Une nouvelle note de lecture sur La société de défiance, de Yann Algan et Pierre Cahuc, ouvrage qui montre qu’en France, on s’aime pas et que c’est une mauvaise idée (mais que c’est pas notre faute complètement et que ça peut changer). Nous sommes en route vers la 200ième note de lecture. Mais laroute est encore longue, puisque cette chronique est la n° 175. L’équipe est en train de délibérer pour savoir si viser les 200 pour fin 2008 est un objectif raisonnable. En attendant, bonne lecture.
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Ce livre m’a beaucoup plu. Il est effectivement facile à lire et par ailleurs je partage complètement ses analyses
La première partie qui montre la différence de confiance entre notre pays et ces voisins me parait incontestable. Celle sur le lien entre défiance et le couple corporatisme / étatisme est convaincante; Entre les deux, l’intuition que cela démarre vers 1940 est moins probante mais les auteurs ont cherché des éléments de preuve et il n’y en avait pas beaucoup de disponible
Merci pour cette note
Au passage, je trouve fatiguant de voir toujours les pays scandinaves en tête des classements! Pourquoi n’en laissent ils pas un peu pour les autres?
Excellente note de lecture sur un ouvrage fort instructif et éclairant. A l’heure où Nicolas Sarkozy tente de diminuer le taux d’épargne salariale, facteur marquant à mon sens le manque de confiance en l’avenir et la défiance envers nos dirigeants, le point de vue de ce livre est vraiment très intéressant et abordable grâce à ses déductions empiriques et le peu de théorique auquel il fait appel.
La question que je me pose dès lors par rapport aux intentions élyséennes est pourquoi essayer de jouer sur une conséquence du manque de confiance plutôt que sur ce manque de confiance directement ? Sans doute est-ce plus facile…
Merci pour cette excellente note. Toutefois je crains que le diagnostic ne soit plus pessimiste encore. Si je me reporte aux livres d’Iribarne, ou déjà a Tocqueville et Bastiat, il n’est a craindre que cette société n’ai des racines historiques beaucoup plus profonde que Vichy et le CNR.
Je me demande si la caractéristique exceptionnelle des 30 glorieuses n’était pas justement la flexécurité dans la mesure ou le travail (de reconstruction et de rattrapage) ne manquant pas toutes les protections qui furent bâties a partir de 1973 n’étaient pas nécessaires.
A la première bourrasque le tempérament national reprit le dessus avec les conséquences que Hayek dans "La route de la servitude" (1943!) avait parfaitement prévu. Une demande de sécurité sans fin, aboutissant a la création d’une classe d’exclus et a une prime de plus en plus importante attachée a la protection corporatiste.
OK, je vais essayer de le parcourir. Mais il est vrai que sur ce sujet, je partage l’avis de Zemmour, pour qui le traumatisme de Juin 40 est encore prégnant dans notre société. On ne s’est toujours pas relevé de cette défaite et de tout ce qu’il s’est ensuit.
De plus, la décolonisation accomplie de manière catastrophique n’a pas renforcé notre estime de soi. Ajoutons à cela une immigration qui nous a renvoyé vers nos propres faiblesses, Mai 68, qui a fait exploser beaucoup de valeurs.
Donc, même si il est vrai qu’un état corporatiste peut avoir l’impact que vous décrivez, il me semble pertinent de ne pas oublier l’héritage lourd et non expurgé du passé.
D’autant qu’on est en France, un pays où la relation au passé est primordiale, a contrario des USA dont la mentalité est beaucoup plus tournée vers le futur.
Je viens de finir "L’économie de la Révolution Française" de Florin Aftalion. Au-delà du style et des attitudes de l’auteur qui sont absolument exaspérants, et de la démonstration parfois un peu légère à mon goût, on trouve des éléments qui rappellent curieusement le propos de Cahuc et Algan. C’est notamment l’histoire de l’accouchement dans la douleur du marché français des grains: mouvements populaires violents de blocage des départs de chargements d’une province vers une autre, lutte contre les "accapareurs", lois contre la liberté du commerce adoptées pour des raisons politiques par des élites pourtant économiquement plutôt lettrées, etc.
Sans référence à ce livre, tout l’engrenage qui a conduit à la Révolution relève assez précisément de cette défiance entre corporations qui a rendu si difficiles les efforts de réforme fiscale de la fin de l’ancien régime.
Je ne sais pas si on peut parler de caractère culturel permanent, mais en tout cas, il y a déjà eu des épisodes.