Innovation conceptuelle à Matignon : le patriotisme économique européen

J’apprends par une dépêche Reuters que “Dominique de Villepin a défendu le projet de fusion entre Gaz de France et Suez à l’aune d’un “patriotisme économique européen” qui garantira, à ses yeux, l’indépendance énergétique des Vingt-Cinq face à l’hégémonie russe notamment.”.
Bien… Et à quand le “patriotisme économique mondial” ?

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11 Commentaires

  1. Mais c’est pas une idée nouvelle !

    La commission européenne (DG2) ne défendait-elle pas la création de géants européens dans chaque secteur de l’activité économique, quitte a réduire la concurrence en europe ?

    Il y a pas longtemps il y avait eu une affaire – je me rappelle plus si c’était avec Tetra Pack ? – où, au nom d’un "patriotisme économique européen" ni la DG2 concurrence, ni la cour de justice européenne n’avaient mis leur véto a la fusion de 2 grands leader européens, pour qu’ils ne se fassent pas racheter par un plus gros poisson américain. Il s’agissait donc d’une préférence européenne – d’un patriotisme économique européen.

    Où s’arrette donc la régulation de la concurrence et ou commence la politique industrielle – qui peut avoir des préférences "nationales" ou ‘européennes’ ?

    La nationalité des capitaux a-t-elle une importance ? (intuitivement je pense que non); mais est-ce qu’il y a des études disponibles là dessus ?
    en fait, ca touche le meme probleme de fond : Quels sont les avantages pour Evo Morales de nationaliser l’industrie d’extraction du pétrole en Bolivie ?

  2. Est-ce vraiment une forme de patriotisme européen ? vu que la fusion a été décidée pour contrer le rachat par un italien, je pense qu’il s’agit d’un patriotisme/protectionnisme national. Le mot européen n’est dans ce discours que pour "faire bien" et que c’est une belle hypocrisie.

  3. La nationalité des capitaux a-t-elle une importance ?

    Il faut bien répondre Oui à cette question.

    La nationalité des capitaux est très corrélée avec la nationalité du Conseil d’administration et du staff. Cela s’est d’ailleurs vu après la fusion Arcelor / Mittal.

    C’est – je pense – la principale raison du "nationalisme" économique. Quand une grande entreprise française passe sous contrôle étranger le nombre de postes prestigieux accessible à des français diminue. Quand il s’agit d’une entreprise du CAC, cette diminution doit être de l’ordre de 1%. Ce qui légitimise la défense des groupes français.

    Sur la conduite des affaires je n’en suis pas sûr. Encore que les groupes doivent être plus sensible à la pression des pouvoirs publics que les groupes internationaux.

  4. Le patriotisme économique européen imposerait la fusion ENEL-Suez, pour éviter des ventes d’actifs GDF-Suez dont pourrait se saisir on ne sait quel raider martien …

  5. @Henri Parisien :
    D’où est ce qu’on peut etre sur que la nationalité des capitaux est tres corrélée avec celle du conseil d’administration ? le CEO de L’Oreal a été Lindsey Owen Jones pendant des années. Il y a plusieurs exemples d’entreprises dont le C.A est tres internationalisé.
    Le but d’une entreprise est de faire de l’argent sur un marché donné. A la limite, elle se fout de la nationalité des dirigents. Le conseil d’administration peut etre de n’importe quelle nationalité – en fait l’entreprise ne va pas trier en fonction de la nationalité, elle va juste chercher les gens les plus compétents, non ?

    Des lors, si tu veux avoir plus de "français" aux "postes prestigieux", il faudrait tout juste former plus de français a ces postes.

    Ce que je n’aime pas dans ton argument en faveur du patriotisme économique c’est que tu considere qu’un français va diriger l’entreprise dans une direccion plus "favorable a la france" qu’un étranger. De mon point de vue il n’y a aucune différence entre un français et un étranger a la tete des grandes boites (EDF/GDF, FT, etc…). Ce n’est pas du patriotisme économique, c’est du racisme. On est plus dans la guerre froide !

  6. @Blackson

    Pour lever immédiatement une ambiguïté. Je ne suis pas favorable au nationalisme économique. Ce que j’ai écrit plus haut était – dans mon esprit – une critique de ce nationalisme.

    A propos d’Owen John, il s’agit un peu de l’arbre qui cache la forêt. Exactement comme Carlos Ghan maintenant. Il y a effectivement 1 – peut-être 2 – PDG d’origines étrangères qui sont à la tête de groupe du cac 40. Mais ceux-ci ont toujours fait la quasi-totalité de leur carrière dans des groupes français.

    Aussi bizarre que cela puisse paraître, la compétence n’est pas le critère exclusif qui permet de désigner des PDG ou des cadres dirigeants. A un certain niveau tous les cadres sont réputés compétents. Sans cela, ils sautent. L’opérationnel étant assuré, ce qui est important pour la carrière de chaque cadre, c’est la politique. C’est à dire les réseaux, les relations humaines qui se nouent entre cadre dirigeant etc…

    Une OPA – quelle soit amicale ou inamicale – est un processus très violent, où les réseaux internes de l’entreprises rachetée sont souvent – pour ne pas dire toujours – balayée par les réseaux de l’entreprise acheteuse. Avec à la clé une placardisation des perdants.

    Le processus devient très visible quand les deux entreprises sont de nationalités différentes, puisque chacun des réseaux est « typé » par la nationalité de ces membres. On l’a vu récemment cela avec Mittal qui rachète Arcelor. Il y a eu la même chose il y a quelques années avec ALCAN qui a racheté Pechiney. Mais il y a eu la même chose entre Total et ELF et entre AXA et l’UAP.

  7. @henriparisien:
    Merci pour ces infos, je m’y connais absolument pas en management et rapport de force entre reseaux de dirigents.

  8. Rassurez-vous, Alexandre : l’évolution de la pensée économique villepinienne n’aura pas duré : quelques jours après, l’animal revient sur ses bases :

    "Dominique de Villepin a souligné "toute l’importance du secteur automobile pour nous", alors que "nous constatons un ralentissement de l’activité en Europe".
    "Nous avons la chance d’avoir de grands constructeurs. Nous devons les défendre", a ajouté le chef du gouvernement. Pour cela, "nous avons besoin aujourd’hui de faire un effort considérable dans le domaine de l’innovation, de la recherche". Car "nous savons tous à quel point le produit automobile évolue vite". AP"

    à moins, bien entendu, qu’en employant le "nous", il ne prenne position sur le plan économique au nom de l’Europe ?

  9. Eh, oh, passant, c’est pas Alexandre, c’est moi qui m’"inquiétais". Non, Alexandre ne parle même plus de Villepin… :o) En tout cas, avec Villepin, rien ne dure vraiment longtemps. Cette fois encore, on ne s’en plaindra guère.

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