Le dossier d’Alternatives économiques consacré à la crise financière vaut visiblement le détour. Avec le recul d’un petit mois, le journal a fait quelque chose de complet et didactique. Je n’en ai lu qu’une partie pour le moment, mais ce que j’ai lu est clair et fourni.
Pas de surenchère (dans le genre, j’ai cru m’étouffer en lisant le document du Nouvel Obs de cette semaine, assurément peu tourné vers la pédagogie), beaucoup de faits et d’explications élémentaires, par exemple, dans l’article de Sandra Moati. L’édito sur la fin du libéralisme de Christian Chavagneux est plus spéculatif et on lui opposera par exemple l’article d’Elie Cohen publié sur Telos. Chavagneux (contributeur principal au dossier) décline encore cette idée dans ses autres articles du dossier. Tous les aspects et micro-aspects semblent pris en compte (des différents types de banques aux modalités des différents plans de sauvetage, en passant par les “10 chantiers de la régulation financière” et l’inévitable entretien avec Michel Aglietta). Mon impression à chaud est donc plutôt bonne. J’en reparlerai, si nécessaire, quand je l’aurai terminé. Ah, sinon, on n’échappe pas à la photo du trader inquiet, incontournable représentation de la crise financière. 😉
Remarque : ce n’est pas la présence de la chronique de Sexe, drogue… et économie qui me pousse à signaler ce dossier. J’avoue néanmoins, sans pudeur, qu’elle m’a fait très plaisir, tant elle est favorable et sans complaisance. Ce n’est pas à moi de dire si le bien que Guillaume Duval dit de notre livre est justifié (comment ça je suis un peu faux-cul ?), mais je reçois volontiers ses réserves sur l’introduction et le message d’impérialisme économique que le livre peut suggérer. Ces deux aspects étaient probablement les plus complexes à mettre en page et, en même temps, étaient presque secondaires (nous voulions d’abord faire un coeur d’ouvrage le plus pertinent possible). Si c’était à refaire, je pense que nous serions plus précis sur ces points. A noter, Denis Colombi parle aussi de l’aspect contestable ou exagéré du “sanglot long de l’économiste mal-aimé”, ici.
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Oui, mais moi, c’est parce que je fais dans la concurrence des sanglots longs.
Ca m’aurait l’air encore mieux avec un vrai Ç majuscule, mille sabords.
Pour obtenir un Ç, enfoncer la touche Alt et taper 128 sur le pavé numérique.
(Ce commentaire qui n’en est pas un est donc à supprimer après correction.)
Réponse de Stéphane Ménia
Non, non, nous travaillons en toute transparence. Je corrige et publie (notamment parce que la table ASCII est une idée à diffuser) 🙂
Ça marche !!!
Réponse de Stéphane Ménia
Ah, oui, c’est très bien. Et vous savez qu’en plus vous avez plein de combinaisons possibles. Tapez “table de caractères ASCII” dans Google, vous trouverez sûrement.
A propos de l’article p. 102 : on vous présente comme professeurs de sciences économiques et sociales (SES). En fait, vous êtes professeurs d’économie gestion. Est-ce parce que c’est une "discipline" technique, alors c’est considérée comme moins noble et on vous recase en SES ? Erreur révélatrice ?
Réponse de Stéphane Ménia
Non, pas du tout. Ce sont les coquilles qui se glissent régulièrement dans les médias. Au début, on est un peu surpris et puis on se dit que ce n’est pas grave. Personnellement, qu’on nous disent profs de SES, ça ne m’offusque pas. Quand on y songe un peu, aller ennuyer quelqu’un qui a pris le temps de parler de ce que vous faites, pour un détail pareil, c’est lourd.
Il m’arrive de me faire violence et d’acheter parfois ce titre (leur titre de juillet sur le pétrole grimpera toujours sorti LA semaine ou il commence à se casser la figure est poilant).
Bon j’ai bien aimé l’article sur Douglass North, ça m’a donné envie d’approfondir cet auteur, jugeant moi-même fondamental les institutions et la psychologie des groupes dans les questions économiques.
(Lire le précurseur, "la psychologie des foules" de Gustave Lebon)
L’article sur holisme contre individualisme méthodologique, intéressant mes faux puisqu’il conclu à la supériorité du holisme 🙂
(ne pas rater le très complet "Vrai et faux individualisme" de Hayek herve.dequengo.free.fr/Ha…
Le dossier crise, le gros morceau, que dire, frelaté comme… le lait chinois.
Toute information qui pourrait égratigner leur idéologie socialiste est impitoyablement supprimée.
Ainsi l’on à des courtiers qui prêtent par avidité, mais rien sur le Community Investissement Act qui oblige souvent à prêter en ferment les yeux sous peine de procès pour racisme/discrimination.
Des taux variables très bas, mais rien sur leur cause, le taux directeur ultras bas de la FED pendant 3 ans (dés fois que ça décrédibilise la "relance par la consommation").
Des prêts pourris massif à des insolvables (curieux pour des banquiers !?) mais rien sur leurs rachats casi automatiques et massif par les agences publiques Fannie et Freddy (40% des prêts hypothécaires) puis généreusement dispersé dans le système bancaire mondial.
Des agences de notation dispensant des AAA à ces produits, mais rien sur leur oligopole protégé de la concurrence par un label public (le conflit d’intérêts avec leurs clients PRIVE est seul relevé …).
Un petit entre filés page 81 sur le règlementarisme procyclique… ha quand même ! … Mais c’est hors dossier.
Bref je n’ai pas encore tout lu en détail, mais c’est de la bonne grosse idéologie Label Rouge comme seule la gauche française sait en produire.
Réponse de Stéphane Ménia
Franchement, vous êtes un peu partial. Le dossier est didactique. Si vous attendez d’Alternatives économiques une profondeur digne du Journal of Economic Perspectives, vous ratez l’objet. J’ai lu un certain nombre de choses (et même un nombre certain) sur le sujet. Et quand je referme le dossier, je me dis que la description est instructive pour beaucoup de gens et que les parti-pris à retenir savent se faire assez transparents, ce qui pour moi est une bonne chose. Ensuite, on peut aussi contester ce que vous dites. Vous semblez considérer que le Communiy Investement Act est fautif. Or, quand on observe les données disponibles, on s’aperçoit qu’il est carrément négligeable, voire favorable en termes de contrôle des risques. Sur les taux, j’avoue ne pas avoir fait attention, mais Alter éco a rappelé pendant des années les déséquilibres de la croissance américaine. Je doute qu’ils aient oublié ça volontairement. En ce qui concerne les agences, oui, la structure oligopolistique peut être évoquée. Cela dit, je me permets de vous rappeler la grande époque Enron où auditer et valider les comptes était aussi à la source d’un conflit d’intérêts. Manque de réglementation ou trop plein ?
Pour le reste, peut-on vraiment être mauvais quand on consacre un article à North dans une revue “Label rouge” ? Alors, si j’ai pu regretter d’acheter certains numéros d’Alter éco, j’ai avec celui-ci le sentiment de lire un numéro digne de ce qu’ils savent faire de bien. Si tous les laits chinois étaient frelatés de la sorte, aucun bébé ne serait mort.
S’ils étaient mauvais, pour être franc, je ne les achèterais jamais. Dé qu’il s’agit d’aspect techniques, leurs articles son souvent complets et clairs.
Mais c’est clairement une presse d’opinion, ce qui nuit au coté scientifique des articles. Il suffit de le savoir et de regarder aussi ailleurs pour profiter des qualités de ce journal.
Pour moi les hypothèse posée par l’école autrichienne dé avant 29 expliquent très bien l’origine principale de la crise actuelle (outre les catalyseurs particuliers), à savoir une baisse considérable et durable du taux directeur suivie d’une remonté inévitable et relativement brusque.
Seulement voilà Bernard Maris et d’autres passaient leur temps à demander une baisse de taux pour "relancer la consommation", reprochant à Trichet (plus prudent) de ne pas avoir le "pragmatisme" de la FED (sans parler des canadiens qui on maintenu des taux plus élevés encore que la BCE).
Résultat, une bulle immobiliaire énorme aux US, importante en Europe (selon les pays et la réglementation immobilière locale), rien au Canada.
Alors franchement faire un édito donneur de leçon de moral aux libéraux alors même qu’ils prônaient les causes de la crise, et cacher de manière manifeste à leur lecteurs la responsabilités PREMIERE des institutions publiques dans la crise parce que ça les gêne aux entournures, c’est fort de café. Le label rouge c’était donc pour ça.
"Manque de réglementation ou trop plein ?"
Les règles prudentielles qu’elles fassent une page ou 10 000 ne remplacent pas et ne pourront JAMAIS remplacer la responsabilité.
C’est la que pour moi le bas blesse dans la banque moderne, les actionnaire des banques devraient être responsables sur leur biens propres des dépôts de leurs clients.
A l’extrême ça suppose une refonte du statut bancaire pour étendre la responsabilité des actionnaire au delà de la valeur de l’action (et donc cotation négative envisageable).
Au minimum, ça suppose que les clients des banques aient accès à un indicateurs potable de qualité de la couverture de leurs dépôts, simple et grand public (comme la conso d’energie à l’achat du frigo) et qu’il puissent juger en connaissance de cause des risques pris pour rémunérer leur compte.
Donc oui il y a infiniment trop de réglementations et une responsabilité réduite à la portion congrue.
Voilou