The strong demand for charlatans. Chris Dillow (Stumbling and Mumbling). Sur la base d’un article d’économie expérimentale, Dillow rappelle que la prévision est un exercice qui tourne souvent à l’escroquerie. Mais, surtout, qu’il existe toujours des gens qui veulent se faire escroquer.
The Fairness Trap. James Surowiecki (The New Yorker). Considérer la justice comme le point central des négociations autour de la Grèce est une absurdité. La psychologie humaine est incapable de dealer correctement avec cette notion dans pareille situation. Cela rend tout accord impossible et personne n’y gagnera.
How to build a fiscal union to save the eurozone. Wolfgang Münchau (Financial Times). Le point de vue de Münchau sur le sujet.
Et si la Grèce choisissait l’option Monténégro ? Alexandre Delaigue (Libération). Ce n’est pas courant, quoique pas rarissime d’une manière ou d’une autre, mais un pays peut utiliser une monnaie sans avoir le droit de la battre (en Turquie, par exemple, vous pouvez retirer des lires turques, des euros ou des dollars aux distributeurs et payer avec ; au moins dans les coins touristiques). Le Monténégro utilise l’euro sans même être membre de l’UE. Pourquoi pas la Grèce ? Cette solution pour envisager un Grexit pourrait être moins brutale qu’un retour simple à la drachme.
Minimum Wages and Employment : a Review Of Evidence From The New Minimum Wage Research. David Neumark & William Wascher (NBER Working Paper, 2006). Apparemment la dernière étude (une revue de la littérature, en fait) très large sur le salaire minimum. Elle date de 2006. On pourra également lire le rapport 79 du CAE de Cahuc et Zylberberg de 2008. Je suis par ailleurs au regret de vous annoncer que les journalistes – je ne donnerai pas de noms – qui citent des chiffres sur l’impact du Smic ne savent visiblement pas de quand ils datent, parfois pas de qui ils émanent. Néanmoins, ils sortent des chiffres et prennent position avec vigueur. La question mérite, je pense, un peu plus de retenue.
Contrôle des loyers : retour au Moyen-Âge économique. Pascal Emmanuel Gobry (Atlantico). Une piqûre de rappel musclée sur l’économie des loyers. L’article a le mérite de souligner avec force que cette question n’est pas un sujet d’économie pure mais d’économie politique. Renoncer à ce genre de raisonnements conduit à s’aliéner une partie considérable de l’électorat et des clients divers. Les mesures de contrôle de l’immobilier qui sont injustifiées d’un point de vue économique, et souvent d’un point de vue de critères de justice pourtant admis de presque tous, ne sont pas prêtes de disparaître. En tout cas, le sujet avait déjà énervé Alexandre.
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"un pays peut utiliser une monnaie sans avoir le droit de la battre"
Excellente idée !
La situation de la Grèce risque effectivement d’illustrer bientôt l’inutilité pour une nation prospère de battre monnaie ; surtout quand toutes les économies "avancées" se battent pour noyer l’univers sous la leur.
Je regrette que la chronique de l’honorable Alexandre Delaigue ne soit plus libre d’accès mais accessible aux abonnés libé+. Etant libé–, je suis privé de lecture…
Réponse de Stéphane Ménia
J’ai oublié de signaler qu’elle sera en accès libre dans les jours à venir.
La réflexion de Alexandre Delaigue est vraiment très stimulante!! Merci!
@Gu Si Fang
sauf que c’est dangereux si un autre pays, lui, en a le droit
Pour information, Neumark et Wascher ont transformé leur document de travail pour le NBER en ouvrage aux MIT Press : mitpress.mit.edu/catalog/…
Réponse de Stéphane Ménia
Merci pour l’info. Ça a l’air bien augmenté.
Je ne vois pas vraiment de différence entre le Monténégro et la Grèce en matière monétaire. La Grèce, en tant que membre de l’UE doit être représentée auprès de la BCE, mais je ne la vois pas vraiment majoritaire et en pratique tous les membres de l’UE ont renoncé à leur « indépendance » monétaire au même titre que les états d’Amérique.
Sur le retour à l’équilibre primaire de la Grèce, les prévisions – mais en la matière elles sont démenties chaque années – mettent un déficit primaire à 1 – 2 % du PIB en 2012. Mais je crois – c’est à vérifier – que ce chiffre intègre les aides structurelles européennes qui représente 2 % du PIB grec. En cas de défaut, j’ai de gros doute qu’elles continuent à être versées.
Donc – en mettant les choses aux mieux – un défaut grec en restant dans l’euro devra attendra 2013 ou 2014.
Quant au 80 % des grecs qui veulent rester dans l’euro… j’ignore s’il y avait des sondages en argentine en 2001, mais je vois plutôt mal les argentins consentir majoritairement à perdre 50 % de leurs économies et voir le solde bloqué 3 ans. Hélas, nécessité fait loi…
henriparisien: Avoir des économies est rarement le lot de la majorité. Les perdre est un des systèmes d’imposition les plus progressifs qu’on puisse concevoir.
Au sujet du Monenegro: la condition essentielle pour faire ça n’est-elle pas d’avoir une balance commerciale excédentaire ? Faute de quoi, comment se procure-t-on la monnaie au départ ??
La Grèce bénéficie du fait que sa banque centrale peut emprunter auprès de la BCE via TARGET2 pour couvrir la fuite de capitaux. Ce qui maintient encore à peu près l’économie à flot. Si on coupe cette possibilité, c’est l’effondrement !
L’argumentation de l’article d’Atlantico sur les loyer est affligeante. L’auteur justifie qu’il ne faut pas contrôler les loyers par trois raisons :
– la première est que 93% des économistes américains y sont opposés. L’argument pèse lourd sans aucune référence au sondage à l’origine de ce chiffre (potentiellement réalisé à la sortie d’un cours professant ce dogme).
– une réglementation urbanistique inepte qui limite l’offre (argument que vous reprenez : je vous rappelle que dans votre propre article, vous souhaitez augmenter la hauteur des immeubles à Paris). L’argument est controversé (les règlements urbanistiques à Paris ne l’empêche pas d’être la sixième ville la plus dense du monde).
– enfin, une législation protectrice des locataires qui décourage l’offre. Soit.
Je l’ai déjà mentionné en commentaire de votre article (et j’aurais apprécié vos lumières, mêmes caustiques, sur mes raisonnements à la volée) mais il me semble que dès qu’on prend en compte quelques autres paramètres (spéculation sur le marché immobilier, engorgement, préférence pour la densité…) les choses deviennent beaucoup moins claires que ce que vous et ce monsieur Gobry décrivez.
Bonjour Kart
J’ai retrouvé votre principale proposition :
"Mieux vaut renforcer Amiens, Saint-Quentin, Reims, Chalons, Troyes, Auxerre, Gien, Orléans, Chartres, Dreux, Évreux et Rouen pour compenser Paris que fusionner Paris avec sa banlieue"
Parce que vous trouvez que le logement est trop bon marché en province ? Mais les prix ont depuis longtemps dépassé la limite du supportable aussi bien en banlieue qu’en province. Ce que vous proposez c’est d’étaler la peste pour qu’elle soit répartie un peu plus uniformément.
Et de toute façon comment ferez vous pour "renforcer" la province sans toucher aux normes d’urbanisme malthusiennes qui l’étranglent ?
Moi ce que je veux c’est extirper le mal partout où il sévit. Abolir les normes d’urbanisme malthusiennes. Partout. A Paris bien sûr puisque c’est là que le besoin de logements supplémentaires est le plus criant. Mais aussi à Amiens, Saint-Quentin, Reims, Chalons, Troyes, Auxerre, Gien, Orléans, Chartres, Dreux, Évreux et à Rouen.
Mouais… le prix du logement dans les villes que je cite est sans aucune comparaison avec les loyers parisiens. Et vous n’avez retenu qu’un élément de la conclusion, qui parle également de décentralisation à l’échelle de l’agglomération, ce qui permet de continuer à densifier sans revenir sur les normes d’urbanismes.
Le problème principal est que "naturellement" tout le monde veut habiter au centre. Or le "centre" peut naître n’importe où a priori. En revanche, dès qu’une légère concentration apparaît quelque part, tout le monde veut s’y implanter, ce qui renforce le-dit centre au détriment des régions périphérique. Le rôle de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire devrait être d’encourager des centres alternatifs pour éviter l’engorgement (et qui dit engorgement dit également ségrégation) des centres les plus attractifs. Rennes est un très bon exemple d’un tel développement, à l’échelle du centre-ville (développement du quartier de la gare en concurrence au quartier Saint-Anne) comme à l’échelle de l’agglomération (chapelet de villes périphériques, économiquement spécialisées – les règlements d’urbanisme évitent l’étalement par la définition de zones non constructibles en ceinture des villes). Toulouse est le contre-exemple absolu.
Par ailleurs je vous redis qu’il n’y a pas d’habitat plus dense que l’habitat hausmanien (thefunambulist.net/2012/0… ). Prétendre que des règlements d’urbanisme permettant d’élever la hauteur des bâtiments permettent également d’augmenter la densité est un raisonnement faux. Quand on augmente la hauteur, on diminue également la surface au sol (regardez l’espacement des tours aux Olympiades, par exemple, ou l’isolement de la tour Montparnasse).
Quant à parler de "normes d’urbanisme qui étranglent la province" je crois que vous vous foutez un peu de ma gueule. Vous croyez vraiment qu’on atteint les limites de la densité légale à Gien ou à Chartres?
Autre façon de jouer sur le demande de logement : inciter les ménages à ajuster la taille de leur logement à leur propre taille (par exemple en prenant un logement plus petit au départ des enfants) ; ou encore inciter les personnes à vivre en groupe (colocation, copropriété) car de nombreux équipements (cuisine, salon) sont alors mis en commun (d’où des gains de surface). L’incitation peut être monétaire, publicitaire ou en nature (faut faire des études pour savoir ce qui est le plus efficace). En effet, la densité des villes du Sud s’explique par le fait que des familles nombreuses vivent dans des petites surfaces (constaté moi-même à Dehli et à Manille), plutôt que par la hauteur des immeubles.
Ce que vous décrivez pour Rennes est très inquiétant : il y a manifestement pénurie de logements au centre, sinon on n’aurait pas observé d’étalement urbain, et donc pas éprouvé le besoin d’édicter des normes d’urbanisme pour le réprimer. Or ces normes d’urbanisme ne peuvent qu’aggraver encore la situation des personnes qui ne parvenaient pas à se loger en ville et qui se trouvent donc soit rejetées encore plus loin du centre, soit privées purement et simplement de toit.
Dans votre conception de l’urbanisme c’est le peuple qui est au service des urbanistes et non pas les urbanistes au service du peuple. C’est la conception française traditionnelle, mais pas la seule possible.
Dans certains pays on compare des clichés satellites d’une année sur l’autre pour détecter les directions dans lesquelles une ville se développe naturellement, et accompagner sa croissance en redéployant les moyens (voiries, réseaux, écoles, etc…) vers les zones où on constate que de nouvelles constructions sont apparues.
Un architecte américain avait une fois dessiné un campus sans prévoir aucune allée pour les piétons.
Il a attendu 6 mois que le piétinement des étudiants ait révélé les itinéraires qu’ils empruntaient spontanément : le dessin de son réseau d’allées piétonnes étant terminé, il n’avait plus qu’à le transmettre aux services techniques chargés de mettre du gravier ou du bitume à la place du gazon.
"Prétendre que des règlements d’urbanisme permettant d’élever la hauteur des bâtiments permettent également d’augmenter la densité est un raisonnement faux."
Aucun promoteur ne construirait en hauteur si cela ne permettait pas de loger plus de monde (de servir plus de clients) pour une même surface au sol. En effet plus le bâtiment est haut plus le coût (technique) de la construction est élevé, le coût marginal de l’étage supplémentaire si vous voulez. Un promoteur ne construit donc en hauteur que si cela est indispensable pour satisfaire la demande, et il ne construira pas un étage de plus qu’il n’est strictement nécessaire pour cela. Lui interdire de le faire c’est l’empêcher de satisfaire la demande et donc créer artificiellement la pénurie.
Quant à votre idée qu’on peut augmenter la densité en réduisant la surface allouée à chacun pour éviter de construire plus haut, je serais curieux de savoir si les habitants de Dehli ou Manille ne préfèreraient pas un grand appartement au 12ème étage plutôt qu’un petit au 4ème. Mais de toute façon à Paris on ne peut plus humainement aggraver encore la promiscuité, la situation est déjà intenable. Et c’est aussi le cas en proche banlieue, où les grands frères, pour lesquels il est déjà trop tard, traînent dehors toute la journée et tard le soir pour permettre aux petits frères qui n’ont pas encore décroché d’apprendre leurs leçons et de faire leurs devoirs au calme dans des appartements surpeuplés.
D’une manière générale je dirais que quand on observe un excès de population qui déborde sur la rue ou le trottoir, c’est que la promiscuité maximale supportable est atteinte.
En ce qui concerne la densité légale à Gien ou à Chartres, les choses sont pires que vous imaginez : il n’y a aucune densité légale, chaque commune fixe la sienne librement et peut interdire purement et simplement toute construction sur l’intégralité de son territoire si elle le souhaite. Beaucoup de communes rurales que vous trouveriez peut-être bucoliques l’ont déjà fait et vous ne trouverez aucun argument valable pour les convaincre que ce qu’elles font est mal tant que vous tolérerez la même chose de la part des maires des grandes villes. Ils vous répondront à chaque fois qu’ils ne voient pas pourquoi ils devraient accueillir les pauvres dont le maire de Paris, ou de Rennes, ne veut pas.
Il n’y a pas de pénurie de logement au centre de Rennes, et c’est entre autres parce que l’aglo encourage le développement des centres alternatifs en banlieue (écoles, salles de spectacle, centres commerciaux…). La cercle vicieux classique (population => attractivité => population) est en partie découragé.
Mais je vois que vous ne souhaitez pas comprendre ce point de vue.
Par ailleurs, je ne dis pas 1) que le fait que les maires soient sans contrôle démocratique les seuls aptes à décider des règlements d’urbanisme est optimal, 2) que les urbanistes doivent partout contraindre le développement de la ville sans prendre en compte ses développements réels (par contre votre exemple de "l’architecte américain une fois jadis" fonctionne peut-être avec des voitures, mais avec des voitures, des trains ou des avions j’ai un peu des doutes) : la question n’est pas où vais-je mettre ma ville nouvelle? mais plutôt entre ces deux villes concurrentes et de même taille, laquelle est-il la plus pertinente que je privilégie? (à moins de développer les deux de façon équilibrée) 3) que construire moins haut est moins cher ; oui la hauteur c’est moins cher, à densité égale ; ça n’est pas pour autant plus agréable à vivre.
En revanche, vous négligez tous les effets d’encombrement, de congestion. Quand vous dîtes qu’il n’y a pas à contraindre les hauteurs de bâtiments parce que le coût marginal égal le consentement marginal à payer, vous oubliez les effets externes d’une construction en hauteur sur la ville (eau, déchets, transports, voirie… d’autant plus que plus la population augment plus la ville est attractive, sorte de multiplicateur de population). Après, moi je m’en fous comment on internalise tout ça, si vous préférez les taxes, je veux bien.
mais je me battrai pas… (référencer correctement tout ce que j’avance prend largement trop de mon temps) mais à titre d’exemple le mal logement a plutôt tendance à régresser récemment : http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_... (voir à confort du logement, page 283).
Construire plus haut coûte toujours plus cher tant qu’il y a du terrain à bâtir. Quand il n’y en a plus la question ne se pose pas : ou bien on construit plus haut ou bien on ne construit rien.
Si on choisi de ne plus rien construire les logements existants coûteront encore beaucoup plus cher que s’ils avaient été construits en nombre suffisant, c’est à dire avec suffisamment de hauteur et de densité pour satisfaire la demande. La différence est empochée par les propriétaires en place, seule catégorie de la population qui a intérêt à cela. C’est typiquement ce qu’on observe à Paris et dans les grandes villes de province.
Eau, déchets : vous êtes sûr que les habitants des appartements en ville consomment plus d’eau et rejettent plus de déchets que ceux des maisons à la campagne ? Il me semblait pourtant que c’était l’inverse qui était vrai.
Transports, voirie : là, je suis catégorique. Moins les gens habitent loin de leur lieu de travail, moins ils ont besoin de transports et de voiries. Les normes d’urbanisme malthusiennes, en rejetant des millions de français très loin de leur lieu de travail, sont une source de stress, de pollution et de gaspillage gigantesque et ruineuse dans le domaine de l’énergie, des transports et de la voirie.
La question du multiplicateur de population : et si c’était cela, la véritable crainte de ceux qui défendent les normes d’urbanisme malthusiennes, du moins ceux qui ne font pas partie de la caste des propriétaires en place ? Pensent-ils que si on laisse construire assez de logements pour satisfaire les besoins cela ne servira à rien parce que les gens feront encore plus d’enfants ?
La question est légitime, mais pas la réponse. Si on pense qu’il faut lutter contre la surpopulation la méthode légitime consiste à dissuader les gens de faire des enfants en remplaçant notre politique familiale nataliste actuelle par une politique de planification plus au moins autoritaire des naissances et certainement pas à assassiner les enfants après leur naissance tout en encourageant les parents à continuer à en faire.
Et de toute façon appartient-il aux responsables de l’urbanisme de tenir en échec la politique décidée par les responsables de la famille ?