Il n’y a pas que la palme à Cannes cette semaine

Le Prix 2005 du meilleur jeune économiste, décerné par le Cercle des économistes et Le Monde a été remis ex aequo à Esther Duflo et Elyès Jouini.Esther Duflo, vous la retrouvez régulièrement dans Libération, où elle tient une chronique. Son domaine, c’est l’économie du développement. Et ses chroniques sont en général de grande qualité, alliant clarté et précision. Elyès Jouini fait de la finance.

Extrait d’un entretien donné au Monde (édition datée du 16/05/05) par Jouini qui illustre assez bien l’état d’esprit actuel de la recherche, en finance et plus largement peut-être, en économie :
“N’est-ce pas paradoxal pour un mathématicien de s’intéresser à des marchés financiers dont le comportement paraît souvent irrationnel ?

Ce à quoi je m’intéresse précisément, c’est à cette soi-disant irrationalité. Est-elle vraiment si irrationnelle que cela ? Est-elle liée à d’autres formes de rationalité ? On cite de façon récurrente des anomalies du marché, comme les primes de risque excessives, la volatilité excessive ou encore la déconnexion entre la sphère financière et la sphère réelle. Est-ce que ces anomalies sont irrationnelles ou est-ce qu’elles ont des fondements ? Pour aborder ces questions, l’approche mathématique est complétée par une approche empirique expérimentale. Celle-ci consiste par exemple à interroger des individus en situation de laboratoire pour mieux comprendre leur mode de fonctionnement. Nous nous intéressons de plus près à la divergence d’opinions entre experts, entre analystes financiers ou entre investisseurs de base et au fait de savoir comment cette divergence peut interragir avec le marché.”

Duflo est chercheur au MIT où elle a créé un labo, le Poverty Action Lab. Voici ce qu’elle dit sur le contexte de la création de ce labo :
“C’est le fruit de mon itinéraire et du hasard. Mais il est aussi vrai que nous pouvons obtenir aux Etats-Unis des moyens de financement que nous aurions eu plus de mal à trouver en Europe. Nos travaux coûtent cher, parfois plusieurs centaines de milliers de dollars. Et jusqu’à présent, ici, nous n’avons trouvé aucune difficulté à mobiliser de l’argent que ce soit à travers le soutien de la Banque mondiale, des institutions publiques américaines ou des fondations privées.”

Bravo à tous les deux, qui nous lisent souvent pour trouver de nouvelles idées de recherches, je le sais (eh eh, arrêtez de vous marrer comme ça :o) ).

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