deux erreurs ne font pas une vérité

Versac partage beaucoup de l’article de Jean Peyrelevade dans le monde daté d’aujourd’hui, consacré au “mal français” en matière de croissance. Moi, je ne peux pas : cet article pose un gros problème. Si à la première lecture cet article peut sembler sensé, s’il met en évidence quelques vérités qu’on aimerait lire plus souvent, il contient trop d’énormités pour que l’on puisse vraiment y adhérer.

Commençons par ce qui est bon dans l’article, et qui justifie la réaction favorable de Versac. Oui, discours et politiques économiques reposent sur une vulgate aberrante, celle de la “consommation qui tire la croissance” qui pose l’augmentation de la demande (interne et externe) comme déterminant unique de la croissance. Oui, jusqu’en 1983 et la “désinflation compétitive” les dévaluations négociées servaient de variable de rétablissement de la compétitivité à l’exportation des entreprises, permettant de les dispenser partiellement d’efforts de productivité en faisant peser la charge de l’ajustement sur les consommateurs par le biais d’une inflation sans cesse accrue; oui, depuis le passage à l’euro, le déficit public (dépenses clientélistes en hausse, baisses d’impôts tout aussi clientélistes) a remplacé les dévaluations régulières dans la panoplie politique – et nous atteignons le point ou augmenter encore déficits et dette publique devient incompatible avec les engagements européens; Oui, la TVA sociale n’est rien d’autre que le retour de la même chose, une simple dévaluation déguisée; Oui, nous assistons actuellement à une incurie en matière de politique économique qui rappelle les pratiques et les circonstances de 1981.

Le grand mérite, souligné à juste titre par Versac, de cet article de Peyrelevade est de dénoncer les apories de ce discours de la demande, et de montrer qu’au delà des effets d’annonces, la politique actuelle du gouvernement reste dans la droite ligne de cette vulgate et des politiques économiques inutiles et nuisibles qu’elle implique. Sur ce plan, il a raison… Mais pour remplacer cette vulgate par un discours encore plus consternant.

On peine à relever toutes les énormités que contiennent son article, qui font lever les cheveux sur la tête devant tant d’horreurs. Selon Peyrelevade, la productivité par tête en France est “beaucoup trop basse”; Il affirme que “le taux de croissance d’une économie est égal, sur la durée, à son taux d’investissement net”; qu’une économie qui consacrerait la totalité de ses revenus à la consommation connaîtrait une croissance nulle”; que le “théorème de Schmidt” (selon lequel les profits font les investissements, et les investissements la croissance) est vrai; que “les marges des entreprises françaises n’arrêtent pas de décroître, au point de devenir dangereusement inférieures à celles de nos concurrents allemands”; que le “rétablissement de la compétitivité est la clé incontournable d’une meilleure croissance”.

Tout cela peut avoir l’air fort savant et est affirmé comme vérité d’évidence; un seul commentateur du Monde, emporté par le reste, trouve un peu bizarre cette histoire de taux de croissance égal à l’investissement net. Mais tout cela est totalement, et complètement, faux.

La productivité du travail par tête trop faible? M. Peyrelevade devrait vite envoyer ses réflexions au Bureau International du Travail, qui a publié il y a 5 jours le classement mondial de la productivité du travail; la productivité par travailleur en France est la cinquième du monde, et la productivité horaire (qui permet d’annuler l’effet des différences de temps de travail) la troisième, dépassée uniquement par la Norvège et les USA.

Le taux de croissance à long terme égal au taux d’investissement net? En Union Soviétique dans les années 50, admettons. Là encore, Peyrelevade devrait communiquer ses découvertes à un certain Robert Solow, et à tous les analystes de la croissance économique pour lesquels celle-ci se décompose entre l’effet de la croissance de la population totale, l’investissement net, l’accumulation de connaissances de la population, et le progrès technologique, montrant au passage que le taux d’investissement n’a pas d’importance à long terme : seul compte le progrès technologique pour une croissance soutenue à long terme.

Une économie qui consacre la totalité de ses revenus à la consommation connaît une croissance zéro? Oui, peut-être, dans le cas de la Corée du Nord. Dans le monde réel, existent ces institutions fort commodes que sont les marchés de capitaux internationaux, qui permettent d’investir en empruntant des capitaux à l’étranger. Ce n’est pas autrement que les USA ont financé leurs investissements depuis le début des années 2000 malgré un taux d’épargne voisin de zéro (et donc, une consommation pratiquement égale au revenu). Ajoutons qu’en théorie, même une économie sans investissement net peut croître : il suffit que le capital remplaçant le capital amorti soit plus techniquement avancé que l’ancien.

Le “théorème de Schmidt” selon lequel les profits font les investissements, et les investissements la croissance? Là encore, dans une économie fermée, admettons. Dans une économie ouverte, les entreprises nationales réalisent des profits dans le pays de leur siège social, mais investissent là ou elles veulent. C’est ce qui explique que les forts profits des entreprises du CAC 40 ne s’accompagnent pas de forts investissements de leur part en France, mais plutôt à l’étranger, et qu’à l’inverse, la France est le troisième pays d’accueil des investissements étrangers. Quand au lien entre investissements et emploi, tout dépend de la nature des investissements effectués (capacité ou productivité), comme l’apprend n’importe quel élève de lycée suivant l’option SES. Au total, il n’y a aucun lien de causalité fiable entre marges des entreprises nationales et emploi national.

Quant à l’argument de la compétitivité, est-il vraiment besoin d’y revenir? Visiblement, oui : alors rappelons que ce concept n’a aucun sens appliqué à un pays, dont les performances économiques ne dépendent pas d’un solde commercial positif. Un solde extérieur positif peut signifier un pays en récession (si le revenu national baisse, les importations diminuent mais les exportations restent constantes, voir la Russie dans les années 90). Le fait que les marges des entreprises allemandes ou de tout autre pays soient supérieures aux marges des entreprises françaises (qui, au passage, augmentent), c’est tant mieux pour les entreprises allemandes; mais comme l’Allemagne est le principal partenaire économique de la France, cela peut très bien être favorable à la conjoncture française.

Cela dit, cette référence à la compétitivité permet de comprendre d’où viennent toutes les erreurs de diagnostic de Peyrelevade. Il commet l’erreur classique consistant à croire que ce qui vaut pour une entreprise vaut pour un pays. Effectivement, pour une entreprise, l’investissement net détermine la croissance de l’activité, et une perte de compétitivité vis à vis des principaux concurrents est un problème. Pour un pays, qui consomme l’essentiel de ce qu’il produit, les choses sont entièrement différentes. Se focaliser sur la compétitivité conduit alors à des diagnostics totalement erronnés.

Au total donc, il est possible d’être doublement déprimé à la lecture de cet article. Car si effectivement la vision du monde des dirigeants français fondée sur l’obsession du soutien de la consommation est aberrant, le modèle alternatif que propose Peyrelevade – obsession de la compétitivité, retour à la désinflation compétitive (alors qu’il n’y a pas de problème d’inflation…) et métaphore entrepreneuriale de la politique économique est tout aussi à côté de la plaque. A le lire, on se dit de façon déprimante que la politique économique en France est condamnée à errer entre deux conceptions politiques opposées, entre relances de la demande à contretemps et idolâtrie d’une vertu inutile. Mais ce n’est pas parce qu’une doctrine est fausse que son contraire est vrai : deux erreurs ne font pas une vérité.

Est-ce pour autant bien important? Cela le serait si la politique économique était le déterminant de la croissance économique à long terme : heureusement, ce n’est pas le cas. On ne sait en réalité pas beaucoup de choses sur la croissance. Les économistes peuvent dresser de nombreuses listes de facteurs et de politiques nuisibles à la croissance : mais il n’existe aucune action de politique économique dont on puisse démontrer honnêtement et de façon définitive qu’elle contribue à la croissance. Certains diront que les économistes savent mieux comment détruire la croissance que comment la créer : c’est méchant, mais pas totalement faux (et puis d’abord, c’est déjà ça).

Le fait est que la croissance française, depuis 10 ans, ne se porte pas si mal, avec une moyenne d’un peu moins de 2,5% par an. Ce n’est pas forcément extraordinaire mais c’est mieux que de nombreux pays comparables. La croissance française est moins forte depuis un an et demi, alors qu’elle augmente ailleurs; pour une bonne part, cela vient tout simplement d’un rattrapage des autres pays du mouvement que la France a fait avant eux. Et en tout état de cause, personne ne sait avec certitude ni pourquoi la croissance a été ce qu’elle a été au cours des 10 dernières années, ni pourquoi elle a diminué récemment, encore moins ce qu’elle va faire à long terme. On peut identifier de nombreux problèmes dans l’économie française (d’ailleurs, quel pays n’en a pas?), mais ils ne sont pas spécifiques aux dernières années. Les résoudre au moins partiellement serait une bonne chose, mais le fait est que l’on s’est passé de les résoudre jusqu’à présent sans grands dommages.

La croissance dans un pays, en tout cas, n’est pas le fruit des actions d’un conducator plus ou moins éclairé, du brainstorming d’experts en tout genre, ou des pensées profondes de bureaucrates surdiplômés, mais résulte de l’interaction décentralisée de millions d’individus et de technologies, sur laquelle on ne dispose que de très peu de capacité d’influence efficace. S’il ne fallait retenir qu’une leçon de cet article de Peyrelevade, elle se limite à un seul mot : heureusement.

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Alexandre Delaigue

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37 Commentaires

  1. « Ce quie st bon pour l’entreprise est bon pour le pays »: c’est le bon vieux
    raisonnement mercantiliste (un peu inversé), qui a été utile en son temps (cf. le
    chapitre 26, je crois, de la théorie générale de Keynes), mais qui est aujourd’hui
    erroné. Surtout, considérer l’Allemagne de manière systématiquement hostile
    économiquement malgré l’UE, ça commence à être énervant.

  2. Merci et encore merci, quel plaisir de lire votre réfutation de plusieurs idées reçues tenaces :
    – la "compétitivité" nationale? concept dénué de toute signification;
    – les vertus de l’accumulation du capital et le vice de la surconsommation? mais la croissance repose moins sur la quantité que sur la qualité et l’allocation du capital.

    Pourtant, malgré leurs défauts, ces notions sont toujours des sujets de discussion commodes pour les hommes politiques et les commentateurs. Notamment parce que ce sont des agrégats macroéconomiques visibles, sur lesquels l’Etat ou la BCE peuvent en principe agir par la politique monétaire, une fiscalité incitative, etc. Tandis que sur "l’interaction décentralisée de millions d’individus et de technologies", la politique "ne dispose que de très peu de capacité d’influence efficace".

    Certes, il est impossible de décréter que des millions d’individus en interaction vont faire ce qui est "efficace". En revanche, il est tout à fait possible de les influencer négativement, c’est-à-dire de les empêcher d’agir efficacement. Par exemple par des protections légales et tarifaires, des réglementations, des licences, autorisations d’exploitation, des numerus clausus, etc. L’article de Peyrelevade passe sous silence ces aspects microéconomiques, et se focalise sur la politique macroéconomique de Sarkozy.

    Peut-être serait-il temps d’arrêter de croire aux mirages, et notamment à celui de la grande politique macroéconomique régulatrice.

  3. "consommation qui tire la croissance". C’est vrai qu’on entend ça partout. Est-ce que cette affirmation repose sur les mêmes conceptions que celle qui veut que les importations réduisent la croissance (dont vous avez parlé ici : econoclaste.org.free.fr/d…

    C’est effectivement la même erreur que celle critiquée dans cet ancien post.

  4. Quelques remarques :

    – Le grief fait aux politiques de la demande, i.e. l’inefficacité des relances par la consommation, est hors de propos : personne n’en a fait plus depuis 1983.

    – en creux, la stigmatisation de la demande, est une apologie de l’offre. Reagan et ses déficits keynesiens, la soi-disant courbe de Laffer(*), seraient donc les seules et vraies bonnes recettes ?

    – regarder de haut "la demande" conduit a entériner la nouvelle assiette de répartition : – 10% sur la valeur ajoutée va aux salaires

    – La dernière fois qu’un gouvernement préoccupé par la demande a été aux commandes – Jospin, DSK, le résultat n’a pas été scandaleux, loin de la. A ce sujet, l’étude de Camille Landais est éclairante : De 1998 à 2002, le revenu moyen par foyer a cru de 1,4% par an, pour ensuite ne gagner que des miettes avec 0,06% entre 2002 et 2005.

    – opposer demande et investissement c’est un tour de passe passe. Ce qui ne va pas aux salaires n’est pas destiné à l’investissement vertueux. La rémunération accrue du capital induit le mouvement brownien des liquidités en perpetuelle recherche de placements à 2 chiffres – il ne s’agit plus là d’investissement mais de prise d’otage – qui déstabilisent les processus productifs et alimentent les bulles.

    – Last, not least, la grande leçon – trop oubliée – de Keynes, c’est qu’il peut exister des niveaux de stabilité du système à un niveau trop bas. Si les méthodes de l’époque ne fonctionnent plus pour cause de mondialisation des échanges – revoila l’echec des relances par la consommation – la question posée mérite toujours que l’on tente d’y trouver des réponses. La stabilité de nos sociétés en dépend.

    Alors, la préoccupation de la demande, une vieille lune moribonde ?

    Je ne crois pas.

    (*)voir : The Big Con by Jonathan Chait, hilarant.
    http://www.tnr.com/docprint.mhtm...

  5. Démonstration passionnant et magistrale, bravo
    Une petite correction, on connait helas quelques moyens politiques d’activer la croissance. Une bonne guerre opporunément déclenchée sur un théatre extérieur( suivez mon regard) peut etre un facteur accélérateur de croissance

    Non. Ca non plus, cela ne marche pas.

  6. Tu pointes avec beaucoup d’intelligence ce qui m’énervait un peu sans que je n’arrive à le comprendre. Ce côté déprimant de l’article. Je relaie.

  7. Mais la productivité élevée en France est un leurre, non? Elle est élevée parce que les travailleurs les moins productifs (seniors…) sont exclus du marché du travail. On ne mesure la productivité que sur les plus productifs.

    La productivité moyenne en France baisserait avec un taux d’activité plus fort, effectivement, mais pas au point de perdre beaucoup de places au classement mondial.

  8. Salut,

    Heureux d’être passé par ce blog (merci rue89)!
    Quand j’ai lu le papier de Peyrelevade, j’ai eu l’impression que tous mes profs d’éco m’avaient menti!

    Impressionnantes erreurs quand même…

    Tous les points de vue publiés ne sont donc pas lus avant d’être publiés???

    Merci de ce billet qui remet les choses à leur place!

  9. Peyrelevade a été professeur d’économie à polytechnique. Cela ne l’empêche effectivement pas de dire des bêtises.

    Il me semble que la principale est de voir dans la politique de Sarkozy une politique de relance par la demande. Deux mesures importantes ont été prises :
    1> Des allégements fiscaux très importants concentrées sur les franges les plus aisées de la populations françaises. Donc les moins susceptibles d’augmenter la demande.
    2> L’assouplissements des heures supplémentaires qui doit se traduire au contraire par une diminution des prix de productions.

    La troisième en suspend : la TVA sociale aura plutôt des effets récessifs sur la demande (en plus de défavoriser les retraités).

  10. A la lecture de votre commentaire j’ai deux sentiments:
    1) ce type est brillant
    2) je suis jaloux.

    @ passant: il me semble que Keynes ne négligeait pas la nécessaire rentabilité des activités productives. La demande peut bien augmenter si l’offre des entreprises n’est pas rentable elles n’augmentent pas leur production.

    J’ai bon M’sieu?

  11. Sur la productivité par habitant, elle est quand meme inferieure de 25 points
    à celle des US. Ca suffit à la considérer comme basse.

    (et la tendance s’aggrave, voir ici http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_...
    ECOFRA07D.PDF)

    Si par "productivité par tete" on entend par travailleur occuppé, elle reste
    *structurellement* inferieure de 17 points (voir ce rapport,
    http://www.liberationdelacroissa...
    %20Productivité%20et%20croissance.pdf page 25) dont 7 de productivié
    horaire et 10 de duree du travail) ce qui reste bas
    Le chiffre le plus important restant à mes yeux les 8 points restants qui sont
    dus au taux d’emploi trop faible (etudiants improductifs, preretraite et
    retraite trop tot), où il y a quand meme des choses à faire

    Sur le fond, je trouve tout le monde bien hypocrite.
    La politique de sarkozy n’est pas une politique de la demande classique.
    Distribuer 15 Mds d’euros aux percentiles les plus aisés n’a jamais produit de
    la croissance, keynes l’a ecrit tres tot (la propension à consommer est
    fortement decroissante avec le revenu)

    Ensuite, le PIB étant égal à la somme de l’excedent commercial, de
    l’investissement, de la consommation des menages, et de la depense
    publique, la consommation des menages en representant la majeure partie, la
    croissance du PIB est comptablement TOUOURS majoritairement due à la
    croissance de la demande
    (ex en 2006, sur 2 pts de croissance, 1.2 viennent des menages, contre 0.4
    de l’investissement des entreprises)

    Quant à savoir si la croissance de la demande est due à un souhait de
    consommer davantage qui genere son offre, à une augmentation des revenus,
    ou à une meilleure competitivité des entreprises qui permet de generer de la
    propension à consommer et augmenter des revenus, c’est bien sûr un tout.
    Et suivant les époques et les pays il faut stimuler un facteur plus qu’un autre

    N’importe quel chef d’entreprise vous dira qu’il investit en fonction des
    pespectives de marché qui s’offrent à lui, lesquelles dépendent de la
    croissance du marché et de sa compétitivité par rapport à ses concurrents.

    Un ex. fréquent: supprimer la pub pour le tabac, les alcools, retablissez celles
    pour la grande distribution, vous voyez immediatement la demande reagir, et
    donc la croissance associée au secteur.

    Autre ex. On attribue la faiblesse de nos exportations à une mauvaise
    spécialisation de nos entrerprises: ça signifie tout betmetn que l’on ne
    fabrique pas ce que les gens veulent acheter. Toujours un probleme de
    demande

    En bref, la croissance vient pour beaucoup de l’existence d’une demande et
    de la capacité à satisfaire cette demande. Et il est tres probable en france que
    le maillon faible c’est le tissu productif, qui doit reorienter ses exportations
    ves les zones en croissance, tout en augmentant sa productivité.
    mais si vous ne le laissez pas distribuer une part de ses profits, vous
    asphixiez la compoeante française de la demande, et comme c’est la plus
    forte, vous tuez la croissance

    Vous confondez décomposition comptable de la croissance et causalité. Allez donc voir le post cité par psigler dans les commentaires. Concernant la productivité, les documents que vous donnez ne font que confirmer ce qui est déjà archiconnu, à savoir, que la différence de PIB/h entre Europe et USA vient pour l’essentiel d’une différence de temps de travail total, pas d’une productivité trop faible. Je passe sur le reste, ou je suis désolé de vous dire que vous me semblez un tantinet confus.

  12. Edifiant !
    Votre dernier paragraphe est sacrément entraînant – maismaismais… aucune influence possible ? Juste une fatalité ?

  13. Mon commentaire initial ne semble pas être arrivé.Comme il n’avait rien d’"urtiquant", et que je ne me cache derrière aucun pseudo, je le réitére dans ses grandes lignes.
    Notre collectif citoyen (PROVIDENTIELLE), partage l’analyse.
    S’agissant de la relance par la consommation, c’est effectivement, à minima une erreur stratégique. A bien y regarder, c’est peut être aussi un signe fort vers un électorat acquis, celui des classes superieures.
    La contre proposition commise dans "Le Monde", est pour le moins surprenante, elle mérite qu’on s’y arrête;
    A notre avis, elle est une traduction de l’incapacité du plus grand nombre a produire de vraies réfléxions innovantes, sortant des sentiers battus. Nous sommes dans un monde commandé, par la théorie, et le "Bentch", cela conduit a la pensée unique, et a l’absence de vraies pistes. Fontenelle disait "pour trouver la vérité , allez a l’opposé de la multitude". Sans aller si loin, il faut effectivement se demander si la croissance est un bon thermomètre. A force de tout vouloir mesurer, on se focalise sur ce qui est parfaitement mesurable. on se prive ainsi d’angles de reflexions, sur des signes et données plus immatérielles, indicateurs souvents tout aussi probant que la croissance ou le CAC 40, de la santé d’un pays et d’une population.
    Nous y réfléchissons.

  14. "Peyrelevade a été professeur d’économie à polytechnique. Cela ne l’empêche effectivement pas de dire des bêtises."

    Voilà quelque chose de pénible, qui décrédibilise la profession des économistes, et qui rend la compréhension de l’économie quasi-impossible pour un non-spécialiste tel que moi. Les importations qui "pèsent négativement sur la croissance", je l’ai entendu à ‘C dans l’air’ dans la bouche de Marc Touati et Nicolas Bouzou, tous deux profs d’économie à l’IEP de Paris. Rien d’étonnant à ce que les français et leurs dirigeants aient une vision mercantiliste du commerce international puisqu’elle leur est présentée par les supposés meilleurs économiste de France, qui enseignent dans un établissement prestigieux formant nos politiciens et nos hauts fonctionnaires.

  15. Bon, je me joins aux compliments pour votre note, merci.

    Le non spécialiste que je suis regarde la chose de la manière suivante : il me semble que la croissance n’est pas un "objet" réel, en tout cas pas aussi réel que les économistes en parlent, mais une abstraction, un concept, tout comme le peuple en politique par exemple. Alors vouloir agir sur une abstaction me parait hasardeux ! Vouloir allez la chercher avec ses petites mains comme le dit Sarkozy devient presque drôle. Alors pourquoi les économistes se focalisent ils sur cette question ? Je ne le comprends pas.

    Que la gestion d’un pays ne puisse pas s’assimiler à celle d’une entreprise ma parait tellement évident que le raisonnement de certains me fait douter de leurs capacités.

  16. Si je peux me permettre de formuler un voeu, ce serait que vous écriviez un article (ou donniez une référence) sur le "keynésianisme vulgaire", comme vous dites (car c’est là dessus que ces histoires de demande et de consommation s’appuient, non ?), dans quelle mesure et jusqu’à quel point telle ou telle idée est exacte, à partir de quand ça coince, d’où viennent les erreurs commises, pourquoi, etc. Parce que j’ai l’impression de ne plus rien comprendre dès que j’entends le mot keynes, on entend tout et le contraire de tout… 🙁

  17. J’ai un peu sursauté lorsque vous avez dit que la croissance a été de 2,5% par an en moyenne sur 10 ans. Sans vérifier les chiffres il me semblait que c’était significativement plus bas, a moins que je ne confonde avec le PIB per capita qui me parait plus pertinent.

    La dernière fois ou j’ai regardé il m’avait semblé que la croissance Française ne battait que l’Allemagne (avant 2006) et l’Italie et que notamment tous les pays du nord de l’Europe faisait beaucoup mieux.

    Il me semble aussi que la fameuse politique DSK, Jospin a surtout ete d’augmenter les dépenses publiques pro-cycliquement (en augmentant la dette) alors que le reste de l’Europe remboursait ses dettes ce qui a permit a la GB par exemple de mener une politique Keynésienne contra cyclique lors du 2e mandat de Tony Blair avec une croissance provenant essentiellement de dépenses publiques la ou le pauvre Raffarin n’avait plus un rond en poche. Il est facile d’augmenter le pouvoir d’achat au dépend des génerations futures.

    A part ca tres bon papier; comme d’habitude.

  18. @ Pierre

    * Ces deux billets de SM répondent en partie à votre interrogation :
    econoclaste.org.free.fr/d…
    econoclaste.org.free.fr/d…

    * Il y a aussi le chapitre macroéconomie dans les Q/R de ce blog :
    econo.free.fr/scripts/faq…

    * Enfin, si vous êtes anglophone et équipé d’un baladeur MP3, les deux audiobooks suivants sont bon marché et très intéressants (mais la qualité audio est moyenne) :
    "The keynesian revolution"
    http://www.talking-book-store.co...
    "Struggle over the keynesian heritage"
    http://www.talking-book-store.co...

  19. J’ai lu ces billets, mais SM parle des keynésiens sérieux, pas des du keynésianisme dit vulgaire. Et puis le billet est synthétique, il évoque des écoles de pensée sans rentrer dans le détail. Cela dit, ces billets sont utiles car j’ai bien du mal à distinguer :
    – Les idées de keynes encore valides aujourd’hui
    – Les idées de keynes abandonnées par l’économie mainstream
    – Les fausses interprétations de Keynes
    – Les caricatures de Keynes faites par ses détracteurs
    – Les idées des successeurs de Keynes encore valides
    – Les idées des successeurs de Keynes abandonnées
    – Les idées délirantes de quelques successeurs de Keynes que personne n’a pris au sérieux dans l’économie mainstream mais qu’on entend.
    – Les idées délirantes estampillées keynésiennes par des gens qui n’y connaissent rien et qui utilisent l’adjectif keynésien pour se donner un label scientifique.
    – etc. On va arrêter ici la liste^^

    Il y a des passages étrange dans la Théorie Générale, que j’ai feuilletée, notamment celui sur les terrains billetifères. Est-ce une plaisanterie, de la provoc’, ou une façon de dire que la création monétaire a un effet positif intrinsèque, indépendamment de ce qu’on peut faire de la nouvelle monnaie (d’où l’exemple caricatural qui sert à isoler l’effet de la monnaie), en sachant par ailleurs qu’à tout prendre, autant faire travailler les gens à des choses utiles ? L’auteur n’est pas clair, il prête le flanc à la caricature et aux interprétions les plus diverses. Parce qu’on peut très facilement en faire une interprétation "vulgaire" et tomber dans le biais productiviste décrit par Alexandre dans un précédent billet.

  20. @econoclaste

    j’avais lu votre article cité en note 4.
    Effectivement, je ne le comprends pas.
    Vous prenez l’ex. d’un doublement de la productivité.
    Supposons effectivement que les salariés fassent la meme chose en deux fois
    moins de temps. Si les entreprises n’ont pas de demande additionnelle, elles
    licencieront la moitié de leur effectif, et la consommation nationale chutera
    de moitié, faute de revenu pour acheter, et le pib de pas loin de la moitié
    également, puisqu’il n’y a plus personne à qui vendre la moitié de la
    production.

    Vous voyez l’égalité pib & consommation comme une égalité comptable qui
    n’a pas de sens
    Je la vois comme une égalité d’un système physique où toutes les variables
    s’influencent mutuellement. Il y a donc bien causalité

    Je vous trouve bien dogmatique de contester au niveau macroéconomique la
    causalité de la consommation sur l’augmentation de la production alors qu’au
    niveau microéconomique, elle est incontestable
    (cf. les exemples que je vous ai donnés)
    Ce n’est pas parce que les recettes de Keynes (politique de relance) ne sont
    plus applicables en l’état qu’elles ne s’appuient pas sur un mécanisme réel
    (les anticipations de demande déterminent la production )

    Enfin, c’est votre conclusion que je trouve déprimante au possible. Est-ce une
    forme d’ultralibéralisme (il n’y a pas de politique économique possible ) ?
    Heureusement, les gouvernments peuvent définir une politique économique,
    et celle-ci a des effets sous certaines conditions, l’histoire du XXeme siecle
    est pleine d’exemples.
    Concernant les 20 dernières années, il ne faut pas confondre l’absence de
    politique économique européenne concertée et l’absence de possibilité
    d’action isolée au niveau d’un pays. L’une est justement la conséquence de
    l’autre, et pas sa cause.

  21. La productivite n’est elle pas artificiellement elevee du fait que les 30-45 ans sont plus nombreux en proportion sur le marche du travail (en d’autres termes, dans un contexte de chomage eleve, les entreprises n’embauchent que les individus productifs, et le sondage des jeunes et des seniors est eleve ?)

  22. Concernant la productivité … Attention, c’est vous qui n’êtes pas loin de faire une erreur. En effet, le BIT estime la productivité des actifs ayant un emploi. La précision est importante.
    En effet, imaginons qu’une mesure de politique keynesiano malthusienne fixe le salaire minimal à par exemple 3000 euros par mois, avec 20 heures de travail maximal par semaine.
    En raison de l’euro, il est peu probable que l’inflation réduise les salaires. Donc ne resteront au travail que les salariés donc la productivité permettra de créer le salaires.
    La productivité moyenne par actif employé va faire un bond vers le haut en raison de l’élimination des actifs insuffisamment productifs (on amèliore la moyenne d’une population statistique quand on enlève les éléments les plus faibles).
    Pourtant, en raison du fort chomage qui va s’en suivre, la productivité des actifs totaux (y compris ceux sans emploi) va s’effondrer.

    C’est vrai, sont pas malins, au BIT, ils pourraient mesurer la productivité des gens qui ne produisent pas, quand même… Au passage, l’essentiel du ralentissement récent de la productivité en Europe s’explique uniquement par la hausse des taux d’activité, mais cela conduit à réduire l’importance du décalage Europe-USA, pas à l’augmenter. Si le taux d’activité français augmentait de 10% (ce qui serait beaucoup), et que la productivité moyenne des nouveaux travailleurs est de 50% de celle des autres (ce qui est largement exagéré) vous ne réduisez que marginalement la productivité moyenne de l’ensemble et la France reste dans les très fortes productivités.

  23. Juste pour prendre le contrepied de ce que vous dites dans votre article, non par pur plaisir, mais dans l’espoir d’y voir plus clair, on pourrait défendre que Peyrelevade a sans doute tort quand les éléments qu’il décrit sont pris de façon isolée, mais qu’il a peut être raison quand ils se cumulent.

    La croissance française, sans être honteuse, est en dessous de ce qu’on attend d’elle: des besoins ne sont pas couverts.

    Oui, je voudrais m’acheter une BMW 7.40, mais mon revenu ne suit pas. Effectivement, mes besoins ne sont pas couverts par la croissance. Que fait le gouvernement?
    La productivité par tête est sans doute bonne, mais la productivité "globale" ne l’est pas (notion certes un peu OVNI dans une forêt d’outils statistiques où même ceux qui les ont inventés s’y perde. Le bon taux de productivité par tête peut masquer de grande disparités dans le taux d’activité par tranche d’âge (junior au chômage, senior à la retraite, middle aged sur actif au point de se faire péter le palpitant) ce qui, parait il est le cas. Est ce un bon emploi de la ressource? j’en doute: si les uns se tuent au travail pendant que les autres sont malheureux de ne rien faire, je ne vois pas où est le bonheur.

    La productivité globale des facteurs en France a augmenté au cours des 10 dernières années au même rythme qu’aux USA, à l’un des rythmes les plus élevés des pays développés.
    Le taux d’investissement net qui passe sous celui de la croissance à long terme: si le vol en rase motte dure 5 mn, je vous suis bien, mais s’il se prolonge trop longtemps, il commence à avoir raison, non?
    Que voulez-vous dire par “vol en rase-mottes”? Ce que suggère l’article c’est que si le taux d’investissement net passe à 5%, le taux de croissance à long terme passera à 5%. C’est faux et absurde. Si c’était le cas, l’URSS aurait dépassé plusieurs fois les USA durant les années 60 et 70.

    Les profits qui font les investissements qui eux mêmes font la croissance: très bien, dans une économie ouverte la valeur théorique du principe en prend un coup. Mais si en pratique les multinationales françaises ne font pas remonter leurs profits en France (les holding off shore servent à ça) et que les étrangères les rapatrient chez elles, les choses se gâtent.
    Oui, et si ma tante en avait, on l’appelerait mon oncle. Dès lors qu’il y a liberté des mouvements de capitaux, les investissements se font là ou c’est rentable. Le fait que la France soit le troisième pays d’accueil des investissements étrangers signifie soit que les entreprises font n’importe quoi, soit que finalement, investir en France, ça doit quand même être un peu rentable. Effectivement, si le gouvernement décide de nationaliser toutes les grandes entreprises françaises, ça pourrait changer; c’est peu probable. En tout les cas, votre remarque ne change rien au fait que le niveau d’investissement national est déconnecté des marges des entreprises nationales.

    Revenu consommé en totalité = croissance zéro. C’est vrai qu’on peut emprunter. Mais alors il faut bien rembourser un jour et si au jour dit la croissance n’est pas au rendez vous, ça fait mal: il faut ré-emprunter pour payer l’intérêt qui se poursuit.
    Oui, les prêteurs sont stupides et prêtent de l’argent en ayant la certitude que ce ne sera pas rentable.

    La compétitivité: je ne sais pas comment elle se mesure. C’est pas une notion statistique. On regarde quoi? Les carnets de commandes? Les parts de marché? Les marges? Si on a un beau carnet de commandes et des marges faibles, est ce qu’on est bien, ou faut il par exemple vendre 10 petites voitures low cost pour gagner autant que le concurrent qui n’en vend qu’une grosse Deluxe? Ca fait beaucoup de travail pour pas grand chose. Si on a des super marges et une toute petite part de marché, on arrive à vendre du mirage 2000 pendant un certain temps, mais est ce qu’on arrive à vendre du rafale quelques années plus tard ? Ne faut il pas, à marge égale, vendre du falcon sur un marché où on a une grosse part de marché qui rend leader?

    Sauf que la France n’est pas une entreprise et que la compétitivité appliquée à un pays, cela ne veut rien, mais strictement rien, dire. Et que votre histoire embrouillée semble supposer que les performances économiques viennent du solde commercial. Il n’y a jamais que deux siècles qu’on sait que c’est faux.
    Etc.

    Et si tout cela se produit en même temps pour un pays comme la France? Peyrelevade ne commence t’il pas à avoir juste un peu raison?

    Oui, si la France était un pays à faible productivité, une économie fermée dans laquelle les entreprises ne font aucune marge et dans laquelle les investissements sont égaux à zéro, et que personne n’achète ses exportations, on serait bien embêtés et Peyrelevade aurait raison. Mais la France, aussi incroyable que cette révélation puisse paraître, n’est pas la Corée du Nord.

  24. En outre, gardons nous de confondre "productivité horaire" et "productivité globale" … Il ne sert à rien d’aller trés vite si ce n’est pas trés longtemps.

    Et méfions nous de la mesure de la productivité du secteur public : il suffit d’une hausse de salaire pour que la productivité augmente !!!

  25. Ca fait plaisir de voir une trentaine de commentaires de gens qui essaient de réfléchir, surtout quand on vient de lire ça: http://www.lemonde.fr/web/articl... et les commentaires qui vont avec.
    Mais avec tous vos posts, il est presque 11h et j’ai à peine commencer à travailler, vous imaginez les conséquences sur la productivité moyenne du travailleur français?

  26. Arf!

    Vous avez réponse à tout.

    Bon, je reprends:

    1) La BM 7.40: vous avez bon goût, c’est une bonne caisse, mais il s’agit d’un besoin un peu marginal, non? En fait plus une envie qu’un besoin.

    Est ce que les budgets de la justice, de l’éducation ou de la santé, par exemple, vous semblent suffisament provisionnés pour couvrir les besoins exprimés par les personnes qui les gèrent ou les consomment? Ou bien s’agit il seulement de revendications qui relèvent de l’envie?
    Pour ma part, sans être déclinologue ni pessimiste sur l’économie française, je pense que l’importance du déficit budgétaire traduit, entre autres choses, une certaine pénurie de ressources, donc une insuffisance dans la couverture de certains besoins collectifs de première importance.

    Pour ce qui est des besoins individuels, je dois vous avouer que je ne sais pas comment on mesure leur degré de satisfaction. J’ai entendu parler d’enquêtes auprès des consommateurs menées dans le but de confectionner des outils statistiques sur le bonheur ou la qualité de vie et que de plus en plus d’économistes s’intéressent à ce genre d’outils.

    Avez vous un avis sur cette question?

    2) La productivité globale: chouette, elle a augmenté comme au Etats Unis! Mais est ce suffisant? Si on part d’une base 100 avec une pente de 5%, mettons, va t’on aussi haut que celui qui part de 200 avec la même pente?

    Mais finalement la question n’est pas là: pensez vous que la productivité en France est au bon niveau et qu’elle traduit une bonne répartition de l’utilisation des facteurs de production?

    3)Taux d’investissement net inférieur au taux de croissance: je voulais dire par "rase motte" que si le premier taux passe en dessous du second pendant une période courte, il parait assez clair que cela n’a pas de conséquence grave.

    Mais si ça se prolonge, est ce que ça en a?

    Vous mentionnez dans votre article un effet technologique que chacun peut mesurer: par exemple, à prix égal, un lecteur graveur de DVD est plus performent qu’un vieux magnéto VHS 4 têtes hifi. Donc, on pourrait remplacer du vieil outil de production par du neuf, en mieux et moins cher, ou à coût égal ou proche.

    Très bien.

    Mais qui fabrique l’outil en question? Les ordinateurs et la bureautique, c’est pas nous. Les machines outil, non plus. L’équipement électrique, on fabrique un peu. Les matériaux et équipement de construction, un peu aussi. Etc.

    Alors si une grande partie ce qui correspond à de l’investissement en capital part en importations, la valeur ajoutée qui reste en France est elle suffisante?

    Y a t’il un indicateur synthétique qui permmette de dire qu’on importe "trop" par rapport à ce qu’on crée comme valeur ajoutée, ou bien constate on le phénomène dans la dégradation d’un ensemble de soldes?

    Quant à l’investissement dans le facteur travail: la formation est localisée en France. Si le lieu de travail est en France, la valeur ajoutée reste en France. S’il y a délocalisation ou localisation à l’étranger, la valeur ajoutée n’est plus pour nous.

    Là encore, même question: a t’on un indicateur de ce qu’on perd et de ce qu’on gagne, ou bien doit on estimer de façon pifométrique le phénomène? Notamment en se disant qu’un taux d’investissement élevé des entreprises française à l’étranger peut aussi traduire une insuffisance d’investissement en France, donc une "fuite" de valeur ajoutée vers l’étranger?

    Si c’est cela, un taux élevé d’investissement à l’étranger ne serait pas qu’une bonne nouvelle.

    4)Les profits qui font l’investissement qui fait la croissance

    J’espère que votre tante a survécu à l’opération. Plus sérieusement, je pense qu’on s’est mal compris: je vous parlais profits c’est à dire retour sur investissements, alors que vous me parlez investissements.

    Moi je vous demandais ce que font les entreprises de leurs profits en disant que si les profits français à l’étranger ne sont pas rapatriés, alors que les profits étrangers réalisés en France le sont, il risque d’y avoir un problème à terme. Le profit, c’est quand même le beurre de la valeur ajoutée, c’est ce qu’il y a de mieux dans la VA quand on est dans une économie mondiale ouverte, donc c’est bien d’en avoir beaucoup plutôt que de laisser ça à nos partenaires, non? Je ne suis peut être pas assez angélique, remarquez.

    5) Les prêteurs stupides: dans le cas des crédits in fine, le prêteur trouve un intérêt (c’est le cas de le dire) à ne pas être remboursé tout de suite, c’est même la base de ce contrat.

    Dans le cas des crédits amortissables, le prêteur trouve un grand intérêt à être remboursé par anticipation.

    Le mode normal de financement en macro éco est le crédit in fine. Nous, les consommateurs, on est des gros nazes, on ne connait que le crédit amortissable. Pour répondre à votre argument: à l’échelle d’un pays, les prêteurs ont intérêt à ce que le prêt dure le plus longtemps possible, c’est à dire, ont un intérêt à ce que leur débiteur ait, non pas un problème de solvabilité, mais un problème de liquidité ou un impératif d’optimisation qui l’oblige ou qui l’incite à faire un arbitrage: prolonger le contrat initial, en souscrivant un second contrat pour financer les intérêts du premier.

    Et là, c’est jack pot pour le prêteur (on gagne beaucoup d’argent avec les pauvres: subprimes, par exemple).

    Donc, non, les prêteurs ne sont pas stupides, ils connaissent très bien leur boulot, mieux sans doute qu’un économiste, aussi brillant fut-il.

    6) la compétitivité: on est d’accord. C’est une notion empirique qui n’est pas traduite à ma connaissance par un indicateur statistique. Si je fais erreur, corrigez moi.

    Pour s’en faire une idée, vague, j’ai pris trois critères: les carnets de commandes, les parts de marché et les marges.

    Sur ces trois critères, on a des données (plus ou moins parcellaires, c’est vrai). Pour la France, elles sont globalement pas très bonnes: d’après ce que j’ai compris, ces trois indicateurs partent de niveaux très différents et souvent bons pour certains d’entre eux (marges et carnets de commandes) mais sont aujourd’hui tous orientés à la baisse.

    Si on rapproche cela de deux autres données – l’euro fort et les importations – peut on, d’après vous, se faire une idée de la compétitivité française et dire qu’elle est suffisante ou pas?

    Sur le fond, je partage votre optimisme inébranlable dans la vaillante économie française (yahou…).

    Ma question reste cependant insatisfaite: que Peyrelevade soit un nul, si vous voulez, et que la France ne soit pas la Corée du Nord, nous sommes d’accord.

    Mais lorsque tous les indicateurs dont nous avons parlé se dégradent, ou n’ont pas un niveau suffisant pour que la performance de l’un équilibre la contre performance de l’autre, ne commence t’on pas, un tout petit peu, à être tout simplement dans la merde?

    J’ai également une autre interrogation: j’ai cru comprendre que l’approche entrepreneuriale de l’économie d’un pays ne ralliait pas vos suffrages.

    Ma question est: en quoi l’application du modèle d’analyse de l’entreprise à un pays fait commettre des erreurs disqualifiantes?

  27. temp: la légendaire productivité du travailleur français provient certainement de sa capacité avérée à employer la moindre vacuole de temps inemployé dans son temps de travail pour s’auto-former ardemment sur internet, et, ce faisant, accroitre son employabilité en entretenant son adaptabilité, son esprit d’analyse et de synthèse, ainsi que sa culture générale.

    gaf.free.fr/html/indexv2….

  28. Bonjour,

    une petite question :

    Bernanke dénonce le déficit de la balance américaine des paiements courants.

    Quelle politique faut il mener pour résoudre ce problème?

    d’avance merci

  29. désabusé: je tente ma chance….

    Un déficit de la balance des paiements courants se traduit par des achats réalisés par des personnes physiques et morales étrangères d’actifs considérés comme implantés dans un pays.

    Un déficit de la balance des paiements courants est donc le signe d’investissements étrangers sur le sol national. Pour les économistes, les investissements étrangers sur le sol national sont plutôt considérés comme un bon signe. Chez les politiciens soucieux de pouvoir en imposer aux industriels "nationaux" et ayant beaucoup d’amis à recaser dans de confortables emplois, c’est une mauvaise nouvelle puisque, par définition, un investisseur étranger écoute davantage les gens proches de sa culture que le gouvernement du pays d’accueil de ses investissements. Evidemment, ce dernier problème est d’autant plus grave pour les gouvernements plus soucieux d’ouvrir grand leur gueule à la face du monde et d’éviter de trop s’ouvrir au monde que pour les gouvernements conscients de la nécessité de promouvoir la compréhension et la paix entre les hommes, ce qui n’est pas forcément le cas pour des nations telles que les USA, la France ou Israël.

    Aux USA, les ménages n’épargnent pas : donc, l’énorme majorité des investissements productifs est réalisé par des financiers étrangers.

    Mais il ne faut pas oublier que, souvent, un investisseur espérant gagner de l’argent grâce à ses investissements a intérêt, pour d’évidentes raisons fiscales, à s’installer à l’étranger (dans un paradis fiscal).

    Au sein de la zone euro, la notion de balance des paiements est quelque peu mise à mal par l’existence de la zone euro : schématiquement, au sein de la zone euro, étudier la balance des paiements des nations est à peu près aussi signifiant que parler de la balance des paiements des différentes régions de France.

  30. Mais en y réfléchissant, il est aussi vrai qu’une politique de crédit trop généreuse (des taux d’intérêt trop bas) incite les usages de la monnaie à dépenser sans compter, c’est à dire, à se payer ce qu’ils ne parvenaient pas à se payer sans disposer de crédits abondants, ce qui profite en général mécaniquement aux produits importés (ce qu’on convoite est fatalement rare, ce qui est rare se paye cher, ce qui est cher est facile à importer, donc, la concurrence sur ce qui est cher est rude, donc, profite statistiquement à l’économie mondialisée plutôt que l’économie nationale).

    Donc, une politique de crédit trop généreuse creuse en général la balance des paiements courants, ce qui, comme je le disais plus haut, n’est pas forcément grave, surtout si cela incite les capitalistes les plus performants de la planète à investir chez vous : car, en investissant, il y a de bonnes chances que la population vivant dans la région dans laquelle les investissements ont lieu profite du talent de l’investisseur avisé, puisqu’enrichi. Un cas d’école sur ce point est l’implantation de Toyota en France, qui réalise de meilleures marges en vendant moins cher que Peugeot des véhicules dans lesquels, pourtant, (à vérifier) il y a plus de masse salariale versée à des citoyens français.

    Dans le cas des USA, il y a un problème particulier : la dette extérieure de nombreux pays en voie de developpement est libellée en dollars. Or, ces mêmes pays disposent souvent de la majorité des ressources en matières premières, moteur de toute croissance réelle. Donc, les investisseurs non-américains disposant de grosses quantités de dollars trouvent souvent leur intérêt à racheter de la dette éventuellement douteuse dans les pays en voie de developpement plutôt que d’investir aux USA, malgré l’attractivité de la productivité de sa main d’oeuvre. Auquel cas, le mécanisme par lequel la balance des paiements courants s’équilibre par l’acquisition d’actifs américains par des étrangers se brise, auquel cas le seul recours de la FED est la planche à billets, et donc, l’inflation.

  31. Bonjour,

    une commande pour notre maître à penser :

    IFRS et crise immobilière : conséquences à prévoir??

    Crise de liquidités, conduits, SIV les créances douteuses sorties des bilans vont elles y revenir ? conséquences à prévoir??

    d’avance merci

    C’est prévu; sinon, la flatterie, on aime bien, mais faut pas abuser quand même 😉

  32. @ Passant pris d’esprit d’escalier

    D’après ma compréhension, une politique monétaire expansionniste a plusieurs effets :

    – du fait de la baisse des taux, les gens s’endettent plus que d’habitude, c’est-à-dire qu’ils consomment immédiatement au prix d’un renoncement à de la consommation future,

    – mais l’expansion monétaire provoque de l’inflation et/ou des bulles spéculatives qui faussent l’appréciation du prix relatif des biens présents et futurs,

    – lorsque la politique monétaire est telle que tout le monde fait les mêmes erreurs d’appréciation, ça se finit par un grand nombre de propriétaires expulsés ou de retraités ruinés (on peut dire que le renoncement futur est plus grand que prévu…),

    – de plus les banques injectent la monnaie nouvelle dans l’économie de façon non homogène ce qui induit une redistribution de richesses,

    – enfin, les investisseurs se lancent dans des projets douteux à très long terme financés par des emprunts à bas taux, autrement dit on observe une distorsion de la structure de la production.

    D’après ma compréhension, le fait d’avoir une balance courante déficitaire n’est normalement pas gênant en soi. Si ce n’est pas un problème il ne devrait pas y avoir besoin de le résoudre.

    Mais quand ce déficit résulte d’une politique monétaire expansionniste, les dettes ainsi créées sont non productives, inutiles. Les personnes se sont trop endettées, les entreprises ont lancé de mauvais projets, etc. C’est sans doute le cas du logement aux US aujourd’hui, ainsi que pendant la bulle internet en 2000.

    Alors quand Bernanke parle du déficit de la balance courante, est-ce qu’il veut vraiment le résorber, ou bien est-ce sa manière de se démarquer de Greenspan qui avait baissé ses taux directeurs à 1% entre 2003 et 2004?

  33. Je trouve cet article très intéressant car il me paraît frappé au coin du bon sens -qu’on retrouve si peu chez la plupart de nos brilants experts.

  34. Le problème de la croissance est pourtant très simple : il y a croissance (du revenu par tête) lorsque je produis 100 au temps T avec 100 de ressources et 110 au temps T1 avec toujours 100 de ressources. C’est donc bien d’abord une question d’offre qui se répercute ensuite dans le revenu des habitants (qui ont gagné 10 par rapport à la période précédente). L’important à mon sens n’est pas tant d’accroître la consommation que le revenu dont il revient ensuite aux détenteurs d’arbitrer entre épargne et consommation.

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