Difficilement, d’après Martin Feldstein.
Il en sortira renforcé, d’après Barry Eichengreen.
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Quand vous disiez que les économistes savent poser les questions mais pas les réponses, la je suis ébahis.
Sachant qu’en matière macro économique on peut aligner un économiste pour et un économiste contre, que conseilleriez vous a un politique de faire en matière économique afin d’éviter qu’il se fie a son bon sens (qui est en matière économique pire que tout, mes deux mois d’eco a l’université m’ont bien appris cela).
L’euro serait deja mort sans les centaines de milliards de $ de swap lines de la Fed, lesquelles sont illimitees et sans condition. Ce que Eichengreen ecrit au sujet des petits pays hors zone euro vaut pour la zone euro vs le $.
Eichengreen: (Ce sont les pays européens hors zone euro qui ont souffert le plus. Leur devise étant moins présente au niveau international, les passifs de leurs banques sont souvent en euros, ce qui les rend dépendants de la hausse des taux d’intérêt pour attirer – via le marché et les swap lines [accords réciproques de fourniture de liquidités pour répondre aux demandes des banques] de la BCE – les liquidités en euros dont leurs banques ont désespérément besoin. Jusqu’à présent, ces swaps ont eu lieu, mais avec retard et sous condition.)
ça penche plutôt vers le oui..
Moi qui m’attendais à une réponse tranchée à la lecture du titre… la vrai réponse c’est que les deux cas de figure sont envisageables et que rester dans le questionnement est une excellente façon de ne pas se tromper :).
Mais quel est votre avis Alexandre ?
Mouais, je choisirait une opinion entre Eichengreen et Feldstein.
La politique monétaire de la BCE assure une certaine stabilité aux marchés financiers, ce qui est important en contexte de crise, lorsque la stabilité est une denrée rare. De plus, l’absence de politique de change permet aux principales devises internationales de compter sur l’euro pour s’ajuster. L’euro est donc devenu en quelques années un élément important du SMI. En termes d’économie politique, on peut donc considérer que ni les US, ni les principales économies asiatiques (CHine Japon) n’ont intérêt à voir disparaître l’euro. Donc l’euro survivra à la crise financière.
En sera-t-il renforcé ? Peut être, mais ce n’est pas l’économie européenne qui en retirera les bénéfices. Car Feldstein a raison d’insister sur les divergences au sein de la zone euro. Il oublie d’ailleurs de dire qu’elles ne sont pas visibles que dans les taux obligatires réels, mais dans pas mal d’autre éléments (spécialisation commerciale, politique salariale). Ce qui induit des politiques économiques très différentes au sein de la zone euro. Les politiques non-coopératives ont toujours existé au sein de l’UEM (Pays Bas, Allemagne, Espagne, et puis avant l’UEM on a eu l’Italie, par exemple). On revient là sur les terres du sujet de "la gouvernance économique au sein de la zone euro".
Je m’arreterais là (sauf si econoclaste me pousse à aller plus loin). En résumé, l’euro survivra à la crise financière, son rôle au niveau international, et la confiance des marchés financiers augmentera peut être, mais c pa pour ça que les économies nationales de la zone euro en retireront des gains économiques. C kan mem assez paradoxal, quand on sait qu’une monnaie unique, normalement doit justement avoir la pleine confiance de ces citoyens. Alors que là, elle aurait plutôt celle des marchés financiers…
"En termes d’économie politique, on peut donc considérer que ni les US, ni les principales économies asiatiques (CHine Japon) n’ont intérêt à voir disparaître l’euro. Donc l’euro survivra à la crise financière."
On peut certainement compter sur la démagogie de quelques-uns des gouvernements de la zone euro pour chercher à trouver la limite de ce raisonnement avec les meilleurs intentions du monde : lutter contre la crise, bien entendu. D’ailleurs, la politique fiscale particulièrement favorable aux capitaux de quelques petits états de la zone euro me semble déjà en soi et depuis fort longtemps intégrer cette hypothèse, sur laquelle des coups de butoir allant croissant iront se fracasser, pour "la croissance".
Milton friedman pensait en 1992 que l’euro ne se ferait pas.
aurait-t-il finalement raison à titre postume.
ami.du.laissez-faire.eu/_…
De fait des régimes de banque centrales on survécus à bien des crises, y compris dans des systèmes confédéraux.
Il serait tout de même facile de laissez la liberté monétaire aux gens, ne serais se que sur l’or en supprimant les lois qui en interdisent l’usage. Par les temps qui courent je suis sur que ça aurait BEAUCOUP de succès.
C’est l’idéologie de nos politiciens qui maintien le monopole d’une monnaie contre la volonté des usagés. Pour cette raison je je ne crois pas que ce soit d’actualité. L’idéologie résiste presque à tout.
Ce qui m’étonne c’est l’absence d’avis de notre hôte sur ces deux opinions.
Ce que je vois c’est Feldstein nous promettre de graves problèmes pour le futur, dont pas un seul ne s’est encore réalisé alors que nous sommes déjà profondément dans la crise.
Et Eichengreen nous décrire ce qui est déjà passé et comment les *faits* démontrent que l’euro a jusqu’à présent été profondément plus solide qu’on ne peut le penser.
Pour moi, Feldstein a matériellement tort. Aucun pays ne cherche à fuir l’euro. Plusieurs pays de la périphérie sont au contraire en train d’essayer de rentrer. Pourquoi ? Parceque ce que décrit Feldstein appartient au passé. L’économie aujourd’hui va plus vite, sanctionne à une vitesse éclair et de façon radicalement intransigeante l’irresponsabilité monétaire. Sortir de l’euro pour lâcher les freins, dévaloriser sa monnaie ? L’Islande (involontairement) sert d’exemple dramatique à quiconque tenté par ce type de manoeuvre qu’en deux mois la monnaie du pays tenté de faire cela pourrait très bien ne plus *rien* valoir sur le marché international.
Ceux qui sont dans le système ont peut-être l’impression d’être soumis à la discipline d’une caserne, que les contraintes de l’euro profitent bien plus aux marchés financiers qu’à leurs citoyens, mais apercevoir ceux qui sont dehors se faire dévorer par les chiens aide beaucoup à supporter cela et à éviter la tentation de sortir.
Quand aux libéralité de swap des US qui sauverait l’euro d’après jck, il ne se donne même pas la peine d’expliquer pourquoi cela aide l’euro et pas les petites monnaies ? Parceque les US acceptent de recevoir des euro et pas autre chose ? Peut-être bien, mais alors c’est une justification complète à la création de l’euro pour obtenir ce poids qui maintenant fait toute la différence.
Réponse de Alexandre Delaigue
Vous savez, je me vois mal départager des gens comme Feldstein et Eichengreen. La seule chose que je constate, c’est que depuis le début l’euro a été un projet plus politique qu’économique; quoi qu’en dise Gordon Brown, ce n’est pas une étude des coûts et des avantages économiques qui détermine l’adhésion, ou un éventuel départ. cela n’empêche pas de les étudier, et c’est l’intérêt de ces articles et de cette discussion. Et oui, sans la Fed, la BCE aurait eu de gros soucis.
"aprecevoir ceux qui sont en dehors se faire dévorer par les chiens"…Oh, oh ! Doucement, là, on dirait vraiement que l’Islande est devenu une terre de crimes et de barbaries, et que si la France n’avait pas l’euro, elle en serait au même point ! Attention, là, vous allez un peu loin ! Les deux économies sont très différences, l’Islande était spécialisée dans la finance, la France est beaucoup moins spécialisée. Est-ce une raison pour sortir de l’euro ? Non, car une économie comme la France y gagne en stabilité.
Est-ce que cette stabilité est indissociable d’une croissance morne ? NON NON et NON !
Pour répondre de la sorte, on peut mobiliser quelques théories de la croissance, qui insistent sur deux trucs importants il me semble: en premier lieu, l’investissement en R et D, et en second lieu, la coordination des politiques économiques dans un espace intégré (dans l’UE, quoi). Bah l’UE n’a fait ni l’un ni l’autre.
Résultat : le problème de la zone euro n’est pas tant la politique monétaire que la croissancce dans un espace semi-intégré (l’intégration n’est jamais terminée). Les théories des Zones Monétaires Optimales insistaient déjà là dessus, il y a 40 ans de cela ! Sauf qu’ils se gourraient de solution en proposant une flexibilité accrue. Alors que la solution n’est autre qu’un budget européen digne de ce nom, une politique monétaire un peu plus laxiste (les marchés ont maintenant confiance en elle, pas besoin d’en rajouter qur la rigueur), et une démocratie européenne !
…Ouais…Bon…on peut toujours rêver quoi !
N’empêche dans la situation actuelle, les grands pays de la zone euro ont "le cul entre deux chaises", et ça freine le potentiel de croissance.
Je ne suis pas sûr qu’on puisse vraiment les opposer.
Eichengreen constate que pour le moment, les pays en zone euro s’en sortent nettement mieux que ceux qui sont restés dehors. Il a tout à fait raison quand il examine la politique des pays qui avaient essayé d’instaurer une politique de change fixe (Pologne, Hongrie ou Islande). Il est un peu tôt pour se prononcer sur le cas de l’Angleterre qui visiblement n’entend pas défendre la parité de la livre avec l’euro et qui du coup a une grande liberté dans les choix politiques pour la résolution de la crise.
Feldstein souligne simplement que les pays qui sont dans la zone euro peuvent jouer perso et essayer de tirer les règles en leur faveur au risque de casser l’euro. L’abandon de la règle des 3 % (aussi absurde quelle soit) peut être vu comme un prélude à son scénario. Si la récession dure quatre ou cinq ans, si le taux de chômage augmente, si les états sont obligés d’engager les centaines de milliards d’euro qu’ils ont promis aux banques, ce scénario peut se réaliser.
Et ils sont tout les deux d’accord pour souligner qu’il manque un préteur en dernier ressort dans la zone euro.
Par certain coté, l’euro c’est une généralisation d’une politique de taux de change fixe. L’avantage a court terme, c’est qu’elle permet de mettre les économies nationales à l’abri de la spéculation sur leur monnaie. Cette avantage a joué à plein sur 2008. L’inconvénient, c’est qu’elle n’empêche pas les économies de la zone de diverger, au risque que les tensions s’accumulent jusqu’à provoquer un big one. L’écart de rémunération de la dette des principaux pays de l’UE peut être un signe avant coureur. Il n’est déjà pas négligeable (40 ppb entre la France et l’Allemagne).
Y-a-t-il utilité à essayer de départager les deux discours ? Ce que dit l’un ne semble pas nécessaire incompatible avec ce que dit l’autre.
S’il survit l’euro sortira plus fort de la crise, c’est évident, non ? "Ce qui ne me tue pas me rend plus fort" (Nietzsche le barbant)