Cela fait un moment que je me pose des questions sur ce que nous publions. Et la rédaction de notre ouvrage m’a reposé le problème maintes fois. L’économie que nous présentons est-elle toute l’économie ? Ne serions-nous pas des conservateurs drapés dans une posture rock’n’roll ? En fait, la réponse est d’une grave simplicité.
EDIT : Les marques de sympathie exprimées en commentaires sont vraiment touchantes. Elles contrastent avec le côté assez carré recherché dans le billet.
Il y a quatre idées importantes. La première, c’est que l’on ne met pas la charrue avant les boeufs. La deuxième, c’est que l’on ne fait pas passer les vessies pour des lanternes. La troisième, c’est qu’une journée ne dure que 24 heures. Enfin, il faut s’efforcer de faire ce qui est le plus intéressant, notamment aux yeux des autres. Et tout ceci n’est pas indépendant.
1 – On ne met pas la charrue avant les boeufs
Quand on apprend à faire du vélo, on ne commence pas par apprendre à faire du VTT sur les pentes du Mont Everest. Etre compétent ou tout juste averti dans un domaine nécessite d’abord de comprendre les bases. Les bases en économie, c’est quoi ? C’est la théorie standard. C’est celle qui est considérée comme suffisamment pertinente par une communauté de chercheurs pour avancer dans la compréhension des phénomènes économiques. Il y a dans l’hétérodoxie, portée, par définition, par une minorité, une forme de prétention intrinsèque, qui devrait toujours rendre méfiant. Or, chez beaucoup, le risque de l’argument d’autorité de l’orthodoxie n’est pas mis sur le même plan que le risque de mégalomanie des hétérodoxes. Comment peut-on par exemple considérer qu’un pauvre mec sorti de nulle part soit capable de découvrir du jour au lendemain les “secrets cachés de la monnaie”, alors que des tas de gens ont réfléchi au sujet, mobilisant des qualités intellectuelles, morales et humaines remarquables, pour bon nombre d’entre eux. L’exemple des mégalos est extrême. Ce sont des clowns. Une hétérodoxie peut être la science normale de demain. Mais elle n’existe que par sa capacité à connaître, comprendre et détrôner la science en place. En attendant, si les connaissances les moins spéculatives sont à rechercher quelque part, c’est d’abord là. C’est ce que nous sommes (presque) contraints d’affirmer à longueur d’année. Quand j’ai récemment mentionné la sortie de Philippe Chalmin sur le prix du pétrole, des lecteurs ont voulu y voir la volonté de dénigrer Chalmin ou l’économie de marché. Grave erreur : au contraire, je me suis mis à sa place et me suis dit qu’il s’était laissé prendre à son propre jeu ; ce qui peut arriver. Passer son temps à dire “Non, la théorie dominante, ce n’est pas une bande de crétins aveugles et méchants” nous paraît aussi utile qu’abrutissant. Oui, nous continuerons à nous moquer des critiques puériles, vaseuses et ronflantes. Car, comme le dit le chanteur à textes Didier Super, “vaut mieux en rire que s’en foutre”.
Quoi qu’il en soit, ce regard sur l’orthodoxie et l’hétérodoxie ne bride nullement les velléités de progrès, y compris dans la rupture. C’est justement l’objet du deuxième point.
2 – Ne pas faire passer les vessies pour des lanternes
En marge de la théorie dominante, on trouve des idées capables de la concurrencer sur un ou plusieurs sujets et des idées incapables de le faire. Nous nous sommes régulièrement intéressés aux premières. Pour être plus exacts, cet intérêt s’est manifesté plus fortement dans les premiers temps de ce site, notamment avant l’ouverture du blog. Avant de continuer, il est bon de préciser que ce qui nous autorise à décerner cette capacité ou incapacité à le faire peut paraître nébuleux aux yeux de certains. Eh bien, en fait, j’ai une mauvaise nouvelle, je suis incapable de vous le dire. Je ne sais pas exactement pourquoi nous pouvons être considérés par ceux qui nous lisent comme dignes de confiance en tant qu’observateurs. Probablement parce que nous y passons du temps, que nous connaissons un peu notre sujet (au moins relativement), que nous n’avons pas d’intérêts spécifiques à défendre et que peu de gens ont estimé à ce jour que nous étions globalement à côté de la plaque (et expliqué pourquoi). Donc… vous trouverez sur ce site l’éloge des textes ou de gens aussi radicalement différents qu’un André Orlean, un Friedrich Hayek, un Robert Barro, Michel Aglietta, Milton Friedman, Bernard Maris, voire un Frédéric Lordon (cas spécial, voir en intro de cette note). La liste est d’une longueur assez remarquable. Au delà des noms les plus connus, il y en a de moins connus ou de moins ancrés dans le monde académique. Qu’on songe à certains auteurs d’Alter éco, que nous avons parfois massacrés et dont nous avons parfois dit le plus grand bien (par exemple Guillaume Duval, ici éreinté, ici loué ; ou Christian Chavagneux, dont la chronique de son ”économie politique internationale” est, sans doute possible, un compliment sur son travail). Il faut lire nos notes de lecture pour s’en convaincre, la bibliographie (qui mérite une mise-à-jour) aussi . En d’autres termes, ce n’est pas parce que les idées ne viennent pas du mainstream le plus “authentique” qu’elles nous indiffèrent. C’est lorsqu’elles ne reposent que sur des erreurs manifestes ou du vide. Mais pas seulement, et c’est le troisième point qui m’intéresse.
3 – Une journée ne dure que 24 heures
C’est l’aspect le plus simple à comprendre, je pense. Quand on est limité en temps, c’est souvent la curiosité qui est remisée. Il n’y a peut-être rien de pire en la matière. J’ai longuement reporté à plus tard la lecture de textes concernant la psychoéconomie . Quand elle a été récompensée du prix Nobel, mes connaissances sur le sujet sont restées encore quelques temps très primaires. On aurait pu hurler au néoclassicisme crétin. Pourtant, la réalité était toute autre : je manquais de temps (et n’en disais pas de mal !). Je pourrais vous dire que mon travail consiste à faire des cours de gestion toute la journée et que je démarre le soir avec un temps de retard sur un prof d’économie qui prépare ses cours en économie, donne des cours d’économie la journée et peut aller plus facilement explorer en dehors de ce temps. Ce serait sans doute une explication tenable, mais pas complète pour autant. Il y a d’abord les qualités intellectuelles des uns et des autres (si j’étais plus intelligent, j’arriverais à le faire). Mais il y a surtout, je crois, l’incroyable profusion des idées, qui fait que quand vous vous installez dans la lecture de certains types de travaux, vous pouvez relancer la machine ad vitam eternam. Mais pourquoi diable faire ceci ? Il y a d’abord la tentation de la connaissance approfondie. Mais, dans notre cas, il y a autre chose. C’est le dernier aspect que j’aborde.
4 – Faire ce qui intéresse est naturel
Quand les gens vous disent qu’ils aiment bien une chose que vous faites et que vous-même l’aimez bien, il est assez naturel que vous continuiez. Or, dans l’ensemble, ce qui semble faire l’intérêt de notre site est le “politiquement incorrect à l’envers”. En gros, puiser dans l’économie la plus standard possible des choses qui ne sont pas connues. Ce n’est qu’un aspect, mais tout de même majeur de nos sorties. A trop se laisser entraîner, on amplifie les points 1 à 3. Finalement, c’est la facilité. Loin d’être un exercice calculé, c’est au contraire dramatiquement spontané. On a commencé à publier ça dans un coin. Presque dix ans après,nous continuons.
En définitive, ces quatre aspects expliquent largement pourquoi nous publions ce que nous publions. A charge pour chacun d’y trouver intelligemment ses marques.
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Je ne sais pas si la gratitude de vos lecteurs suffit à compenser le travail et le talent que vous mettez dans ce site, mais en tous cas elle est méritée!
Réponse de Stéphane Ménia
Au delà du nécessaire. S’il y avait disons dix lecteurs et qu’on ait toujours envie, ça irait déjà.
Pourquoi le texte apparaît-il si petit? ça pique
J’imagine que mon commentaire passera à la trappe de votre censure implacable. Mais j’essaye quand même.
Je crois que la phrase suivante restera dans les annales :
″Comment peut-on par exemple considérer qu’un pauvre mec sorti de nulle part soit capable de découvrir du jour au lendemain les "secrets cachés de la monnaie", alors que des tas de gens ont réfléchi au sujet, mobilisant des qualités intellectuelles, morales et humaines remarquables, pour bon nombre d’entre eux.″
Je passe rapidement sur le qualificatif ″pauvre mec″ qui ne vous honore pas et sur le terme ″secrets cachés″ qui me parait tout à fait inapproprié pour la monnaie.
Cette phrase explique je crois en grande partie votre réaction sur le sujet de la dette et de la monnaie.
En gros vous appréciez les thèses et les arguments en fonction de qui les énonce et avant même d’essayer de voir si le fond contient un minimum de sens vous portez un jugement de valeur en faisant appel aux ″qualités intellectuelles, morales et humaines remarquables″ d’un tas de gens !
La démarche scientifique est remarquable !
Ouvrez donc quelques bouquins et vous constaterez que l’histoire de l’humanité est remplie de ″pauvres mec sortis de nulle part″ qui ont changé la face du monde en dépit du ″tas de gens aux qualités remarquables″ qui s’opposaient à eux. Ceci étant dit, je ne crois pas du tout que nous soyons dans ce cas de figure en ce qui concerne la monnaie.
Pour terminer sur la monnaie et la dette, vous avez jugé bon de supprimer le post sur votre forum que j’avais initié, malgré le record de commentaires et de pages lues. Ce faisant, vous bafouez ni plus ni moins la liberté d’expression et vous faites preuve du plus grand mépris pour tous ceux qui ont pris le temps d’intervenir.
La violence de votre réaction prouve bien que vous n’êtes pas à l’aise et que quelque chose vous perturbe sur ce sujet mais vous refusez de le reconnaitre. Ce n’est pas très glorieux et renvoit aux plus beaux exemples d’obscurantisme scientifique.
Réponse de Stéphane Ménia
Votre présence sur notre site n’avait qu’une seule fin : faire la promo grossière d’un livre, sous couvert de “débat”. Le fil de discussion que j’ai effacé était truffé d’échanges aussi inutiles que grossiers. Dois-je vous rappeler que vous m’avez qualifié de “lâche planqué derrière son écran”, entre autres choses ? C’est pour cela que je l’ai supprimé, après que vous ayez dit que vous ne reviendriez plus sur notre forum (ce dont je me réjouissais, tout comme d’autres lecteurs). Quant à la liberté d’expression, je ne vous ai jamais interdit de promouvoir aussi bruyamment que vous le souhaitez ce livre. Je vous demande juste, puisque vous poussez le bouchon bien loin, de le faire ailleurs. Ici, c’est chez nous, ce n’est pas un site de service public financé par le contribuable et nous n’avons jamais revendiqué une “démarche participative”. Nous ne gagnons pas d’argent sur les publications et le temps que je consacre à la maintenance technique du site n’est pas rémunéré. Cela m’autorise à “censurer” les gens au comportement douteux.
Bon, maintenant, j’ai le regret de vous annoncer que le livre dont vous avez lourdement parlé n’est pas le premier à vouloir annoncer au monde l’existence d’une théorie révolutionnaire et conspirationniste de la monnaie. Les illuminés de la théorie monétaire sont une espèce ancienne et, hélas, vivace. Assimiler ma remarque à une attaque personnelle est donc une démonstration d’égocentrisme assez risible.
Pour ce qui est du reste et de l’interprétation que vous donnez à mon billet, je laisse aux autres le soin de se faire l’idée qu’ils en veulent. J’ai publié ce commentaire, mais je crois que nous n’avons plus rien à nous dire.
Je m’associe à Gu Si Fang pour vous féliciter de l’ouverture d’esprit de ce site et vous remercier du temps que vous y consacrez. Mes idées (et je crois celles de Gu Si Fang) sont tout à fait "hétérodoxes" par rapport aux vôtres, mais ça n’est intéressant de discuter qu’avec des gens qui ne sont pas d’accord. Je trouve néanmoins dommage que vous ayez dérogé à cet éclectisme en censurant RST.
Sur la question des "hétérodoxies", où vous mettez tout ce qui n’est pas la théorie standard, il me semble qu’il y en a une qui mérite un traitement particulier, bien qu’elle soit aujourdhui devenue une hétérodoxie très minoritaire : c’est la grande tradition qui part d’Aristote, passe par Thomas d’Aquin, les Scolastiques, les classiques français (Turgot, Say), Menger et Mises, qui survit actuellement sous la forme de l’école autrichienne.
Je crois pour ma part que la discipline économique est entrée dans une impasse avec Walras et s’y est enfoncée avec Keynes. Merci de laisser une place à ceux qui voudraient la faire revenir sur ce qu’ils considèrent comme le bon chemin, ce qui n’est possible que par le dialogue.
Je profite de cette note pour vous remercier encore une fois pour votre blog. En temps que lecteur, je rejoins parfaitement vos quatre points, qui sont précisément ma motivation à vous lire.
En effet, je me trouve singulièrement démuni pour comprendre l’économie : je n’en ai appris un peu qu’en seconde générale au lycée, c’est infime. En sciences, histoire, littérature et même langues, l’enseignement secondaire et une prépa scientifique m’ont, disons, appris un peu à nager tout seul. Il s’agit de "pratique amateur" : comprendre, avoir une petite idée de la géographie d’une discipline, être capable de trouver de l’information par moi-même et d’avoir un peu d’esprit critique dessus, goûter les choses, etc.
En économie en revanche, j’étais totalement démuni. Analphabète. Pour le citoyen que je suis, je trouvais ça très embêtant. Par ailleurs j’aime comprendre.
Votre blog a été une porte d’entrée rêvée, commençant précisément par les bases, votre 1°). Mes journées aussi ne font que 24 heures, et il joue un rôle efficace.
Merci.
(et une gym neuronale gratuite offerte pour chaque commentaire avec le captcha)
Réponse de Stéphane Ménia
Merci.
Commentaire déplacé vers le billet “petit jeu”. Je le lirai avec attention.
Réponse de Stéphane Ménia
Je m’excuse d’avoir à vous le dire, mais ce n’est pas le bon endroit pour en parler. Il y a un post consacré au sujet. Je fais un copier-coller.
Comme je l’ai dit il y a quelques jours, les contenus "disponibles" sur votre site/blog sont précieux et offrent une sorte de réponse à ces deux citations de R. Solow : "Why does public discussion of economic policy so often show the abysmal ignorance of the participants? Why do I so often want to cry at what public figures, the press, and television commentators say about economic affairs?" (1978) "…I think that one of the really important function of economics in general is to knock down silly ideas." (1998)
Merci pour les ressources (en temps, en énergie voire en argent) que vous acceptez de consacrer pour informer, instruire, aider… vos lecteurs.
Réponse de Stéphane Ménia
Solow a raison. Comprendre est important. Tout le monde s’excite sur les prévisions économiques, alors que la sociologie, la philosophie ou l’histoire sont vénérées (ce qu’elles méritent probablement).
Mouais, merci pour l’heterodoxie et l’ouverture d’esprit et le regard critique et tout ca, mais bon la derniere fois que j’ai raconté vos blagues d’economistes a un diner, je suis passé pour un sacré con donc bon…
Réponse de Stéphane Ménia
Malheureux… Ces trucs, faut jamais, jamais les raconter à quelqu’un qui n’est pas économiste ou lecteur du site !
Je rejoints les internautes précédents et vous remercie de votre travail.
Je reviens brièvement sur un de vos commentaires (de Stéphane) : " Tout le monde s’excite sur les prévisions économiques, alors que la sociologie, la philosophie ou l’histoire sont vénérées (ce qu’elles méritent probablement). " Historien de formation, je vous assure que l’Histoire est tout autant, sinon plus incomprise que l’économie. Pourquoi "plus", tout simplement parce que les gens avouent souvent leur incompétence en matière économique, mais offrent bien volontiers leur point de vue (biaisé, faux, absurde ..) sur un évènement historique dont ils ne savent que peu de chose des causes, déroulement, et conséquences.
La barrière que doit briser l’économiste, pour transmettre des connaissances académiques au public est, je pense, psychologique. Pour l’historien elle est plutôt d’ordre moral. Affirmer que la révolution française est n’a rien d’une "révolution" et tout d’une convulsion, qu’elle est l’origine du nationalisme français, qu’elle est bourgeoise et non populaire … c’est inconvenant. Vous avez, je crois, un avenir proche bien plus clair que nous autres historiens-chroniqueurs …
Réponse de Stéphane Ménia
Ce que vous dites ne m’étonne pas. L’Histoire comme discipline est probablement méconnue, ce qui justifie je pense votre “tristesse”. Néanmoins, j’ai le sentiment que l’historien jouit d’une image bien meilleure que l’économiste. C’est un érudit (ce qui n’est pas forcément le cas de l’économiste) et, à part dans quelques contextes spécifiques, ce type s’intéresse à un truc qui est passé. Ajoutez à cela le goût populaire des histoires, et vous obtenez une image bien plus sympathique, en moyenne. Ensuite, on peut considérer aussi qu’être plus au cœur des débats présents expose davantage. Le paradoxe est que, pour la plupart, comme nous l’expliquons dans l’intro du livre, hormis quelques-uns, les économistes ont pris le parti de se mettre en retrait et de mesurer leurs apparitions dans la cage aux lions. Les plus respectés dans la profession ne sont généralement pas les plus connus du grand public.
En fait, "Les chiens aboient, la caravane passe". Juste merci pour ce que vous faites. Un, personne ne vous paie et deux, personne ne force les gens à vous lire.
Réponse de Stéphane Ménia
Merci. Oui, je crois qu’au fond, ce qui m’insupporte, c’est cette idée que nous nous imposons. Quand un site ne m’intéresse pas, je n’y vais pas pour y dire tout le mal que j’en pense. Généralement, je l’ignore. Rarement, j’en parle ici. C’est un peu pareil pour la presse, du reste.
Un seul mot : BRAVO. Le temps que vous passez tous les deux à tenter de rendre accessibles des concepts qui ne le sont pas forcément vous honore.
Bonne continuation.
Mouais… Je reste un lecteur fidèle, mais deux choses me gênent (mais vous êtes chez vous)
– l’absence de références à d’autres disciplines que la vôtre (n’y a-t-il pas un petit coté Garry Becker dans le Sexe, drogue et presque Freakonomics ?) (j’espère que je ne fais pas trop de fautes d’orthographe : j’ai la flemme de vérifier, et je ne suis pas économiste !)
– et des approbations de ce genre :
econoclaste.org.free.fr/d…
sur Delhommais. Ou alors vous n’y aviez pas lu cette phrase :
(…)"Il faudrait aussi loger les millions d’Américains qui ont souscrit ces crédits immobiliers à risque pour acheter leurs maisons en sachant pertinemment à quel danger ils s’exposaient »
je dois dire que je tiens ce "sachant pertinemment" pour une ignominie. En somme, les économistes –ou certains d’entre eux– ont enfin trouvé le coupable à l’origine de la crise : ces salauds de pauvres.
– ce qui me renvoie au 1 : sans un minimum de culture (sociologie, histoire…) on peut rater une vraie compréhension de this tale told by a fool, etc.
Réponse de Stéphane Ménia
Sur Freakonomics et notre livre, j’ai déjà répondu ici. J’ajoute que certains chapitres font référence à d’autres disciplines. Mais bon, reprocher à un site (ou un livre) consacré à l’économie de centrer sa réflexion sur l’économie, c’est un peu bizarre, non ? Nous n’avons jamais écrit que les autres disciplines que vous citez sont inutiles, nous parlons simplement de ce que nous connaissons le mieux. D’ailleurs, quand nous parlons d’autre chose, nous nous faisons régulièrement engueuler. Ah, oui, sinon, c’est vrai, nous sommes des partisans résignés (mais ouverts) d’une spécialisation des savoirs en sciences sociales. Globalement, embrasser toute la réalité sociale est d’une telle difficulté que la science unique n’est pas pour demain. Par contre, il serait faux de dire que nous trouvons stérile le dialogue interdisciplinaire.
Sur l’article de Delhommais, je ne suis pas spécialement choqué. La seule nuance que j’aurais apportée est qu’ils étaient supposés savoir à quel danger il s’exposait (il y a beaucoup à dire sur le sujet, en réalité). Nuance de taille, peut-être. mais de là à conclure que l’article met la faute sur les salauds de pauvres… Ca ne me semble pas du tout être le message. Mais bon, c’est subjectif, j’imagine.
Merci !
Grâce à vous… (dans le désordre)
j’ai compris l’incidence fiscale ;
j’ai mieux compris la crise du logement ;
j’ai lu "l’économie sans tabou" ;
je lis "economics, a very short introduction" (Ma prof d’anglais peut reposer en paix…)
j’ai découvert rationalité limité, écopublix, gizmo, optimum, etc.
j’ai eu la confirmation que parfois, Le Monde enfile vraiment perles sur perles ;
Et j’aime davantage l’économie qu’en Terminale ES !
Bon, je m’attribue quand même une part du mérite, rassurez-vous…
Bon vent and keep up with the good work !
Réponse de Stéphane Ménia
Eh eh… Avec tout ça, on peut faire comme votre prof d’anglais.
J’ajoute mes remerciements à ceux qui précèdent.
J’ai découvert votre site il y a assez longtemps maintenant (dans sa première mouture je crois) et l’étudiant de ScPo que j’étais alors avait trouvé des fiches de lectures passionnantes, critiques et bien construites (ce qui m’avait convaincu de votre honnêteté était le bien que vous disiez d’un livre de B. Maris)
Je n’ai, aujourd’hui, plus aucune raison professionnelle ou universitaire de faire de l’économie, mais je consulte toujours votre site, par plaisir, en regrettant parfois de n’avoir pas fait de l’économie mon métier.
Je ne suis pas toujours d’accord mais presque (j’ai parfois l’impression que les économistes ne comprennent pas le droit, cela dit les juristes le leur rendent bien); je ris de plus en plus fréquemment à la lecture des pages économie du Monde.
Votre site est formidable. Continuez. Et promis dès que j’ai le temps, j’achète votre livre (au fait, on n’a plus droit aux inédits?)
Un avocat.
Envie aussi de vous faire ces compliments, même si c’est fatal à vos chaussettes…Ce qui me plaît particulièrement, c’est votre vigilance vis à vis des idées toutes faites,l’association de la rigueur et d’une certaine légèreté, votre ouverture sur les ressources d’information possibles, votre générosité pour partager vos connaissances, vos découvertes et aussi, votre entente,constamment sensible,avec ,entre autres conséquences,(comme par exemple , une sympathie entre vous et nous …)la cohérence du site , que l’on retrouve dans votre livre : les "deux claviers" se croisent, se confondent,on ne peut attribuer tel chapitre à tel d’entre vous deux, c’est vraiment UN livre.
Merci pour tout ça !
Réponse de Stéphane Ménia
Merci. Sur le texte, c’est le sentiment que j’avais en relisant. En cherchant bien, on doit pouvoir trouver qui a écrit quoi, mais ce n’est pas aussi marqué que ce qu’on aurait pu le craindre. Sur la vigilance, surveillez-nous aussi. Je trouve qu’on manque un peu de critiques constructives sur le fond autant que sur la forme. Il y a pourtant sûrement matière à cela. De ce point de vue, le fil de discussion du forum du livre lancé par Khazan a été très intéressant pour nous. Certes, il vient de quelqu’un de plutôt bienveillant, mais ça va dans le bon sens.
J’ignore si les pauvres sont des salauds, mais en tout cas ils sont loin d’être aussi c*ns que ceux qui veulent faire leur bonheur a l’insu de leur plein gre le pensent.
Ils réagissent aux mêmes incitatifs que n’importe quel trader. Autant que je sache les mortgages US sont "non recourses" ce qui veut dire que ces RMIstes locaux, les fameux ninja, ont tout simplement accepté une call option gratuite sur l’évolution du prix de leur baraque.
Ils n’ont donc rien perdu, moins que Kerviel en tout cas, et comme dit la pub, il aurait fallu être fou pour demander plus.
Ne vous laissez donc pas faire par les donneurs de leçon morales.
Réponse de Stéphane Ménia
A qui s’adresse votre commentaire ?
Au commentaire 12.
Les gens qui se sont endettés au delà de leurs "moyens" savaient ce qu’ils faisaient.
Je ne pense pas que nous ayons de référence a la sociologie ou a l’histoire pour comprendre ce qui s’est passé. Tout le monde avait un incitatif a faire ce qu’il a fait. La possibilité de s’enrichir.