On la doit à Touria Jaaidane et Robert Gary-Bobo à la fin d’un article publié par Telos :
le rapport Pochard dit avec élégance que le métier de prof est devenu un « métier de femmes », et que les salaires des enseignantes sont des salaires d’appoint.
Pour ceux que cela intéresse, le reste de l’article est très intéressant.
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Un ancien patron du comité des forges me demande de préciser que la conclusion est : "Enfin, nous ne résistons pas au plaisir de paraphraser Marx et Engels qui ont écrit dans le Manifeste du Parti Communiste : « le bourgeois ne voit dans sa femme qu’un simple instrument de production », en risquant la formule : le cadre voit dans sa femme prof un matelas de sécurité permettant d’amortir le choc d’un licenciement ou d’un accident de carrière. En espérant qu’il ne voie pas que cela, bien sûr." En même temps, si c’est Gary-Bobo qui l’écrit… 😉
ça (me) fait quand même bizarre d’imaginer l’enseignant type comme étant l’épouse d’un cadre, qui, lui, travaille très probablement dans un grand centre urbain, enseignant une discipline qui ne peut qu’avoir quelque côtés ingrats dans le collège décrépi d’un bourg autrefois industriel et désormais de troisième banlieue (donc peut-être situé à soixante ou quatre vingt kilomètre du lieu de travail de son conjoint) de cette même métropole, bourg désormais transformé en cité dortoir refuge des aspirations d’accès à la propriété ou simplement de logement décent des personnes exerçant sur les emplois les moins qualifiés à l’échelle de la région métropolitaine.
Je n’arrive pas à y croire : mais pourtant, ça pourrait être ça. ça n’a pas l’air très optimal, dit comme ça.
L’évolution à la baisse du salaire des certifiés montré par Gary Bobo pourrait ne pas être propre à cette profession mais à tous ceux qui ont le même niveau de diplôme
C’est le double résultat d’une évolution lente du salaire moyen par actif et de l’évolution rapide du niveau de diplôme des actifs
C’est du moins ce que j’ai essayé de montrer ici
verel.typepad.fr/verel/20…
Réponse de Stéphane Ménia
Quel était ton objectif en démontrant ceci ? La polémique tourne autour d’une idée de base, qui est que les enseignants du secondaire seraient doublement protégés depuis le début des années 80. Protégés sur la sécurité de l’emploi et protégés sur la rémunération. Ce que montre ces études, c’est que cette seconde protection est toute relative et, pour ceux qui ne veulent regarder que l’évolution globale, sans distinction entre point d’indice et ancienneté (ce que fait Woerth, du reste), la hausse du pouvoir d’achat n’est liée qu’au premier élément.
Contester cette progression à l’ancienneté c’est, comme tu le sais, sortir d’une logique qui a des fondements plus solides qu’on ne le dit au café du commerce (ou à l’Elysée, je confonds un peu ces temps-ci, qu’on m’en excuse). La seule alternative, c’est de casser l’emploi à vie. C’est peut-être une solution, mais qui pose deux problèmes. Le premier, c’est qu’il n’est pas assuré que l’institution y gagne. Au fond, même si je n’ai pas d’opinion réelle sur le sujet, la stabilité dans l’emploi n’est pas le seul élément qui détermine l’efficacité des fonctionnaires. Tout au plus, elle agit sur le système dans son ensemble (en alourdissant ses mutations), peu sur les comportements individuels. L’autre problème immédiat, c’est que l’emploi à vie existe actuellement et que dans ces conditions, la rémunération en fonction de l’ancienneté n’est pas une mauvaise idée. Voir les travaux de Lazear et compagnie sur le sujet.
Le but de mon article était de souligner que le phènomène relevé par Gary Bobo et son équipe à propos des enseignants pouvait être généralisé à toute une série de titulaires de diplômes équivalent
On sait par exemple que la proportion de bac + 4 qui accédent à l’emploi de cadres est beaucoup plus basse qu’il y a 25 ans
De la même manière, ce qu’il a fait pour les éboueurs illustrent le phènomène plus global d’écrasement de la hiérarchie salariale ouvrière avec l’augmentation du SMIC
Pour ce qui est de l’emploi à vie chez les enseignants, je distinguerais deux choses
1) la sécurité de l’emploi :
sur le plan collectif, une entreprise qui aurait la pérennité de la charge de travail qu’à l’Education Nationale n’aurait aucune raison de faire des licenciements. Elle pourrait peut être traiter différemment les cas de titulaires d’un métier en disparition ou les mobilités géographiques, mais à priori pas par le licenciement. Reprocher l’emploi à vie des enseignants parce que fonctionnaires est stupide
sur le plan individuel, j’estime qu’il faut sortir très vite les jeunes profs qui ne font manifestement pas l’affaire, pour les futurs élèves bien sûr, mais aussi pour eux mêmes: il est assez aisé de se reconvertir quand on a un bac + 4 ou 5 et deux ans d’expérience. Au delà, les cas de licenciement sont des cas marginaux
2) le maintien dans l’emploi: je ne vois pas bien pourquoi le métier d’enseignant devrait forcément se faire toute sa vie. Qu’il y en ait qui fassent toute leur carrière n’a rien de choquant, au contraire, que ce soit le cas de tous ou presque prouve plutôt qu’on n’a pas su offrir d’autres voies d’évolution
En ce qui concerne la carrière à l’ancienneté, il s’agit d’un système qui a l’immense avantage d’être simple. Mais au niveau d’écart entre début de carrière et fin de carrière (de qu’on trouve dans de nombreux endroits de la fonction publique et en particulier chez les professeurs, le système me parait inique. Il ne respecte pas le principe de base "à salaire égal travail égal"
Et pour revenir au point précedent, il fidèlise au point d’enfermer
Sur ce point, on peut lire
verel.typepad.fr/verel/20…
et tant qu’à faire dans la provocation
militeraveclenouveaucentr…