L’éducation nationale a la filière ES en ligne de mire. Ce n’est pas nouveau. Cela fait au moins 5 ans qu’on en parle (nous-mêmes avons plusieurs fois évoqué le sujet – je sais plus où…). Gizmo et OBO se font l’écho de propos menaçants du ministre Xavier Darcos. Outre l’article d’OBO, qui prend le ministre au pied de la lettre, il n’est pas inutile de rappeler quelques éléments. Un, que les profs de SES sont un repère de crypto-marxistes. C’est mal. C’est très mal. Mais qu’est-ce qui est le plus stupide ? Etre un crypto-marxiste de province ou oublier que les générations se renouvellent et que les jeunes profs de SES ne sont pas plus gauchisants que la moyenne des profs. Tenez, deux exemples : David Mourey et VilCoyote d’Optimum. Deux, il est un rêve de ministre de rationaliser les spécialités économiques au lycée, en fusionnant la nouvelle filière STG et la filière ES, le mariage mettant la première aux manettes. Je laisse à mes lecteurs sociologues le soin de défendre leur bout de gras sur les risques de la disparition des sciences sociales au lycée. En revanche, je m’interroge sur le leadership d’une filière éco-gestion. Sur trois points :
– comment rendre sexy cette filière encore et toujours montrée du doigt par les honorables familles ?
– en acceptant la spécialisation au lycée, a-t-on besoin d’autant de lycéens gestionnaires ?
– enfin, et surtout, a-t-on besoin de tant de spécialisation au lycée général et technologique ? A moins que… ce ne soit le lycée professionnel qui récupère finalement des effectifs par le très subtil glissement ES -> STG -> LP.
Il y a des choses qui m’échappent dans cette affaire. Mais une me semble acquise : ce n’est pas une priorité que de démanteler la filière ES.
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Je n’avais pas entendu parler de cette idée, mais je ne suis plus dans le milieu il faut dire.
Déjà, à mon "époque" (il y a cinq ans et plus) la filière ES était le fossé où tombaient tous ceux qui n’étaient pas assez scientifiques pour aller en S et tout ceux qui n’étaient pas assez littéraires pour aller en L. Résultat, la filière ES était dépréciée et ceux qui la choisissaient autrement que par dépit subissaient la dévalorisation de la filière comme les autres.
Je dois sûrement être très conservateur mais je trouve la distinction pas mal, sauf qu’à mon sens il faudrait peut-être précisément revaloriser la filière ES, ça m’aurait évité à l’époque d’aller en S par prestige plus que par amour des maths et de la physique.
Je connais le problème. J’ai dégagé de 1ère S pour une terminale B (ex ES). J’en avais marre de ne pas faire ce que je voulais faire sur le fond. Je n’ai pas eu à le regretter, mais j’aurais pu. J’ai aussi eu la chance de pouvoir le faire (j’avais gardé l’option économie et ai trouvé des oreilles administratives et pédagogiques attentives à mes envies). Pour être tout à fait honnête, je ne saurai jamais ce que m’a vraiment apporté la 1ère S… Peut-être plus que je ne le pense. Peut-être bien moins. Ah, et puis, sincèrement, certains jours, je me demande ce qu’aurait été ma vie si j’avais fait de la physique ou de l’informatique (qui ne me déplaisaient pas…).
Mais est-ce courant chez la droite de vouloir édulcorer tous les enseignements de sciences sociales? Du temps où j’étais en prépa B/L déjà on entendait dire que cette filière était menacée car elle était "de gauche". C’est un non-sens, l’État de soit de favoriser la pluralité des formations, et pas seulement celles qui correspondent aux orientations de la majorité… Sans quoi on est assurés d’avoir une réforme de la scolarité tous les cinq ans. Joie.
J’ai beaucoup aimé mes années ES, et c’est sans doute dû au fait que le dosage de sciences "dures" (maths uniquement, mais à bon niveau), de lettres et de sciences humaines est très équilibré et correspond bien aux profils (probablement nombreux) ni purement scientifiques, ni purement littéraires et intéressés par les sciences sociales.
Il reste que l’enseignement des sciences économiques et sociales, lui, doit vraiment être repensé, en mettant notamment l’accent sur ce qu’est une démarche véritablement scientifique (i.e., rigoureuse, sérieuse) en sciences sociales.
Cela implique de faire des distinctions aussi simples que celles entre le normatif et le positif, entre la description et l’explication, et puis d’aller plus loin en éclairant ce qui constitue une étude empirique "reliable" (à la Levitt, par exemple) et ce qui constitue une explication théorique crédible (à la Jon Elster, par exemple).
Il y a certainement des choses à faire. Je rappelle le texte d’OBO, qui montre assez clairement qu’en termes de débouchés les ES ne sont pas plus à flinguer que d’autres. Et oui, il faudrait que les cours d’économie évoluent. Mais peut-être qu’une société a la filière ES qu’elle mérite.
Avec ça et la lecture obligatoire du site Econoclaste, on devrait déjà bien améliorer un enseignement dont j’avais dénoncé les travers les plus grossiers dans un ancien post : xavier.typepad.fr/blog/20…
"Un, que les profs de SES sont un repère de crypto-marxistes."
C’est pas faux. On y croise des keynésiens honorables, des alter-mondialistes et des marxistes revendiqués. La probabilité d’y rencontrer un partisan du libéralisme, ou même quelqu’un considérant que chaque doctrine a ses avantages et ses inconvénients y est assez faible d’après mon expérience personnelle.
Et un “économiste”, il doit bien y en avoir, non ? Pssssiiitt… J’en connais. J’te file leur numéro de portable si tu paies bien…
C’est en tous cas stupide de s’en prendre à la filière ES en tant que telle. Le programme y est équilibré et complet, et ne prépare certainement pas aux voies de garage. Le problème de la filière, c’est surtout le fait qu’on y envoit des élèves qui sont jugés indignes d’aller en S, et donc qu’on y retrouve une proportion plus importante d’élèves fumistes, pour dire les choses comme elles sont.
C’est très vrai. De même que faire STG ne devrait pas être une déchéance dans l’esprit commun. Après tout, pour ne prendre qu’un exemple, si vous voulez être expert comptable, c’est ce qu’il devrait y avoir de mieux sur le fond. Mais bon, les forces de la sélection sont plus puissantes que les arguments des ministres, fussent-ils inspecteurs généraux.
@Xavier : "étude empirique "reliable" (à la Levitt, par exemple)"… bof bof, le freakonomics de Levitt est surtout un agréable passe-temps mais dont la valeur scientifique réelle est quand même douteuse. De toute évidence, il ne prouve rien mais raconte de jolies histoires (quoique que je n’ai rien contre le "storytelling" en sciences sociales, tout le monde même les néoclassiques, le fait) en choisissant ses données. Nul doute qu’un autre économètre pourrait "démontrer" l’inverse des thèses de Lewitt. D’ailleurs, y’a un bouquin qu’est sorti récemment destiné à réfuter les thèses de Levitt (même s’il n’est manifestement pas neutre idéologiquement) : http://www.amazon.fr/Freedomnomi...
Sinon pour cette histoire sur la filière ES… c’est à mon avis effectivement une tempête dans un verre d’eau. Sur le blog d’OBO, un commentateur indique que Darcos junior aurait des difficultés en fac d’éco, c’est peut-être une explication à cette réaction de papa Darcos… lol !
Trêve de plaisanterie, cette sortie de notre ministre est d’autant plus dommageable qu’elle vient, comme vous l’avez fait remarquer, masquer le véritable débat : celui de la modernisation de l’enseignement de l’éco au lycée. A ce titre, si je suis totalement opposé à une fusion entre la filière ES et la filière STG, il ne me paraîtrait pas totalement aberrant que les SES incorporent certains éléments plus orientés "gestion" des STG. Un exemple : j’ai fais moi-même ES, et il a fallut que j’attende ma deuxième année de fac et mes cours de compta pour que je comprenne réellement ce qu’est le "profit". Avec de bourrer le crâne des élèves sur la baisse tendancielle du taux de profit chez Marx, peut-être faudrait-il ce qu’est comptablement cette notion.
Étrange… Dans mon lycée de banlieue (pas dans le sens versaillais du
mot), c’est une filière qui fonctionne très bien, et dont les élèves s’orientent
souvent vers les prépas commerce, Sciences Po ou des facs comme Dauphine.
Ce qui fonctionne le moins bien et accueille des élèves qui auront du mal
ensuite, c’est plutôt la STG (élèves en difficultés) et L…
ES, c’est quand même un Bac où les coefficients s’équilibrent, il est préférable
d’être performant partout. Il est vrai ceci dit que la majorité ne prend pas ES
option maths mais ES option éco.
@Heu…
Par "à la Levitt", je voulais parler de la précision de l’économétrie, du recours aux expériences naturelles et à l’évitement du maximum de biais satistiques possibles (endogénéité, indistinction entre la correlation de la causalité, etc.).
Je pensais en fait surtout aux études de Levitt sur la criminalité (la plus connue étant celle qui évalue l’effet sur la criminalité de mettre davantage de policiers dans la rue), qui sont vraiment des chefs d’oeuvre en matière de rigueur et de créativité.
A qui profite le crime ?
Les profs de SES ne sont pas très nombreux. Nous supprimer (j’en suis) ne permettrait pas de grosses économies (selon l’association des profs de SES – APSES- nous sommes un peu plus de 4000, marxistes off course).
Alors? Quel est le but de la manoeuvre ? D’ailleurs depuis 2002 que je suis prof de SES nous sommes déjà à la 2 ème attaque, la première provenait de … Fillion…
Franchement, je me demande un peu aussi. Je vois bien pourquoi on peut envisager de vous virer, dans une certaine conception de l’efficacité productive des études secondaires. C’est l’argument implicite de Darcos. Mais, pour en revenir à ce que j’écrivais, on peut se demander ce que vaut un destin professionnel tracé au lycée. C’est bien pour cela que la plupart des élèves qui le peuvent font S…
"Il y a des choses qui m’échappent dans cette affaire."
C’est pourtant simple. Comme toujours, la réponse est dans Wikipedia :
"Né le 14 juillet 1947 à Limoges, Xavier Darcos est le fils de Jean-Gabriel Darcos, trésorier-payeur général, et d’Anne-Marie Banvillet.
"Après ses études au lycée de Périgueux et à l’université de Bordeaux, il devient professeur agrégé de lettres classiques et obtient ensuite son doctorat de troisième cycle en lettres et sciences humaines."
Voilà. Selon ses propres critères, le ministre est un raté qui s’ignore : il a fait une filière à faibles débouchés.
Mais dans sa grande mansuétude, Xavier Darcos compte sauver les générations futures de son triste destin de gros nul inutile en éviscérant le lycée des filières à faible rendement.
"Ce n’est pas une priorité que de démanteler la filière ES."
Tututut : je suis sûr qu’avec les arguments rationnels qui traînent sur les bureaux de l’exécutif, on peut trouver pleines de bonnes raisons. Regarde :
"– Selon les fichiers de police, 90% des pédophiles auraient suivi une filière ES
"– Une fillette agressée par un enseignant de SES non tenu en laisse
"– Jacques Attali retarde la sortie de son prochain ouvrage, ”Dans TVA sociale, il y a social”
Il suffit d’un peu de spin.
Autre hypothèse : démanteler la filière ES pour revaloriser la filière L en
créant une L sciences humaines avec de l’HG, de la socio et du droit ?
Tout comme Ddt, je n’avais guère entendu parler de cette histoire.
Comme lui, et comme l’éconoclaste de permanence pour répondre aux commentaires, j’ai passé une longue année en 1ère S, où j’avais été orienté car bon élève et par atavisme familial (4ème d’une fratrie tous passés par C ou S en quelques années dans le même bahut de provinvce).
Equations bilans et autres ions passant par magie d’un côté à l’autre des termes de l’équation, je n’en avais franchement rien à f****.
A la fin de l’année, je demande le passage en terminale ES – alors que je suivais sans trop de problème en S. Mon prof de physique-chimie : "ah oui, pas de problème, A. peut doubler en 1ère ES, mais c’est dommage."
Grâce à un proviseur-adjoint anciennement professeur de SES, j’ai eu la chance de pouvoir forcer les portes.
Un an plus tard, résultats du bac, et une mention qui me permet d’être dispensé de l’examen d’entrée dans un IEP.
Joli… C’est la plus grosse possible. Je n’avais pas fait aussi bien.
Commentaire dudit professeur de physique-chimie rôdant dans le hall du lycée ? "Ah mais tu n’aurais pas eu ça en S…".
Ouai, CQFD, hein… Ce genre de profs sont bien à plaindre. Ils vivent intellectuellement dans une autre époque.
SM
"Ah mais tu n’aurais pas eu ça en S…".
C’est grossier et indélicat, mais pas forcément faux. J’ai eu en ES la même mention, voire une encore plus grosse,
C’est pas la mention TB qu’il faut pour sciences po “gratuit” ?
et je ne l’aurais certainement pas eue en S. Ce qui ne veut pas dire que S soit plus "difficile", simplement que j’étais nulle en bio et avais la flemme d’apprendre des cours d’une physique qui ne m’intéressait pas, et qu’en ES les coefficients sur la philo, l’histoire, les SES… étaient plus élevés. Je ne suis pas certaine qu’un scientifique ayant eu 20 en maths et physique + 19 en bio aurait forcément fait mieux que moi en ES.
CQFD, le retour ! (et toc).
Quant à la STG et la ES, il faut bien voir qu’elles sont destinées à deux publics entièrement différents : la première est technologique, censée mener à des études courtes, voire au bac "sec", la seconde est générale, pour des études longues.
Ce n’est écrit nulle part. Un bachelier STG peut devenir expert comptable, non ? Bon, c’est bac+8… C’est l’usage qui a fait ça. Sur le papier, la seule distinction qui tienne la route, c’est le caractère plus ou moins tardif de la professionnalisation (et c’est après bac quoi qu’il en soit).
Théoriquement quelqu’un souhaitant suivre des cours de gestion et de compta devrait donc choisir la première immédiatement. Oui, mais… bien que toutes les filières soient en théorie égales, si elles l’étaient sur le CV ça se saurait !
Excusez moi chère Emmeline, mais là, vous enfoncez violemment une porte ouverte 🙂
P.S. : mon prof de SES n’était nullement crypto-marxiste, mais plutôt techno-ibiziste, brillantissime, très pédagogue, et l’idole de la classe avec ça. S’il passe sur ce blog je pense qu’il se reconnaîtra.
Euh, autant j’aime bien l’idée qu’il faut faire le bac qui nous correspond, autant l’argument "j’ai été meilleur(e) en ES qu’en S, na" ne fait aucun sens : à ce petit jeu, autant se ruer vers les filières Lettres.
Personnellement, sur le fond, il me semble qu’on peut apprendre pas mal de choses en trois ans d’études universitaires, et qu’au lycée, finalement, il faut surtout s’occuper de l’essentiel : savoir lire, écrire, compter intelligemment, dans plusieurs langues.
Ensuite, sur la forme, un Bac S fait toujours plaisir au marché de l’emploi et aux egos familiaux ("il sera ingénieur", idéal de la bourgeoisie depuis la Révolution).
*Frotte la grosse bosse que je me suis faite en tombant la tête la première* désolée pour la porte ouverte. Je souhaitais précisément pointer qu’il est bien beau de la part de notre ministre de dire "STG et ES c’est tout pareil, et même la STG c’est mieux" mais que s’il veut cantonner l’économie à un bac technologique, tous ceux qui ont fait ES par choix la délaisseront pour de bon et il restera tellement peu d’économistes que même Attali aura du mal à remplir sa commission.
Pour mon abjecte simplification bac techno=filière courte, bac général=filière longue, je l’avais lue dans des fifiches Onisep en terminale. Je pensais donc que c’était les consignes zofficielles du ministère, mea culpa.
"j’ai été meilleur(e) en ES qu’en S, na" ne fait aucun sens : à ce petit jeu, autant se ruer vers les filières Lettres."
C’est un peu n’importe quoi, ça : "j’ai été meilleure en ES qu’en S" ne voulait pas dire "y sont trop forts en S donc j’aurais été nulle, y a que des bouses en ES donc j’étais bonne, en L y a des super bouses j’aurais été super bonne". On peut être très bon en maths et ne pas savoir écrire une dissertation (auquel cas se ruer vers les lettres se traduira par un échec complet). Bonjour le mépris pour la filière de M. le ministre…
Sinon, savoir lire, écrire, compter, d’après Robien c’était le socle commun du primaire. Au lycée, on recommence les 4 opérations, mais en javanais ?
Pourquoi ne pas fusionner les SES et l’éco-gestion ? Il y aurait un tronc commun – l’économie – et des options – gestion, commerce, sciences sociales. Après tout, cela existe déjà en éco-gestion. Pourquoi ne pas proposer une filière optionnelle parmi d’autres ?
L’APSES est en train de collecter des témoignages d’anciens Es (ou B), n’hésitez pas à laisser le votre !
http://www.apses.org
J’ai vu pas mal d’ex S se manger totalement en Deug (oups licence 1 et 2) d’éco et des ES avoir de bien meilleures notes qu’eux même dans les disciplines plutôt mathématiques (c’est à dire toutes sauf l’HPE lol))
un ex S
Petit témoignage personnel, un peu ancien, fruit d’une époque où la filière ES s’appelait encore filière B. J’étais un bon élève à l’école, ce qui m’a amené fort logiquement à entrer en première S.
Pourtant, j’aimais beaucoup les sciences humaines, nettement plus, en vérité, que les sciences dures. J’avais en particulier une saine horreur de la bio. Enfin. Fin de première, bon niveau, admis en terminale C. C’est le moment que j’ai choisi pour faire une tardive crise d’adolescence et de lutte contre le système français, en décidant que je choisirais de passer en B, en montrant qu’on peut réussir en optant pour une filière jugée moins noble. Je me destinais à l’époque à un truc du type scpo ou prépa hec. Je savais la voie éco plus difficile a priori que la voie générale, surtout à l’époque, où très peu de voies éco entraient dans les grandes écoles parisiennes.
J’ai eu une année de terminale passionnante, avec des profs d’éco et d’histoire géo qui m’ont vraiment fait découvrir les sciences humaines et leur richesse. Ensuite, prépa HEC, et entrée par la grande porte dans le saint des saints, la mecque du business international 😉
Tout ça pour dire que : oui, merde, on peut d’une part réussir, et en plus, apprendre des choses majeures en ES. J’y ai eu les bases de ma formation économique, d’un prof qui n’était pas un cryptomaxriste, mais plutôt un bon gars de gauche, sympathique et nous ayant fait découvrir de manière solide les bases des théories éco. Il y aurait bien évidemment à redire sur cet enseignement, comme tout enseignement, d’ailleurs, mais enfin, ce n’est pas parce qu’il y a un biais supposé qu’il faut couper la chose…
Allez, courage, amis professeurs barbus…
P’tain… j’ai pas mal l’impression de lire mon histoire écrite par un autre. Y compris pour le prof de SES et la bio… Etonnant !
Salut Alexandre, merci pour ton soutien à la serie ES et aux SES.
[ Discrète parenthèse : l’auteur de ce billet n’est pas Alexandre, mais SM. Ce qui ne change pas grand chose sur le fond. Nos points de vue sur le sujet sont plutôt convergents.]
Ce n’est pas Ces critiques radicales qui se répétent à l’identique années aprés années ne sont pas constructives. D’une part, c’est assez exagéré et d’autre part, mettre tous les prof de SES dans le même panier c’est un peu court. Déjà, environ 15 % des prof de SES adhérent à la seule asso existante, l’Apses représentée avec efficacité par Marjorie Galy (ci-dessus). Donc, environ 85 % sont hors Apses. Ce qui laisse de la place à une grande hétérogenéité. Pourtant ce premier "clivage simple" n’est pas suffisant pour illustrer la richesse des débats entre prof de SES. Bref, tout cela n’est pas vraiment sérieux, ni crédible. Finalement, je me demande pourquoi ces critiques sont aussi répétitives…. Ma première réponse est que nous y répondons (collectivement) mal, voire trés mal.
Cela laisse de la place pour une réflexion approfondie…
Il y a aussi la vieille idée de supprimer les SES en seconde et première pour n’en faire qu’en terminale (comme la philo). Pour compenser les heures perdues, les profs d’éco devraient alors faire des cours d’initiation à la culture d’entreprise au collège (sic!)…
L’idée de faire disparaîre la filière ES (ou celle qui l’a précédée : la filière B), en la fusionnant avec sa cousine STG (ex G), a en effet plusieurs fois été considérée comme une piste possible par certains responsables du ministère. Mais cette fois ci, le scénario avancé par le ministre n’est pas celui-là. L’idée dominante aujourd’hui est de rendre soluble la filière ES dans… la filière L.
J’en veux pour preuve un récent rapport de l’Inspection générale, saisie par le ministre d’alors d’une étude sur ce qu’il faut bien appeler la crise de la filière L. ce rapport, téléchargeable sur le site du ministère http://www.education.gouv.fr (rubrique rapports officiels) date de juilet 2006, et s’intitule "Evaluation des mesures prises pour revaloriser la série littéraire au lycée".
Après avoir mis en lumière la baisse des effectifs de cette filière, en la comparant à l’augmentation forcément insolente de ceux de la filière ES (je cite les rapporteurs : "l’analyse des évolutions des effectifs des séries générales depuis 1989 laisse apparaître une chute spectaculaire du nombre d’élèves de la série L (-28%), contre une augmentation de 18% en série économique et sociale"), les inspecteurs généraux recensent un certain nombre de facteurs explicatifs de cette crise de la filière L, et proposent deux scénarios susceptibles d’enrayer cette évolution :
1. Un scénario que les inspeceurs généraux qualifient eux mêmes de "radical", qui consisterait à fusionner les trois filières générales actuelles (ES, L et S) en une seule, la différenciation des élèves étant maintenue, mais par un jeu d’option, et non par l’existence de filières spécifiques. Ce scénario, les rapporteurs ne le recommandent pas : "si, théoriquement, ce scénario est envisageable (…), plusieurs raisons risquent de dissuader de le mettre en oeuvre et les conditions de sa réussite ne semblent pas pouvoir être facilement réunies".
2. Un scénario qualifé de "réaliste" ("un scénario qui fusionne les séries ES et L, en conservant deux groupes d’options assez nettement différenciées". Les rapporteurs vont jusqu’à proposer de donner à ce nouveau bac ES/L le nom de "lettres, économie et sciences sociales" (LES), dans le souci écrivent-ils de "ne pas donner l’impression aux enseignants qu’une discipline a été absorbée par l’autre".
Dans ses dernières déclarations (en date), le ministre a manifesté sa préférence pour le premier scénario, pourtant considéré pazr les rapporteurs comme "radical", et dont ils préviennent qu’il se heurtera à une forte résistance. Le scénario qui rendrait le bac ES soluble dans le bac L est donc une stratégie de repli possible, plus "réaliste", mais que le ministre pense probablement obtenir d’autant plus aisément qu’il aura commencé par prôner l’idée du scénarion "bac général unique".
Dans les deux cas : exit le bac ES.
Bruno MAGLIULO
Inspecteur d’académie honoraire
Ancien professeur puis inspecteur de sciences économiques et sociales
Auteur, dans la collection L’Etudiant, de "Réussir ses études avec un bac ES".
Bonjour,
Puisque vous invitez les sociologues à défendre leur bout de gras, je me suis livré à l’exercice. Si cela vous intéresse : uneheuredepeine.blogspot….