La rentrée est arrivée. La vie reprend donc son cours normal. Comme le souligne Samuel Laurent sur Twitter, les 75% s’annoncent bien symboliques, citant deux articles (ici et là). Taux effectif inférieur, base fiscale réduite au minimum. Le duo gagnant d’une rustine discrète. Faut-il être surpris ? Non. Il apparaissait assez clairement que 75% d’imposition marginale, même pour de très hauts revenus, était un chiffre excessif. Excessif compte tenu de ce qui se passe dans des pays à impôt réellement progressif (qui dépassent rarement les 55%). Excessif aussi, parce qu’en dépit de pleurnicheries pathétiques dans leurs rangs, les très riches restent des citoyens comme les autres et, dans une démocratie qui se respecte, on évite de taper trop fort sur la tête des gens. Évidemment, vous me direz qu’ils ont été bien épargnés auparavant. Mais, d’une part, on ne corrige pas une bêtise par une autre bêtise. D’autre part, les riches d’hier ne sont pas forcément ceux d’aujourd’hui (enfin, pour certains…). Excessif enfin, parce que prompt à déclencher tous les lobbying possibles et imaginables, compte tenu de l’enjeu non négligeable. Sans oublier que ceux qui sont directement concernés pouvaient être épaulés par d’autres, comme je le suggérais ici.
Ainsi donc, le gouvernement fait le triple choix de la raison (c’était dur), du symbolique (on a dit 75%, on s’y tient… vaguement) et du statu quo fiscal. Parce qu’en vérité, comme le montrent les bidouillages autour du plafonnement de la surtaxe, envisager cette taxation sans remettre à plat le système fiscal dans son ensemble est complexe. On savait déjà depuis un moment que l’équipe de Hollande n’avait pas l’intention de s’atteler à une réforme plus en profondeur, dont la fusion impôt sur le revenu-CSG aurait été le signal. Peut-être plus tard, qu’en sait-on ? A vrai dire, on le sait : c’est pas demain la veille…
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Au fait, est-ce qu’on a des estimations sur ce que coûte la complexité du système fiscal français ?
Il ne serait peut être pas stupide d’harmoniser les taxes au moins avec nos plus proches voisins européens.
Quitte à éjecter d’europe les paradis fiscaux qui ne jouent pas le jeu tels que Luxembourg, Irlande, Suisse (avec laquelle nous pratiquons de fait le libre-échange)
Et à dire vrai, pourquoi est-ce si dur de réformer la fiscalité ?
Je comprends bien que personne ne voudrait tout bouleverser alors que la conjoncture est si mauvaise mais mais n’y-a-t-il pas de chemin intermédiaire entre tout chambouler et ne rien faire du tout ?
"les très riches restent des citoyens comme les autres et, dans une démocratie qui se respecte, on évite de taper trop fort sur la tête des gens."
mais pourtant de tels taux ont existé dans biens des démocraties et pendant un bout de temps (en france mais aussi aux usa)
J’avoue n’y rien comprendre.
D’après certains (Piketty notamment), malgré une tranche supérieure a 75% les très riches payeraient autour de 30% d’impôt, ceci grâce aux nombreuses niches fiscales et au fait qu’une grande partie de leurs revenus proviennent du capital. Par exemple, il soutient que Mr Arnaud ne payerait effectivement que 10% d’impôt. Pourquoi alors faire un plafonnement d’une surtaxe qui n’existerait pas dans les faits?
Pourquoi annoncer une tranche a 75%, qui me parait politiquement dangereux et qui ne changerait pas grand chose, plutôt qu’une vraie reforme en profondeur?
J’entends sur certaines chaines prétendument économiques, des présentateurs ou intervenants s’insurger sur une fiscalité confiscatoire. Qui dit la vérité? Si effectivement les très riches ne payent au final pas plus de 30% d’impôt, le système ne me parait pas confiscatoire mais simplement terriblement illisible.
En toute objectivité, les riches dans notre pays sont-ils surtaxés?