Le non-événement du jour

La France a perdu 6 places au classement de la compétitivité du World Economic Forum. L’une des raisons est le fait que la dépense publique par étudiant par rapport au PIB par habitant est à 29% en France contre 74% au Danemark (sic). Quelqu’un pourrait-il m’expliquer l’intérêt exact de cet indicateur? Pourquoi n’a-t-on pas aussi divisé le tout par la dette publique, histoire de rendre l’indicateur parfaitement incompréhensible?

Les Etats-Unis aussi ont perdu 6 places; le Chiraco interprête cela comme un “désaveu de la politique de George W. Bush”. La première place des années précédentes témoignait-elle de la haute qualité de la gestion de l’administration Bush?

Quelle valeur accorder à ce classement, dont les critères sont modifiés chaque année en fonction de l’air du temps et des préjugés fluctuants de leurs auteurs? Quelle valeur accorder à un classement qui déplace des pays de 6 places, alors que strictement rien de nouveau ne s’y est produit? Les classements de la compétitivité n’ont qu’un intérêt : permettre aux journalistes paresseux de produire du papier au contenu écrit d’avance. D’ailleurs, pour cela, il y a deux classements de la compétitivité en compétition; celui du WEF et celui de l’IMD, un institut Suisse de management, qui donnent des résultats proches, mais avec quelques menues différences. cela permet de produire deux fois plus de marronniers annuels. Comme le concept de compétitivité pour une nation n’a strictement aucun sens, ces classements n’ont qu’un intérêt limité : nous expliquer ce que les auteurs du WEF ou de l’IMD pensent de la marche économique du monde. On est bien contents de le savoir. Tiens, SM, puisque je suis debout, tu veux que je demande à Jojo de te resservir un pastis pendant que tu termines le journal?

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Alexandre Delaigue

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4 Commentaires

  1. L’économiste américain Paul Krugman a en effet expliqué dans plusieurs textes pourquoi, appliquée aux économies nationales, la notion de compétitivité est au mieux un mot sans signification. Je voudrais cependant ouvrir une toute petite discussion. Ne peut-on pas néanmoins considéré que le "débat" (alimenté par des journalistes peut-être incompétents) sur la "compétitivité" de la France – son "attractivité" – ne doit pas être négligé ? En effet, même si l’on sait que cette notion n’a pas vraiment de sens pour des pays, le problème est peut-être que ce sont ceux qui, disons, ont le pouvoir qui disent que la France n’est pas (assez) "compétitive". En caricaturant : (1) les "riches" (les "puissants") veulent être encore plus riches en payant moins d’impôts ; (2) ils utilisent par exemple les travaux – contestés – du Forum économique mondial pour "montrer" que la France n’est pas "compétitive", pas "attractive", qu’elle est "inefficace" ; (3) de ce fait, ils proposent d’alléger un peu plus le fardeau fiscal en baissant les prélèvements obligatoires (réformons l’ISF et créons des zones franches par exemple), ce qui, bien sûr, n’est pas sans conséquences. Qu’en pensez-vous ? Suis-je à côté de la plaque ?

  2. Moggio : si vous regardez le haut du classement du WEF, il est composé de pays scandinaves; ce qui laisserait supposer que la France doit impérativement passer à une fiscalité suédoise si l’on suit cette argumentation. Chacun peut donc trouver son compte à ce classement, ce qui est normal, puisqu’il reprend les lieux communs du moment. Il y a 10 ans, il fallait être américain ou Hong-Kongais; aujourd’hui, il faut être scandinave. Dans 10 ans, que faudra-t-il être? Brésilien? Botswanais? Mongol? Les paris sont ouverts…

  3. C’est marrant, je trouve que t’es vachement souvent debout… Tu chercherais pas à faire de moi un alcoolo par hasard ?

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