Vincent Peillon vient d’annoncer le retour à une semaine de cinq jours à l’école primaire. Dans les cartons, il y a aussi une réduction du nombre de semaines de vacances, afin d’étaler les horaires sur l’année. Un consensus scientifique semble se dégager clairement sur ce sujet : les rythmes scolaires actuels en France sont contreproductifs. Mais apparemment, la solution retenue est celle d’un étalement de ce qui existe, que ce soit au niveau de la semaine ou de l’année. Cela a de quoi surprendre.
En France, les enfants scolarisés de 7 à 14 ans suivent environ 7 500 heures de formation sur la période. C’est près de 800 heures de plus que la moyenne de l’OCDE et presque 2 000 heures de plus qu’en Finlande. Les résultats sont-ils à la hauteur de cet investissement ? Alors, la question est simple : pourquoi tout bonnement ne pas réduire le nombre d’heures de cours sur une année ? On pourrait de la sorte atteindre les objectifs liés aux rythmes physiologiques des enfants, faire des économies en termes de postes d’enseignants sans réduire le taux d’encadrement (oui, chers collègues, désolé, je n’envisageais pas de réduire votre temps de travail au passage…) et, cerise sur le gâteau… il se pourrait bien que les performances scolaires ne baissent pas mais s’accroissent.
Le dernier point en fera tiquer plus d’un, je l’imagine. Je n’en ai cure. Les Français ont un gros problème avec l’École. En fait, pour tout dire, ils n’y comprennent rien. Posons pour commencer que la corrélation entre nombre d’heures de cours et performances scolaires est loin d’être évidente… Ce n’est pas suffisant, mais c’est un très bon début.
Ensuite, soulignons que l’idée que poser le cul sur une chaise à des enfants ou adolescents pendant des heures et des heures chaque semaine les rend mieux formés est une connerie prodigieuse. Elle vient de l’idée que réussir à l’école implique de s’abrutir le cerveau et que, dans la compétition scolaire, plus d’heures de cours sont synonymes de meilleurs résultats. Cette idée néglige deux éléments. Le premier, c’est la productivité individuelle. Dans une classe, en fait, beaucoup ne font pas grand chose, soit parce qu’ils ont le sentiment que leur mission est accomplie en venant en classe (ce qui est déjà très beau…), soit parce qu’ils ne supportent que mal l’encadrement sous contrainte permanent. Et lorsque l’emploi du temps en classe vous impose 30 à 40 heures de cours par semaine à 16 ou 18 ans, eh bien, en fait, vous ne travaillez pas réellement tout ce temps. Et puis, une fois chez vous, travailler encore ? Vaste blague qui n’est pas toujours encore comprise comme telle. Le résultat, ce sont des adolescents incapables de faire l’apprentissage de l’autonomie et du travail personnel. Pour de bonnes raisons (ils sont cuits) et de mauvaises (ils pensent que tout est joué en classe). La seconde raison, c’est qu’on supprime, aussi par ce biais, le plaisir d’aller étudier. Je dis aussi, parce que la compétition scolaire et la course au diplôme tuent lentement mais sûrement le plaisir associé à la connaissance. Et cela conduit à des stratégies chez les élèves qui sont remarquablement incohérentes d’un point de vue temporel. En gros, si le but est de réussir à décrocher un diplôme et rien d’autre, nombreux sont ceux qui, désintéressés par leurs études, évaluent mal la régularité de l’implication nécessaire pour atteindre ce but. Bien qu’ils souhaitent plus que tout obtenir leur diplôme, ils ne fournissent pas aujourd’hui les efforts nécessaires, les reportant à plus tard. Les études psycho-économiques montrent que l’incohérence temporelle existe dans des domaines comme les choix d’épargne. On voit mal comment elle n’existerait pas dans les choix scolaires évoqués. Dans tous les cas, l’arbitrage entre un plaisir immédiat (le loisir) et un déplaisir (étudier) semble évident pour l’élève lambda. L’apprentissage comme consommation (ne pas le prendre au sens péjoratif du terme, mais comme un moyen de se procurer une satisfaction en soi sans ambition productive) est un phénomène en voie de disparition. Et les rythmes scolaires n’y sont pas pour rien.
Il y a comme une schizophrénie chez les parents. Cette idée (juste) qu’on malmène leurs enfants en leur imposant des horaires épuisants. Et cette autre croyance (fausse) que réduire le nombre d’heures de cours amputeraient les chances de leurs rejetons de réussir dans la vie. De ce point de vue, le plus amusant est que ces mêmes parents sont les premiers à valider l’idée qu’on n’apprend rien à l’école, que la théorie du signal a raison quand celle du capital humain se trompe. Valider un diplôme n’est qu’un moyen de faire mieux que son voisin dans la course aux statuts sociaux. Soit, l’idée est défendue par certains (pas par tous). Mais à ce compte là, un brin de cohérence est nécessaire. Si le volume d’heures de cours est réduit pour tous, les positions ne changent pas, non ? Sacrilège, qu’ai-je dit ? “Et les cours particuliers mon ami !” me répondra l’électeur Mélenchoniste outré par ce manque de tact républicain (deux jours après le vibrant hommage de François Hollande à la mémoire de Jules Ferry) et par les défiscalisations d’Acadomia. La réponse est simple. D’une part, si les cours particuliers étaient si efficaces, ça se saurait. D’autre part, c’est bien parce que nous sommes dans un système totalement sclérosant pour les jeunes que le bachotage a du succès. Changer cela, c’est rendre les cours particuliers pour l’essentiel inutiles.
Ah, je n’ose pas évoquer la fonction de garderie de l’école pour de nombreux parents. Ça pourrait attirer plus de trolls que nécessaire pour un aspect du sujet qui est je pense secondaire.
Alors, vous pouvez allonger la durée des cours jusqu’à mi juillet (n’oubliez pas la clim, sinon, c’est inutile), mais le mieux serait de penser aussi à réduire les volumes horaires annuels. Pour le plus grand bien des têtes blondes.
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completement d’accord
Pourquoi évacuer l’aspect "garderie" ? En Allemagne où les élèves sont dehors dès le début de l’après-midi, ça exerce une *forte* pression sur les mères pour qu’elles soient dispo pour les accueillir et donc ne travaille pas. C’est donc un facteur à ne pas oublier au passage.
Je sais moins bien comment ça se passe dans les pays nordiques, qui ont peut-être mieux réussi à concilier les deux, horaire court sans désinciter le travail des femmes.
Réponse de Stéphane Ménia
Cela reste une question secondaire pour l’éducation en tant que telle. Et une très mauvaise justification du nombre d’heures élevé. Au pire, si vous réduisez le nombre de profs, vous pouvez financer des emplois périscolaires.
Bonjour,
Je suis assez d’accord avec tout ce qui a été écrit dans ce billet. J’ai du être productif 10% de toute ma scolarité et ça a largement suffit.
Par contre un point me dérange: "faire des économies en termes de postes d’enseignants sans réduire le taux d’encadrement"
Je ne suis pas contre les économies mais comment faire pour limiter le nombre de postes d’enseignants. Il y a un nombre fixe d’élève chaque années donc, à moins d’augmenter le nombre d’élèves par classe, ce sera difficile à faire dans le primaire – pour le collège ou le lycée je ne sais pas vraiment à quel point est rempli l’emploi du temps des profs.
Réponse de Stéphane Ménia
Votre remarque est exacte sur le primaire où diviser le temps de travail des profs entre plusieurs classes semble compliqué. Dans le secondaire où les profs se partagent entre plusieurs classes, moins d’heures de cours, c’est moins d”heures à assurer pour l’ensemble des profs, c’est donc moins de profs nécessaires, à effectifs constants dans les classes. Après, il peut y avoir certaine indivisibilités, mais globalement, ça le fait.
Je pense qu’on est dans un calcul politique. Etaler les cours, c’est déjà une bonne chose. Ca va faire grincer quelques dents mais ça devrait passer sans trop de soucis.
Vouloir aller plus loin, c’est prêter le flanc à des narratives de gauche (l’état se désengage) comme de droite (la gauche veut tuer l’école, le travail, le mérite…) qui bien que stupides prennent dans l’opinion. Cela pourrait aboutir, après une lutte féroce, soit à un retrait total du projet, étalement compris, soit a un coût politique élevé compromettant les futures réformes necessaires.
SI on intériorise cette menace comme contrainte, c’est peut être une solution optimale pour nos élèves. Triste mais possible.
Une restructuration du temps scolaire s’impose et c’est un acte courageux quand on considère les freins qui vont se déclencher. Il est nécessaire de revoir la formation et l’engagement des maîtres. On devient pas enseignant pour avoir de longues vacances. Il y a la maison, la rue (passage obligé actuellement peu contrôlé), l’école et l’école, la rue, la maison… Redéfinir les rôles éducatifs, ré éduquer et responsabiliser les parents, retirer à la rue cet état de non droit, re donner l’envie de l’école qui se perd avec l’âge et le manque de moyens… Un boulot énorme qui concerne toute la société.
Le problème, c’est bien qu’il y a une "compétition scolaire", laquelle se fait à l’aveugle : comme on ne sait pas vraiment ce qui est nécessaire pour gagner, on se fie aux "bonnes vieilles recettes", à savoir le cul sur une chaise, un bouquin sous les yeux, et faites des équations mes enfants ! On ne s’étonnera pas, d’ailleurs, que les parents de classes moyennes et supérieures soient ceux qui réclament le plus des apprentissages "traditionnels" du genre dictées, calculs, etc. Tout ce qui rassure puisque ça a marché par le passé.
En complément de ce que tu dis, ça vaut le coup de tenir compte de ce qui se passe dans les classes et les établissements : l’école y est perçu essentiellement comme un mécanisme de jugement et de classement et non comme un lieu d’apprentissage. Elle vient valider les "capacités" des élèves, et non leur faire acquérir celles-ci. Et il y a là-dessus une sorte de conjonction entre les positions les plus traditionnalistes et les plus progressistes. De là, naît sans doute cette compétition scolaire…
Au delà de la théorie du signal (que je trouve fondée, surtout en France) la capacité à rester le cul sur une chaise pendant 40 heures par semaine, être encadré et fournir un effort à la maison en vue d’obtenir un résultat à un instant t, n’est elle pas finalement une qualité appréciée dans la vie professionnelle ?
C’est ce que je pense, personnellement après prépa + sup de co, j’estime que le principal signal que donne ma formation à un employeur c’est bien une capacité à bosser dur et à obtenir un résultat. Evidemment il y a aussi les connaissances acquises mais, honnêtement, les connaissances nécessaires à un travail peuvent très bien s’obtenir sur le tas pour la plupart.
Réponse de Stéphane Ménia
La théorie du capital humain est fondée, ce devrait être un fait acquis maintenant. Et, tout de même, il y a un paradoxe à répéter sans cesse que les-connaissances-utiles-à-l’heure-de-l’économie-de-la-connaissance-et-de-la-mondialisation sont des connaissances génériques et à ensuite dire que les étudiants formés dans les temples des connaissances génériques n’y apprennent rien ou rien d’autre qu’un savoir être. Cela ne disqualifie pas totalement la théorie du signal, mais devrait amener à une certaine nuance.
L’annonce d’une paternité sur ce site aurait-elle une relation avec un intérêt appuyé sur les questions d’éducation ? En tous cas, l’approche est très ouverte et conforme à l’approche scientifique d’Econoclaste.
Ce billet renvoie à votre excellent article sur la performance des systèmes éducatifs.
Oui, le choix est politique, et anthropologique. C’est peut être le fait de ne pas assumer les choix politiques dans l’éducation qui font que le système ne fonctionne pas, en tous cas pas dans sa philosophie affichée.
Réponse de Stéphane Ménia
Pour répondre à votre question : non, puisque je ne suis pas le père cette fois-ci 😉
Le but de l’école est d’apprendre à obéir et non d’apprendre tout court.
Réponse de Stéphane Ménia
Tiens, un troll.
Bonjour
Votre billet est intéressant, mais il repose sur l’idée de (fort) rendements décroissants du nombre d’heure passé à l’école. Cependant, il n’existe pas à ma connaissance d’étude évaluant le lien entre nombre d’heure passé à l’école et réussite scolaire. Savez-vous si cela a déjà été évalué?
Par ailleurs, les élèves français ne passe pas quarante heures sur une chaise par semaine: les semaines durent environ 25h au collège et à l’école élémentaire. Au lycée, cela dépend des filière, mais à part la filière S, c’est dans le même ordre de grandeur.
Et 25 heure ne me semble pas si excessif que cela.
Réponse de Stéphane Ménia
Bon, j’ai compris que vous n’étiez pas d’accord, mais il ne faut pas pousser. En postbac, avec des options, vous pouvez faire jusqu’à 37 heures de cours par semaine en BTS. Et entre un élève de terminale et un élève de BTS, il y a quelques mois d’écart seulement. Quand je disais “40 heures le cul sur une chaise” je grossissais le trait. Je pense qu’il n’y a que vous qui ne l’avez pas perçu. Juste une question : vous n’auriez pas fait une prépa par hasard ?
Il me semble que l’aspect "garderie" est au contraire une des clés du problème pour les moins de 14 ans. Les familles où les deux parents travaillent à plein temps, avec des horaires lourds, étant majoritaires, le temps passé en dehors de l’école risque d’accroître les inégalités : ce n’est pas la même chose de vivre dans une commune riche, avec un périscolaire bien organisé (intervenants, installations sportives..), que de rester 2h chaque soir à la garderie avec un ballon et quelques coloriages; ce n’est pas pareil de traîner à la maison devant la télé ou d’avoir une nounou qui vous emmène au Conservatoire !
La maternelle est déjà bien impliquée dans ce rôle : je doute que les petits finlandais restent 25 h (plus avec la cantine/garderie)par semaine à l’école dès 2-3 ans..
Les horaires pléthoriques au collège et au lycée (où il faut de toute façon étaler sur 5, voire sur 6 jours) sont un autre problème; il y a beaucoup de protestations devant la suppression, par exemple l’histoire/géo en terminale scientifique ou à l’idée de ne pas faire de latin ni de grec au collège…, et effectivement on semble aller dans l’autre direction (ajout d’une "option" SES obligatoire en seconde) ?
Je suis prof de français en collège et j’éponge la misère sociale pour un salaire plus que médiocre. C’est un choix de vie dont je me revendique avec fierté: je sers la république.
Faire travailler des gosses en juillet est totalement farfelu et sera hautement improductif. Laissez ça aux profs, vous éviterez de dire des conneries.
Ce n’est pas aux intellos de la haute de statuer de l’éducation des classes défavorisées, à part en faire des êtes décérébrés, vous ne serez bons à rien. Baisser les heures de travail ??? Diderot et Hugo se méritent. Mais êtes-vous seulement capables de l’appréhender ?
Réponse de Stéphane Ménia
Vous ne savez pas à qui vous vous adressez, ce que j’ai fait ou fais dans la vie à part écrire sur ce blog. Lisez la rubrique “Qui sommes-nous ?” et oubliez vos fantasmes. A part ça, je vous emmerde bien cordialement, parce que votre commentaire ne mérite que ça.
TROllééé !!!!
Réponse de Stéphane Ménia
😉
En fait, je ne suis ni d’accord, ni pas d’accord, je ne sais pas. Bon j’avoue, je suis un peu sceptique quand même.
Concernant les classes prépa, non je n’en est pas fait, et j’ai suivi un rythme très cool dans le supérieur, ne vous inquiétez pas :).
Et c’est vous qui mentionnez des élèves de 7 à 14 ans au début de votre article, d’où ma remarque.
Quoi qu’il en soit, j’ai eu accès récemment à une super-base de donnée sur l’école, et je devrais pouvoir sans doute apporter quelques éléments empiriques sur la question dans quelques moi. C’est pour cela que je vous demandais si vous connaissiez des études sur le sujet.
Réponse de Stéphane Ménia
Non, rien de mémoire. Le seul élément, c’est qu’il n’y a pas de lien entre performances et durée. Mais cela peut venir aussi d’autre chose. Ce que je pense exprimer dans le billet, du reste.
Merci pour votre aide. Je ne manquerai pas de vous communiquer d’éventuels résultats 😉
Question piège: que pensez-vous du socle commun de compétences ??
Réponse de Stéphane Ménia
Vous voulez parler, je présume, de la nécessité pour tout enfant de 10 ans de maîtriser la recette d’une tequila sunrise ?
Moi j’ai peur qu’au final tout ça débouche sur des journées aussi longues et moins nombreuses pour certaines des raisons que vous évoquez (des parents n’accepteront pas ce qu’ils percevront comme moins de travail) et parce que ce sera l’occasion de faire rentrer les programmes dans le calendrier. Comme d’habitude la difficulté de la réforme aboutira à empiler encore pour ne contrarier personne, hormis peut-être les enfants.
Je découvre votre blog et ne voudrais pas être le parfait troll mais, comme parent de collégiens, je suis ébahi par les programmes et la pédagogie. J’imagine que les premiers sont universels, la seconde peut-être pas. Je me demande si ceux qui les élaborent enseignent couramment. Il me semble qu’on enseigne aux élèves comme on voudrait qu’ils soient, et malheur à ceux qui ne sont pas dans ce moule. Malheur aussi aux enseignants dans une certaine mesure…
Réponse de Stéphane Ménia
Il y a des choses à revoir. Notez que ce que vous dites est lié aux points évoqués dans mon billet. Je mettais l’accent sur les horaires, mais je n’ai jamais dit que c’était le seul élément d’intérêt. C’est un tout, comme on dit.
Votre brillante idée de baisser les horaires dans le secondaire pour supprimer un certain nombre de postes enseignant n’est pas nouvelle. La réforme du lycée de notre regretté (?) Luc Chatel était un moyen de la mettre en pratique de manière hypocrite. La droite a ainsi réussi à contribuer à la suppression d’environ 16000 emplois par an de cette manière dans l’éducation. De fait, je constate dans ma région que les enseignants du second degré sont baladés d’un établissement à l’autre du fait des suppressions de postes et commencent à se décourager.
Pour finir, je vous signale que la plupart des lycéens à l’heure actuelle ont moins de 30 heures par semaine. C’est raisonnable, sachant qu’il faut inclure, l’accompagnement personnalisé et l’EPS entre autres…
Au fait, pourquoi pas 10 heures par semaine pendant qu’on y est puisque selon vous, le temps passé à l’école n’a guère d’importance? Je caricature sans doute votre propos bien sûr, mais dans ce cas là, où placez-vous le curseur? Et avec quels arguments? 20, 25, 28, 21.125 heures maximum par semaine?
Réponse de Stéphane Ménia
La différence entre Chatel et moi, c’est que je ne supprimerais pas, par exemple, des options pour faire ça. Je cite cet aspect, car il me semble être le plus criminel dans l’évolution actuelle du système. Une option, c’est une ouverture, c’est un bol d’air. Je n’accroitrais pas la taille des classes. De même que je ne ferais pas miroiter des heures sup aux enseignants pour ensuite les sucrer suite à ma réforme. Un prof là où il faut, quand il faut. Point. Ne m’accusez pas des mensonges des derniers gouvernements. J’ai déjà assez dénoncé la logique comptable à l’éducation nationale pour ne pas avoir à supporter ce genre d’assimilations. Par contre, je n’ai aucune sympathie non plus pour la vision des syndicats. Voilà.
Vous êtes doué. Je suis effectivement représentant syndical au niveau de mon établissement. 🙂
Je ne vous assimilais pas à Luc Chatel, ce n’était qu’un exemple concret (mais pertinent, ne vous en déplaise). Maintenant, il va falloir assumer votre billet mon vieux. Vous voulez baisser les horaires des lycéens et des collégiens (ce qui est bien sûr défendable même si je le conteste) ce qui entraînera de facto des suppressions de postes dont vous vous féliciteriez. Celles-ci ont des conséquences néfastes et croyez moi je ne suis malheureusement que trop bien placé pour le constater tous les ans sur le terrain.
Pour finir, je précise à mon tour que je n’ai pour ma part guère de sympathie pour les grands experts qui traitent avec autant de légèreté les postes des collègues que j’ai l’honneur de représenter en ce qui concerne mon établissement. A bon entendeur…
Réponse de Stéphane Ménia
“Un prof où il faut, quand il faut”. Je n’ai rien à ajouter. Ah, si, deux choses… je ne comptais licencier personne et le terrain, j’y suis aussi.
Bonsoir
Je suis un peu sur ma faim… il n’y a pas vraiment de donnée économique dans ce point de vue… par ailleurs, je suis assez d’accord avec ce que dit un des rédacteurs du fil; la nécessité déclarée de cet aménagement du temps risque de nous conduire à réduire le temps scolarisé, donc, en conséquence le temps de travail et le nombre d’enseignants (ce qui permettra de financer moins cher du périscolaire)… moins de fonctionnaire + moins d’école…. rappelez moi à quelle idéologie l’OCDE fait elle référence ?
evadeduvillage.blog.lemon…
twitter.com/#!/SortirDuVi…
Réponse de Stéphane Ménia
Dans le primaire seulement, on aurait un problème de temps de travail. Ailleurs, non. Si un prof du secondaire qui a 3 classes voit son horaire diminuer d’une heure dans chacune, il y a de fortes chances pour qu’il prenne simplement une classe de plus. A la limite, ça, c’est un truc pas forcément agréable pour le prof… Je n’ai pas écrit un livre blanc sur l’éducation nationale, j’ai juste suggéré une idée. Si ensuite elle n’est pas réalisable, eh bien, ma foi… Pour conclure, à part que j’ai cité les stats de l’OCDE, je ne vois pas ce qu’elle vient faire ici.
Je suis plus que dubitatif par rapport à ce que vous proposez.
Mon analyse des problèmes de l’école m’amène à penser qu’il faut d’abord se pencher sur les méthodes éducatives, notamment ces méthode d’apprentissage de la lecture dite globale ou semi-globale. Dans ce domaine on devrait apprendre aux enseignants toutes les méthodes possibles puis les laisser faire leur choix. Le juge de paix étant une épreuve à le fin du CM2 pour voir quel élève a le niveau ou pas pour passer en 6e et quelle méthode a été utilisée durant le primaire.
Il faut ensuite porter l’attention sur cette tactique qui vise à ne plus faire redoubler les enfants, officiellement pour ne pas les traumatiser, officieusement pour faire des économies. Il y a des étapes clés dans l’enseignement. Par exemple un enfant qui ne sait pas lire ne devrait pas passer le CP. Parce qu’ensuite il est très dur de rattraper le retard pris.
Ensuite si on veut faire des économies je pense qu’il faudrait à présent que les enseignants fassent 40h par semaine dans l’établissement. Tout le temps de correction des devoirs, de préparation des cours, et les cours seraient compris dans les 40h hebdo. Ainsi on réglera le compte de ceux qui sont entrés dans la profession non par vocation mais pour se la couler douce.
Une analyse à laquelle j’adhère, mais le président qui vient d’être élu a promis plus de profs. Et si on pouvait en profiter pour diminuer le nombre d’élèves par classe tout en diminuant le volume horaire journalier? Est-ce que notre système scolaire, que chacun reconnait comme étant en perdition, ne s’en porterait que mieux?
Réponse de Stéphane Ménia
Notez que quand je dis que ça économiserait des postes de profs, je ne dis pas qu’on ne peut pas en accroître le nombre dans l’absolu…
Bonjour,
Le rapport entre durée et performance s’appelle productivité. Et malheureusement, ce rapport est nécessairement individuel.
Je me demande si l’une des causes de la difficulté de notre système scolaire à être efficace ne résiderait pas dans :
1 – le choix des programmes à apprendre
2 – le fait que tous les élèves sont pris comme étant tous un "élève moyen". Pas moyen dans ses résultats, mais moyen dans ses capacités.
J’ai conscience que classer les élèves par capacités peut paraître stigmatisant, mais se contenter de quelques heures de soutien pour les quelques dans de graves difficultés me semble un cautère sur une jambe de bois.
Je suis d’accord avec vous, augmenter le nombre d’heures à l’école ne résoudra que des problèmes de garderie pour les jeunes enfants. Ce qui reste légitime, il faut aider les parents.
Je ne suis pas d’accord avec vous : il n’y a pas de plaisir à apprendre. Il peut y avoir un plaisir à savoir mais cela ne concerne que ceux qui aiment (et ce n’est guère spontané pour la plupart) le dépassement de soi.
Je suis moi aussi entièrement d’accord avec vôtre article.
Tout simplement Merci pour ces lignes et constats!!!ouf ouf ouf il faut vraiment repenser le système scolaire français et aller directement aux vrais problèmes qu’il pose et pas se mentir ou faire des politiques d’autruches!!!merci poru mon fils actuellement déscolarisé car un système qui est un vrai mur pour des enfants en situation de handicap (TDA)
‘Il faut ensuite porter l’attention sur cette tactique qui vise à ne plus faire redoubler les enfants, officiellement pour ne pas les traumatiser,’
Heu mise a par la lecture et savoir compter, d’une annee sur l’autre les cours sont a jeter a la poubelle…
Tout ce que vous apprenez en physique, biologie histoire geographie, (voire mathematique) n’a strictement aucun interet pour l’annee suivante (et strictement aucun interet en soit d’ailleurs, les cours y sont tellement vulgarises qu’ils introduisent plus de contre verite dans la tete des gens qu’une reelle culture)
Le redoublement ne sert strictement a rien a 99% du temps…foi de redoublant….(qui en a bien profite pour encore plus glander…)
"Le dernier point en fera tiquer plus d’un, je l’imagine. Je n’en ai cure. Les Français ont un gros problème avec l’École. En fait, pour tout dire, ils n’y comprennent rien."
En effet. Je pourrais par ailleurs appliquer la même phrase à un autre objet, l’économie. Mais la ou l’école va plus loin, c’est que même ses spécialistes de l’enseignement que sont les professeurs n’y connaissent rien. Pour tout modèle ils n’ont eu que leur expérience de (bons) élèves, et pour toute reflexion quelques pistes lancée par des pairs formateurs peu convaincants lors de rares journées de formation. Que je sois bien clair: ni dans la formation, ni dans le regard que porte sur nous le systèmen ni dans notre évaluation, nous ne sommes encrouragés (et encore moins sommés) d’apporter un regard reflexif sur les pratiques d’apprentissage de nos élèves (bien plus intéressant que nos pratiques d’enseignement).
Si bien que le point de vue de la maison est simple: NOUS AVONS LA BONNE MÉTHODE. Et si, accessoirement, ne n’avons pas de résultats (et c’est encore une fois très discutables, certains résultats sont la), c’est parce que nous n’avons pas assez de collègues pour appliquer la bonne méthode, trop d’élèves pour appliquer la bonne méthode, pas assez d’heures pour appliquer la bonne méthode. Et pas assez de vacances pour récupérer d’avoir appliquer la bonne méthode.
Mais la dedans, il y a tant de cous à tordre:
*le lien symbolique qu’on entretient entre réussite et travail (puisqu’on ne maitrise pas ledit travail.) ou l’effort se mesure au litre de sueur (alors que la réalité de nos élèves performants est tout autre) et l’envie fantasmer une justice sociale ou ceux qui travaillent sont les premiers.
*la croyance en l’identité des valeurs scolaires et des valeurs sociétales: un mauvais élève est forcément une mauvaise personne. un gamin agité un délinquant. Tout ce qui relativise notre échelle de valeur (vous évoqué la théorie du signal, on peut aussi parler de docimologie, et de tout ce qui tend a démontrer que l’on évalue le plus souvent une performance, et non un apprentissage (demandez à un prof ce qu’il note dans ses évaluations).
*les oscillations entre l’ambition "d’instituer la nation" et entre l’autoréplication des élites, et du coup la perte complète de repère sur ce que l’on doit transmettre
*la posture sociale recroquevillé du professeur/instituteur et l’envie de revanche (ou l’aigreur, au choix) qui en découle….
La dedans, tu as raison, la semaine de 5 jours, c’est au mieux un symbole, au pire la grande réforme qui masquera la profondeur du débat à mener. et focaliser la dessus, c’est d’ors et déjà s’éblouir sur le miroir aux alouettes…
Vous reconnaissez qu’il y a des rythmes et des profils très différents parmi les élèves à l’école mais vous voulez vous aligner sur le plus petit dénominateur commun, c’est ça ?
Par ailleurs, je vous rappelle que l’école n’est plus obligatoire à 16 ans.
Les 30 à 40 heures sont donc un choix des parents et des élèves, primo, et, secundo, il existe des filières où il y a bien moins d’heures de théorie et beaucoup plus de pratique : les filières professionnelles.
Bref, inutile de réinventer la roue…