Nous sommes tous des proviseurs homosexuels

C’est une triste affaire à laquelle je fais référence ici. Maître Eolas raconte les choses fort bien, avec talent et en contenant cette irrésistible envie d’insulter ce qui me sert de ministre des transports de l’éducation nationale pour avoir signé la révocation du chef d’établissement concerné.

J’ai parcouru le blog de Garfield une ou deux fois il y a quelques mois. Pour ce que j’avais lu, j’y avais trouvé un blog très personnel, subtil et plein d’humour. Quant à la pornographie, je présume que c’est parce que les allusions aux relations amoureuses étaient entre hommes qu’elle a été décrétée.

Chaque année, un nombre non négligeable (quoique pas si important que ce qu’on le lit parfois) de personnels de l’éducation nationale massacrent des gamins autrement qu’en parlant de cul sur un blog. Combien sont révoqués parmi eux ? Certains sont renvoyés d’établissements en établissements, à la manière des patates chaudes. Tel adjoint de direction qui est notoirement alcoolique, tel prof qui est connu pour être un glandeur et pédagogue minable (oui, certains glandeurs sont d’excellents pédagogues et font un boulot très correct). Parfois, même, cette glorieuse double étiquette est couplée à un comportement douteux, répété, avec des jeunes filles. Révoque-t-on ces gens ?

Non.

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14 Commentaires

  1. Sur un sujet connexe :
    http://www.lefigaro.fr/societe/2...
    Extrait :
    "«Notre enquête n’établit pas qu’il y a eu menaces de viol et de meurtre», précisent les inspecteurs. S’appuyant sur l’analyse des fiches de signalements consignées par la conseillère principale d’éducation, André Hussenet et Gérard Pourchet reconnaissent qu’il y a eu signalement d’«agression verbale à caractère sexuel», mais qui ne s’accompagnait pas d’une demande de sanction. Jeune, jolie et volontiers séduisante, la victime était une cible toute désignée pour les élèves."

    Entre les proviseurs virés et les profs qui méritent bien de se faire insulter parce qu’elles s’habillent de façon trop séduisante, ça rigole pas, l’éducation nationale…

  2. A propos de la nana et de ce que Robien a dit au sujet du dépôt de plainte, il faut sûrement y voir une reconnaissance de la faute (ou incompétence pour sortir de la lgique juridique) de la hiérarchie de la prof. "Allez porter plainte", c’est ce que tout chef d’établissement normal dit à son prof quand on en arrive à ce degré de gravité dans les insultes et menaces physiques. Cela a une vertu réelle : quand la petite frappe se retrouve devant les flics, elle comprend que l’école n’est pas un terrain de jeu d’impunité. Ca calme la plupart d’entre eux. Pour les autres, de toute façon…
    Que ça ne règle pas le problème des banlieues, c’est un fait. Mais c’est un des outils de maintien d’une forme de sanctuarisation des écoles. D’après ce que j’en sais d’ailleurs, les flics sont particulièrement attentifs aux plaintes d’enseignants (tout comme la justice ne rigole pas avec les passages à l’acte).
    Psychologiquement, ça crée une rupture importante entre les comportements incivils quotidiens, qui ne dépassent pas les limites de l’acceptable. Ca démontre qu’il y a un moment où tout ça ne se règle plus en famille. Ca fait réfléchir les autres qui seraient tentés d’imiter le blaireau. C’est tout simplement la preuve que le prof en face rend les coups à sa façon.
    Bref, c’est le conseil que cette enseignante aurait du recevoir. A la place, elle a visiblement eu en face d’elle une supérieure qui la considérait mal, n’a pas été foutue d’objectiviser la situation et de se rendre compte qu’aussi truffe qu’elle puisse être à ses yeux, une prof de dessin peut aussi être en danger. C’est grave, très grave. L’inspection académique : pas le temps de traiter ces problèmes. Ne parlons même pas du rectorat, dont on n’a rien à attendre quand on est enseignant, sinon des emmerdes occasionnellement.
    Minable petite ouverture de parapluies de l’inspection générale.
    A quand des profs armés ? Ce sera comme pour les ordinateurs, sur fonds personnels…

  3. Ah, au fait, au sujet de la prof, je présume qu’il faut ponctuer tout cela d’un : "la saaaalllllloooooopppeeee !", non ?

  4. Vous tombez un peu dans le pathos les gars. Vous nous aviez habitué à mieux. La question juridique dans le cas Garfield est une chose et la question morale une autre. Il y a dans des cas pareils un risque réel de dérive (un intervenant sur un autre blog parlait judicieusement de "loftisation") à laquelle l’éducation nationale a raison de faire attention. Le problème ne porte en fait que sur la lourdeur excessive de la sanction au vu du laxisme dont il est parfois fait preuve dans des cas plus graves.
    Pour l’autre affaire, celle de la prof poignardée, je crois que vous avez raison, sa hiérarchie a lamentablement merdé. Mais je vois pas trop le rapport avec Garfield mis à part que ça concerne aussi l’éducation nationale. (je sens que je vais me faire lourder à jouer le maître de ces lieux)

  5. "Le problème ne porte en fait que sur la lourdeur excessive de la sanction au vu du laxisme dont il est parfois fait preuve dans des cas plus graves."

    Oui. C’est exactement ce que je disais.
    Je ne vois pas franchement où est le pathos dans mes propos.
    J’ai de la sympathie pour ce monsieur, c’est autre chose.
    Vous avez quelque chose contre les pédés, vous aussi ? A moins que ce ne soit contre les proviseurs ?
    Mais profitez, on a ouvert les commentaires parce qu’on avait envie de s’amuser un peu.

  6. Je crois quand même me souvenir avoir entendu que près de 50% des instituteurs quittaient le métier avant l’âge normal de la retraite. Bien entendu, outre les mères de trois enfants qui ont un intérêt financier direct à le faire, il y a aussi le fait que les profs qui peuvent faire autre chose que prof dans leur vie ont certainement de nombreuses tentations de le faire à un moment ou à un autre. Et que plus les portes de sortie leur sont ouvertes, plus il est probable qu’ils les prennent à un moment ou un autre….

    J’avoue, au fond, ne pas très bien comprendre la raison d’être du statut de fonctionnaire pour un simple prof, voire même, un proviseur. Je ne comprends toujours pas l’intérêt qu’il peut y avoir à refuser de laisser les bahuts recruter eux-mêmes leurs enseignants lorsqu’ils ont la chance de s’être rendus assez attractifs pour cela. Je ne comprends pas pourquoi il faut obtenir une autorisation pour ouvrir une classe dans une école privée. Je ne comprends pas davantage les raisons d’être des manifestations de l’an dernier, tout en m’étonnant qu’il faile envoyer au tribunal des mineurs sous prétexte qu’ils ont certainement cassé des portes ou des vitres, alors même que tant de comportements notoirement dangereux sont tolérés.

    J’espère que Garfieldd trouvera dans l’enseignement privé, en université, en école ou ailleurs un job à la hauteur de ses probables grandes qualités humaines, et qu’il mettra au service d’autres jeunes gens les leçons de son expérience. Ainsi seulement toute cette histoire pourrait trouver, gobalement, un peu de sens.

    On peut effectivement s’étonner de n’entendre parler de révocation que pour un délit d’expression alors même que les crimes de sang ne semblent même pas permettre d’envisager une telle hypothèse. Mais sans doute le petit monde de l’administration et des cabinets gouvernementaux tourne-t-il un peu en vase clos depuis ma foi bien longtemps.

    Mieux valent les remords que les regrets, sans doute.

  7. SM: "Je ne vois pas franchement où est le pathos dans mes propos."

    C’est une manière de parler pour dire que y’a beaucoup de ramdam alors que le type a bel et bien mérité une sanction et que celle-ci n’est pas disproportionnée en soi mais uniquement au regard du traitement incroyablement doux dont certains ont bénéficié injustement. Faut pas se vexer. Tout ça n’a rien à voir avec le fait qu’il soit homo, je trouve juste "limite" qu’un proviseur d’école se mette sans précautions d’usage (anonymat personnel et des autres personnes mises en cause dans son blog) à raconter sa vie sexuelle et ses états d’âme sur des gens qui font partie du même employeur sur le net. Dans le privé, un type qui fait la même chose (et moins) se fait virer tout de suite, pédé ou pas, et tout le monde trouve ça normal. En tous cas, y’a pas de pétitions de soutien. Tout ça est un peu exagéré et les gens ne semblent pas mesurer, selon moi, tous les risques de dérives que des actes comme ceux de Garfield comporte. Imagine de rentrer en classe en ayant vu sur le blog du prof ou du proviseur qu’il aime les filles aux gros nichons et adore les prendre dans les toilettes (imaginez que vous soyez précisément une fille aux gros nichons), ou qu’il n’aime pas telle ou telle personne qui fait partie de l’établissement, etc.
    Et si tu veux mon opinion en général, je déteste ces blogs (et les bouquins et les émissions de télé-réalité) où les gens étalent leur vie et leur intimité, donc moi je ne le trouve pas si sympathique que ça. Tu peux trouver ça dégueulasse mais j’y peux rien, c’est ce que je ressens.

  8. Cette histoire est quand même pathétique. Le Rectorat aurait adressé un courrier bien raide à Garfield, lui demandant d’anonymiser (encore un peu) plus son blog, voire de mentir (ce qui est le meilleur anonymat possible) sur sa ville, et tout le monde était content.

    Au lieu de ça Robien se paie une double page "Les flics au collège – Les proviseurs-bloggueurs dehors" dans la PQN. Lamentable.

  9. @vulos
    "Le type a bel et bien mérité une sanction et que celle-ci n’est pas disproportionnée en soi mais uniquement au regard du traitement incroyablement doux dont certains ont bénéficié injustement"

    Tu n’aimes point les épanchements intimes. Certes. Parfait. Mais qui es tu pour considérer que tes désirata sont la norme et que leur non respect doit entrainer sanction ?

    Question subsidiare : en quoi avait il fauté, en quoi ?

    Ce n’est pas qu’une question de proportion de "faute", mais bien essentiellement la question de la liberté individuelle par rapport à l’état.

    je dois être un affreux libertaire, mais là c’est revendiqué 🙁

  10. Eviv bulgroz : "Mais qui es tu pour considérer que tes désirata sont la norme et que leur non respect doit entrainer sanction ?"

    Personne. Je donne juste mon opinion pour autant que j’en ai le droit. Tout comme vous tous, non? Qu’est-ce qui vous permet de dire, contre l’avis d’un conseil disciplinaire, qu’il ne doit pas y avoir sanction et faire pression sur un ministre? Chacun a son opinion, ensuite les juges (ou une autre instance décisionnaire) donneront la leur sur base du droit. Je ne critique pas en soi qu’on fasse pression sur certaines institutions, je dis juste que personnellement je ne juge pas qu’il y ait occasion à le faire (et je n’empêche pas les autres de le faire).

    "en quoi avait il fauté, en quoi ?"

    Il a fauté, il n’a pas respecté l’obligation de réserve des fonctionnaires et pas trop non plus l’obligation de moralité (c’est plus subjectif). Il l’a lui-même reconnu. La question est de savoir si la sanction est proportionnée à la faute. Personnellement, je pense que oui, d’autres pensent que non et bien souvent avec des arguments qui ne me semblent pas valables du genre "si des employés qui ont violés des clients ne sont pas inquiétés, alors les employés qui viennent à poil au bureau ne doivent pas être non plus inquiétés". (Bordel, je crois que j’ai un discours gaulliste, là. Bon ben j’assume, j’aime pas la chienlit).

    "mais bien essentiellement la question de la liberté individuelle par rapport à l’état."

    Non. Pas ici. C’est un travailleur qui est sanctionné par son employeur pour non respect des devoirs de sa fonction, pas un individu privé. Personne ne l’empêchait de faire son blog à condition de ne pas y mêler son métier, qui plus est sans les précautions de base pour que le lien entre sa personne et sa fonction ne soit pas fait. Sinon, laissons les médecins faire leur blog et raconter à tous, sans précautions d’anonymat, les petits secrets médicaux de tout un chacun, etc.

  11. @ Vulgos : il y a en France un principe à mettre en regard du devoir de réserve et de moralité : le respect au droit de la vie privée. Si tu arrives à remonter d’un blog à son auteur, tu es supposé faire comme si tu ne savais pas, sauf autorisation de l’auteur. Je reconnais que le Garfieldd a été maladroit en précisant la ville où il excerçait.

    En ce qui concerne le statut de fonctionnaire, il est lié à plusieurs considérations. L’une est qu’avec le nombre d’établissements scolaires en France, il serait très coûteux de vérifier que le recrutement des profs au niveau local ne se ferait pas sur des critères idéologiques. Le recrutement des maîtres de conférences par les universités illustre assez nettement ce phénomène. Une autre est une volonté d’aménagement du territoire : un recrutement local conduirait à la désertion des établissements qui en ont le plus besoin (comment ça, c’est déjà le cas ?). Enfin, ce qu’il faut voir, c’est que les enseignants sont fortement sous-payés par rapport aux personnes de même niveau de formation. Le statut de fonctionnaire est alors une compensation de leur faible niveau de rémunération.

  12. [leconomiste] “Je reconnais que le Garfieldd a été maladroit en précisant la ville où il excerçait. ”

    À mon avis c’est ce qui a justifié la sanction, autrement le dossier aurait été écrasé par des affaires beaucoup moins triviales. D’où ma position : il aurait dû pondre une ville bidon, genre Mufflins, il était protégé.

  13. leconomiste: "Si tu arrives à remonter d’un blog à son auteur, tu es supposé faire comme si tu ne savais pas, sauf autorisation de l’auteur. Je reconnais que le Garfieldd a été maladroit en précisant la ville où il excerçait. "

    Je n’ai pas compris ce passage. Si un médecin dit sur un blog qu’il pratique à trouffion-les-oies (où par ailleurs il n’y a que deux médecins) et qu’il se met à raconter une histoire croustillante sur une maladie honteuse d’un patient et que ce dernier se reconnaît, tout comme d’autres villageois, on fait comme si on savait pas?

    "Le statut de fonctionnaire est alors une compensation de leur faible niveau de rémunération."

    Je ne discute ni le statut de fonctionnaire ni leur rémunération. Je connais un peu et je ne tomberai pas dans la beaufitude sur ce point (sur d’autres, c’est pas garanti, je l’accorde).

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