européen l’accès aux primes PAC, règle relativement malmenée par l’interprétation complexe qu’en font les administrations françaises.

    (Oui, les paysans savent compter)

  6. Cher Alexandre,
    je suis surpris que vous, d’habitude plus prompt à vous mettre à jour, à
    suivre des opinions non dominantes en allant chercher l’information, soyez
    tombé dans un si vieux panneau. L’article que je lis ainsi que ceux qu vous
    avez rédigé en 2005 aurait été de très bon article en … 1991. Depuis, la PAC
    a bougé, réformé, évolué. Les prix garantis qui servent d’introduction à votre
    critique ne sont plus (il reste un soutient qui ne sert plus en blé), la
    surproduction a du mal à être prise au sérieux aujourd’hui (et ce depuis
    quelques années déjà, même en 2005 elle était questionnable), le fait de
    donner aux agriculteurs sans aucune condition de même. Bref, votre critique
    a en gros 15 ans de retard et reprend des textes à charge qui ne font plus
    l’effort de rechercher un peu d’information. Tiens, rien que le chiffre de la
    PAC qui représentent près de 50 % du budget européen est dépassé (on doit
    être aux environs du 30%). Sans compter, que cela oublie que c’est la seule
    politique véritablement européenne: il est donc normal que le budget soit
    important. Sur le reste, l’Europe n’a jamais réussi à se mettre d’accord pour
    mettre des billes en commun. Donc supprimer la PAC, c’est supprimer la
    seule politique commune pour en reconstruire d’autres sur d’autres sujets,
    c’est dire que l’on renationalise une politique. Un grand pas en arrière pour
    un petit pas en avant.
    Pour pouvoir commenter les autres articles sur la PAC, il faudrait qu’il y ait
    une sérieuses mise à jour de l’article de 2005, en attendant j’ai l’impression
    de lire un article du lointain passé.
    La mise en forme du mon commentaire me paraît aux framboises, et je ne
    sais pas pourquoi (tout est centré)

Commentaires fermés.