Après l’annonce du programme économique de S. Royal

Le programme – notamment économique – de Ségolène Royal est maintenant officialisé. Ou en est-on, que peut-on penser de celui-ci, par comparaison avec celui de N. Sarkozy? Quelques remarques.

On pouvait jusqu’à présent se fonder sur quelques idées pour la comparaison Royal-Sarkozy. Premièrement, il existe un clivage gauche-droite sur la question du travail. A droite, on privilégie l’augmentation du travail individuel; à gauche, on encourage la tendance récente à la diminution du temps travaillé. Ce clivage subsiste-t-il?

Pour l’essentiel, oui. Alors que “travail” était inlassablement répété dans le discours d’ouverture de campagne de N. Sarkozy (répété plus de 50 fois) on trouve deux fois moins d’occurrences du mot dans les 100 propositions Royal (25 dans les propositions, 35 dans le discours les présentant). Et le contexte est lui aussi différent : chez Royal, c’est plutôt “nous allons travailler à”, ou l’évocation de problèmes de sécurité liée au travail, quand c’est le travail en tant que tel qui était répété chez Sarkozy. Le clivage subsiste donc.

Un point mérite d’être remarqué dans les deux discours : la disparition du chômage. Le mot est cité deux fois en tout et pour tout par Royal, une fois pour Sarkozy. On peut interpréter cette quasi-absence de trois façons. Soit ce sont les spin-doctors rédacteurs de programmes qui proscrivent les termes à consonance négative, comme chômage, pour éviter de provoquer un rejet de l’auditeur; soit les candidats pensent que le problème va se résoudre tout seul, grâce à la croissance et la démographie (ils vont être bien déçus); soit les candidats ont pris acte des préférences de la société française, dans laquelle un taux de chômage plancher de 8,5% est considéré comme une norme acceptable; réduire ce taux impliquerait des réformes du fonctionnement du marché du travail en France dont une majorité ne veut pas; Ces préférences sont après tout celles de tous les pays d’Europe continentale (Allemagne, Italie…) dans lesquels les électeurs votent systématiquement pour le statu quo.

Au total donc, le clivage sur la question du travail subsiste dans les intentions, si ce n’est dans les propositions. On a déjà expliqué qu’en pratique, le programme de Sarkozy ne contenait que peu de réels encouragements à travailler plus (à l’exception notable de la volonté de vider les 35 heures de leur substance), et plutôt des baisses d’impôt très favorables au patrimoine et aux revenus du capital. De son côté, Royal n’a pas voulu laisser la question du travail en monopole à son adversaire, et a repris par exemple dans son programme sa critique des 35 heures. Mais dans l’ensemble, la différence de perspective sur le travail subsiste.

Le second constat que l’on pouvait faire avant la campagne portait sur les différences de stratégie. Pour citer de nouveau EuroIntelligence, les français ont le choix entre deux candidats : l’une n’a pas de programme, et l’autre en a un mauvais . Sur ce dernier aspect, on peut constater que beaucoup d’économistes ont récemment lourdement critiqué le programme de Sarkozy. Cela vient certes en partie de ce que nombre d’économistes français sont plutôt proches du PS, mais surtout que ce mélange de baisses d’impôt, de hausse des dépenses publiques, et de protectionnisme corporatiste pop-internationaliste est consternant. Ce dont on pouvait se douter lorsqu’il était ministre de l’économie se confirme : Sarkozy ne comprend strictement rien aux questions économiques et a en la matière des idées absurdes. Comme il est par ailleurs entêté et sûr de lui, c’est un cocktail peu rassurant.

Dans le cas de Royal, l’absence de programme a été, depuis le début, une stratégie. En s’abstenant de toute proposition concrète, tout en émettant des signaux dans diverses directions (35 heures, travail des enseignants…), tout le monde pouvait incarner en elle ses propres aspirations; cela était accentué par un positionnement annonçant que Royal a “les idées des français”, les débats participatifs et les jurys citoyens pour contrôler les élus. Si elle a les idées des français, elle a probablement les miennes, pouvait se dire chacun. Cette stratégie a par ailleurs l’intérêt d’obliger l’adversaire, pour se différencier, à multiplier les propositions, au risque de se trouver sous le feu des critiques et de déplaire. Cette stratégie, cependant, présente un problème simple : lorsqu’on se trouve au pouvoir, il faut bien faire des choix, et alors s’aliéner une bonne partie des gens ayant voté pour vous.

On pourrait penser que maintenant que des propositions sont explicitement annoncées, le temps de cette stratégie est terminé. Pourtant, ce n’est pas le cas. Lorsqu’on lit l’ensemble des propositions (en matière économique) on est frappé de l’imprécision générale des propositions, et du fait que chaque proposition marquante dans un sens est contrebalancée par un excès inverse. Au total, cette ambiguité entretenue fait que chacun peut se retrouver dans ces propositions, et cet ensemble peut être interprété, de façon défendable, soit comme un programme social-démocrate à tendance blairiste, ou comme une barre à gauche toute, tendance mai 1981. Il y a dans ce programme de quoi nourrir ces deux interprétations, et tous les intermédiaires.

Ainsi par exemple, la hausse du SMIC à 1500 euros est annoncée “dès que possible”; cela peut tout vouloir dire. Soit une hausse massive et brutale tendance 1981; soit la simple continuité de la politique menée depuis des années par la gauche comme la droite d’augmentations légales auxquelles viennent s’ajouter des “coups de pouce” démagogiques qui conduiraient de toute façon le SMIC à ce niveau d’ici 5 ans. On annonce que les débats participatifs prônent plutôt les “réformes structurelles” que les actions macroéconomiques, mais on multiplie les propositions de hausses de dépenses. Et tout à l’avenant.

De façon générale, le PS reste le parti extrêmement généreux avec l’argent et les biens des autres; Il n’y a pas de problème qui ne soit susceptible d’être réglé par une quelconque allocation, une taxe, ou une règlementation limitant les fluctuations des prix. On appréciera la ridicule proposition de réquisitionner les logements vacants “pour raisons spéculatives” (bonjour l’interprétation : dès l’instant ou l’on met un logement en vente, c’est en espérant que l’on va réaliser une plus-value… bonjour aussi les pseudos-travaux interminables qui seront menés pour se dissimuler). On se demande en observant ces mesures économiques ce qui est ressorti des débats participatifs : l’essentiel était déjà dans le programme du parti socialiste (et le pacte de Nicolas Hulot, dont les chiffrages d’emplois créés par l’écologie sont repris sans la moindre hésitation). Et comme le constatait déjà Bernard Salanié à propos de celui-ci, cela traduit surtout la panne complète d’idées du parti socialiste qui ne sait plus qu’invoquer les vieilles recettes : subventions à tout ce à quoi on peut adjoindre un adjectif positif (développement durable, innovation…) sans préoccupations autres qu’incantatoires (avec des truismes comme “un euro dépensé doit être utile”); recommandations de “grandes négociations” entre syndicats et patronat qui n’ont jamais mené à rien; stimulation temporaire et intenable du pouvoir d’achat dont il faut essuyer les conséquences ensuite; concours Lépine de la réglementation; cette fois-ci, on y ajoute même une nationalisation de fait (EDF-GDF). Dans le tas, on peut trouver quelques idées intéressantes, d’autres parfaitement catastrophiques. On peut ensuite choisir selon ses attentes. Appliqué à la lettre, c’est une recette pour refaire 1981; mais l’ensemble ne sera probablement pas appliqué à la lettre. On reste donc dans l’expectative face à un PS totalement incapable de trouver des idées nouvelles.

C’est d’autant plus rageant qu’il y avait la possibilité de constituer un programme intéressant. Il est dommage qu’il y ait tant de bons économistes français proches du parti socialiste, mais qu’ils soient si peu écoutés. Au hasard par exemple, on aurait pu s’inspirer du dernier travail de P. Askenazy et K. Weidenfeld sur les effets des lois Royer-Raffarin; Askenazy et Weidenfeld y montrent qu’en protégeant les groupes de grande distribution français de la concurrence des hard-discounters étrangers, cette loi a accru l’exploitation des salariés de la distribution, augmenté les prix à la consommation, notamment des produits alimentaires, et empêché la création de probablement 100 000 emplois. Voilà une cause rêvée pour le PS : une loi dont le nom est celui d’un premier ministre très impopulaire, la défense du pouvoir d’achat, la défense du consommateur contre la grande distribution, le tout favorable à la croissance économique! Mais cela impliquerait d’admettre que la concurrence, notamment étrangère, est bénéfique, et l’interventionnisme étatique souvent nuisible; horresco refferens. On en restera donc toujours aux mêmes recettes éculées et inefficaces.

En matière économique, le choix entre Royal et Sarkozy reste donc largement inchangé : absence de programme contre mauvais programme. Il reste quand même un point qui n’est, à ma connaissance, jamais abordé : le fait que les deux programmes en question sont parfaitement incompatibles avec les contraintes liées à l’Union Européenne. Le programme de baisses d’impôts conséquentes de Sarkozy ouvre la voie à une élévation des déficits publics non moins conséquente; son discours très hostile aux nouveaux pays de l’Union, son protectionnisme échevelé et sa conception d’une Europe forteresse contre les importations, ses attaques envers la BCE, sa façon de vouloir imposer un mini-traité aux autres pays; tout cela (avec sa façon d’être persuadé d’avoir toujours raison) ouvre la voie, en cas d’élection de Sarkozy, à une période de conflit permanent avec le reste de l’Europe, mettant la France dans la position de la Grande-Bretagne thatchérienne des années 80. Mais on peut imaginer un scénario du même ordre avec une victoire de Royal. La fusion-nationalisation EDF-GDF serait un casus belli vis à vis de la commission; la volonté annoncée de modification des statuts de la BCE pour y introduire des objectifs de croissance et d’emploi seraient très mal perçus par les allemands et bon nombre d’autres pays de la zone euro. Si on ajoute à cela une politique de relance à contretemps à base de hausse du Smic et des dépenses sociales, on a la recette de la période 1981-83 : l’obligation sous la contrainte des évènements de changer brutalement de cap, et la mise sous pression de l’Union Européenne. Or celle-ci est bien plus fragile aujourd’hui qu’à l’époque. Il y a là un gros risque qui semble totalement négligé à la fois par les candidats et les commentateurs.

Il faut cependant nuancer ce risque – et nuancer tout ce que l’on peut tirer des programmes électoraux. Lors d’une élection présidentielle, on vote pour un individu qui pourra exercer un pouvoir despotique et hors de tout contrôle en matière de politique étrangère et de défense; mais les autres politiques sont déterminées par les élections législatives. Or rien ne garantit que celui ou celle qui sera élu président aura une majorité à l’assemblée pour exercer le pouvoir. On peut tout à fait envisager des législatives donnant un résultat inverse de celui de la présidentielle; ou une situation plus inédite, sans majorité nette pour le PS ou l’UMP, imposant une coalition gouvernementale mêlant droite et gauche, faisant de l’UDF un parti pivot créant et détruisant les majorités. On me rétorquera que ce genre de scénario est peu probable; c’est vrai. Mais il ne faut pas oublier que c’est celui qui a la faveur de l’écrasante majorité des français.

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Alexandre Delaigue

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15 Commentaires

  1. En clair entre les deux il faut choisir le moins pire ?

    J’aurais tendance à penser, si on regarde derrière les 2 candidats, que Sarkozy reste le seul choix.
    derrière Royal, on ne sait pas trop ce qu’il y a quelle est son équipe, et ses discours presque anticapitaliste (comme à paris) font peur.
    derrière Sarko, des présences rassurent. Blanc, par exemple. Dans une optique social Borloo ne semble pas être contreproductif. Bertrand et Fillon semblent réglos.

    Pfff.
    Vivement le jour ou un candidat se réclamera clairement pour une théorie économique viable, plutôt qu’un panachage de mesures moyennes qui ensemble ne fonctionnent pas.

    Jacques Rueff avait coutume de dire aux candidats “soyez libéraux, soyez socialistes, mais ne soyez pas menteurs”. La remarque reste valide. Pour le reste, vous votez pour qui vous voulez.

  2. Bonjour,

    Tout d’abord, je suis d’accord sur le fait que Sarkozy n’y connaisse rien en économie !

    Ensuite, je dois noter une petite erreur me semble-t-il au niveau du pacte présidentiel de Ségolène Royal:
    Les 1500 euros sont en brut, et non en net. A vrai dire, vous pourriez avoir raison, cela n’est spécifié nulle part, mais ils étaient en brut dans le programme PS, donc, je ne vois pas en quoi cela aurait changé. Et du coup, la critique faites à ce sujet ne tient plus.
    C’était une coquille, elle est corrigée. La critique reste elle entièrement valide.

    Ensuite, le PS ne fait pas cela pas générosité :
    – Les bourses des étudiants seront attribué si ils donnent du soutien scolaire.
    – Les RMIstes devront avoir une activité.
    – Mieux vaut payer un peu plus, (90% du salaire) pour donner une formation à quelqu’un, plutôt que de le laisser végéter chez lui au chômage. Il devrait retrouver plus facilement du boulot si la formation est adéquat, et avec un double cursus, il aura moins de chance de retourner au chomage.
    – etc…
    Mais bien sûr. Surtout, ce genre de choses est d’une originalité foudroyante, n’a jamais été essayé, et de ce fait sera d’une superbe efficacité. Vous n’avez pas vu beaucoup de campagnes électorales à mon avis. Le RMI doit être soumis à une activité depuis sa création : ce n’est toujours pas le cas (et c’est inapplicable). Ne parlons pas de la formation : si cela fonctionnait, cela se saurait. Et tout à l’avenant.

    En effet, elle n’a pas repris l’article de P. Askenazy et K. Weidenfeld sur les effets des lois Royer-Raffarin. Mais il ne tient qu’à vous d’en parler à l’équipe du PS, vous devez bien connaitre quelqu’un pour cela. Et au pire, il suffit d’envoyer un mail à l’équipe de Ségolène Royal. Vous trouverez les différents mails sur le site, ou alors, demandez moi, je vous les trouve. (Je fais parti d’un comité de soutien)
    Si vous faites partie d’un comité de soutien, n’hésitez pas à transmettre l’information. Mais étant donné qu’Askenazy est déjà plutôt proche du PS, je pense qu’ils ont déjà eu la possibilité d’en parler; ce qui manque au PS ce ne sont pas les sympathisants qui envoient des bonnes idées, c’est le logiciel pour s’en servir.

    Et justement, cela tombe bien, car Eric Besson, secretaire national du PS à l’économie, vient de démissionner. Vous pourriez vous portez candidat intérimaire, non?

    Si j’avais à rédiger le programme économique du PS, je pense que cela donnerait un résultat assez comique.
    Franck Vassal

  3. Très bon billet.

    J’avais aussi tiqué sur la limitation des frais de logement à 25 % des revenus du ménage par le biais d’une hausse des allocations logement. Tout étudiant ayant suivi un cours de micro en DEUG sait que lorsque la demande est relativement rigide, le montant de la subvention passe quasi-entièrement dans la poche de l’offreur via une hausse du prix. Une telle mesure serait non seulement extèmement chère, mais largement innefficace.

    Oui, je me suis fait exactement la même remarque. Il subsiste au PS une ignorance de mécanismes basiques assez invraisemblable. Cela dit, c’est partagé (ah, Sarkozy et ses négociations pour faire baisser les prix…)

  4. La campagne actuelle (et les précédentes) me rappelle les remarques acides d’Alfred Sauvy (Histoire économique de la France dans l’entre-deux-guerres) sur l’ignorance des dirigeants politiques en matière économique. À l’époque il visait autant la droite déflationniste – Laval, Doumergue, Flandin – que le Front Populaire – Blum ou Auriol (avec quelques nuances pour Blum).

    Ce qui est remarquable aujourd’hui, c’est que l’on a des dirigeants qui, pour la plupart, ont une formation économique – au moins quelques bases – et que leur ignorance n’est pas moins importante que dans l’entre-deux-guerres. Finalement, Sauvy a tort : les politiques peuvent être ignorants en matière économique, car leur problème est d’abord de savoir s’entourer.

    Sauvy insistait également sur l’incapacité à prendre en compte les facteurs extérieurs: dans les années 1930, l’un des problèmes est le différentiel entre les prix français et les prix mondiaux, beaucoup plus bas, d’où le militantisme de Paul Reynaud à partir de 1934 pour une dévaluation, faite par le Front Populaire sur les conseils d’un inspecteur des finances, Mönick. La capacité à prendre en compte les facteurs extérieurs n’est pas plus grande aujourd’hui (sauf en termes de diabolisation du plombier polonais), dans un monde où les barrières douanières, contrôle des changes et contingentements sont bien moindres et le marché international plus développé.

    S’ajoute à ça l’ignorance d’un facteur qui n’est plus vraiment extérieur, l’Union européenne.

    Pourtant, à droite comme à gauche, il y a des moyens de mener des politiques économiques à peu près efficaces. Mais, il faudrait à l’occasion songer à penser ou, plutôt, à bien s’entourer.

    Durant les années 30, il y avait une excuse, qui était le fait qu’en matière de politique économique, même les économistes ne savaient pas trop quoi faire. Je ne suis pas certain que suivre à l’époque les recommandations d’Alfred Sauvy aurait été systématiquement judicieux! Mais aujourd’hui on dispose quand même d’un corpus de base qui permet d’analyser les politiques économiques correctement. Vous avez raison de dire que ce n’est pas forcément la vocation des dirigeants politiques d’être instruits dans ce domaine, il suffit qu’ils sachent s’entourer; mais précisément, on imagine que ce sont les gens qui entourent qui rédigent, ou réflechissent, sur les programmes : on dirait que ce n’est pas le cas.
    Donc soit les dirigeants ne sont que le reflet de l’ignorance économique si répandue dans la population; soit ils mettent les aspects symboliques en premier (après tout, une élection est largement une action rituelle) ce qui les conduit à s’éloigner de la rationalité. Après tout c’était pour des raisons symboliques qu’on ne voulait pas dévaluer le franc dans les années 30; aujourd’hui on retrouve un peu ce genre de préoccupations.

  5. Faut dire ce qui est : ce n’est pas un mauvais programme contre une absence de programme mais bien deux très mauvais programmes qui s’affrontent. Les programmes rivalisent d’absence de cohérence, de démagogie (les deux programmes sont aussi ruineux l’un que l’autre), de mensonges par ommissions, voir de mensonges tout court (4 points d’impôts en moins, elle est bien bonne celle là).

    Bref tous les attributs d’une campagne moche à voir pour l’instant. Moi qui refuse par principe le vote blanc et les votes inutiles, me voilà bien embarassé.

    Dernière remarque : on devrait imposer à chaque candidat un quota minimal d’ouvrages économiques à lire, Salanié, Krugman (même s’il date), Cahuc, voir même celui de Thesmar et Landier… Ou même venir sur ce blog, cela ne leur ferait aucun mal. Il ne s’agit pas d’avoir un programme impeccable à mes yeux mais juste un peu de cohérence du point de vue économique.

  6. Félicitations pour ce billet très instructif.
    Néanmoins, j’en appelle à des précisions : vous parlez de points économiquement bons dans les programmes de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy, lesquels d’après vous?
    Ensuite plus largement, vous êtes économistes et vous pensez qu’il est bon que les hommes politiques suivent l’avis de leurs économistes affiliés, mais si on vous demandait de l’aide pour résoudre les problèmes économiques principaux de la France, concrètement, que proposeriez-vous?

    Par exemple, dans le programme de Royal, l’idée reprise à E. Wasmer de simultanément accorder un service de la caution, et de faciliter les expulsions de locataires indélicats. Ou l’idée de supprimer la très forte désincitation au travail pour les bas salaires en permettant des cumuls d’aides et de revenus salariaux. Dans le programme de Sarkozy, le contrat de travail unique, ou l’idée de détaxer les heures supplémentaires sont cohérentes. Dans les deux cas, on approuve ou pas l’idée, mais les moyens sont cohérents avec les fins.
    Sinon je ne suis pas certain qu’il faille un, ou plusieurs, programmes d’économistes. Je n’aime pas trop l’idée de pouvoir des experts que cela sous-entend. C’est le rôle du politique que de faire des choix, c’est le rôle de l’économiste d’éclairer ces choix; pas l’inverse, comme on a trop souvent tendance à le faire en France, avec des politiques qui refusent de choisir et se réfugient derrière les experts ou les revendications de la populace comme excuse de leur manque de courage.
    Cette précaution étant prise, je pense qu’on se préoccupe trop de problèmes de budget de l’Etat, de questions sociales/marché du travail, et pas assez de l’essentiel, à savoir la concurrence et la productivité. Supprimer les barrières aux importations et aux échanges, notamment dans les services, dans la banque et la finance, ouvrir l’accès aux migrants de travail en provenance des nouveaux pays européens, accroître la concurrence sur les marchés de biens (cf loi Raffarin), réduire les diverses formes de corporate welfare qui soutiennent des entreprises peu productives; voilà un programme économique qui peut occuper une législature et susceptible de générer rapidement des gains importants.

  7. Le fait que les politiciens ne s’entourent pas d’économistes (de VRAIS économistes) vient sans doute en partie du fait que de tels individus donneraient aux décisions prises un caractère technocratique, insulte suprême… Vaut mieux un bon paquet de propos de bistrot, au moins ça respecte les idées des français, proches du terrain et au courant des réalités!
    Décidément, Keynes et son dentiste avaient vu juste…

  8. Vous n’aimez pas qu’on conteste un tant soit peu votre point de vue: mon post qui discutait le fait de ne prendre en compte dans l’analyse que des variables purement économiques n’est pas publié.

    Il n’y a pas que les variables économiques qui agissent sur l’économie, le mode de gouvernement est important aussi.

    Ce post-ci sera-t-il publié ?

    Je pense que vous avez soit oublié de remplir le captcha ou été victime d’un bug de postage (cela arrive hélas). Je ne trouve aucune trace d’un ancien commentaire de votre part dans les 10 derniers jours. Et effectivement, il nous arrive de ne pas publier des commentaires qui nous déplaisent; le mieux pour éviter cela est de nous flatter outrageusement, ou de nous envoyer des chèques.

  9. Correctif et addendum à mon message posté plus haut : je voulais bien entendu dire que c’est quand l’offre (et non la demande) est relativement rigide que les offreurs empochent les aides au logement. Sur ce sujet, l’étude de Gabrielle Fack (http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_... est assez parlante, et aboutit à la conclusion qu’entre 50 et 80 % des allocations ont été absorbées par la hausse des loyers.

  10. Le programme Blanc-Sarko sur l’économie de l’innovation ne serait-il pas à même de nous permettre d’avoir une croissance forte et durable (plus que tout jeu budgétaire ou fiscal) ?

    Je ne viens pas faire le pénible ni trop le naïf. Je viens souligner que, dans un programme comportant des non-sens, il y a des mesures structurelles à même de relancer fortement notre économie. Du genre ce qui est prôné par Blanc dans "la croissance ou le chaos", son rapport l’écosystème de la croissance et <a href="http://www.energies2007.com/inde... il rappelle les principaux éléments ici</a>.

    C’est une question.

    Pour le moment, tout ce qui reste de la perspective des clusters dans le programme de Sarkozy, ce sont les subventions à la recherche, et les subventions diverses et variées. Autant dire que cela n’encourage pas à un très grand optimisme. Nous avons consacré ce post aux idées de Christian Blanc sur les clusters; pour l’instant, je crains qu’on conserve de ses idées les subventions déversées sans discernement (comme on l’a fait assez largement avec les pôles de compétitivité) et que le reste, la partie plus difficile, soit négligée. On verra lorsqu’il y aura un programme plus précis (s’il y en a un), mais pour l’instant, ce qu’a expliqué Sarkozy sur ce point n’a rien de très convaincant.

  11. Il y a quand même une gouvernance autonome pour les universités, qui participe de la logique des clusters, non?

    Certes, chez Royal aussi en interprétant un peu (les remarques sur l’état Jacobin). Soyons clair, ce n’est pas ça qui élévera le taux de croissance en France.

  12. Ne soyez pas pessimiste, votez simplement pour le/la candidat(e) qui pourra le plus facilement faire le contraire de ce qu’il a promis (Chirac?).

    Si on pense que cette campagne électorale est la dernière ou le politique a une certaine marge de manœuvre, on n’est pas trop bien parti.

  13. Excellent billet, presque aussi bon que celui sur l’apocalypse de Hulot.

    J’ai une question assez candide. Vous dites 2 fois que Sarkozy est entêté. Piketty va jusqu’à parler de foi messiannique. Il s’agit là d’une critique assez peu fréquente de Sarkozy. Qu’a-t-il donc fait aux économistes?

    En plus de ce que dit Léconomiste, c’est son passage aux finances qui a déplu. Se prétendre libéral et avoir pour bilan la nationalisation d’Alstom “pour créer des emplois” et le rétablissement du contrôle des prix, c’est pire que lamentable. Ses conférences de presse à l’époque avaient quelque chose de pathétique, traduisant une incompréhension complète de son sujet.
    Et l’entêtement a été aussi net à cette époque. Ne pas être compétent est une chose. Refuser de le reconnaître et en rajouter des couches, c’est déplorable.

  14. @ Liberal : Qu’est-ce que Sarkozy a fait aux économistes ? Il a déçu. Qu’on se soit dit "chic, enfin un vrai libéral à droite" ou "je ne l’aime pas, mais au moins c’est un libéral cohérent", il a fallu déchanter. Il a récemment montré combien il procédait plus du traditionnel corporatisme de droite avec ses sorties sur les taxes à l’importation que d’un quelconque libéralisme.

    Suis-je en train de dire que tout les économistes sont libéraux ? En un sens, oui : tous les économistes ou presque sont favorables au libre-échange. Là où ils diffèrent, c’est sur l’opportunité et la manière de compenser les agents qui à court terme perdent au passage à une situation de libre-échange.

  15. Ne faudrait-il pas voter pour Paul Reynaud pour avoir un homme politique compétent en économie?

    Faire voter les morts, ça arrive. Voter pour un mort, c’est plus rare 🙂

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