Comment devenir riche en bourse?

Il arrive souvent que nos lecteurs nous demandent comment devenir riche en jouant en bourse; et nous sommes alors obligés de les décevoir en leur expliquant que nous n’en avons pas la moindre idée. C’est donc avec plaisir que grâce à Hal Varian, nous pouvons vous offrir un moyen, pas forcément de devenir riche, mais au moins, de faire mieux que la plupart des autres investisseurs.

L’idée de base est simple : en moyenne, les actions constituent un excellent placement. Pourtant, la majorité des investisseurs gagnent moins que ce que rapportent les actions qu’ils détiennent. Pourquoi? Parce qu’ils font trop de mauvaises transactions. Considérons une action qui vaut 10 €; un investisseur l’achète 100. L’action monte à 20 € au bout d’un an; alléché par cette hausse, notre investisseur en rachète 100; mais l’action baisse et revient au bout d’une autre année à 10€.

S’il s’était contenté d’acheter ses actions et d’attendre, notre investisseur se retrouverait, au bout de 10 ans, avec un rendement nul (la valeur de ses titres est inchangée). Mais comme il a racheté à 20, il a dépensé 3000€ pour un portefeuille qui au bout de deux ans en vaut 2000; il a donc perdu 1000€.

Cet exemple simplifié sert à montrer un phénomène important : le moment des achats et des ventes détermine la rentabilité de l’argent investi. Ce n’est pas une grande surprise; ce qui est étonnant, c’est le constat selon lequel à cause de ce phénomène, les investisseurs gagnent beaucoup moins que le marché. Quelqu’un qui aurait investi à la bourse de New York en 1926 et conservé son portefeuille aurait réalisé un gain annuel de 10% en conservant simplement ses titres; mais à cause du timing, le dollar investi par l’investisseur réel (en suivant les mouvements réels d’achats et de ventes) n’a rapporté que 8,6%. POur le Nasdaq, le phénomène est encore plus marqué : entre 1973 et 2002, il a a eu un rendement annuel moyen de 9,6%, mais l’investisseur moyen n’y a gagné que 4,3%. En moyenne, sur les principaux marchés mondiaux, le mauvais timing a généré une perte de rendement annuel pour les investisseurs de 1,5%.

Pourquoi les gens font-ils de telles erreurs de timing? Varian apporte là aussi la réponse : parce qu’ils achètent et vendent en fonction des informations de la presse. Or on constate que lorsqu’une entreprise fait les gros titres – que ce soit pour une mauvaise ou une bonne performance – cela indique qu’elle a connu des performances, bonnes ou mauvaises, anormales depuis quelques temps (ce qui est logique, il faut du temps pour que les journalistes le remarquent et collectent l’information pour rédiger leur article) mais surtout, cela annonce la fin de ces performances anormales. Déterminer son comportement d’achat et de vente sur la base de ces informations n’est donc pas une bonne idée.

Il en résulte donc deux conseils pour gagner en bourse :

– acheter et conserver est en moyenne une meilleure stratégie que d’acheter et vendre en cherchant le bon timing (cela réduira en plus vos frais de courtage);

– surtout, il ne faut pas acheter et vendre en fonction des recommandations des médias fondées sur des performances exceptionnellement bonnes ou mauvaises.

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Alexandre Delaigue

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11 Commentaires

  1. Il est clair que la stratégie "Buy and hold", quand on ne connait pas les marchés boursiers, est la meilleure stratégie qui soit. Comme le dit Warren Buffet, un milliardaire qui doit sa fortune à cette stratégie, dans cette optique, il ne faut pas hésiter à investir dans des entreprises dont on sait qu’elles seront toujours là plusieurs années après, même dans l’hypothèse où le marché boursier devait fermer le lendemain de l’investissement.

    Il affirme aussi qu’il faut investir uniquement dans des entreprises dont on comprend la stratégie et l’environnement. Cela vaut d’ailleurs pour chaque investissement. La première règle est de n’investir que dans des secteurs que l’on connait, pas ceux à la mode.

    Cependant, il faut aussi dire que Buffett a eu la chance de bénéficier de l’explosion des bénéfices et de la croissance des 30 Glorieuses. Et on peut tout à fait anticiper une croissance moins importante pour les prochaines années. Il y a donc un timing qu’il faut aussi savoir respecter sur les marchés. Il y a des cycles, et même si l’on n’achète jamais au plus bas, et l’on ne vend jamais au plus haut, il faut savoir les détecter pour en tirer judicieusement parti. A l’horizon de 30 ans, c’est un effet marginal, mais sur cinq ans, cela ne l’est pas forcément.

    En outre, il ne faut pas hésiter non plus à choisir des entreprises, telle que Air Liquide, qui récompense leurs actionnaires fidèles, par l’attribution d’actions gratuites, tous les 2 ou 3 ans. Le miracle des intérêts composés, et des dividendes, rend ensuite l’investissement extrêmement profitable.

    En pratique, les gens choisissent mal à la fois les titres achetés et le timing des achats et des ventes. Si ce que vous dites est juste en théorie – ou pour un opérateur qui dispose d’informations avant que celles-ci ne se retrouvent dans la presse (je ne parle pas de délit d’initié, mais d’une connaissance venant d’une analyse précoce) en pratique, une recommandation simple est d’acheter et de conserver. Quant aux actions gratuites, elles font plaisir à la veuve de Cazrpentras, mais sont la simple contrepartie de bénéfices non distribués dans le passé…

  2. La bourse, ça fait partie de mon métier. Voilà mes conseils :

    Premier principe : en bourse, il faut acheter quand ça monte et vendre quand ça descend. Je sais, dit comme ça, ça a l’air tout simple, et pourtant ! Investir en bourse, c’est un boulot pratiquement à temps plein.

    Deuxième principe : ne JAMAIS croire les communiqués des entreprises. Elles vous mentent, au mieux par ommission, et je sais de quoi je parle…

    Troisième principe : lire les rapports annuels des sociétés. Je sais, c’est long et fastidueux, mais la vérité est là, dans les bilans et leurs annexes ;

    Quatrième principe : certains "jouent" en bourse comme au tiercé. Forcément, il y a des déconvenues. Etre rationnel, ne pas céder aux modes, ne pas croire sa banque ni son voisin.

    Cinquième principe : vous n’êtes pas un professionnel, vous avez des frais de courtage et pas de logiciel d’achat/vente automatique, vous n’avez pas accès aux informations qui circulent forcément dans le milieu financier immoralement poreux. Vous serez toujours un petit joueur : soyez modeste, le coup du siècle, ça ne sera jamais pour vous.

    Voilà, vous vous toujours investir en bourse ? Alors investissez en bourse comme vous achèteriez votre résidence principale : en bon père de famille prudent.

    Bon trade les petits amis !

  3. "- surtout, il ne faut pas acheter et vendre en fonction des recommandations des médias fondées sur des performances exceptionnellement bonnes ou mauvaises."

    Ou alors il faut les prendre à contre-pied ? Vendre quand les nouvelles sont bonnes (et que le cours monte) et vis-versa ?

    Cela reste suivre les annonces et les informations. Il vaut mieux s’en déconnecter en pratique.

  4. Commentaire très facultatif : l’illustration du post ne fait-elle pas partie d’une série de caricatures antisémites ?

    J’ai trouvé cette image sur google images en cherchant “capitaliste”; celle-ci est très utilisée par l’internet d’extrême-gauche, mais pas (du moins pour ce que j’ai vu) dans une perspective spécifiquement antisémite. Les caricatures antisémites de ce genre présentent en général des juifs “typés” alors que dans cette image on a la simple image du capitaliste ventru, qui me paraissait pouvoir créer un effet de décalage amusant avec le sujet du post.

  5. "Quant aux actions gratuites, elles font plaisir à la veuve de Cazrpentras, mais sont la simple contrepartie de bénéfices non distribués dans le passé…"

    Tout à fait, mais étant donné que les dividendes distribués sont rarement réinvestis, les actions gratuites sont un moyen très pratique sur le long terme pour fidéliser et enrichir les actionnaires.

  6. Ca n’est pas Rotschild qui a expliqué qu’il s’était enrichi parce qu’il avait toujours commis l’erreur de vendre trop tôt ? 🙂

  7. Il y a qqch qui me dérange dans votre exemple. Lorsque l’investisseur achète des actions la deuxième fois, lorsqu’elles valent 20 euros, il fait clairement une mauvaise affaire. Mais si le nombre d’actions n’a pas changé, il me semble que cette mauvaise affaire doit être exactement compensée par une bonne affaire réalisée par qqn d’autre. A mon avis, ce n’est donc que si la société dont les actions sont cotées émet ou rachète des actions qu’on peut voir le phénomène que vous décrivez apparaître.

  8. J’ai deux bon conseils pour ceux qui veulent gagner en bourse :
    – tout d’abord ne jamais écouter les conseils de ceux qui surperforment le marché, car leur situation ne sera pas durable. (et pas forcemment les conseils des autres d’ailleurs)
    – acheter le portefeuille de marché, ce qui, de façon simple, se fait en achetant des trackers.

  9. Merci pour cet article et ces commentaires intéressants.

    Comme j’avais plusieurs commentaires à ajouter, principalement du point de vue du "père de famille prudent", j’en ai profité pour écrire un nouveau billet sur mon blog à ce sujet, en citant cet article.

    Pour ceux que cela intéresse :
    http://www.plusriches.fr/

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