Cette semaine, j’ai vu ou entendu parler de plusieurs trucs économiques étranges. Alors, je vous en parle.
1 – La banque fume du shit. C’est le client d’une banque, qui reçoit un recommandé de la banque lui annonçant que son autorisation de découvert (avec agios dès le premier euro de découvert) est supprimé (sans explication, comme l’envisage le contrat). C’est un compte secondaire, qui enregistre des choses comme les impôts, la sécu, etc. Il est assez peu actif, le plus souvent débiteur, mais jamais beaucoup et régulièrement alimenté pour combler le découvert. Bref, un rendement intéressant pour la banque qui facture des intérêts et frais bancaires, n’a pas grand chose à faire dessus et pour qui le risque est visiblement limité (le compte existe depuis 20 ans, sans incident majeur) et un petit confort pour le client qui utilise deux comptes. Le client va fermer son compte pour éviter de s’emmerder à surveiller son solde au jour le jour.
2 – Le tramway enfume (presque) tout le monde. A Marseille, on veut allonger une ligne de tram. L’opération coûterait entre 45 et 60 milllions d’euros, pour un tronçon (d’un peu plus d’un kilomètre) déjà réservé aux bus et taxis et qui est doublé par les 2 lignes de métro de la ville, accessibles à 150 mètres chacune au départ de la prolongation envisagée. Dans le passé, l’argument avancé était en gros que l’Etat subventionnait le projet à hauteur de 10 milllions d’euros et qu’il serait dommage de perdre cette subvention. Voici le nouvel argument : en rendant la zone semi piétonne, on accroît l’attractivité commerciale de l’artère. Bien, sinon, j’ai réfléchi et on peut simplement piétonniser la zone, sans y mettre de tramway. On fera économiser 10 millions d’euros à l’Etat et entre 35 et 50 aux collectivités locales. Bon, d’accord, disons qu’il faudra compter quelques tout petits millions pour aménager la zone. Mais, je pense qu’on s’y retrouve encore.
3 – Le mammouth chauffe grave. Dans une classe post-bac d’un lycée d’une ville de Province, à la rentrée, tous les inscrits ne se présentent pas. Il reste donc quelques places. Sans consulter qui que ce soit, le rectorat affecte des jeunes gens à cette classe. Jeunes gens qui n’ont pas déposé de dossier de candidature en fin d’année dernière et qui, de l’avis de leurs enseignants, n’ont aucune chance de réussir dans la section. Ils vont traîner un genre de mal-être pendant quelques semaines et finalement venir grossir les statistiques des échecs post-bac. Peut-être pour un an, peut-être pour plus.
Pourquoi ? Une explication probable dans tous les cas : de mauvaises incitations.
1 – Dans cette banque, on a dû mettre l’accent sur un élément du tableau de bord : les comptes créditeurs. Du coup, les chargés de clientèle font la chasse aux comptes débiteurs. Rien ne les incite à distinguer les bons comptes débiteurs des mauvais (au moins jusqu’à un certain point).
2 – Il vaut mieux arroser le BTP que de faire les choix judicieux. Quand, en plus, on peut se payer une com à deux balles sur le pseudo intérêt du chantier et rallier les voix des riverains et usagers de confort de la ligne, le mieux est de faire payer tous les autres.
3 – Les moyens de l’éducation nationale doivent être optimisés et aucun jeune ne doit se retrouver sans affectation. Imaginez le rapport officiel sur la rentrée : “Au 30 septembre, 90% des demandes d’affectation dans l’enseignement supérieur ont pu être satisfaites dans l’académie.”. Peu importe si la suite est moins glorieuse. Personne n’a intérêt à faire autrement.
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1.- Pas sûr que le compte soit rentable : beaucoup de frais administratifs (courrier, temps passé par le conseiller sur les découverts) pour peu de revenus (pas de carte, pas d’épargne…)
2.- Effectivmeent, le gain total est très inférieur au coût, mais est réparti sur un très petit nombre de bénéficiaires (les riverains, le BTP).
Autrement dit le gain par bénéficiaire est suffisant pour qu’ils défendent le projet, le coût par financeur n’est pas suffisant pour qu’ils luttent contre.
3.- Sans aller vers le contre-exemple américain, on peut se demander si la quasi gratuité n’entraine pas le gâchis