Tabac et économétrie

Observant les élèves en train de fumer devant mon lycée, où le chef d’établissement a demandé d’anticiper un peu l’interdiction de fumer, il m’est venu une idée d’étude économétrique, qu’un disciple de Steven Levitt pourrait peut-être apprécier de mener.

Avant, les élèves fumaient dans la cour. Là, ils fument dehors, sur la voie publique. Le trottoir est un peu étroit pour accueillir tout le monde sans que cela ne se remarque. Avant, il s’agissait d’un lieu de passage. Nul besoin, je crois, de souffrir d’un biais sécuritaire pour savoir qu’il est rarement bon de multiplier les concentrations de foule. L’usage de la cigarette devant les établissements créera-t-il des problèmes de sécurité ? En réfléchissant à la disposition pénale de la loi qui sanctionne de 68€ une personne surprise en train de fumer dans un établissement scolaire et de 135€ le chef d’établissement, je me suis demandé si ceux-ci ne pourraient pas légitimement demander des moyens pour pouvoir appliquer la loi. Par exemple, pour pouvoir surveiller les coins reculés, un système de vidéosurveillance ne serait-il pas jugé utile ? Quel peut être l’impact budgétaire de ce genre de choses ?
Ce ne sont que deux exemples. Le premier, je pense, est une réelle préoccupation dans certains établissements. Quant au second, on reconnaîtra qu’il n’est pas forcément si prégnant, ne serait-ce que parce que les contrôles extérieurs (dont on ne sait pas encore qui s’en chargera dans les établissements scolaires, l’inspection du travail n’y intervenant pas) risquent d’être plutôt rares.
Tout ça pour dire qu’à côté des études attendues (sur la fréquentation des bars et restaurants, par exemple), tout un tas de petites études pourraient apparaître.

add : lu aujourd’hui (30/01/07) dans Le monde au sujet de la fin du tabac dans les lycées : “Au ministère de l’éducation nationale, on reconnaît que la loi risque de poser certaines difficultés de mise en oeuvre. ” Ce qui nous tracasse le plus, c’est la gestion des flux d’élèves aux abords des établissements à l’heure de midi “, explique-t-on à la direction de l’enseignement scolaire. La concentration de fumeurs sur les trottoirs risque de poser des problèmes de sécurité routière, de racket, voire d’attirer les trafiquants. Dans ce contexte, le ministère a réalisé dix fiches techniques à l’intention des chefs d’établissement consultables sur Internet pour les aider à faire appliquer la loi.”. Les fiches sont ici.

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3 Commentaires

  1. Une analyse ADN automatique et systématique menée sur l’ensemble des mégots ramassés dans la cour par les drones (et blimps) autonomes de surveillance comparée aux données obtenues par prélèvement de salive obligatoire à l’entrée en maternelle serait certainement à la fois plus économique et dissuasive, conciliant à la fois la nécessité d’un ordre juste, la promotion d’une logique de sanction immédiate en cas de délit et la maîtrise de la dépense publique.

    La méthode, ainsi financée, et associée au recours à la lecture des données biométrique du passeport rendu obligatoire dès 16 ans pourrait de surcroit être utilement recyclée pour limiter la triche aux examens.

    (Pardon.)

  2. Ne pourrait-on, à l’échelle de l’établissement scolaire, proposer un système de primes, par lequel l’établissement récompenserait la livraison d’informations permettant la découverte et l’arrestation des fumeurs clandestins de l’établissement ?

    On pourrait aussi prévoir un programme par lequel un fumeur appréhendé verrait sa peine commuée en cas de dénonciation d’un fumeur inconnu des services d’investigation de l’établissement.

  3. C’est marrant, je m’étais fait une remarque similaire, en repensant à mon ancien lycée dans lequel il y avait une zone dissimulée utilisée par les élèves fumant du cannabis. Cette zone va maintenant être probablement utilisée aussi par des fumeurs de tabac. Quel effet cela pourra-t-il avoir?

    Sur les fumeurs de cannabis ? Tu sais, depuis que tu n’y es plus, plus personne ne fume de cannabis dans ce lycée ;o)

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