Pour l’instant, c’est juste le bordel.
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Ouioui, comme d’hab avec les marchés… 😀
En 1929 la chute de la bourse de wall street n’a pas été linéaire. Au contraire, elle fut marquée par de nombreux soubresauts et même parfois par des records comme celui ci… (galbraith : la crise économique de 1929)
enfin moi je dis ça je dis rien…
Réponse de Stéphane Ménia
Ne dites rien. En échange, j’arrête de faire du second degré (à l’écran, ça se voit pas). Le bordel, autrement dit le flottement actuel, est plus inquiétant qu’une correction continue sur quelques jours. A mon sens, c’est la preuve qu’on ne sait vraiment pas où l’on va (même s’il y a des éléments concrets qui expliquent les mouvements). Il y a de la surréaction dans l’air. Le +9% du CAC aujourd’hui n’est certainement pas un signe que les choses vont s’arranger. De même que les baisses des jours précédents ne veulent rien dire de définitif. Si ça c’est pas le bordel…
Quelle part de la hausse est simplement "technique", liée au fait que les opérateurs couvrent leurs ventes à découvert qui sont/vont être réglementées ?
Réponse de Stéphane Ménia
Aucune idée. En fait, si des gens plus au fait veulent en parler… C’est l’objet de mon billet.
Il y a surréaction, car le biais émotionnel est à son comble : faillite puis sauvetage, l’ascenseur émotionnel marche très fort en ce moment.
On peut affrmer que depuis 3 jours le marché boursier n’est pas efficient. Et dans ce cas deux réponses possibles : la fuite (=non décision) si l’on est dedans, se tenir à l’écart si l’on y est pas.
J’ai une question terriblement naïve :
peut-on supposer que ces soubresauts à la hausse des cours soient liés au bonheur des joueurs en bourse de découvrir une politique non-libérale d’intervention étatique ?
(J’avais prévenu.)
Réponse de Stéphane Ménia
Vous aviez dit “naïve”, pas “trollesque”.
Je vais poser une bête question de sémantique : ce ne serait pas ce que l’on appelle une crise ?
Je sais que dans l’imagerie populaire, le mot "crise" en est venu à vouloir dire tout autre chose, une situation durable, mais il me semble que ce mot, à l’origine, signifie un bouleversement momentané du fonctionnement d’un système. Par exemple, un éternuement est une crise du système respiratoire. Et généralement on se sent mieux après.
Ou alors je confonds avec le mot "catastrophe" (au sens mathématique du terme).
Quoique, une catastrophe, par définition, produit un changement durable des conditions qui l’ont vu naître, et met le système dans un tout nouvel état. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas d’une crise.
Finalement, ma question n’est peut-être pas si bête. En revanche, j’ai l’impression de la poser bêtement. Ou mal.
Réponse de Stéphane Ménia
Oui, à proprement parler, c’est la crise.
Bon, d’accord, je vais formuler ma question différemment, alors, puisque on me lit troll.
si on peut donner quelque validité à la neuroéconomie
( http://www.neuro-economics.org/w... )
ne pourrait-on attribuer ces hoquets de cours à un sentiment d’impunité lié au filet de secours de la Federal Bank ?
Ça reste un peu grossier, comme question, mais j’y tiens.
Réponse de Stéphane Ménia
Ah… C’est très différent, en effet. Pas besoin de neuroéconomie. Ce que vous décrivez est connu sous le nom d’aléa moral et est totalement compatible avec une vision rationnelle des individus (l’homo economicus standard). Si vous vous sentez assuré, vous ne vous comportez pas de la même façon que si vous ne l’êtes pas. Dans le cas présent, la banque centrale joue le rôle de “prêteur en dernier ressort”, celui qui vient prêter quand plus personne ne le fait. Et c’est le noeud du problème à chaque crise et après chaque crise. Doit-on laisser penser qu’être “trop gros pour tomber” (too big to fail) sera toujours un principe respecté ? Il n’y a pas de réponse, car l’idée de prêteur en dernier ressort n’est pas absurde. Dans le lot de banques en difficulté en ce moment, toutes ont pris des risques. Mais pour certaines les difficultés sont passagères. A terme, elles sont solvables. Dans l’immédiat, elles manquent juste de liquidités. Les laisser tomber serait idiot non seulement parce qu’elles sont viables à long terme mais, qui plus est, parce qu’elles entraîneraient dans leur sillage des insttutions aux mêmes caractéristiques, mais qui dépendent d’elles (par le jeu de créances entre banques par exemple). Evidemment, cela ne va pas sans poser quelques problèmes, car assurer qu’il y aura toujours une intervention est une incitation à prendre des risques. Après, au niveau des opérateurs de marché, même s’ils ne sont pas les banques en question, ils adaptent leur comportement à ce qui arrive aux institutions en difficulté. Concernant la notion de manque de pourvoi de liquidité, vous pouvez faire l’analogie (modérée) avec votre banque et vous-même : si pendant une période vous avez claqué un peu trop mais que tout ira bien dans quelques mois (ou qu’en tout cas, un conseiller de clientèle compétent est capable de l’analyser), s’il vous coupe les lignes de crédit, c’est un idiot. Il ne fait pas son métier. Dans le cas de la banque centrale, l’enjeu est évidemment plus colossal, mais l’intelligence de la démarche reste la même.
> Evidemment, cela ne va pas sans poser quelques
> problèmes, car assurer qu’il y aura toujours
> une intervention est une incitation à prendre
> des risques.
Pourquoi l’Etat ne pourrait-il pas tondre les banques une fois la crise passee ? J’entends bien que ce n’est pas du tout l’esprit outre-Atlantique mais dans quelle mesure laisser la possibilite de se servir gaillardement dans les benefices futurs limiterait l’incitation au crime ?
Avis très subjectif (et peut-être idiot) d’un total profane : ce qui est en jeu dans ce bordel, entre autres considérations, n’est-ce pas la différence fondamentale entre "régulationnisme" et "interventionnisme" ? J’entends par là, fixer des règles relativement stables (qui ne changeront pas du tout au tout du jour au lendemain) et valant pour tous dans le but de minimiser les risques de dérapages, n’est-ce pas préférable à laisser faire n’importe quoi et intervenir lorsque surviennnent les dérapages ?
Remarquez, en formulant la question ainsi, je m’aperçois qu’on peut trouver des arguments en faveur de l’une ou l’autre approche, alors que je penchais plutôt pour la première au départ. Bref, je ne sais plus.
En ce qui concerne les consequences de l’interdiction de short-selling (= vente a decouvert = emprunter un titre, le vendre, le racheter moins cher, et le "rendre" a celui qui nous l’a preter), elle n’a eu aucune influence sur le CAC puisqu’elle a été décidé par la SEC (US) pour une trentaine de valeurs US. Elle n’a été mise en vigueur par l’AMF (FR) qu’aujoud’hui pour des valeurs FR.
Mais la question de la "part de responsabilité" de cette interdiction sur la correction du CAC est importante, mais j’avoue que je n’en ai pas vraiment la réponse. j’imagine qu’elle est
Quant au "bordel" dont vous parlez, je pense au contraire que les marchés sont hyper-efficients en ce moment, dans le sens ou leurs mouvements correspondent à des reactions rationnelles a des informations données par les differents acteurs qui comptent (Fed, Tresor US, financials, …)
Comme l’a dit Alexandre, "il y a des éléments concrets qui expliquent les mouvements". Mais je ne pense pas que les marchés "sur-réactent" (désolé…), ce sont les news qui sont radicalement différentes du jour au lendemain et qui donnent l’image d’un chaos economiques.
Grossomodo, le marché est hyper-efficient, car il "price" parfaitement les infos et les rumeurs qui sortent. Ce sont ces infos et rumeurs qui sont deboussolantes.
Les chutes successives de lundi a jeudi correspondent a des mauvaises nouvelles sur Lehman et Merill, puis AIG, puis Morgan Stanley. La remontée des indices vendredi signifie juste que les marchés pensent que la réaction de Paulson est bonne, et non pas que la crise est terminée.
Réponse de Stéphane Ménia
“Quant au “bordel” dont vous parlez, je pense au contraire que les marchés sont hyper-efficients en ce moment, dans le sens ou leurs mouvements correspondent à des reactions rationnelles a des informations données par les differents acteurs qui comptent (Fed, Tresor US, financials, …)”
C’est très juste, évidemment. C’est l’impression globale qui est bordélique et la surréaction l’explique. Ce qui est compatible avec une efficience informationnelle. Cela dit, sait-on où on va pour autant ? Là, ça dépasse ma connaissance des marchés concrets. Je n’ai pas le temps de m’informer en détail ces jours-ci. Ce billet est né d’abord du bon mot qui le compose…