Et toi, es tu en faillite ?

Comme le mentionne Jules, le terme “faillite” s’applique mal à l’Etat, juridiquement parlant. Economiquement, c’est pareil. Mais, une seconde, une seule seconde, entrons dans la peau de celui qui croit aux faillites publiques et à la maxime Bretonne [1] de l’Etat comme père de famille. Ca y est ? C’est fait ? Alors, calculez donc le ratio entre vos dettes restant à rembourser et votre revenu annuel[2]. Comparez cela avec le ratio dette/PIB français. Comme quoi… c’était encore une seconde de trop.

Edit : par pitié, ne me prêtez pas les erreurs que je dénonce implicitement ici. C’est supposé être une petite démonstration par l’absurde.

Notes

[1] Bretonne : qui vient de Breton,Thierry.

[2] Personnellement, c’est environ 400%.

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20 Commentaires

  1. Bien joué,
    mais comme il nous parait délicat de comparer l’Etat au bon père de famille, il me parait délicat de comparer le bloggeur éconoclaste (et son endettement 5 fois supérieur à son revenu annuel) à l’Etat (et sa dette…) 😛
    Au moins cela a le mérite de souligner le vide qui règne dans les maximes matignonesques de ces derniers jours.

    C’est tout le sens de ce micro-billet : quand on sème la confusion, qu’on passe du coq à l’âne sans se soucier de ce dont on parle sur le fond, on tourne en rond et c’est le dernier qui a parlé qui a raison.

  2. Plutôt de comparer PIB et nos revenus, ne devrait on pas comparer le budget de l’état et nos revenus ?

    Ce qui changerait très fortement la comparaison, non ?
    Pourquoi est ce plus pertinent de prendre le PIB ?
    C’est l’endettement du budget de l’état, même si indirectement , c’est celui de la France.
    C’est tout de même bien sur le budget de l’état que l’on imagine rembourser cette dette.

    Maintenant, je suis d’accord avec vous, la notion de faillite n’a pas de sens, sauf pour jouer sur un volet sensationnel, ce qui plaît toujours aux médias.

    Eh oui… Ma réponse à votre remarque est la même que celle donnée à Pierre au dessus… EN ce qui concerne l’usage du PIB, c’est parce que le ratio de référence est Dette / PIB. Il a un sens, mais pas forcément celui qu’on lui donne. Au fond, ce qu’il signifie, c’est le nombre d’années de créations de richesse qu’un pays doit dégager pour annuler instantanément sa dette publique

  3. Si on veux comparer des ratios entre Etat et individu, il ne faudrait pas tomber dans l’erreur de prendre des ratio d’Etat par rapport au PIB pour le comparer au revenu d’un individu. L’Etat n’est pas le pays. Sinon, l’individu aussi devrait rapporter ses dettes aux revenus de tous les français ou tout du moins à ceux de leur voisinage.
    Bref, les seuls ratio qui ont du sens comparativement à un individu ou une entreprise, c’est par rapport au budget du gouvernement. Mais là, évidemment, se pose une grosse question, doit-on regarder uniquement le gouvernement central, les administrations territoriales ou même la sécu ?

    Selon insee : http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb...

    Si on ne prend que le gouvernement central, on a 330 milliards de recettes, pour 838 de dettes, 250 % d’endettement par rapport aux revenus.
    Pour prendre la sécurité sociale, c’est plus difficile, car principalement du fait des retraites, elle a des engagements non provisionés, càd de la dette hors bilan non comptabilisée.
    Mais même ce genre de ratio n’aide pas à la compréhension par rapport à un individu. Si vous indiquez un ratio dette/revenu de 400%, c’est que vous avez sans doute un emprunt immobilier, or si vous avez un emprunt immobilier, c’est bien que votre logement ne vous appartient pas totalement aujourd’hui puisque logiquement votre dette est garantie par votre bien. Càd que si vous voulez considérer votre dette, ce n’est pas le total du capital restant dû qu’il faut prendre en compte, mais le capital restant dû – la valeur de marché de votre bien, et là, à moins que le marché immobilier s’effondre, vous devriez avoir un actif positif. C’est d’ailleurs le principe d’une dette garantie, elle ne représente qu’un risque faible pour le préteur vu qu’il y a un bien en gage. Sans garantie, un particulier pourrait prendre quelques milliers d’euros chez cetelem à un taux abusif, mais certainement pas des centaines de milliers d’euros à un taux raisonnable. Et donc vous ne pouvez pas considérer la totalité de votre crédit immobilier comme une dette. Une dette garantie par un bien (asset-backed loan) ne se compare pas une dette brute.

    Mais là, il y a encore un pb de comparaison qui arrive, c’est que si on voulait comparer les dettes par rapport au capital net de l’Etat qui pourrait garantir ses nouvelles émissions de dettes, on en arriverait au rapport de la cour des comptes sur les comptes de l’Etat, page 52 http://www.ccomptes.fr/CC/docume...
    "Le bilan économique de l’État au 31 décembre 2006 peut ainsi se résumer en un « actif économique » de 409 Md€, avec un endettement net de 969 Md€ et une situation nette négative de 560 Md€." situation nette négative, donc on ne peut pas dire que les dettes sont couvertes, et même, cela donne raison à Fillon quand il dit que l’Etat français est en faillite. Une entreprise ne pourrait pas être en situation nette négative, qui plus est de 1,5 fois ses recettes. Mais l’Etat si, parce qu’il a un pouvoir que les individus ou les entreprises n’ont pas.

    La cour des comptes nous indique cela "Les règles de
    l’analyse financière classique, destinées à une appréciation de la rentabilité ou de la valeur liquidative des entreprises, ne permettent pas de mener une analyse vraiment adaptée à la situation de l’Etat. En effet, celui-ci n’a pas de fonds propres et ne met pas à son bilan son principal actif incorporel, qui est la capacité de lever l’impôt."
    Car évidemment, du point de vue de celui qui achète un bond du trésor, cette créance est bien garantie, puisque l’on présume que l’Etat a un pouvoir de captation totale non seulement des revenus, mais en plus des biens des personnes qui vivent sur son territoire.

    Donc si on voulait faire un ratio prenant en compte cela, ce ne sera même pas sur le PIB (PIB qui ne représente pas grand chose non plus, puisqu’il ne prend pas en compte les étapes intermédiaires de la production, alors qu’elles sont bien taxées), mais sur l’ensemble des revenus + la valorisation du patrimoine des français.

    Donc certes, de par la nature de l’Etat, il faut ramener ses dettes à la totalité des revenus et du patrimoine des citoyens, car c’est la seule chose qui explique que l’Etat trouve encore des préteurs alors qu’il est en faillite autrement. Néanmoins, il ne faudrait pas en déduire que l’Etat a un faible endettement relativement à cela, car il faudrait bien que les gens comprennent aussi que cela implique qu’ils ne sont pas propriétaires de leurs revenus, mais même pas de leur patrimoine. Car c’est cela la garantie de l’Etat, celle de considérer que tous les citoyens, et même leur descendance, sont la garantie, et donc en quelque sorte qu’ils "appartiennent" à l’Etat.

  4. Ah mais, mon cher SM, j’ai dit aussi que la comparaison avec les ménages et les entreprises était un peu osée. Avec un lien chez vous, d’ailleurs.

    Je sais, je sais, j’ai d’ailleurs copié-collé le lien à partir de chez toi, ce qui m’a évité de retrouver seul l’article… Et je ne saurais trop confirmer la validité de ta remarque… Je me demande vraiment si mes raisonnements orientés second degré et absurdité sont perçus aussi clairement que je l’espèrerais… Sniff.

  5. Vu que rien ne se passe ou, du moins, ne se décide plus guère à Matignon, il me semble que le vrai phare de la pensée économique est plutôt celui-ci :

    http://www.lemonde.fr/web/depech...

    et à dire vrai, il m’inquiète davantage que les approximations du PM devant les comices agricoles !

  6. "C’est tout le sens de ce micro-billet : quand on sème la confusion, qu’on passe du coq à l’âne sans se soucier de ce dont on parle sur le fond, on tourne en rond et c’est le dernier qui a parlé qui a raison."

    — "Encadrez-moi ça et collez-le sur le fronton du Minefi."

    Interlude d’expat.

    En France, l’avantage des médias pour le gouvernement, c’est qu’ils passent le plus clair de leur temps à paraphraser les communiqués ministériels. Si le gouvernement dit "nous sommes en faillite, il faut filer 13 milliards à une poignée de ploutocrates pour créer un coup de confiance", tout le monde le croit et l’accepte, surtout si c’est l’été (conclusion : les grandes vacances sont le premier facteur explicatif des déficits publics).

    En Grande-Bretagne, si le gouvernement affirme qu’un néon de 300W éclaire mieux qu’une bougie, même le dernier organe de presse régionale trouvera un moyen de révéler un biais préférentiel ou un contre-exemple. Le Times écrira que c’est une faillite morale vis-à-vis du peuple britannique qui a accompli la révolution industrielle à la bougie. Le Guardian écrira que c’est un moyen de ne parler de Bassora et Tikrit. L’Independent rappellera que les deux sources réchauffent lentement l’atmosphère.

  7. Sinon, après la version Bretonno-raffarinesque (paske rendons à César ce qui est à Jean-Pierre, c’est lui qui avait commencé), il y a la version Pébereau : l’Etat doit être géré comme une bonne entreprise, donc ne pas avoir de dette…

    Hihi. C’est sûr que la BNP se porterait tellement mieux si aucune entreprise n’avait de dette… (or ce qui est bon pour la France est bon pour la BNP et vice-versa, comme disait l’autre, enfin peut-être).

    Ah, l’a dit ça Pébereau ? Une entreprise bien gérée n’a pas de dette ? Bêtisier !

  8. Il fait un festival le père fillon aujourd’hui :
    http://www.lefigaro.fr/politique...

    « N’importe quel chef d’entreprise, n’importe quel chef de famille, n’importe quel agriculteur comprend qu’on ne peut pas continuer à emprunter pour financer des dépenses de fonctionnement »? Va falloir en parler à Cetelem ou aux gens qui empruntent pour acheter une voiture…

    « La dette de l’état c’est la dette des Français »; ouais, c’est aussi pour une bonne part la créance des français…

  9. @econoclaste-alexandre

    "c’est aussi pour une bonne part la créance des français…"
    Il faudrait aller glisser deux mots à JP Raffarin à ce propos. Ce matin chez Demorand, il affirmait qu’il vallait mieux s’endetter auprès du reste du monde que de faire en sorte que les français soient les créanciers de leur Etat. L’a pas tout compris Jean-Pierre…

  10. à econoclaste-alexandre :
    Emprunter à cetelem pour acheter une voiture ce n’est pas comparable avec l’Etat qui emprunte pour payer ses employés. Parce que justement, il y a un bien en face : une voiture.
    Si vous voulez une équivalence individuelle, on pourrait dire emprunter pour payer la femme de ménage, voire emprunter pour aller faire les courses au supermarché du coin. En général, les gens qui en sont là ne sont pas loin de la faillite personnelle.

    Vous n’avez jamais entendu parler du crédit à la consommation? Vous n’utilisez pas de carte bancaire? Tout cela constitue une façon de s’endetter pour payer des dépenses courantes. Tous les gens qui utilisent des cartes bancaires sont-ils proches de la faillite personnelle?Et une voiture est un bien de consommation : à la minute ou vous l’achetez sa valeur diminue de 20% et continue de le faire.
    Certes, la dette de l’Etat est aussi une créance des français, mais pour la plupart, ils ne s’en rendent pas compte. Environ la moitié des livrets A est "investis" en bons du trésor français, afin de faire face aux appels de liquidités des déposants. De même, compte tenu des réglementations prudentielles sur les assurances, elles doivent avoir une partie de leur capital et des fonds qu’elles gèrent sous forme de bons du trésor. Mais cela, bien peu de français le savent.

    Toujours est-il que l’on ne peut pas généraliser, tout le monde n’a pas un livret A ou une assurance vie. donc ce n’est pas une créance des français, mais d’une partie des français.

    Que cette dette soit payées par des français ou des étrangers, cela ne change rien, cela reste une capacité d’épargne qui est retiré du circuit productif. càd que c’est autant de moins pour l’investissement dans les entreprises. et entre de l’investissement pour faire des usines ou des labos et le paiement d’effectifs pléthoriques de fonctionnaires, il semble assez évident de voir ce qui "rapporte" le plus à l’économie et donc aux français.

    Vous préférez que la dépense publique soit financée par la hausse des impôts? C’est plus ce que c’était, liberté chérie…
    Plus sérieusement : vous tenez un discours politique. Votre point de départ, c’est qu’il faut que la dépense publique baisse et avec elles le poids de l’Etat dans l’économie. C’est un point de vue parfaitement honorable, mais vous n’avez pas besoin de le défendre avec des arguments bidon genre “l’état est en faillite hou la la”. Vous êtes sur une meilleure voie en comparant investissements privés et dépenses publiques; mais on vous rétorquera qu’il vaut mieux payer des profs et des infirmières que les billets d’avion en première classe et des mercedes de fonction de cadres parasitaires. La mauvaise gestion et les investissements lamentables, vous les trouvez partout.
    AD

  11. J’ai bien une solution magique pour la fiscalité à proposer aux économistes : renoncer à l’impôt (qui n’est pas un outil de redistribution, comme nous l’enseignent les économistes) et financer toute l’action publique par de la dette émise sur les marchés financiers.

    Voilà qui dynamiserait certainement la croissance, non ?

  12. Ah, l’effet d’éviction… dites, MM. Delaigue et M (comme dans SM), avez-vous déjà fait un billet sur l’équilibre (ex-ante ou ex-post) entre épargne et investissement ? Sinon, je sais que vous avez beaucoup beaucoup de travail, mais ça peut être une idée…

    Accessoirement, j’ajoute pour avoir épluché pas mal de comptes d’entreprises (souvent les fleurons de notre beau pays) qu’on n’a pas forcément non plus une équivalence "emprunt=investissement", et que lesdites entreprises, elles aussi, empruntent souvent pour payer leurs employés (parfois surpléthoriques d’ailleurs). Ce qui n’en fait pas moins d’excellentes boîtes parfaitement rentables où j’aurais envie d’investir si mes finances reluisaient davantage.

  13. @ Passant : OK, c’était du second degré votre message (n’est-ce pas ?), mais quand même… les impôts futurs sont le gage sur lesquels l’Etat peut emprunter. S’il s’engage à ne plus jamais prélever d’impôts, là, oui, il sera en faillite.

    Faut-il y voir le sens caché des propos de M. Fillon ? ce qui semblait à première vue une bourde gigantesque était en fait une subtile annonce de politique économique (supprimer tous les impôts). Mais pour ne pas voler la vedette à M. Sarkozy (et se faire collaborateuriser en représailles), il l’a faite de façon vraiment… très très subtile.

  14. La mauvaise gestion et les investissements lamentables, vous les trouvez partout.
    Non, et l’histoire du 20 ieme siècle l’a bien montré. Les systèmes étatiques et administratifs sont par construction même irresponsable sur le plan économique, ce n’est pas leur préoccupation.
    Vincent Poncet explique trés bien le problème, bien mieux que l’éditorial du blog aujourd’hui.

    Cher lecteur,
    Si vous étiez un peu plus assidu, vous auriez déjà lu sur ce site des analyses, des vraies, au sujet de la dette publique. En réalité, ce billet avait vocation à m’amuser, me distraire, m’égayer, en tournant autour d’une stupidité notoire, celle de l’identification du rapport à la dette de l’Etat, des ménages et des entreprises. Mais je crains qu’aveuglé par votre combat pour la liberté, que forcément nous ne partageons pas quand nous osons dénoncer des idées simplistes et encore moins quand nous considérons que l’analyse coût-bénéfice du recours à l’Etat ou au marché n’est pas systématiquement favorable à ce dernier, en tout temps, tout lieu et sur tous les sujets. Bref, l’horreur de la théorie économique moderne, qui ne se range pas en bloc derrière les héritiers aléatoires de certains de ses membres passés, fussent-ils illustres et respectables.

  15. Est-ce réellement du second degré ? Pas totalement…

    Je veux dire : le rôle premier d’un état contemporain dans un pays à peu près libre est de garantir le respect de la propriété (ainsi que de la paix, de la prospérité, etc.).

    Ensuite, vous en conviendrez, ceux qui ne possèdent rien n’ont aucune raison de souhaiter financer l’état : mieux vaut pour eux dépouiller les riches.

    Par contre, les possédants trouveront leur intérêt à financer l’état en achetant de la dette publique : mais pour y "trouver leur intérêt" ils exigeront un rendement sur la prospérité future que créera la paix et la liberté offerte à l’initiative individuelle, elles-mêmes conséquences de l’existence et l’action de l’état.

    Ainsi parviendrait-on à faire financer l’état par des cotisations à la fois volontaires et non-réellement aliénantes.

    Alors, y-a-t-il réellement un problème ?

  16. "Ensuite, vous en conviendrez, ceux qui ne possèdent rien n’ont aucune raison de souhaiter financer l’état : mieux vaut pour eux dépouiller les riches." Euh… oui, mais je pense que si on proposait aux "riches" de dépouiller les "pauvres" (effet de masse, raisonnement à la Schumpeter, ça reste intéressant) ils ne diraient pas non non plus. D’ailleurs, moi-même, on me dirait "profite des services publics sans payer d’impôts", je ne suis pas sûre que mon civisme y résisterait…

    Quant au "rendement sur la prospérité future", j’ai du mal à y voir grand-chose sinon… ben, un rapport avec les impôts quand même, parce qu’il faudrait bien le sortir d’une poche, ce rendement (d’ailleurs on a beaucoup glosé du problème que posent des prévisions de croissance optimistes, qui résultent en des prévisions de recettes fiscales tout aussi optimistes, et un déficit qui dérive). Ou alors l’idée est-elle que comme l’Etat, dûment – et volontairement – financé par nos bons bourgeois, assurerait les fonctions permettant la prospérité générale, tout le monde y trouverait son compte (le "enrichissez-vous !" de Guizot ?) ? c’est bien mignon tout ça, mais je suis sûre que nos hôtes ont déjà publié un billet vous expliquant ce qu’est un passager clandestin. Sinon, RCE se fera un plaisir de le faire…

    P.S. : c’est l’Etat, pas l’état.
    P.P.S. : pour moi le rôle premier de l’Etat est de garantir la liberté et l’égalité de tous (et la fraternité ce serait pas mal non plus). La propriété n’est (encore) inscrite au fronton des écoles de la République.

  17. Faillite ? Je suggère de vendre la Joconde. Meuh non, pas bêtement, comme ça, tout le tableau. Encore que. Aux enchères, faudrait voir. Le Quatar serait peut-être acheteur à fort prix. Ou Dubaï. Il suffirait de mettre un prix de réservation suffisamment élevé. Non, vendre des droits de propriété sur la Joconde. La Joconde en appartements. Ou en produits dérivés. Par exemple, on acheterait un millionnième de la Joconde. Avec un certificat de propriété. Un peu comme le ouiski Islay qui vous permet d’être propriétaire d’un acre de la propriété. Je suis sûre qu’on peut trouver au moins un million de gogos pour posséder un millionnième de la Joconde. Voire plus. Et après, on crée des dérivés sur parts de Joconde (j’achète/je vends le droit d’acheter/de vendre une part de Joconde). Et après, imaginez une bulle jocondière… Voilà mes deux cents pour libérer la croissance : Monsieur Fillon, OSEZ : vendez la Joconde !

  18. Emmeline: ce que je voulais dire est que la vocation de l’état est essentiellement de garantir la paix, car la paix a deux conséquences : premièrement s’y épanouit la liberté et l’égalité (que vaut la liberté si l’exercer est dangereux pour soi ?) et deuxièment parce que la paix est la condition sine qua none de la prospérité sans laquelle la liberté dont on parle est celle du mendiant et l’égalité une égalité devant la pénurie.

    Je suis conscient de la question du passager clandestin : j’observe simplement que tout le monde n’a pas autant à perdre à l’impuissance ou l’inefficacité de l’état : les possédants ayant bien plus à perdre que les pauvres. Pour cette raison, j’affirme que l’existence de l’état a bien plus à voir avec l’entretien des inégalités entre les hommes qu’on ne le pense, et donc, que ce sont ceux qui souhaitent bénéficier de l’inégalité entre les hommes qui pourraient financer (sans nécessairement y être contraints) les institutions que la créé.

  19. (Bis repetita placent) P.S. : c’est l’Etat, pas l’état. L’état est une situation, l’Etat est une institution. L’état de l’Etat peut être bon ou mauvais.

    Sinon, je ne sais pas si vous êtes au courant, mais il y avait des esclaves sous la pax romana… Alors, liberté et égalité conséquences de la paix, moui… (vous devez confondre condition nécessaire et suffisante).

    Quant à dire que "les possédants ont plus à perdre que les pauvres à l’inefficacité de l’Etat", à nouveau, j’en doute : un "possédant" risque de perdre, au moins partiellement, sa fortune, mais se maintiendra toujours plus ou moins ; un pauvre risque de perdre la vie (est-ce la peine que je vous sorte le couplet déchirant sur les Irlandais morts de faim – morts, ce n’est pas une image – pendant la famine parce que l’Etat anglais s’en f… royalement et obligeait à exporter quand même le peu de nourriture restant vers l’Angleterre ?). M’enfin, si vous préférez la bourse à la vie, c’est votre droit.

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