J’ai pas envie d’y aller

Quel est le point commun entre les suicides de salariés du technocentre de Renault à Guyancourt, la vision de l’Europe de Phelps et les remarques de Geoffard sur les retraites ?
Probablement l’idée que tant qu’on ne se sera pas demandé pourquoi le travail est si pénible en France, on aura plus de mal que d’autres pays à régler les questions d’emploi. Le français n’est pas paresseux. Il a mal au travail.
Trois ans après la publication du livre de Phillipe Askenazy sur les désordres du travail, on ne peut guère voir d’évolution sur ce programme de recherche (en tout cas, si le sprogrès ont lieu, ils sont confidentiels). Peut-être parce que la question est trop vaste pour être traitée par un économiste, un sociologue ou un psychologue seul. Ah, si nous avions des hommes politiques…

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4 Commentaires

  1. Il y a quand même eu le numéro des Actes de la Recherche en Sciences
    Sociales intitulé "Santé et travail. Déni, visibilité, mesure" (n°163, 2006/3)
    http://www.cairn.info/sommaire.p...
    ID_REVUE=ARSS&ID_NUMPUBLIE=ARSS_163

    Et (petite publicité pro domo !), plus récemment encore, le numéro de
    Sciences Humaines intitulé "Travail : je t’aime, je te hais !" (n°179, février
    2007).
    http://www.scienceshumaines.com/...
    Ok, c’est pas de la recherche, mais ça montre qu’il y a des choses…

    Très bien, très bien. Merci. Je dois en effet préciser que, malgré ce court billet, ma connaissance du sujet est loin de faire autorité. J’espérais des retours de ce genre. Quand je dis qu’il n’y a rien, je devrais plutôt dire qu’il n’y a rien qui soit discuté sur la place publique dans les termes que je pose. Et de ce point de vue, j’ai tendance à penser que l’éclatement, voire la concurrence, des expertises des différentes sciences sociales et humaines n’aide pas.

  2. "Quand je dis qu’il n’y a rien, je devrais plutôt dire qu’il n’y a rien qui soit discuté sur la place publique dans les termes que je pose"

    Quand même, le deuxième chapitre du wiki-livre de Ségolène Royal s’appelait "Les désordres de l’emploi et du travail". Le contenu, comme le titre, est largement inspiré du travail d’Askenazy.

    Merci pour cette précision. J’ai viré la suite du message, qui s’apparente à du collage d’affiche. Guillermo ne vous a pas dit qu’on n’aime pas ça ici ?

  3. Sur les suicides chez Renault je reste très partagé pour plusieurs raisons.

    – on sait que le suicide fonctionne de façon épidémique, par imitation. Le suicide d’une célébrité conduit à une élévation dans les mois qui suivent du taux de suicide national et du nombre d’accidents de voiture (les gens qui se suicident au volant…). Il suffit d’un suicide pour déclencher le passage à l’acte d’un tas d’autres personnes.

    – s’y ajoute un effet d’erreur d’attribution. On indique que les salariés ont laissé des lettres signifiant qu’ils trouvent leur travail devenu trop dur. Mais toute personne qui laisse une lettre expliquera son geste en disant que ses activités de vie quotidienne étaient devenues trop dures. De même l’article que tu cites indique que "les salariés s’étaient vu auparavant reprocher leur travail". Mais un individu suicidaire va très probablement avoir pour symptome annonciateur une dégradation de sa performance au travail… qui va le conduire à se faire engueuler.

    – reste aussi un effet de population; qui sont les gens qui travaillent au technocentre? En fonction de la pyramide des âges et du sexe, ils peuvent très bien appartenir à la base à une population "à risques".

    Tout cela pour dire que je me demande bien sur quelles bases le magistrat qui va devoir se déterminer sur ces évènements va bien pouvoir baser sa décision. Ce qui conduit à la fois à souhaiter comme toi plus de connaissances sur le sujet, et pas moins; mais aussi et surtout, pour constater que ce genre de problème avant tout a besoin non pas des pouvoirs publics ou des juges, mais d’évolutions à l’intérieur des entreprises. Il va etre intéressant de voir comment Renault va réagir, et si cela fait école.

    Hum… Tu vas m’obliger à publier mon brouillon de la semaine dernière ? :o)

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