Deux mots en faveur de Piketty

Piketty est proche du PS, ce n’est pas une nouvelle. Piketty n’aime pas Sarkozy, ce n’est pas une nouvelle. Piketty l’allume souvent dans Libé, ce n’est pas une nouvelle. Piketty vient soutenir Royal, c’est un fait. Piketty est le directeur de PSE, c’est un autre fait, connu depuis un moment. Piketty en prend plein les dents, c’était prévisible. Personne ne l’attaque sur le fond, c’est ce qui m’exaspère.

Je lis ici ou là que Piketty n’est pas un bon chercheur, car il prend des responsabilités administratives et des responsabilités implicites en politique. Je suis à moitié d’accord. D’accord, parce que depuis 1993, date de la publication de sa thèse, ses travaux ont toujours été très stimulants. De sorte qu’on aimerait en voir plus souvent et qu’une boulimie de publications satisferait plus l’amateur de science économique que de multiples publications grand public, souvent engagées, et des engagements d’ordre administratifs.

Soit. Maintenant, remettons les choses à leur place :
– à 35 ans, Piketty a déjà une liste de publications qui dépasse largement celle de l’économiste français lambda de moins de 50 ans (et même de plus de 50 ans…). JET, AER, QJE, Review of Economic Studies, etc. Peu de français peuvent se targuer d’avoir été publiés par autant de journaux réputés. Il n’aura probablement pas le Nobel mais aura contribué à la production d’une génération de qualité.
– Piketty communique, de façon très claire, vers le grand public. C’est bien. C’est une demande de la société en direction des experts, me semble-t-il.
– Piketty participe à la mise en place d’une structure prometteuse pour l’économie en France. C’est très bien. Pas besoin d’épiloguer, je pense.

Piketty cherche le pouvoir et dépasse ses prérogatives d’expert en matière de soutien politique ?
– Qu’on me montre où le bât blesse dans ce qu’il dit sur l’économie de la fiscalité, de l’éducation, etc. Quand on a l’habitude de lire les Baverez, Marseille et autres Maris, on devrait se réjouir de lire la prose de Piketty.
– Piketty devrait-il refuser de peser dans le débat et de réussir sa carrière professionnelle, dusse-t-elle passer par des réalisations en marge de la recherche (je pense à PSE) ? Il me semble qu’il est le seul comptable de ses ambitions.
– Piketty est proche du PS, ouh le vilain ! Personnellement, rien à faire. J’aime autant lire dans un quotidien les analyses des économistes de droite qui écrivent bien. Tenez, par exemple, j’aime bien les analyses de… de… de… Mince. Ils sont où les économistes chroniqueurs français de droite aussi bons et visibles que Piketty ? Qui sont les économistes clairement associés à l’UMP ? Piketty ne dit pas de mal du programme de Royal ? C’est exact. N’oubliez pas, il lui a apporté son soutien. N’est-ce pas aux économistes de l’UMP de le faire ? Non pas qu’il faille apporter un soutien pour critiquer. Mais je compare ce qui est comparable. Et j’en viens à la conclusion que si Piketty se fait allumer par les sympathisants de Sarkozy, c’est qu’il n’y a personne en face pour donner le change.

Jusqu’à preuve du contraire, Piketty fait du bon boulot. Il lui reste du pain sur la planche pour le montrer définitivement. Mais son bilan intermédiaire est indiscutable. Sentant venir la meute (qu’il a provoqué, c’est un fait), je voulais dire ces quelques mots en sa faveur. Inutile de dire que je ne me compare pas à lui. Mais, à mon échelle, j’ai décidé de ne pas commenter la campagne électorale sur ce site, les programmes et tout le reste. Difficile donc de dire que tout ce qu’il fait m’emplit d’une admiration béate. Il ne faut pas interpréter ce texte comme autre chose qu’une prise de position en faveur d’un économiste dont le comportement dans la cité est globalement très positif. Je trouve légitime de respecter ses choix et de ne pas le massacrer plus que de raison. Le jour où il sera le Krugman français, je le regretterai. Mais on en est encore loin.

Je décerne une palme à Gus, qu’on a connu mieux inspiré. Comparer PSE et la carrière de Piketty à une voie à la soviétique, c’est du CNRiSme contrarié. Et c’est proprement erroné. De manière générale, le billet de Versac a amené des comentaires de haut vol…

Je sais qu’une grande discussion sur ce que devrait être un intellectuel va forcément se lancer dans les commentaires. Avant de publier, demandez vous si ce que vous écrivez a un intérêt et ne ressasse pas des lieux communs.

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15 Commentaires

  1. Tout celà est vrai.

    Sauf que théoriquement parlant, l’analyse de Piketty dans Libé n’est pas implacable. Elle alerte sur des vérités, mais souffre d’imperfections et de comparaisons exagérées.
    Par exemple, sur la succession sa théorie est exacte, sauf qu’il fait un amalgamme "droits de succession" et "transferts de patrimoine", oubliant que le programme de l’ump est de favoriser les donations et donc de diminuer la valeurs des successions, ce qui mécaniquement augmenterait le taux d’exonération (dèjà de 60 %) sans privilégier les dynasties.
    Sur les points de prélèvement, il oublie de dire que thatcher s’est attaqué fortement à de l’incomprésible, alors que les PE en France sont plus haut, qu’il y a du gras à enlever rien qu’en redéfinissant le rôle de l’Etat.

    Sa tribune avait quelques relents de militance, loin d’un rapport économique circonstancié. (au contraire de l’analyse de la lois "anti-lidl" de ses collègues). C’était bien une tribune…

    Quand à sa déclaration de soutien, elle est critiquable. Non par le fait, mais par son discours. Il est contre sarko économiquement, soit. C’est honorable. Mais dans la vidéo du ralliement, il se fait parfait militant anti-sarko, abandonnant la rhétorique économiste pour verser dans le bas étage, le ressentiment, les attaques adhominem.

    Donc oui, il peut rallier.
    Mais à mon sens il l’a très mal fait.

  2. Je voulais juste dire merci. Il fallait bien que quelqu’un dise quelque chose comme ça… Finalement, tout le problème est qu’en période de campagne, et souvent le reste du temps aussi, on passe plus de temps à regarder d’où l’autre parle qu’à écouter ce qu’il dit.

  3. Ha, bah, c’est vrai : j’y vais un peu fort sur le coup. Je suis d’ailleurs bien incapable de jauger la valeur d’un Piketty mais, ayant quelque respect pour la méthode d’évaluation par les pairs, je regretterai toujours de voir un homme qui aurait sans doute eu l’opportunité de recevoir l’expression sincère et spontanée du respect de ses pairs au sein de la communauté scientifique, dans quelques mois à peine sans doute, succomber au côté obscur de la force en acceptant l’onction… et quelle onction ma foi que celle-là.

    Mais qu’appelez vous respect de ses pairs ? Piketty a publié dans les meilleures revues et si on est venu le chercher pour PSE, c’est bien parce qu’on le considérait comme un bon. Rien ne dit d’ailleurs qu’il ne se remettra pas intensivement dans la recherche dans quelques années. Il ne l’a tout de même pas quittée, même si ses productions sont moins nombreuses que ses compétences ne le permettraient.

    Tout ceci m’évoque sans doute un peu trop le mode de reproduction habituel des archeo-gaullistes (rite réformé). La maîtrise des rythmes et du temps politique, la construction des points de concentration du pouvoir, le decorum et les rituels pour les rendre séduisants, et enfin les pactes qui lient, d’autant plus fort qu’ils n’existent souvent que dans l’imagination de spectateurs tétanisés.

    Je persiste cependant à croire que rien n’est pire pour une thèse ou une école de pensée que de voir l’un des plus prometteurs siens succomber à la tentation du côté obscur, choisir un "tiens" plutôt que deux "tu l’auras". Je ne suis donc absolument pas convaincu que l’image de la science économique y gagne, surtout aux yeux de ceux, jeunes assez talentueux pour pouvoir espérer vivre sans trop avoir à renoncer à leurs idéaux, qui auraient pu être tentés de choisir cette voie dans la société.

    John Maynard Keynes, ça évoque quelque chose pour vous ? Question côté obscur, il s’est bien débrouillé. Question science économique, j’ai ouïe dire que c’était correct aussi. Je ne vous suis pas.

  4. J’avoue ne pas bien comprendre ces attaques moi non plus, surtout le côté "prendre parti, c’est basculer du côté obscur". Les chercheurs, comme les journalistes, ne doivent-ils pas avoir d’opinion politique ? Doivent-ils s’interdire toute réflexion, toute opinion ? En somme, il n’y a que les chefs d’entreprise et juristes blogueurs qui ont le droit de critiquer l’un ou l’autre des candidats ? Tout le monde reconnaît que cette élection est très importante pour l’avenir du pays, il me paraît donc louable que le maximum de personnes prennent position et apportent éclairages et arguments, surtout dans leur domaine d’expertise.
    Sinon, un détail : vous dites que Piketty a 35 ans et a soutenu sa thèse en 93… à 21 ans donc ???

    Il est de 1971

  5. J’ai regardé la vidéo où Piketty dit qu’il votera Royal, et mon sentiment dominant c’est le manque le plus absolu de recul dont il fait preuve. Il rallie qui il veut, c’est sa vie, mais ce qu’il fait est vraiment vulgaire (selon moi).

    http://www.dailymotion.com/visit...

    En tant que chercheur il est peut-être bon, mais question politique c’est un véritable désastre… J’espère juste qu’il saura éviter l’éccueil de l’argument d’autorité.

    Vous avez raison. Et si vous dites “j’espère qu’il saura éviter”, d’autres ont déjà décidé qu’en s’exprimant, il en usait. Remarque en passant : je n’ai même pas encore vu la vidéo… Je la verrai, mais elle ne m’intéresse pas vraiment. Et la voir rne changera rien à mon billet

    Il peut défendre Pierre, Paul ou Jacques, c’est lui que ça regarde, du moment qu’il reste clair entre d’un côté le Piketty chercheur et de l’autre le Piketty (mauvais) politicien.

  6. Que Piketty soit un bon économiste ne fait pas de doute. Oui, son « comportement dans la cité » a jusqu’à récemment été « globalement positif ».

    Il a parfaitement le droit de prendre parti et je trouve plutôt honnête et transparent qu’il annonce son soutien plutôt que feindre une improbable neutralité.

    Que Piketty aille faire de la psychologie de bazar pour expliquer tout le mal qu’il pense de Sarkozy ne me dérange pas. Il n’est pas plus compétent en psychologie que Lilian Thuram ou Emmanuelle Béart. Je pense qu’il se décrédibilise en intervenant hors de son domaine de compétence, mais c’est son problème.

    Non, le problème n’est pas là.

    Ce qui me choque c’est qu’il utilise le prestige que lui confère la science pour tromper ses lecteurs.

    Prenons l’exemple de sa désormais célèbre tribune anti-Sarko dans Libé. Il aurait pu se contenter d’écrire qu’une réduction de 4 points de PIB des prélèvements obligatoires est extrêmement ambitieuse et difficile. Qu’annoncer une telle baisse sans donner la moindre indication des domaines dans lesquels on fera des économies est démagogique. S’il avait écrit cela, il aurait atteint son objectif de shooter Sarko sans prêter le flanc à la critique.

    Mais il est allé beaucoup plus loin. Il a écrit qu’une telle baisse était absolument impossible. En usant de comparaisons internationales sélectives, il a laissé entendre que personne n’avait jamais rien réussi d’approchant, que même la moitié de cet objectif était absurde.

    Or cela est faux. Piketty omet de mentionner deux informations essentielles qui modèrent sensiblement son propos. La première, c’est que la France est un des pays développés dont les prélèvements obligatoires sont les plus élevés et que la plupart de nos partenaires ont des taux inférieurs de plus de 4 points au nôtre. La deuxième, c’est que plusieurs pays voisins ont réussi à très fortement réduire leurs dépenses publiques et/ou prélèvements obligatoires. Les Hollandais et les Danois ont notamment consenti des efforts considérables sans avoir jeté, à ma connaissance, des colonnes de réfugiés Bataves ou Vikings sur les routes d’Europe.

    Un scientifique doit servir la science, pas le contraire. A ce rythme, le solde globalement positif de son engagement dans la cité va fondre comme neige au soleil.

    Au-delà du cas Piketty, je trouve que votre billet soulève un point très intéressant. Comment se fait il qu’il n’y ait aucun économiste de droite ? Encore une exception Française ?

    Des économistes de droite en France, il y en a. Des bons, de droite, pas des masses. De droite, bons et ouvertement associés à l’UMP, c’est simple, je n’en connais pas.

  7. Osons une hypothèse:

    1) les (rares selon vous, j’en sais rien, je ne fréquente pas le milieu) bons économistes de droite ne s’associent pas à l’UMP parce que l’UMP n’a aucune idéologie, aucune ligne directrice claire, que leurs références très conservatrices, interventionnistes et souvent protectionnistes font fuir le "bon économiste".

    2) Dans le milieu universitaire, s’afficher trop à droite vous envoie dans les voies de garage (lire à ce sujet "être de droite, un tabou Français", ou encore la scandaleuse campagne de… ah tiens, des copains à Piketty, contre Pascal Salin sur le jury d’agreg): alors le bon économiste de droite se fait discret, voire rampant, pour ne pas finir comme un con dans une voie de garage.

  8. Vincent : votre première hypothèse est fort plausible. Des économistes français comme Gilles Saint-Paul, ou Christian Saint-Etienne, ne sont pas, à mon avis, de gauche, mais ont des positions assez libérales significativement éloignées de celles de l’UMP.

    Sur la seconde hypothèse, c’est plus compliqué. Effectivement, la population des économistes en France trouve probablement son point médian au centre-gauche. C’est d’ailleurs ce que l’on rencontre pour les économistes en général. Mais cela ne conduit pas les gens de droite sur des voies de garage; pour les gens qui tournent autour de Salin, ils se sont d’eux-même rassemblés en petit clan, de la même façon d’ailleurs que les économistes d’extrême-gauche. Mais il est facile pour un économiste libéral mainstream de se trouver une place dans le monde universitaire en France.

    Ce qqui a été critiqué lors de l’affaire Salin, c’est le népotisme général qui règne dans l’université française (pourquoi croyez vous qu’une bonne part des meilleurs économistes français sont soit dans des grandes écoles ou passés par l’étranger?). Ce n’est probablement pas un hasard si c’est à l’occasion du “tour” des Saliniens d’avoir ce jury que ce népotisme a été dénoncé mais il s’agissait avant tout d’une affaire d’une génération montante qui supporte mal le fonctionnement de l’université française. D’ailleurs la vieille garde de gauche a suivi un peu la critique (en profitant pour taper sur Salin and co), mais sans aller comme Piketty jusqu’à s’attaquer au système.

  9. Je réponds à mon précédent commentaire : certains disent que Piketty a fait usage d’un bon argument d’autorité en prenant simplement la parole. Je pense qu’ils ont à la fois tort et raison. Tort parce que Piketty est un citoyen comme les autres, en vertu de quoi il a le droit de penser ce qu’il lui plait. Raison parce que Piketty est présenté comme "économiste" et non comme "citoyen" — mais est-ce lui qui décide d’être présenté ainsi ?

    Réponse : non, mais il le sait. Manifestement, savoir cette information n’a pas suffit à lui faire rebrousser chemin, vu qu’il a quand même choisi de s’exprimer… Vu ceci, je pense que question honnêteté Piketty ferait bien de préciser aussi vertement qu’il tape sur Sarkozy que s’il prend la parole c’est en tant que citoyen, pas en tant qu’économiste. En gros qu’il pose lui-même les limites de son argumentaire, pour ne flouer personne…

  10. Aussi pertinent qu’il soit, sa vidéo de ralliement est certainement une connerie.

    Pas le ralliement, hein. En soit je ne vois pas de problème à s’engager publiquement, fusse pour Mme Royal.
    Mais sa vidéo est affligeante. Il rappelle brièvement ses arguments de sa tribune dans libé, pour ensuite faire dans le café du commerce façon MJS.
    En quelques minutes il bousille tout son crédit par des préjujés, des approximations, des arguments fallacieux, un ressentiment visiblement conditionné… C’est le coeur qui parle plus que la raison

    Qu’allait-il donc faire faire dans cette galère ?

  11. Il est bon d’aller relire ce post chez Bernard Salanié:
    bsalanie.blogs.com/econom…
    Les économistes, même les meilleurs, sont humains après tout. Par exemple, sur le salaire minimum, il est dit: "Mais surtout, les régressions de FKP montraient que ce n’était pas leur perception des effets économiques d’une telle hausse du salaire minimum (sur l’emploi, sur le salaire, etc) qui séparait les spécialistes, mais bien leurs positions politiques globales."

    Gilles Saint-Paul, dont vous parlez, sans doute plutôt à droite, est un chercheur brillantissime et il produit aussi, à l’occasion, des écrits pour le grand public souvent très bons. Mais on peut parfois le surprendre se laissant aller à une petite réaction épidermique pas hyper argumentée. Je crois que cela vaut pour tout le monde.
    Rappelez vous ces déjà vieux résultats d’éco expérimentale où différentes tournures d’une même question induisent plusieurs réponses. Et bien peut être qu’on peut étendre ça à l’environnement dans lequel on est sensé répondre à la question. Et alors, même un économiste aussi brillant que Piketty peut parfois sortir un peu du comportement de chercheur rationnel et se laisser aller, le contexte politique aidant. Récemment en ces lieux, on se désesperait du discours économique d’un certain ministre de l’E… Et on rappelait aussi que DSK se laissait aller dans le pop internationalism de bas étage, le commentaire disant alors que c’est peut être obligé en politique.
    Bref, oui, peut-être qu’on doit accepter une certaine schizophrenie des économistes brillants, c’est peut ête le prix à payer pour que leurs (bonnes) idées fassent leurs chemin vers nos dirigeants.
    En même temps, c’est vrai que pour Krugman, quand on relit les bons vieux articles, on se dit quel dommage… Souhaitons que Piketty ne s’égare pas aussi loin.

  12. J’ajoute que ce comportement de Thomas Piketty peut être tout à fait rationel même du point de vue d’un bon chercheur, si celui ci accorde de l’importance à son influence aurpès des décideurs publics: si pour se faire un nom auprès des dirigeants politiques, il y a un rite de passage qui consiste à montrer qu’on est capable de dire des choses aussi peu rigoureuses qu’eux, alors c’est ce qu’on doit faire pour rentrer dans le club. Les coûts personnels d’une telle stratégie peuvent être élevés, mais c’est peut-être ce qui rend le signal crédible. Et ça en vaut la peine si un économiste désire très fortement être plus écouté. Faire l’idiot comme une sorte de cheval de Troie, une fois bien dans la maison, il aura peut-être plus de chance de convaincre sur ce qu’il a de mieux à apporter… Donc ex ante, ça peut être très bien; maintenant, vous me direz, ex post, il se rendra peut-être compte qu’il est impossible de convaincre ces gens, je pense qu’il le sait, et qu’il prend volontairement le risque d’être déçu…
    Ben oui, c’est pas joli la politique.
    Mais certains aiment beaucoup les économistes et veulent les voir monter haut, très haut:
    http://www.sachsforpresident.org...
    ehehe

  13. Moi ce que je me demande c’est comment un économiste raisonnablement compétent peut apporter son soutien à l’un quelconque des candidats à la magistrature suprême, à commencer par les jumeaux de l’apocalypse Sarkoyal et Ségozy.

    Chais pas, faut lui demander. Il doit bien avoir une raison. Peut-être qu’il ne partage pas votre point de vue.

  14. Sur la qualité des publications de Thomas Piketty, sur son dynamisme pour créer l’Ecole d’Economie de Paris, rien à redire.

    Sauf que son action semble se faire au détriment de l’honnêteté intellectuelle.

    Sur l’engagement militantiste de Piketty, par exemple, cela l’amène à écrire dans la presse des affirmations objectivement fausses. A titre d’exemple je m’étonne que Thomas Piketty, en commentant ( http://www.liberation.fr/rebonds... ) une promesse de Nicolas Sarkozy, écrive "La vérité toute simple est que jamais aucun pays développé n’a abaissé de 4 points son taux de prélèvements obligatoires." et donne comme exemple l’expérience de la Suède et du Danemark depuis 1990. Or, selon l’OCDE ( http://www.oecd.org/dataoecd/8/8... ), par le passé la Suède l’a baissé de 4,6 points de PIB (1990-95), la Pologne de 4,5 points (1995-00) les Etats-Unis de 4,2 points (2000-03), le Luxembourg de 3,8 points (1985-90). Plusieurs autres pays de l’OCDE les ont baissés de 2 à 3 points sur environ 5 ans.

    Qui croire? Le premier directeur de l’Ecole d’Economie de Paris ou la rigueur de l’OCDE? Ou croire par exemple que les Américains ne sont pas très développés?

    Je ne cherche pas à faire l’apologie de la baisse d’impôts, mais juste à souligner que c’est une façon un peu hâtive d’escamoter un débat qui a sa place dans une élection présidentielle.

    Il y a un souci de taille avec votre document OCDE. Ce sont les recettes fiscales, ce qui ne représente qu’une partie des prélèvements obligatoires. Si le coeur vous en dit, cherchez les bonnes données, on ne sait jamais. Si j’ai un peu de temps, je le ferai. Franchement, Piketty ne s’est probablement pas trompé là dessus. C’est un domaine qu’il maîtrise bien.

  15. @rigueur: Stupeur et tremblements ! Après vérification, ce qui est vrai pour les recettes fiscales l’est aussi pour les prélèvements obligatoires. Mais seulement à court terme. Ils remontent très vite. Alexandre vous l’a expliqué chez Salanié, mais je reprends pour les autres. Il suffit de faire du déficit. Mais on le paie tôt ou tard. Piketty aurait dû préciser qu’il s’agissait de réduire le taux de prélèvements sans accroître les déficits. Par ailleurs, cela reste très rare. Et, effectivement la lecture des données pour la GB sur la période Thatcher est assez éloquente.

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