On a reçu cela : l’indice du pouvoir d’achat effectif

Ce vendredi, nous avons reçu le courrier suivant de la part du service de presse E. Leclerc :

En tant que blogueur et étant donné vos centres d’intérêt, il nous semble opportun de vous faire parvenir les données brutes de l’étude E.Leclerc/BIPE sur le pouvoir d’achat effectif des Français. Des chiffres qui indiquent une progression réelle mais cinq fois inférieure aux indices officiels.
Le calcul mis en place dès 2003 par le Bipe pour E.Leclerc visait précisément à comprendre ce décalage entre les chiffres officiels et le vécu des consommateurs et ce en intégrant une innovation : la notion de charges contraintes. Après avoir été sévèrement décriée, la démarche est aujourd’hui intégrée par nombre d’acteurs économiques qui reconnaissent l’importance de prendre en compte les dépenses incompressibles telles que le logement, les assurances obligatoires, ou les transports.
Aujourd’hui la situation économique apparaît fragile car pour maintenir leur niveau de consommation, les Français doivent réduire leur épargne et multiplier les crédits. Il y a un vrai problème de pouvoir d’achat en France, parlons-en…
Michel-Edouard Leclerc, président des Centres E.Leclerc et lui-même blogueur assidu, publie aujourd’hui un post sur le sujet du pouvoir d’achat. Accessible en ligne à l’adresse suivante, il proposera à ceux qui le souhaitent un éclairage chiffré et commenté sur la réalité du pouvoir d’achat et ses enjeux aujourd’hui en France.

Le courrier était accompagné d’une présentation Powerpoint résumant le calcul de cet indice du “pouvoir d’achat effectif”. Nos lecteurs savent que nous sommes notoirement défaillants dès qu’il s’agit de répondre au courrier (nous nous en excusons). Pour une fois, faisons un effort.

J’aime bien aller à l’hypermarché Leclerc non loin de chez moi. Il y a toujours des produits en promotion. De ce fait, je modifie chaque semaine ma consommation en fonction des prix du moment. Par exemple, une semaine, j’ai acheté des pommes en promotion pour 2.50 euros. La semaine suivante, les pommes étaient montées à 2.75 euros, donc j’ai plutôt acheté des bananes à 1.20 euros. La semaine suivante, les bananes étaient montées à 1.38 euros, et les pommes étaient revenues à 2.50 euros; j’ai donc acheté des pommes.

Supposons que je fasse la réflexion suivante : “chez Leclerc, les prix sont en train de monter de façon invraisemblable; chaque fois que j’achète quelque chose, cela augmente! tenez, il y a deux semaines, j’ai acheté des pommes; la semaine suivante, elles avaient augmenté de 10%! Alors j’ai acheté des bananes, mais rendez-vous compte : depuis, elles ont augmenté de 15%! C’est intolérable! cela représente 25% de hausse des prix, en seulement deux semaines!”

Vous me direz que mon raisonnement est complètement absurde : après tout, cette semaine, je continue d’acheter des pommes à 2.50 euros, comme il y a 15 jours! Et pourtant, sachez que c’est de cette façon que l’Insee calcule l’indice des prix : en calculant ce que la consommation d’une année aurait coûté aux prix de l’année suivante. On utilise donc pour pondérer les prix de l’année les quantités consommées l’année précédente. L’exemple des pommes et des bananes illustre le biais que cela introduit mécaniquement dans le calcul : ce qui constituait une bonne affaire l’année dernière est surpondéré dans l’indice, ce qui constitue une bonne affaire cette année est sous-pondéré. De ce fait, et par construction, l’indice des prix calculé par l’Insee surestime la hausse des prix. Si l’on ajoute le fait que d’une année sur l’autre, les produits s’améliorent, du fait du progrès technique, et que cette amélioration est très peu prise en compte, il n’y a qu’une seule conclusion possible : la hausse des prix est largement, largement surestimée, et le pouvoir d’achat des français a beaucoup plus augmenté que l’Insee ne l’indique.

Contester l’indice des prix est à la mode aujourd’hui, parce que les français ont une perception de l’évolution de leur pouvoir d’achat différente de cedlui-ci. Mais aussi parce qu’une cabale ignorante, associations de consommateurs (une en particulier), journalistes, politiciens démagogues, a trouvé qu’il y avait là une bonne occasion de raconter des histoires à son avantage. Optimum et Bernard Salanié (, , ici, et ), ont consacré des articles à la question.

Dès lors que ce genre de polémique est lancé, elle n’a aucune chance de s’arrêter. Car comme l’indique l’exemple que je viens de citer, par construction, un indice des prix est une convention, qui résulte de choix des statisticiens qui l’établissent. Par exemple, si l’on utilise les consommations passées aux prix d’aujourd’hui, ce n’est pas par volonté de surestimer l’inflation, mais parce que l’information sur les prix arrive avant l’information sur les quantités. Supposons que le progrès technologique permette à l’Insee de recevoir plus tôt les quantités consommées de chaque produit, elle pourrait calculer un autre indice des prix, en calculant la consommation d’aujourd’hui aux prix d’hier. Cet indice, pour des raisons opposées à l’actuel, donnerait toujours une inflation inférieure à celle de l’indice actuel. Serait-il plus juste, ou plus faux, que le précédent? Non.

Comme tout calcul d’indice des prix repose sur des conventions, un indice des prix ne vise pas à donner la “vraie” valeur de la hausse des prix, car cette vraie valeur n’existe pas. Chacun d’entre nous pourrait calculer son indice des prix personnel, il serait différent de celui de son voisin. Chacun d’entre nous pourrait même construire pour lui-même, avec sa consommation et ses prix de référence, plusieurs indices des prix qui donneraient des résultats tous différents! Par exemple, Dans mon cas personnel, les prix de l’hypermarché Leclerc à côté de chez moi ont beaucoup d’importance, ainsi que le prix de l’internet haut débit et du matériel informatique, des loyers dans la ville de Rennes, de l’abonnement à une chaîne cryptée branchouille et prétentieuse mais qui a l’avantage de diffuser du football, celui du gazole, et surtout, des livres d’économie en anglais. Pour d’autres, ce sera les prix dans leur Auchan voisin, le niveau des taux d’intérêt car ils sont endettés à taux variable, le prix de l’accastillage des voiliers et du matériel de pêche à la ligne, celui de l’essence sans plomb, et celui des fournitures scolaires pour enfants. Si chacun d’entre nous a le sentiment que l’indice des prix ne correspond pas à sa situation particulière, c’est parfaitement normal : il n’y a strictement aucune chance que ce soit le cas, car l’indice des prix traduit une évolution moyenne que personne en particulier ne connaît (personne n’achète les 11 000 produits du panier de l’Insee). La conséquence étant que chaque année, une proportion notable de gens voit leur pouvoir d’achat progresser moins que ce que l’indice indique.

A notre époque fascinée par la magie du chiffre, on croit que les chiffres contiennent une sorte de vérité immanente, mais ce n’est pas le cas. L’indice des prix est un instrument qui a plusieurs usages précis. C’est par exemple sur sa base que l’on calcule l’évolution du salaire minimum ou de certaines pensions. Pour d’autres besoins, on peut chercher à calculer d’autres indices. Considérons par exemple la politique monétaire; le but de la banque centrale est d’éviter l’inflation, elle a donc besoin d’indices des prix. Mais supposons que le prix des carburants augmente, et que dans le même temps le gouvernement augmente la TVA; l’indice des prix à la consommation va considérablement augmenter. La banque centrale doit-elle pour autant mener une politique restrictive? Ce serait aberrant, car la hausse des prix dans cet exemple provient des circonstances, pas d’une politique monétaire exagérément expansionniste. La banque centrale devra donc se référer à d’autres indicateurs (par exemple les prix de gros, hors pétrole) pour identifier la présence ou l’absence de pressions inflationnistes.

En d’autres termes, dans une perspective instrumentale, la multiplicité des indices de prix est une bonne chose, parce qu’on pourra se référer à l’indice le plus approprié en fonction de ses besoins. Voici dans ce cadre ce que l’on peut dire de l’indice du “pouvoir d’achat effectif” calculé pour Leclerc.

Le principe de calcul en est le suivant. Partant de l’évolution du pouvoir d’achat telle que décrite par l’Insee, on distingue entre deux types de dépenses des ménages : les dépenses “contraintes” et les autres. L’idée étant que pour un ménage, est considéré comme revenu disponible ce qui reste après avoir mis de côté pour ses impôts, payé ses crédits, et supporté un certain nombre de dépenses obligatoires, comme le logement, certaines assurances, ou des coupons de transport, etc. Le calcul se fait donc de la façon suivante : A partir de l’évolution du revenu disponible calculée par l’Insee, on détermine la part représentée par ces dépenses contraintes; on calcule alors leur évolution; le solde constitue le pouvoir d’achat effectif, qui représente environ 60% du revenu disponible, et son évolution indique la hausse (ou la baisse) de ce pouvoir d’achat effectif. Alors que pour 2006 le pouvoir d’achat des ménages augmente de 2.3% selon l’Insee, il n’augmente que de 0.5% selon cet indice. Cet indice donne une croissance du pouvoir d’achat effectif systématiquement plus faible que celle de l’Insee, parfois même une diminution de celui-ci (en 2003 et et 2005). Conclusion : si le pouvoir d’achat augmente, une bonne part de cette augmentation est absorbée par des dépenses obligatoires, ce qui fait que ce qui reste à dépenser pour les français n’augmente pas très vite.

Ce n’est pas un calcul idiot, bien au contraire : pour des hypermarchés, c’est même un calcul assez approprié. Après tout, les gens n’achètent pas beaucoup de logements, d’automobiles, de titres de transports, et d’assurances dans les hypermarchés. De ce fait, un client entrant dans un centre Leclerc effectuera ses achats avec l’argent qui lui reste une fois ces autres dépenses effectuées. Pour l’hypermarché, c’est donc un assez bon indicateur de ce que ses clients peuvent dépenser chez lui. Mais pour se rapprocher des perceptions des individus, ce n’est pas forcément un calcul beaucoup plus juste que celui de l’Insee.

Je prends mon propre exemple : il y a deux ans, j’ai changé de voiture, et acheté un véhicule à crédit, plus cher que le précédent. Pour savoir combien je pouvais payer, j’ai pris en compte le fait que mon ancien véhicule utilisait de l’essence, et le nouveau du gazole. J’ai donc calculé que la mensualité de crédit maximale que je pouvais payer correspondait à mon ancienne mensualité, plus l’économie que j’allais réaliser en consommant du gazole plutôt que de l’essence. Au bout du compte, comme entretemps le prix du carburant a augmenté, l’économie que j’ai réalisé est plus forte que ce que j’avais prévu; mon calcul a donc été à mon avantage. Pourtant, dans la perspective de ce “pouvoir d’achat effectif”, j’ai perdu : j’ai remplacé une dépense “libre” (le carburant) par une dépense “contrainte” (une mensualité de crédit). Mais le fait est que j’ai agi de la sorte en pleine connaissance de cause, et que j’aurais mauvaise grâce à dire que cela correspond à une perte de pouvoir d’achat. Dans le même temps, la voiture étant plus importante, je suis passé d’une assurance tous risques à une assurance au tiers : du coup mes coûts d’assurance sont plus faibles. Mais je supporte plus de risques : puis-je vraiment dire que mon pouvoir d’achat “disponible” a augmenté dans l’opération?

De même, le calcul indique que le pouvoir d’achat effectif des français s’est dégradé du fait de la hausse de l’endettement des ménages. Je veux bien, mais c’est exactement l’erreur indiquée plus haut : si les ménages empruntent plus aujourd’hui, on peut l’expliquer par le simple fait que les taux d’intérêt sont bas et les logements en hausse, ce qui garantit des plus-values aux acheteurs qui empruntent. Considérez un ménage qui a emprunté pour acheter son logement en 2001, qui le revend cette année; ce ménage a peut-être eu un pouvoir d’achat effectif réduit pendant les 5 dernières années, mais il a réalisé une plus-value de revente considérable; peut-on dire que son pouvoir d’achat effectif a diminué au total?

En bref, si ce calcul de “pouvoir d’achat effectif” a un intérêt certain pour une grande entreprise de distribution, il n’y a aucune raison de penser qu’il s’agit d’un meilleur indicateur que l’indice des prix de l’Insee pour évaluer l’évolution du pouvoir d’achat des ménages. Cet indice ne contient pas une plus grande “vérité” que l’indice des prix. Et c’est là que vient ma critique principale.

S’il n’y a qu’une chose à retenir de ce (trop long) post, c’est l’idée suivante : dans une perspective instrumentale, il n’y a aucune raison de déplorer la multiplicité des indicateurs de l’évolution des prix. Après tout, chaque indicateur est adapté aux besoins qui l’ont fait naître. Le calcul de l’indice des prix de l’Insee vise à obtenir l’information la plus synthétique possible : il repose sur des réflexions empiriques qui sont anciennes, ses limites sont connues et assumées, mais c’est le prix d’un indicateur synthétique. Et il est tout à fait compréhensible qu’un agent économique ayant une perspective différente calcule un indice différent. Cet indice ne sera pas forcément plus, ou moins vrai, qu’un autre : un marteau n’est pas un “meilleur outil” qu’un tournevis, les deux ont des finalités différentes.

Le problème, c’est qu’un indicateur économique n’est pas simplement instrumental; il est aussi un enjeu médiatique, un enjeu de pouvoir. Si je suis un syndicat et que l’indice des prix est utilisé pour déterminer les hausses salariales de mes membres, j’ai intérêt à ce que l’indice donne le sentiment d’un pouvoir d’achat le plus bas possible. Si je suis un politique, mon action sera (à tort) évaluée en partie sur la base d’indicateurs économiques; j’ai donc intérêt à ce que l’indice des prix soit le plus bas possible. Je vais donc exiger qu’on en sorte le tabac (qui augmente parce que j’augmente les taxes sur celui-ci). Ou inventer un “prix du caddie-type” qui me permettra de faire de la démagogie. Ici, la quête n’est pas celle de l’outil le plus approprié pour résoudre un problème technique; le problème est de chercher l’indicateur, quel qu’il soit, qui me permettra d’avoir raison.

Et c’est ce que l’on peut reprocher à la démarche de Leclerc. S’il cherche à savoir ce que ses clients ont à dépenser chez lui, il a tout à fait raison de ne pas se contenter de l’indice des prix, et son indicateur est pertinent. Mais il présente sa démarche comme la recherche d’une “explication” au sentiment des français d’avoir subi une perte de pouvoir d’achat depuis 2000. Dans ces conditions, on ne cherche pas un indicateur correct : on cherche n’importe quoi qui donnera un résultat plus faible que le calcul de l’Insee. Supposons que ce calcul ait indiqué que l’Insee sous-estime la croissance du pouvoir d’achat des français, et que celui-ci n’augmente pas de 2.3 mais de 5% en 2006 : je me demande si nous aurions reçu ce message.

Lorsqu’on construit un indicateur dont on a décidé à l’avance du résultat parce qu’il correspond à nos idées préconçues, l’objectif n’est pas la pertinence par rapport à un problème, mais de choisir l’indicateur, quel qu’il soit, qui nous permettra de dire de façon triomphale “j’avais raison”. Cela vaut pour les politiques qui cassent les thermomètres statistiques, les associations de consommateurs qui construisent leurs propres indicateurs du pouvoir d’achat, ou les divers “observatoires” de gauche et d’extrême-gauche qui démontrent, oh surprise, que les inégalités sont plus fortes qu’on ne le croit. Et disons-nous bien que ce n’est que le début : l’internet donne à chacun la capacité technique de calcul et l’information pour fabriquer son propre indicateur. Les querelles de chiffres manipulés n’en sont qu’à leurs débuts.

Il n’est donc pas stupide, au contraire, que Leclerc construise son propre indicateur de revenu disponible, parce que c’est un instrument dont son entreprise pourra avoir besoin. Mais attention à la dérive consistant à présenter cet indicateur comme le “vrai chiffre” qui nous permet de comprendre la réelle évolution du pouvoir d’achat des français, correspondant à leur sentiment. Faire un sondage pour savoir ce que les français pensent, puis chercher l’indicateur qui correspond à ce sentiment, c’est du populisme de bas étage. Je ne sais pas quel est le but de Leclerc dans cette opération; je ne me prononce donc pas.

La grande distribution a mauvaise presse en ce moment, et c’est regrettable : les Leclerc, Auchan, Carrefour et autres ont beaucoup plus contribué au bien-être économique des français au cours des 25 dernières années que tous les gouvernements qui se sont succédés au pouvoir durant la même période. Mais ces bienfaits ne sont pas venus des préoccupations humanistes de leurs dirigeants vis à vis du pouvoir d’achat de leurs clients; ils sont venus de la concurrence que se sont livrées ces entreprises, les obligeant à des efforts permanents pour conserver et gagner des clients. cela ne veut pas dire que ces dirigeants doivent s’abstenir de toute intervention dans le débat public; les efforts de lobbying de Leclerc contre les imbéciles lois Galland-Raffarin n’ont pas été nuisibles, au contraire. Et le fait que M.E. Leclerc tienne un blog est une initiative qu’on ne peut que trouver positive. Mais dans le cas présent, je ne peux pas dire que je sois convaincu par cette initiative.

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Alexandre Delaigue

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29 Commentaires

  1. Je vais tout de même ajouter qqch. Au cours de la discussion qui a suivi l’un de ces billets sur ce sujet (le troisième lien dans votre liste des billets de Salanié), nous étions quelques uns à rappeler que le noeuds du problème était peut-être dans la disparité catégorielle de la répartition de cette évolution du pouvoir d’achat, et que le rmiste qui n’avait pas les moyens de se payer le dernier Home cinema dolby surround THX 453.54 (à prix cassé : seulement 30000 euros) avait peut-être quelque raison de se sentir floué.

    Cet aspect de la question, notre économiste blogueur l’avait déjà abordé dans son billet, reprenant l’analyse de l’INSEE, mais pour expliquer que si "des différences existent, […] elles ne sont pas majeures."

    J’ai eu alors beau jeu de lui rappeler la relativité de ce jugement. Ce genre de petites différences, certains se les prennent en pleine face, et étrangement ce sont toujours un peu les mêmes ces derniers temps.

    Salanié, qui est un garçon fort aimable, a fort cordialement accepté "l’amendement".

    Il l’a accepté entre parenthèses.

    Ces parenthèses disent tout. Ce sont dans ces parenthèses qu’on entasse les abrutis qui osent ne pas se réjouir de l’évolution de l’indice du pouvoir d’achat de l’INSEE, et se permettent même quelques réflexions sceptiques.

    Non mais de quoi ils se plaignent ces gueux, ça ne leur suffit pas une parenthèse? La prochaine fois on les collera dans une note de bas de page!

  2. EL : j’ai l’impression que vous avez un autre compte à régler sur cette histoire, et que ces questions d’indice des prix vous font rapidement monter sur vos grands chevaux. Parce que je ne crois pas que ce que j’ai écrit entre en contradiction avec le point de vue que vous exprimez. C’est une faiblesse inhérente à l’indice des prix – à tout indice des prix, quelle que soit la façon dont ils soit calculé – que d’exprimer des évolutions moyennes, ce qui veut dire qu’il y aura des gens qui subiront des hausses plus fortes, d’autres des hausses plus réduites (et je ne parle même pas des perceptions, qui sont encore un autre problème). Votre argument, si je le comprends bien, c’est qu’actuellement, la population qui subit une évolution des prix supérieure à l’indice est non seulement conséquente, mais en plus, concentrée dans les bas revenus. L’argument de Salanié, c’est que ces différences peuvent exister mais ne sont pas très importantes. Très sincèrement, je n’ai aucun moyen de vous départager là dessus : je n’en sais rien. Je sais simplement que ce n’est pas en changeant le mode de calcul de l’indice, ou en multipliant les calculs différents jusqu’à trouver celui qui nous plaira, qu’on y changera quoi que ce soit. Il est même à craindre que le résultat soit pire que le mal.

  3. Le prix d’achat du logement a doublé entre 2000 et 2006:
    http://www.fnaim.fr/infos/prix-i...
    alors que sur la meme période les taux de crédit immobilier sont passés de 5,5 à 3,5 %.

    Pour acheter un logement d’une valeur de 100 000 euros en 2000, j’aurais du payer 817 euros par mois sur 15 ans. Aujourd’hui, je dois payer 1430 euros par mois pour le même logement.

    En tant que primo-accédant, je considére que mon pouvoir d’achat a diminué.

    Je ne souhaite pas spéculer sur la pierre. Juste me loger décemment.

    Ce sont ces 600 euros suplémentaires qui m’obligent à faire attention à mon caddie. Pas les indices de L’INSEE ou de M Leclerc.

    Vous pouvez toujours me répondre que virtuellement, je suis plus riche puisque mon logement a plus de valeut. Moi je vois ce qui me reste à la fin du mois.

    Je précise que là où j’habite pour un logement équivalent, je paierais le même prix en loyer qu’en remboursement à la banque.

    Expliquez moi maintenant que mon sentiment de baisse du pouvoir d’achat est complétement irrationnel.

  4. Je conseille cet article synthétique pour ceux qui veulent comprendre les limites de l’IPC de l’INSEE : http://www.cnis.fr/ind_doc.htm (publication du centre national de l’information statistique).

    @ EL : Pour le débat qui vous occupe, l’INSEE calcule des indices de prix catégoriels (en fonction de différents critères dont le niveau de revenu). Ils ne sont malheureusement pas disponibles sur le site Internet. Mais la publication que je conseille plus haut donne quelques indications : de 1998 à 2004, l’écart d’inflation entre le premier décile (les 10% ayant les plus haut revenus) et le dernier décile atteint 0,21 point par an. Donc, en effet, l’évolution récente des prix semble favoriser relativement plus les plus riches (sans parler de l’évolution des revenus).

  5. Titzel : pour vous (ou moi) qui n’avez pas eu la bonne idée (ou la possibilité) d’acheter la maison X en 2000, et dont le pouvoir d’achat a baissé suite à la hausse du prix de cette maison, il y a une autre personne quelque part, qui était propriétaire de cette maison en 2000, et dont le pouvoir d’achat a augmenté d’exactement autant.
    Donc pour la population dans son ensemble, le pouvoir d’achat est resté inchangé.

  6. Aussi nourri qu’intéressant, ce billet … je me permets toutefois deux questions auxquelles je n’ai pas la réponse :

    1) " les produits s’améliorent, du fait du progrès technique, et cette amélioration est très peu prise en compte" : l’est-elle vraiment si peu ? dans l’exemple emblématique des micro-ordinateurs, l’INSEE mesure une décroissance énorme du prix non seulement à cause des étiquette mais aussi de l’effet qualité. Alors que les matériels d’avant-hier sont MOINS utilisables aujourd’hui qu’ils ne l’étaient lors de leur achat : autrement dit, l’utilisateur est obligé d’acheter une qualité croissante même à usage constant.

    2) La clé de la différence n’est-elle pas le loyer ? Il me semble que le coût de la vie a drastiquement augmenté pour les locataires du secteur privé (autour de 20-25% de la population, dont les plus mobiles ((loyers récents)), les plus fragiles, les jeunes ménages …). Le fait que, comme répondrait alexandre en #6, il y ait quelqu’un qui en bénéficie (le propriétaire) n’est que modérément consolant.

    En d’autres termes, ce que ni l’indice INSEE ni l’indice Leclerc ne diront, c’est que les personnes en situation vulnérable prennent les hausses de prix dans le nez et que les propriétaires d’actifs bénéficient de l’évolution de l’économie.

    Je sais, ce n’est pas la vocation d’un indice des prix de le dire … mais c’est peut-être ce qu’ont en tête les gens qui invoquent un caractère trompeur des "progressions de pouvoir d’achat".

    Evidemment on peut dire "ah ça c’est l’indice de Gini", mais je crois que dire "ça c’est la politique du logement" est au moins aussi pertinent !

  7. @alexandre et pour compléter Sur FrédericLN:

    Le même raisonnement peut s’appliquer au vente de logement et au loyer. Si mon loyer a augmenté, le pouvoir d’achat du propriétaire augmente. Pourtant, l’INSEE tient compte du loyer dans le calcul du pouvoir d’achat.

    De plus, le coût du crédit augmente (baisse des taux mais augmentation des sommes empruntés et des durées de remboursement, d’où augmentation du "pouvoir d’achat" … des banques).

    Enfin, il n’est pas si évident que l’augmentation du pouvoir d’achat des déjà heureux propriétaires soient si flagrants. Car en valeur absolue, la différence de prix entre un logement et un logement plus grand a augmenté. Or, c’est souvent pour acheter un autre logement que l’on vend son logement. A moins d’en posséder plusieurs, et on revient à l’argument déjà cité : les mieux lotis s’e tirent d’autant mieux. Cela n’intervient pas dans le calcul des indices économiques mais cela intervient dans le ressenti des Francais.

  8. Titzel : vous faites deux erreurs. Premièrement, confondre patrimoine et service. Si pour obtenir le même service je dois payer plus cher, effectivement je subis une perte de pouvoir d’achat. Cela traduit un problème : la raréfaction de ce service. Le problème ici, c’est que le service – comme tous les biens de consommation – est détruit après usage. Le service que j’obtiens en payant mon loyer est détruit lors de sa consommation, comme un steack. C’est différent pour un élément de patrimoine puisque dans ce cas, le bien subsiste, il est simplement transféré d’une personne à une autre. Il y a donc toujours, dans le pays, autant de gens et autant de produits. Donc au total, la population n’est ni plus riche, ni plus pauvre. Ensuite, soyez logique : si un individu revend un logement pour en racheter un plus grand, il y a toujours quelqu’un qui gagne dans l’opération, celui qui était propriétaire du logement plus grand. Pour un qui râle, il y en a un qui est content, d’exactement autant. Si au lieu de louer mon appartement depuis 1999, je l’avais acheté, je serai aujourd’hui plus riche que je ne suis, et mon actuel propriétaire serait moins riche d’autant. Quant au coût du crédit, cela fait longtemps qu’il n’a pas été si bas (même s’il remonte un peu ces derniers temps), c’est d’ailleurs ce qui explique une bonne part de la hausse immobilière.

  9. @ Titzel et FrédéricLN (et aussi Alexandre Delaigue)
    Une petite remarque: je suis tout à fait d’accord pour constater qu’en France, ce sont souvent les plus faibles qui encaissent les chocs les plus durs, que ce soit sur le marché locatif (à Paris, pas de location décente sans parents fonctionnaires, en exagérant à peine) ou sur le marché de l’emploi (une grosse moitié de la population en CDI ultra-protégé, une grosse minorité en CDD et divers contrats précaires).

    Mais ça n’a rien à voir avec les indices mesurant l’inflation, qui ne sont pas faits pour mesurer ces inégalités (comme l’a montré Alexandre Delaigue, les effets s’anullent à l’échelle macro) et tout à voir avec la structure de l’économie françaises.

    A partir de là, on peut choisir de protégér encore plus les locataires et les contrats précaires, avec les effets délétères connus (reduction du parc locatif privé, etc.) ou annuler les protections excessives des nantis (CDI, fonctionnaires, contrats de location impossible à annuler, etc.) pour redonner une chance à ceux qui précisemment n’ont pas le capital social et culturel pour être du bon côté de la barrière.

    LSR

  10. Concernant la discussion sur l’immobilier, ça serait pas encore un des points sur lesquels les vieux ont niqué les jeunes? (rapport à une étude que j’ai vu chez Olivier Bouba-Olga et qui montrait que les vieux s’étaient fort enrichis ces derniers temps, contrairement aux jeunes pour qui ça serait même l’inverse)
    Parce que celui qui a gagné c’est celui qui avait plusieurs immeubles (le vieux on suppose) et celui qui a perdu c’est celui qui doit acheter son premier bien pour se loger(le jeune, on suppose).
    En moyenne, y’a bien progression mais à regarder de plus près, il y a peut-être bien des perdants: les jeunes et surtout ceux qui n’ont aucune aide des parents.

  11. Vous raisonnez en agrégation, vous avez le droit, mais il est dès lors malvenu de critiquer (façon Optimum) ceux qui "ressentent" une baisse de pouvoir d’achat (c’est un peu refaire le coup du "sentiment d’insécurité" qui serait lié à la mauvaise compréhension que les gens ont de leur situation et non au manque de finesse des analyses) car eux se fondent sur leur expérience individuelle. Savoir que quelqu’un d’autre s’est enrichit, "qu’au total, la France est tout aussi riche", au mieux ça me fait une belle jambe, au pire, ça m’énerve… Et s’entendre répéter qu’on a mal compris, qu’en réalité, tout va bien, c’est encore plus énervant…

  12. Je cite:

    les Leclerc, Auchan, Carrefour et autres ont beaucoup plus contribué au bien-être économique des français au cours des 25 dernières années que tous les gouvernements qui se sont succédés au pouvoir durant la même période.

    Est ce bien vrai? Sans polémiquer sur les parkings de supermarché à perte de vue et le fait de devoir prendre la voiture pour y aller, y-a-t’il vraiment une amélioration économique en passant d’un tas de petits magasins (bouchers épiciers vendeurs de jouets) à un supermarché qui centralise toutes les ventes d’une petite ville? En terme d’emplois directs, d’emplois sur les fournisseurs (sur lesquels la pression des prix est repercutée), etc…?

    Il y a beaucoup de choses non quantifiable dans "les supermarchés contribuent au bien être du pays", et j’ai pas l’impression que ce sont des bonnes choses.

  13. Les quelques lignes laudatives sur la grande distribution dans conclusion de votre billet me rappellent une question à ce sujet. J’ai lu il y a deux ans "Les coulisses de la grande distribution", documentaire à charge sur lesdites entreprises, leurs pratiques, leur abus de position dominante (pour faire bref) face à leurs fournisseurs, la démission et la compromission des pouvoirs politiques face à elles. Auteur : Christian Jacquiau, expert comptable. Ce livre est un pamphlet.

    C’est un point de vue digne d’être entendu mais qui en appelle un à décharge, que j’aimerais lire s’il existe. Vos quelques lignes m’incitent donc à vous demander si vous connaissez une telle référence, au moins "neutre", sur la place de la grande distribution depuis sa naissance, dans nos économies. Elle me semble en être un rouage important.

    Entre autres, cela m’aiderait à comprendre un problème récurrent et toujours incompréhensible pour moi : les plaintes des agriculteurs, vendant trop peu cher aux grandes surfaces, qui, elles, revendent avec beaucoup de marge aux clients. Qu’en est-il ? S’il en est ainsi et si on est en économie de marché avec concurrence entre grandes surfaces, comment une telle distorsion est-elle possible ? Et si les agriculteurs vendent trop peu cher, comment arrivent-ils à vivre ? Leur endettement croît ? Ils n’arrivent effectivement pas à vivre et déposent bilan ?

    Je posais la question en passant, je ne veux pas vous surcharger.

    Et merci pour votre billet.

  14. Vulgos : si vous appelez "vieux" les gens qui ont acheté en 1999, et "jeunes" ceux qui achètent maintenant, on peut dire que c’est une façon par les vieux de profiter de la situation. Cet effet joue, mais moins qu’on pourrait le penser : après tout les patrimoines finissent par être légués aux jeunes. S’il y a eu une telle amélioration de situation relative, elle est probablement due à d’autres facteurs.

    Clic : ce qui est criticable, ce n’est pas l’attitude de ceux qui déclarent "moi mon pouvoir d’achat a baissé, contrairement à ce que dit l’indice". Après tout, ces gens existent, par construction même de l’indice. C’est ceux qui face à cela déclarent "c’est la preuve que l’indice est faux, on nous ment, et il faut créer un autre indice qui dira la vérité (le mien)".

    Xuelynom et Charles : je me demandais quand quelqu’un allait relever cette provocation :-). La place manque pour prendre dans ces commentaires une discussion sur la grande distribution. Elle a été accusée de tous les maux dans d’inombrables pamphlets. Mais c’est oublier que la pression qu’elle a exercé sur les producteurs (certes très dure) a pour l’essentiel bénéficié aux consommateurs; elle aurait pu le faire encore plus sans des lois aberrantes qui ont créé des positions de monopole local, entretenu la corruption, et interdit la répercussion des marges arrières du distributeur dans les prix de vente. Lois aberrantes qui ont fait l’objet d’une application zélée par des magistrats dont les revenus permettent de se payer les services des commerçants de centre-ville et fort peu au fait des problèmes de pouvoir d’achat des classes populaires.Malgré tout cela, la grande distribution a maintenu des prix bas, et a considérablement amélioré l’efficacité du système de distribution national. Donc quand je dis que leur effet positif sur le pouvoir d’achat des français a été supérieur à celui des dirigeants politiques nationaux, je pèse mes mots.
    Après, oui, les centre-ville ou les magasins de vetements et les banques remplacent les charcuteries, c’est triste. Et les producteurs ne peuvent plus imposer leurs décisions à des clients désarmés, et sont soumis à la concurrence : c’est dommage pour eux. Mais pas pour le pouvoir d’achat des français.

  15. Vous admettez que l’indice des prix INSEE, information synthétique, est aussi un enjeu de pouvoir, et à ce titre vous reprochez aux syndicats, Leclerc et autres fabricants d’indicateurs alternatifs, de construire l’indice qui convient à leur population de référence, et ensuite de le présenter comme le "vrai" chiffre.

    OK, mais l’influence des indices en question n’est pas la même ! L’INSEE dispose d’une légitimité, et par la loi ou la coutume, de nombreux et très différents revenus sont absurdément indexés sur l’unique indice INSEE. A partir de là, inévitablement il y a des distorsions catégorielles et sectorielles. Il existe clairement une forte demande d’indices moins synthétiques capables de coller au plus près de ces différences (d’où la campagne des syndicats, Leclerc, etc). L’INSEE doit donc effectuer sa mue et proposer des indices différents qui seront adaptés précisément à la mission qu’on leur assigne (indexation).
    Y a t’il une réelle volonté politique ? Non sans doute, mais alors il faudra conclure que certains gagnent au maintien de l’opacité et du status quo.

  16. @Alexandre

    Je prends acte de la distinction patrimoine/service.

    Je suis également d’accord sur le fait que le malheur des pauvres fait le bonheur des riches à l’extrémité de la chaine.

    Mais je maintiens que pour la plupart des français le coût du crédit augmente puisque, meme si les taux ont baissé, les sommes empruntés et les durées de prêt augmente.

    Enfin, certes, le patrimoine finit par être légué aux jeunes. Mais j’aimerais bien qu’on puisse me proposer une autre solution à ma situation présente que d’attendre que mes parents meurent pour que mes enfants puissent avoir un jardin.

  17. LB : mon argument, c’est que si la prolifération d’indices divers est utile pour résoudre des questions techniques, elle est nuisible pour les indices comme enjeux politiques. Donc si l’Insee veut améliorer son appareillage pour essayer de produire des données sectorielles, oui; qu’elle satisfasse la demande de groupes de pression qui veulent à toute force que le pouvoir d’achat stagne, non. Et en ce moment, ou on fabrique des "caddie-type" pour faire du populisme, je pense que le statu quo est meilleur.

    Titzel : Oui, les prix ont plus augmenté que ce qu’aurait impliqué la seule baisse des taux; mais est-ce une situation qui a profité aux riches? Je vais en reparler bientôt, mais cela a surtout avantagé ceux qui ont acheté en 2000 par rapport à ceux qui achètent maintenant. Enfin, je ne connais pas votre situation présente; je connais simplement la mienne. Locataire depuis 1999, si à ce moment-là j’avais acheté, mon patrimoine serait probablement 5 fois plus élevé qu’il n’est aujourd’hui. et acheter aujourd’hui impliquerait pour moi une ponction énorme et durable sur mon pouvoir d’achat. Cela ne rend pas ma situation – ou la votre, si je vous suit bien – significative d’une perte de pouvoir d’achat générale.

  18. econoclaste-alexandre : Je ne comprends pas ton raisonnement. Je fait partie des heureux qui ont acheté au bon moment selon toi mais je ne vois pas en quoi j’ai gagné. Si je vends ma baraque, je me loge où? Je vends mon bien plus cher que je ne l’ai acheté, c’est vrai, mais je suis obligé d’en racheter un autre encore plus cher que celui que je viens de vendre (à moins de déménager dans un endroit où le prix de l’immobilier n’a pas augmenté). Où est le bénéf? Si par contre j’avais plusieurs maisons, je pourrais effectivement en vendre une avec benef pour réinvestir ailleurs, mais ce n’est pas le cas. Ce sont donc bien les vieux qui ont gagné (ceux qui en 99 avaient déjà une maison payée et qui se sont dit "pourquoi pas investir dans la pierre et acheter une maison qu’on mettra en location puis qu’on revendra dans quelques années?"). Et pas de chance, mon vieux est fauché et locataire, donc je ne peux même pas compter sur un éventuel héritage à terme.

  19. Vulgos : vous, pour bénéficier des services d’une maison, vous avez payé 100; une personne qui veut maintenant voudra bénéficier des mêmes services devra payer 150. Avec la différence, vous allez épargner, partir en vacances, acheter une plus grosse voiture, que sais-je : en bref, vous êtes plus riche. Au passage, vous ne faites qu’expliquer au passage pourquoi il y a disproportion des perceptions vis à vis des prix : ceux qui bénéficient de la situation s’en rendent beaucoup moins compte que ceux qui en pâtissent. Les gens qui paient 600 euros au lieu de 1000 pour leur ordinateur ne crient pas de joie; ceux qui paient leurs carottes 3 euros le kilo au lieu de 2.50 se plaignent. Ca s’appelle la loss aversion, c’est très bien décrit par Kahnemann et Tversky.

  20. @Alexandre :

    En moyenne, la durée du crédit et les sommes empruntés ont augmenté. J’en déduis qu’en moyenne le coût du crédit ponctionne plus qu’auparavant le budget des ménages.

    La baisse du pouvoir d’achat induite par le coût du crédit peut être contrebalancé par d’autres facteurs. Mais elle oriente en moyenne le pouvoir d’achat vers la baisse.

    Sans cette augmentation du coût du crédit, la hausse du pouvoir d’achat générale serait plus forte. Et sutout, surtout, MON pouvoir d’achat se porterait beaucoup mieux 8-).

    Mais peut-être le service bancaire est-il un service qui ne se raréfie pasPeut-on tenir le même raisonnemnt que pour le logement ? L(augmentation du coût du crédit augmente directement le pouvoir d’achat de mon banquier.
    D’ailleurs à bien y réfléchir. L’argument en 9 est -il correct. L’augmentation des prix de l’immobilier ne traduit-elle pas une raréfaction des logements ?

  21. Donc on est plus riche que le pauvre qui veut acheter maintenant que l’immobilier a encore augmenté, ça d’accord…

    Mais on est largement perdant par rapport à toutes les personnes qui partent en retraite et qui vendent leurs appartement parisien qui a augmenté contre une maison provinciale, là ou les prix ont augmenté relativement peu (j’allais dire "en comparaison" mais c’eut été une redondance)

    Et entre quelqu’un de fraichement arrivé à Paris en 2000 et un autre en 2006, pour le même prix, le 1er aura un appartement 2* plus grand que le premier.

    Donc quelqu’un ayant loué son appartement en 2000 et voulant l’acheter en 2006 aura fortement perdu (en 2000 il pouvait s’acheter un 40m², en 2006 un 25m² pour le même prix)
    Pour moi, c’est une perte de pouvoir d’achat… Les 2 appartements (40m² en 2000 et 25m² en 2006) valement le même prix, mais il y a une différence de qualité) Ai je mal compris?

    (ça s’oppose à votre "Cela ne rend pas ma situation significative d’une perte de pouvoir d’achat générale.")

  22. La grande distribution a constribué à augmenter le pouvoir d’achat des gens : tout-à-fait d’accord.

    Pour l’alimentaire, je mets cependant un bémol : "petite" distribution ne rime pas nécessairement avec "cher". Et cette petite distribution reste bien plus créatrice d’emplois, ainsi que de lien social.

    Deux exemples. Le premier : deux des villes où j’ai habité, Lyon et Strasbourg, ont un système de marchés alimentés par des maraîchers ou autres commerçants, du voisinage. Les prix (des producteurs, pas toujours pour les revendeurs) sont comparables à ceux des supermarchés, voire inférieurs. Je note que ce n’est pas le cas partout : certaines villes n’ont simplement pas de tels marchés, dans d’autres, il y en a mais c’est nettement plus cher qu’en grande surface (les marchés de Strasbourg me semblent un peu plus chers que ceux de Lyon, d’ailleurs). J’ignore quel mélange de contexte politico-économique engendre ces différences. Je retiens que je ne voudrais pas que ce genre de petit commerce, qui peut n’être pas plus cher que les supermarchés, disparaisse. Il a pourtant disparu dans certaines villes.

    Le deuxième : la grande distribution augmente le pouvoir d’achat, mais également incite à un certain type de consommation, qui s’entretient ensuite lui-même. Il est possible de se nourrir correctement sans passer par elle, sauf pour des revenus vraiment très bas.
    Ma soeur a longtemps vécu avec très peu de revenu. Par choix, elle achète très peu en supermarché : en gros lait-pâtes. Pour le reste, marchés (zone rurale) et petits commerçants. Ça demande certes du savoir-faire culinaire, d’avoir plaisir à faire les marchés, et de l’indifférence aux sollicitations de la pub. On mange TRÈS bien chez elle, même si viande trois fois par semaine.
    La seule chose que lui ferait gagner effectivement la grande distribution : un peu de temps.

    Voila mes deux exemples. En bref, l’hégémonie des supermarchés est aussi un fait culturel, pas uniquement une fatale mécanique du porte-monnaie.

    Ce bémol ne concerne ici que l’alimentaire.

  23. Titzel : si les taux baissent de 6 à 4%, mais que dans le même temps le prix des logements augmente de 70%, alors il est normal que la charge des emprunts totale augmente. Si vous vous endettez pour acheter un logement qui vaut 150, alors qu’il valait 100 il y a deux ans, c’est une ponction sur votre revenu, que vous devez compenser en empruntant plus et plus longtemps. Sauf si ledit logement voit son prix passer à 200 pendant la durée de vie de votre emprunt, auquel cas vous avez bien gagné en pouvoir d’achat.

    Xuelynom : Oui, les cas que vous décrivez sont ceux de perdants (comme moi). Mais cela n’empêche pas que pour ces perdants, il y a des gens qui ont gagné exactement autant. Donc situation non significative de la situation générale.

  24. @Charles: viande 3 fois par semaine, pas plus? c’est bon pour la santé, on en consomme trop 🙂

    @econoclaste: si par "avant, 100% de la population était propriétaire d’une maison, maintenant, 50% en possède 2 pendant que 50% en possède 0" tu considères que la situation globale n’évolue pas…
    Et j’ai encore du mal à considérer le lieu d’habitation dans le pouvoir d’achat. ça me rappelle ces pêcheurs qui avaient des petites bicoques sur un bord de mer devenu tout d’un coup super touristique, avec construction de maisons super chères. Réestimation de leur bicoque: super cher. Hop, ils payent l’impot sur la fortune.
    Ben oui, leur pouvoir d’achat a énormément augmenté, vu que leur bicoque a pris 3000% en 2 ans!
    Il ne leur reste plus pour profiter de leur nouveau pouvoir d’achat, qu’à déménager dans un appartement de la grosse ville la plus proche (sans faire de plus value mirobolante), faute de pouvoir payer leurs charges (et faire dorénavant le trajet en voiture, et vivre dans des conditions plus pénibles)

    Comment fait on pour refuser une telle bénédiction? 🙂
    Bref, la hausse accélère la concentration de biens chez les gagnants et les perdant ne pouvant acheter, louent. Mais bon, en général, il y a toujours autant de maison par tête 😉

    C’est un peu hors sujet donc je reviens au pouvoir d’achat: 15/20 ans plus tard, les perdants continuent à payer leur loyer. Pour moi, cela rend réel TA perte de pouvoir d’achat.

  25. Etes vous d’accord avec la part occupée par les dépenses de logement (loyer + énergies + charges) dans le panier type de l’INSEE. Si oui, pouvez vous m’expliquer comment arriver à ce chiffre (13% de mémoire) ?

    Quelques documents qui appuient votre exposé ("tout le monde ne consomme pas l’ensemble du panier de l’INSEE")
    biom3.univ-lyon1.fr/R/pps…
    http://www.crest.fr/pageperso/an...

    Un peu d’histoire moderne :
    economic-research.bnppari…

    Sur les grandes surfaces :
    http://www.insee.fr/fr/ffc/ficdo...

    Laissons l’INSEE s’expliquer:
    http://www.insee.fr/fr/nom_def_m...

    Reste cependant à m’expliquer pourquoi le poste logement, dont un faible pourcentage de la population est totalement exempt, n’atteint qu’une dizaine de pourcents.

    Cordialement

  26. slash33 mon “avis” sur les pondérations de l’Insee n’a aucun intérêt. Voir les articles de Salanié cités dans le post sur la question du post logement. Pour le reste, je vois mal ce qu’il faut retirer de cette liste de liens hétéroclites.

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