Puisque depuis deux jours j’entends fréquemment parler des interventions de Luc Besson sur le téléchargement de films, je pense utile de renvoyer au billet de Mathieu.
EDIT : Eolas vide son chargeur. C’est assez spectaculaire.
EDIT 2 : J’apprends via la chatbox que Frédéric Lefebvre soutient Luc Besson. Il peut. Mais qui soutiendra Frédéric Lefebvre ? Numérama, par exemple. Avec un troisième degré marrant.
EDIT 3 : Ah, et Frédéric Lefebvre se fait encore démonter les dents par Maître Eolas.
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Sisyphisme! Marrant tiens. Espérons que ça ne devienne pas un Cassandrisme.
Maitre Eolas s’est également fendu d’un billet :
http://www.maitre-eolas.fr/2009/...
Réponse de Stéphane Ménia
Oulala, oui, un sacré carnage…
Aucun commentaire sur l’accusation de Besson selon laquelle le financement du developement d’internet s’est nourri du piratage systématique ?
Réponse de Stéphane Ménia
Non, désolé. Je n’ai même pas lu le texte de Besson. J’étais pas de permanence de lecture des conneries ce week-end. Je me contente des extraits et du boulot de mes camarades…
c’est pas sympa de se moquer des gens …"différent"
Réponse de Stéphane Ménia
Hum, il faut veiller à ne pas tomber dans la caricature, voire l’injure. Ce texte de Besson me paraît de toute façon très suspect, tant il est “approximatif”.
Vous oubliez un peu vite que, si l’on considère que l’automobile est un produit dérivé de la série "Taxi", ce sont près de 10% des Français qui jouent, directement ou indirectement, dans des films de Luc Besson. Il est donc bien normal qu’on protège son bizness.
Réponse de Stéphane Ménia
Ah oui, pas faux… Moi-même, j’ai dû faire jadis un détour de plusieurs kilomètres lors d’un de ses tournages. Ce qui, évidemment, a contribué à dynamiser l’industrie automobile.
Allez, on va dire la vérité vraie. Jusque là, les économies prétendument les plus avancés se sont désindustrialisées. Elles comptent donc maintenant sur l’immatériel, le vent dirait certains, pour gagner leur vie. Elles espèrent se créer une rente fructueuse pour les années à venir. Mais pour cela, elles se doivent de mettre le paquet sur les droits d’auteur pour assurer cette rente future. Ainsi, il est un scandale que personne ne dénonce, et qui est devenu normal dans le paysage. Il s’agit de l’aspect patrimonial des droits d’auteur (c’est-à-dire que je ne vise pas le droit moral de l’auteur). En effet, les droits d’auteur durent et permettent une rémunération 70 ans après la mort de l’auteur. Prenons un exemple : Sigmund Freud, mort en 1939. Il n’est pas aujourd’hui encore tomber dans le domaine public et ses héritiers touchent. De même que Saint Exupéry mort en 1944… Et j’en passe. Qui sont ceux qui touchent ? Ont-ils seulement un jour connu les personnes dont ils bénéficient des droits d’auteurs : pas sûr du tout. Est-ce que Saint-Ex ou Freud ont créé leur Oeuvre pour que la progénitures de leur progéniture aient encore les revenus correspondant plus de 70 ans après leur disparition ? Arrêtons cette hypocrisie. Les auteurs ne crée pas pour cela, et certainement pas pour que cela profite à des inconnus, comme cela a été le cas de Ravel dont jusqu’à 2007, les 2 millions d’euros par an ont profité au chauffeur et à l’infirmière du frère de l’artiste !!! On maintient cette loi et cette durée inique, simplement pour quelques producteurs, maisons d’éditions continuent à disposer du monopole que confère le droit d’auteur. On crée de l’économie de rente plutôt que d’encourager la vraie création : celle des artistes vivants qui se fichent bien de ce qui se produira financièrement dans 70 ans après leur mort.
Il faut réclamer la réduction de la durée des droits d’auteur à 30 ans après leur mort, par exemple, et même pourquoi pas moins. 70 ans, c’est un vrai scandale.
Réponse de Stéphane Ménia
Oui, d’accord ; mais enfin, bon… en même temps, je ne crois pas que Besson demande 70 ans de protection pour Taxi. Ce n’est pas le coeur du problème sur ce sujet.
"Ce n’est pas le coeur du problème sur ce sujet."
Si, c’est le même sujet : la question des droits d’auteur dans notre société. Tout ce que dit Besson, c’est le discours de la rente qu’on défend (en grande partie), les 70 ans étant le discours de la rente qui a bien abouti au point qu’on ne la discute plus.
Les rentiers sont d’abord des lobbyistes qui savent défendre leurs "droits". Par exemple, Pierre Noël Giraud ne dit-il pas que, comme par hasard, quand les baby boomers sont arrivés à l’âge de l’épargne, on a déréglementé les marchés financiers, libéraliser le marché des capitaux.
Les "auteurs" sont donc des lobbyistes qui défendent un droit abstrait qui n’a pas toujours existé qui est le droit d’auteur (et tous les autres droits qui l’entourent).
Regarder le progrès de ce lobbying aux Etats-Unis grâce à ce graphique : upload.wikimedia.org/wiki…
Tiens, tiens, les USA qui justement sont les gros exportateurs de droits d’auteur, et qui sans doute vont faire du lobbying au niveau international pour qu’on pousse la protection au niveau du siècle…
Je dis rente, comportement de rentiers. Besson a raison de défendre le droit d’auteur sur le principe, mais tort sur la réalité qu’il dénonce. Si le téléchargement illégale s’est développé, c’est que les rentiers du marché du disque et de la vidéo ont refusé de s’adapter aux nouvelles réalités technologiques. Ils ont voulu conservé leur petite rente sans proposer quelque chose de nouveau. Et du coup, leur réaction a été dix fois trop tardive, et maintenant il le paie, craignant pour leur rente (par exemple, si l’industrie du disque s’écroule, c’est loin d’être le cas des concert vivant : d’un côté une rente, de l’autre une activité économique).
Et quelle est la réaction naturelle du rentiers ? Comme le bon bourgeois du XIXe siècle défendant son sacro-saint droit de propriété, on en appelle au gendarme et à la loi, on veut de la répression, un point c’est tout.
Quand je dénonce la rente, tant du fait de ces 70 ans de protection ou le discours de Besson, c’est pour qu’on prenne le problème globalement : stoppe à cette nouvelle loi idiote et répressive, et oui à une renégociation et une refonte en profondeur des droits d’auteur (et pas présidé par un le dirigeant d’une chaîne de supermarché culturelle). Alors, oui, on pourra parler répression, quand la situation aura été assainie sur le plan de la rente.
C’est plus que jamais d’actualité : euthanasions les rentiers.
Réponse de Stéphane Ménia
Ouai, non, Besson s’en fout que les droits sur Taxi durent 70 ans. Je persiste. Ce qu’il veut, c’est préserver quelques années, pleinement. Et non, le problème fondamental n’est pas la durée des droits, même s’il y a des choses à discuter.
Diminuer non, par contre on parle en ce moment d’étendre la durée de protection des droits d’auteurs à 95 ans après la mort de l’auteur (cela ne concernant que la musique pour le moment, je crois).
Et puis dans 20 ans on en reprendra pour encore 20 ans de plus, tant qu’à faire …
Tout cela n’est il pas un peu hypocrite? En fait pourquoi ne pas dire que l’on veut accéder aux biens et aux services qui nous interessent gratuitement. On pourrait appeler cela, pourquoi pas, le service "Public a la Francaise".
J’admets que les distinguos subtils entre biens rivaux et non rivaux, vol et contrefaçon sont amusants mais j’ai du mal a comprendre le business model soutenable qui consisterait a "donner" sa production (sauf a ne pas payer les salaires, et encore). Mais je ne pense pas que la zéroification des salaires soit a l’ordre du jour.
J’avoue que je n’ai pas lu grand chose sur le sujet, mais je me demande si un libertaire du net a pris soin de décrire comment il ferait, lui, afin de vivre dans ce monde de gratuité.
Ou alors c’est juste yaka, fauke ce qui serait quand même un peu incohérent au moment ou l’on veut tout re-réglementer.
Réponse de Stéphane Ménia
Je pars du principe que je suis concerné par ces remarques et vous dis donc ce qui suit. Lisez l’excellent livre “Sexe drogue et… économie” ou reprenez les très nombreux posts de ce blog et vous serez contraint d’admettre que personne ici n’est dans le trip que vous décrivez.
J’aimerais lire l’excellent livre "Sexe, Drogue et Économie". Ou puis je le décharger gratuitement?
Réponse de Stéphane Ménia
Piratez-le à votre bibliothèque municipale la plus proche.
"Ouai, non, Besson s’en fout que les droits sur Taxi durent 70 ans. Je persiste. Ce qu’il veut, c’est préserver quelques années, pleinement. Et non, le problème fondamental n’est pas la durée des droits, même s’il y a des choses à discuter."
Que Besson, s’en foute, on est d’accord. Lui, il voudrait qu’on fasse du tout répressif, et qu’il continue à nous vendre sa daube en DVD. En gros, il voudrait que surtout que rien ne change.
Or, tout a changé, et il faut, avant que de faire de la répression, il faut tout revoir de fond en comble en matière de droits d’auteur. Si vous en restez au discours de Besson, vous n’avez et n’aurez que la répression… mais pas une solution viable. Et la solution viable, c’est tout remettre à plat.
Cela dit, que Besson s’en foute, il n’empêche que moi ou même vous, on ne s’en fout pas. Imaginez que Carla Bruni meurt ce soir d’une crise cardiaque en écoutant à la TV les propositions du président de la République ; si ce que kirinyaga dit est vrai, vous allez devoir payer des droits à Sarkozy jusqu’au 22e siècle !!!
Réponse de Stéphane Ménia
Euh… J’ai la tronche d’un mec qui écoute du Carla Bruni ? Il y a des abus, c’est un fait. Mickey devrait être dans le domaine public et c’est à cause du lobbying pour continuer à le protéger que l’idée de prolonger devient envisageable.
Pourquoi ma bibliothèque a pu le décharger gratuitement? Ou alors ai-je été imposé pour que ma bibliothèque puisse acheter un livre que je ne peux m’offrir?
Réponse de Stéphane Ménia
Trouvez un mec qui vous le passe et photocopiez-le, diffusez-le sur un réseau de P2P, vous avez ma bénédiction. Et, sinon, lisez les posts gratuits publiés sur ce site.
Pfff… C’est pénible ces gens qui glandent au boulot, quand même…
Moi j’ai même pas eu à le pirater SDE, je l’ai trouvé un beau matin dans ma boîte aux lettres. Saleté de spam… Tiens, ça me fait penser que je ne l’ai toujours pas notedelecturé (manque à gagner estimé pour les Econos suite à ce défaut de publicité : au moins 1 million d’euros, étant donnée l’audience et la notoriété de notre blog).
Réponse de Stéphane Ménia
Mouaio, avec tes conneries, je suis obligé de continuer à bosser pour l’éducation nationale…
Eolas en remet une couche à l’adresse suivante ; remarquable ! : http://www.maitre-eolas.fr/2009/...
"c’est à cause du lobbying pour continuer à le protéger que l’idée de prolonger devient envisageable."
Et c’est aussi du Lobbying que nous sert Besson avec son article pour qu’on fasse dans le tout répressif alors que son industrie ne s’adapte pas aux nouvelles réalités (je n’ai pas dit "ne s’adapte pas au piratage"). Eolas pointe bien que Lefèbvre à une dizaine d’années de retard en osant parler du DVD.
Ce qui est très drôle finalement, c’est que tout cet intense lobbying des majors a quasiment ressuscité un débat qu’on n’entendait presque plus depuis Proudhon, la remise en cause de la légitimité du droit d’auteur… Qui a dit retour de manivelle ?
"Sisyphisme", quel mot!
Comme personne n’a encore rappelé son origine, je signale qu’il a été utilisé par Bastiat dans Effort, résultat ( bastiat.org/fr/effort_res… ). En est-il l’inventeur?
L’essence du sisyphisme est de "travailler beaucoup pour obtenir peu".
Sa négation est "obtenir du travail la plus grande somme possible d’effets utiles."
Enfin, Sisyphe lui-même est le plus grand des Sisyphistes, puisqu’il parvient au résultat du "Sisyphisme pur : travail infini, produit nul"
Réponse de Stéphane Ménia
Oui, bah, c’est l’idée, à ceci près que cette définition se concentre sur les résultats alors que j’y voyais aussi le processus de recommencement éternel. Au passage, je ne connaissais pas ce mot. Mais il était facile à retrouver !
Je reviens sur ce post car j’aimerai bien avoir votre regard sur l’intervention de Patrick Zelnik (Maison de disque Naïve) et de Rémi Bouton(Pro-Music France) ,sur ce même sujet, à la page "débats" du Monde daté d’aujourd’hui.
http://www.lemonde.fr/archives/a...
Plus subversif que le texte de luc besson… car là on essaye de montrer par des concepts économiques discutables la nécessité de la loi "création et internet".
Un point parmi d’autres : pour les deux signataires, laisser faire le marché c’est "laisser s’écrouler le tissu de producteurs, de managers, d’éditeurs – indépendants ou majors – en espérant que des "business models" émergent sur les ruines et qu’en attendant, auteurs et artistes interprètes puissent vivre de leurs économies…".
Il me semble pourtant qu’en terme d’emplois il n’y ait pas arrêt brutal de l’ancien secteur au profit d’un nouveau secteur naissant sur les cendres de l’ancien…en vertu du processus de "Destruction créatrice" vu par Schumpeter.
En espérant pouvoir avoir votre point de vu sur cet article !