Souvenez-vous. En novembre dernier, le Codice sortait le site kezeco.fr, qui visait selon sa présentation à “Rendre accessible le monde de l’économie, sans prétendre à l’exhaustivité, avec sérieux mais sans se prendre au sérieux”, si l’on en croit sa présentation. Le résultat était, disons, pas très convaincant (l’euphémisme du jeudi soir). Très vite, Denis Colombi y relevait des erreurs grossières, et un biais idéologique marqué. Olivier Bouba-Olga devait enfoncer le clou en constatant que kezeco, c’était tout simplement n’importe quoi (ne manquez pas non plus les commentaires des posts). Et les deux de s’interroger sur la fonction du Codice : s’il ne parvient pas à jouer le rôle qu’il s’est assigné – diffuser la connaissance économique – ne peut-il être autre chose qu’une officine idéologique, et de promotion sans nuance des politiques publiques du moment? Et de plaindre Daniel Cohen et Etienne Wasmer, à la tâche difficile de réorienter celui-ci dans un sens scientifique.
De notre côté, nous n’avions pas particulièrement abordé le sujet, tant nous partagions l’opinion de nos collègues blogueurs. Kezeco était un échec, et nos préventions vis à vis du Codice, validées. Il ne semblait pas particulièrement nécessaire de tirer encore plus sur l’ambulance.
Mais nous avons constaté que le message avait été, au moins en partie, entendu. Un mois et demi plus tard, par l’intermédiaire d’Etienne Wasmer, nous avons été contactés par le Codice. Le site, nous a-t-on expliqué, avait été sorti trop vite, et ses contenus, élaborés en catastrophe. Pour autant, l’outil existe; ne serait-il pas possible de l’améliorer? Et l’on nous a demandé de jouer les “consultants” et d’apporter des suggestions pour rectifier ce départ calamiteux.
Cette demande nous a placés face au dilemme suivant. D’un côté, si nous avons créé Econoclaste, c’est précisément parce que nous trouvons que la connaissance économique est mal diffusée en France, et que cela nuit à la qualité du débat public. Nous sommes donc, a priori, en accord avec une démarche consistant à consacrer des ressources rares pour améliorer la diffusion de la culture économique. De l’autre, la chose qui nous satisfait le plus avec ce site, c’est l’indépendance qu’il nous apporte; que devient cette indépendance si nous décidons de travailler pour le Codice, un organisme issu du ministère des finances?
Pas simple. Mais finalement, nous nous sommes dit qu’il y a une contradiction dans le fait d’à la fois râler sur la médiocre qualité de la façon dont la connaissance économique est diffusée en France, et de se défiler lorsqu’on vous propose concrètement de contribuer, même modestement, à tenter d’améliorer les choses. Nous avons donc accepté de jouer les consultants (rémunérés), et d’essayer de sauver le soldat Kezeco.
Cette prestation de services, pour l’instant, prend deux formes. Premièrement, nous sommes en train de passer en revue les contenus du site afin d’y relever toutes les erreurs, et les biais, qu’il contient, pour que ceux-ci puissent être corrigés. Il y a du boulot.
Deuxièmement, nous avons immédiatement constaté que le problème principal de Kezeco, c’est sa démarche “top-down” consistant à asséner des éléments, sans profiter des capacités de l’internet à offrir des contenus de qualité. Dans cet esprit, nous avons suggéré l’établissement d’une “revue des blogs” hebdomadaires, dans laquelle nous faisons une sélection d’une dizaine de liens, en français ou en anglais. Cette sélection de liens se trouve depuis hier sur la page d’accueil du site kezeco et sera mise à jour régulièrement. Nous réfléchissons actuellement à d’autres suggestions qui leur permettraient d’avoir des contenus plus intéressants, reposant sur les capacités de l’internet et les apports de la société civile, et faire ce site un réel portail de diffusion de la connaissance économique – la vraie.
Nous ne savons pas où cela mènera. Peut-être que nos suggestions seront rejetées, et que les actuels biais de construction du site seront les plus forts. Dans ce cas, nous nous désengagerons, avec la conscience tranquille : au moins aurons-nous essayé. Peut-être aussi que ce site parviendra à devenir ce pour quoi il a été conçu : être un élément contribuant à la diffusion de la connaissance économique. Dans ce cas, nous n’aurons pas travaillé pour rien.
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bon courage !!! parce qu’il est vrai que ce site n’est pas terrible. Vous avez tout à fait raison pour la présentation… Cela ressemble à un site de l’époque 1.0, et c’est totalement indigeste… le côté fluo montre bien que c’est vraiment un site de vieux pour les jeunes, et que donc ça ne marchera jamais… Le business bondy blog, par exemple dont l’objectif est tout différent, écrit parfois des bétises, mais au moins c’est un truc vivant..
Le problème est que malgrès toutes les améliorations possibles, c’est une émanation du codice et son "impartialité" fait sourire, (au vu de sa composition… )
A noter que jérémie Cohen-Setton écrit sur nonfiction.fr propose une revue hebdomadaire de blogs presque uniquement anglosaxons:
ici: http://www.nonfiction.fr/article... n°1
et là: http://www.nonfiction.fr/article... n°2
J’en suis le traducteur (et pleinement responsable du retard pour le n°3 :).
c’est une bonne idée ce blog des blogs, mais c’est un peu limité tout de même, les lecteurs exclusivement francophone risquent d’être un peu frusté, mais enfin c’est tout de même un beau travail de synthèse !
Dans le genre pathétique : http://www.kezeco.fr/-kezeco-tv-...
Difficile de faire pire. Bon courage les gars !
Bon courage aussi ! Ca me donne presque envie d’être optimiste tiens. Vous pourriez en profiter pour leur dire deux mots sur la charte graphique du site ? Non, parce que si ça devient bien, je voudrais pouvoir y renvoyer mes élèves sans qu’ils aient l’impression d’être sur "Apprends l’économie avec Dora l’exploratrice"…
Bonjour, vous avez tout à fait raison de répondre à la demande d’Etienne Wasmer.
Je trouve qu’il est très facile de critiquer le Codice sur la qualité de ce que propose Kezeco et du simple fait qu’il serait un instrument de diffusion d’une culture économique idéologiquement orientée. Ce n’est aucunement constructif.
En économie, en sciences économiques et sociales aussi, il est très facile de tomber dans un discours idéologiquement orienté. J’avais écrit un texte dont vous aviez repris un passage qui exprimait clairement cela. Le nier est le meilleur moyen de tomber dans ce piège.
L’enseignement de sciences économiques et sociales que je dispense avec passion depuis des années peut être tout autant critiqué sous cet angle. Je ne comprendrai jamais comment on peut refuser de l’admettre. Seule la reconnaissance des faiblesses permet de progresser.
J’ajoute, qu’à ma connaissance, le Codice est destiné à produire des discours très simples qui ne s’adressent pas nécessairement à des élèves qui ont déjà un bagage économique car ils ont suivi un cours de SES ou d’EcoGestion.
Plus on fait simple, plus les chances de dire des choses imprécises sont grandes.
Cela ne veut pas dire que je ne regrette pas les quelques erreurs relevées à juste titre par mes collègues de SES, ils ont eu raison de la faire.
Cela étant, je crois que le dialogue entre les différents milieux – celui des enseignants universitaires, celui des enseignants de lycée, et les instances comme le Codice, ou encore ce que propose l’Institut de l’Entreprise à travers le site Melchior -, …, -est préférable au rejet absolu à partir d’un a priori. Durkheim mettait en garde contre les prénotions, les préjugés. En tant que professeur de SES, je ne peux donc qu’appliquer ce que j’enseigne à mes élèves.
Je crois profondément aux vertus du dialogue, bien plus qu’à celles du conflit et aux querelles de chapelles.
Au fond, nous souhaitons tous la même chose : une diffusion plus étendue et plus rigoureuse de la culture économique (et sociale). Chacun vient ensuite avec sa formation, son cadre d’exercice professionnel, le public visé, …, et forcément cela crée des tensions et des divergences sur les contenus et les méthodes pédagogiques.
C’est, me semble-t-il, de cette diversité et de la confrontation des approches entre enseignants et acteurs de l’économie que naitra une probable diffusion auprès d’un public élargi (avec une grande hétérogénéité des dotations initiales) d’une culture économique (et sociale) plus riche, plus pertinente, plus cohérente.
Faisons donc tomber tous « les murs de Berlin intellectuels » qui empêchent l’avènement durable de la démocratie de la libre discussion, chère à Amartya SEN.
Voilà, pour un avis rapide que j’essaierai d’approfondir ailleurs bientôt.
Si je peux me permettre de donner mon opinion au sujet de kezeco, je dirai que le look flashy, ludico-récréatif, ne pèse pas en faveur mais contre le projet du site. L’économie, science lugubre, certes : mais sans aller faire calculer des TMS aux internautes, on pourrait se contenter d’une base d’informations avec un aspect légèrement plus sérieux. La pédagogie peut se faire par les mots mais n’allons pas faire croire aux gens que l’économie c’est comme les teletubies (c’est l’impression que me donne le site).
Sinon, à la rubrique "les grands courants de pensée", je suis surpris d’apprendre qu’aujourd’hui, à part les monétariste et les nouveaux classiques, il n’y a plus de keynésiens !
Bon courage à vous.
Réponse de Stéphane Ménia
Oui, on a vu, on a vu… Nous avons proposé de repenser cette partie. Par contre, pour le look, bien qu’on n’aime pas trop à titre personnel, il faut bien reconnaître que ça se discute. Surtout, la nouvelle version du site (l’actuelle) pique déjà un peu moins les yeux. Enfin, dans l’ensemble, c’est quand même le contenu des débuts du site qui pose problème.
Mieux comprendre l’économie n’a jamais été aussi nécessaire
Un diagnostic, partagé par de nombreux bloggeurs, a validé la création du Codice (Conseil pour la diffusion de la culture économique) : Les Français n’ont pas une formation suffisante en économie.
Ce déficit de culture économique crée une rupture d’égalité dans la compréhension et la participation active de tous aux grands débats qui agitent nos sociétés contemporaines. Il ne permet pas la prise de conscience par chacun qu’il peut, et doit, jouer un rôle dans la vie économique.
Les jeunes, en particulier, ne sont que très peu sensibilisés à l’économie alors que, l’acquisition de connaissances en la matière, conditionne en partie leurs futurs choix professionnels et leur entrée dans la vie active.
A partir de ce constat, le Codice, sans avoir la prétention d’être seul à prendre des initiatives dans ce domaine, a réalisé le site http://www.kezeco.fr qui s’adresse prioritairement à un public n’ayant aucun accès à un enseignement d’économie et en demande forte d’une meilleure information.
Ce site a pour ambition de proposer des notions économiques de base, de présenter des réalités économiques, pour offrir des pistes de débats à ses visiteurs et éveiller chez eux la curiosité d’en savoir plus, l’envie de rechercher l’information et le désir de comprendre.
Kezeco.fr a aussi vocation à devenir un véritable portail, ouvert sur d’autres sites partageant le même engagement en matière de pédagogie économique.
L’exercice qui consiste à rendre accessible sans être simpliste une matière aussi riche et complexe que l’économie, n’est ni facile, ni sans risque. Comme l’écrivait Paul Valéry : «Tout ce qui est simple est faux, tout ce qui est compliqué est inutile ». L’équilibre est donc bien délicat à trouver…
Néanmoins, grâce au concours des internautes, nous avons d’ores et déjà corrigé les quelques erreurs qui nous ont été signalées. Nous les en remercions.
L’interactivité est d’ailleurs au cœur de la démarche « kezeco.fr » et permet d’alimenter le site en contenus rédactionnels, images et vidéos. Le Comité éditorial du Codice s’inscrit dans cette même perspective, puisqu’il est pluraliste et ouvert à la participation de spécialistes, enseignants ou journalistes.
Enfin, le graphisme adopté, ainsi que l’ergonomie du site, ont fait l’objet de débats, et de suggestions des internautes. Ils ont déjà conduit à une récente modification de la page d’accueil. Kezeco.fr évolue et évoluera encore ! Nous remercions à ce titre Econoclaste qui a accepté de contribuer à l’amélioration permanente des contenus du site. Merci aussi à tous ceux qui nous apporterons de nouvelles contributions. Elles nous aident à avancer et à rendre l’économie plus accessible à tous !
C’est amusant, j’ai cru jusqu’au bout que le commentaire signé « Délégation générale du CODICE » était un pastiche. Malheureusement, j’ai l’impression que non. Malheureusement, dis-je parce que j’ai rarement vu un texte dont la forme contredit autant le fond : j’ai vraiment l’impression qu’on me prend pour un idiot prêt à gober tout crue une accumulation de pétitions de principe. Je conseille donc très vivement au rédacteur dudit message d’aller consulter les pages suivantes :
fr.wikipedia.org/wiki/Wik…
fr.wikipedia.org/wiki/Wik…
pour le B-A BA de comment éviter ce genre de soupe de communicant.
Inutile de préciser que je suis très, très indisposé par ce que je viens de lire.
Réponse de Alexandre Delaigue
Maîtriser la forme propre au commentaire sur des blogs est une chose. Si l’auteur de ce commentaire est la personne que je connais, je peux vous garantir sa sincérité sur le fond.
Désolé, ma thèse n’avance pas, et mon humeur s’en ressent.