Brève incursion dans la campagne (4) : consensus approximatif

Hier soir, j’ai regardé un bout de l’émission de France 2 avec Nicolas Sarkozy. Evoquant le programme économique, il a annoncé que Rexecode le soutenait et que Blanchard le soutenait. Puis, il a ajouté que “le consensus des économistes” annonçait que seul son programme était à même de créer de la croissance.
J’ai changé de chaîne. J’ai hésité à publier un billet. J’ai vu que Philippe Askenazy avait réagi. Je me suis demandé si je devais prendre le risque de publier un billet qui pourrait être mal interprété. En fait, j’étais furieux. Près de 24 heures après, je pense qu’il faut le dire : c’est un mensonge. Il n’y a pas de consensus sur le programme de Sarkozy chez les économistes. Ni pour Royal, évidemment. L’idée que les économistes puissent, en France, en 2007, se ranger tous derrière un candidat républicain est détestable. J’espère simplement qu’au delà de vous, lecteurs avertis, les autres ne l’auront pas cru. Faites le savoir, vous aussi.

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5 Commentaires

  1. Bon il y a au moins un bon point : tu n’es pas de ceux qui contestent à Nicolas Sarkozy le fait d’être républicain.

    Mais sinon, franchement, tout ça, c’est juste de l’hyperbole de campagne. Pas nécessaire d’être furieux. Tu crois les français dupes ? En tout cas ceux auxquels tu t’adresses ? Tu sais ce qu’on dit des juristes : autant de juristes, autant d’avis différents.

    En campagne, c’est comme dans la pub : celui qui croit vraiment que sa valise samsonite supporterait le poids d’un éléphant se goure.

    Je dois être furieux, compte tenu de ce que je fais depuis des années sur ce site. Compte tenu de ce que les gens pensent souvent en France de l’économie. Quand tu te fais traiter tantôt de gauchiste et tantôt d’ultralibéral parce que tu relaies simplement les travaux d’économistes, tu ne peux que dénoncer l’affirmation de Sarkozy. Quant aux gens auxquels je m’adresse, je sais qu’ils savent ce qu’il en est, puisqu’ils nous lisent ! C’est pour cela que je leur demandais de le faire savoir à ceux qui ne nous lisent pas. Alors, attention, je ne suis pas là pour leur dire de raconter à tout le monde dans la rue “Eh ! Sarko il est menteur, il a dit que…”.

  2. Je pense que ce n’est pas le seul mensonge que lui ou les autres ont énoncés dans cette campagne; vous aurez pu remarquer également la référence a Gordon Brown influençant le niveau de la livre ou le populisme euro sceptique.

    Mais aucun des candidats ne s’adressent aux bac + 5, urbains, intéressés par l’économie et la sociéte ouverte. Plus la campagne avance plus on s’adresse aux tripes en espérant déclencher un réflexe Pavlovien et identitaire.

    On a maintenant, par exemple, un débat sur le débat qui est interessant du point de vue de la théorie des options mais qui parait un peu surréaliste.

    Vous auriez du considérer cette partie comme l’occasion d’aller ouvrir une bière. D’une certaine facon c’est une loi du genre et deux de tchatche a capella, c’est long.

    Bon, il faut relativiser. Ca ne m’a pas empêché de dormir. Comme je l’ai dit dans le commentaire précédent, au dessus, il est normal que je relève et que je sois furieux. Depuis des années, nous disons qu’il y a une ligne de démarcation entre la pensée économique et la pensée politique. Que lire l’économie est un excellent moyen de prendre du recul. Sans naïveté, mais sans succomber au déterminisme français qui fait de l’économie avant tout un autre moyen de l’idéologie.

  3. Je suis le seul qui trouve le billet d’Askenazy gênant ? Dénoncer l’invention d’un consensus d’économistes à des fins politique et affirmer doctement que "l’on sait que [les 35H] ont créé 350 000 emplois" dans le même post, il faut oser, quand même.

    Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il a les commentaires qu’il mérite.

    À part ça, je n’arrive même pas à être agacé par cette phrase de Sarkozy. Mais peut être que l’énoncé quotidien, pendant plusieurs mois, d’inepties économiques susceptibles d’avoir d’importantes conséquences sur la vie de millions d’individus par les candidats à la présidence m’ont rendus un tout petit peu cynique…

    Je crois qu’il n’était pas nécessaire de chercher à discréditer Rexecode pour critiquer Sarkozy. Cela aurait évité d’avancer le chiffre, souvent cité et discuté, des 350 000 emplois créés ou sauvegardés. En même temps, la réputation de Rexecode quant à ses affinités politiques, que certains (je l’ai découvert récemment) disent très néfastes sur certaines de leurs études, a probablement titillé le militant Askenazy. Notez qu’il n’a rien dit sur Blanchard… Ceci explique sûrement cela. Quant aux commentaires sur son blog, il donne pas mal le baton pour se faire battre, je l’ai constaté. Mais, non, même si je suis personnellement resté sur ma faim avec son blog, il ne le mérite pas à ce point. Regardez chez François Dubet, c’est une calamité. Et il n’a vraiment rien fait pour cela. Je crois que le nouvel obs est vraiment un site à éviter pour bloguer en tant qu’invité. Il reste que son message sur les soutiens économistes est exact.

  4. Mr SM vous avez entièrement raison mais que voulez vous ? L’idéologie prime sur tout dans ce pays. Que ce soit le débat économique, politique où social rien n’échappe à l’idéologie. Le niveau du débat est tellement bas (y compris quand on est pas en période électorale)alors que 80% de chaque génération est censée avoir le BAC et qu’on est censé être aussi la 4ème ou la 5ème économie de ce monde. C’est pathétique.

  5. En fait autant le premier mensonge ne me fait ni chaud ni froid dans la mesure ou il n’aura aucune conséquence, il est juste (dés)informatif, celui sur les économies a attendre du non remplacement de un fonctionnaire sur deux partant a la retraite me parait a la fois plus pervers et plus représentatif de la langue de bois politique.

    Si mon calcul de coin de table (de cuisine) est correct, un fonctionnaire a la retraite coute au budget de l’État autant qu’un fonctionnaire en activité et il n’y aura donc aucune économie, donc pas de réduction de la dette ni amélioration des salaires des restants et de leur condition de travail sauf si on ne remplace aucun fonctionnaire partant a la retraite.

    Pourquoi ne pas dire non plus, au lieu de ne parler que des pauvres gabelous privés de frontières, que la France est un des deux ou trois pays les plus fliqués d’Europe et que nous avons donc trop de policiers. Que nous avons aussi un surnombre d’hôpitaux, certains devenant dangereux tous étant probablement sous équipés par rapport a ce qui se fait chez nos voisins, et que par conséquent nous avons aussi probablement trop d’infirmières qui par dessus le marché ne font probablement pas ce pour quoi elles sont payées. Ou trop de professeurs?

    Que le problème de pénurie provient tout bonnement d’une gestion des ressources humaines archaico-rigide et découlant directement du statut de 1946 amplifié par une évolution vers la co-gestion avec des syndicats. On aurait pu a ce moment la évoquer l’exemple Nordique a bon escient.

    Vous avez dit suicidaire? Et le parler vrai alors.

    Peut-être nous éloignons nous un peu de l’objet de ce billet… Je ne prévoyais pas une discussion autour des programmes. Un point cependant : un fonctionnaire à la retraite coûte, d’un point de vue comptable, celui privilégié jusqu’à présent, moins cher, puisque les retraites ne sont pas au niveau des salaires d’activité. A l’échelle d’un fonctionnaire sur deux, ce n’est pas négligeable. Un autre truc, oui, il y a trop de profs, j’ai pas assez d’heures sup ;-).

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