Dani Rodrik a tout compris.
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Je ne sais pas si je suis réellement rassuré de constater que personne ne prétend avoir compris ce qui s’est passé.
Alors qu’en ce qui me concerne, j’avais le sentiment que ce qui s’est passé était annoncé, depuis au moins un an, et bien plus en fait. Depuis la non-explosion de la bulle de la nouvelle économie peut-être.
Et si je ne suis pas le seul à penser ce que je pense, alors, vous pouvez estimer la valeur marché des actifs à leur valeur de 200 +3%/an passé.
Synthèse limpide, et voix du bon sens que de ne pas chercher "LE" coupable.
La conclusion est particulièrement belle. Et juste.
"So what will the post-mortem on Wall Street show? That it was a case of suicide? Murder? Accidental death? Or was it a rare instance of generalized organ failure? "
Homicide involontaire?
Réponse de Alexandre Delaigue
Vous n’avez pas compris.
Pffff….
C’est pas drôle, on va finir par avoir des scrupules au moment de pendre le dernier des banquiers avec les tripes du dernier des traders.
Ce que j’ai compris de Dani Rodrik, c’est qu’il est agnostique. Il dit en gros : "Peut-être est-ce l’une de ces nombreuses causes; ou bien la faute à pas d’chance qui fait qu’elles étaient toutes réunies simultanément; ou peut-être est-ce tout simplement un mystère qui nous dépasse."
Mais cet "alignement d’étoiles", comme il dit, n’était pas vraiment improbable. Car les différents ingrédients du drame – les leviers astronomiques, les commissions des prêteurs peu scrupuleux, les emprunteurs inconscients, la politique de la Fed, la myopie des agences, etc. – ont à mon avis une seule et même cause. Ce sont les incitations résultant de la banque à réserves fractionnaires. Des incitations économiques autant qu’en termes de public choice – de Washington à Pékin.
Dans ce cas, ce que Dani Rodrik liste par le menu, ce ne sont que des symptômes, pas des causes.
Si j’en étais capable, j’aimerais pouvoir détailler le processus qui fait que, dans un tel système, toutes les décisions individuelles reçoivent la même incitation : encore! Des acteurs rationnels vont prendre "trop" de risque, emprunter "trop", etc. Ainsi la violation d’une seule règle – le droit de propriété sur la monnaie – engendre la série d’erreurs que l’on sait.
J’ai l’intuition suivante : lorsqu’une forme de vol est rendue un tant soit peu légale, les contrôles visant à limiter les abus risquent de céder. Il y a sans cesse des innovations pour capter une partie de la rente monétaire, ceci appelle de nouveaux contrôles, etc. Au lieu d’avoir un ordre spontané, on aboutit au chaos organisé.
Réponse de Alexandre Delaigue
Je crois surtout que vous avez envie de vous rassurer, et de préférer une conception du monde simple plutôt que la complexité tragique de la réalité. Il y aura encore des crises, et vous (et pas seulement) ne manquerez pas de dire que vous avez tout compris. cela ne vous apporte qu’une compréhension médiocre de la réalité. J’espère qu’au moins cela vous rassure.
@GSF
Si la cause de la crise réside vraiment dans la banque à réserves fractionnaires (je ne le crois pas, mais admettons), alors le mieux est de chercher à faire en sorte que les crises financières produisent le moins possible d’externalités négatives. Parce que, soyons clair, il est inimaginable qu’un jour on en revienne à un système de couverture totale. Pourquoi ? Parce que absolument tout le monde est gagnant sur le court et moyen terme avec un système de banque à réserves fractionnaires, les clients comme les banques. Jamais un Etat ne prendra la décision unilatérale de bannir ce système. Ne parlons même pas de concertation internationale. Quand à un système de concurrence monétaire, gageons qu’il déboucherait lui aussi sur un système de banque à réserves fractionnaires. Et, de toutes façons, quand on voit le passif historique de l’étalon-or, moi ça me fait pas envie…
Très bon article. Dommage qu’il focalise sur le "comment" et pas sur le "pourquoi".
@ Alexandre
Je ne demande qu’à être critiqué, mais pas de psychologisme, SVP! Econoclaste nous a habitués à mieux.
Imaginons que, plutôt que de nous contenter de voir les prix de marchés pour les actifs indéniablement utilitaires varier de 1 à 3 en 12 mois pour satisfaire le besoin de profit des investisseurs, nous souhaitions disposer d’une économie profitant d’une certaine stabilité des prix.
Je n’ai pas retenu grand chose de l’économie, mais j’ai quand même retenu une chose : quand on ne sait pas qui punir pour quelque chose, on utilise la technique du dilemne du prisonnier : on promet l’amnistie partielle ou totale à celui qui prouvera la culpabilité fût-elle partielle d’un autre.
Sachant que ce choix de société de la stabilité des prix est inscrit dans les textes fondateurs de nos institutions, on commence les interrogatoires quand ?
Les théoriciens de la banque libre pensent en effet que ce système débouche sur un système de réserves fractionnaires, et l’a effectivement fait dans le passé. La différence, c’est que chaque banque gère ses réserves de façon à minimiser son risque de faillite, et que celles qui le font bien survivent alors que les autres disparaissent, ce qui au total tend à diminuer le risque. Dans le système de monopole, elles peuvent se contenter de respecter bêtement Bâle 2 ou l’équivalent et de compter sur l’Etat en cas de pépin. Dans le système de "free banking", la discipline vient de la concurrence entre banques, pas de l’étalon or.
la vidéo qui fait le buzz en ce moment sur internet:
http://www.lacausepremiere.net/a...
la video est passionante et extraordinairement bien faite pour un néophyte comme moi. Mais outre le côté "théorie du complot" un peu pénible, il me semble que l’écueil principal vient de ce que les auteurs font l’impasse sur la question de l’économie ouverte/fermée et de la convertibilité des monnaies.
Avez-vous vu cette vidéo ? qu’en avez-vous pensé ?
très bon article : aucune cause à elle seule n’aurait pu effectivement entrainer cette peur du krach qui a dégénéré en phobie et panique totale…
mais toutes en même temps, elles ont réussi.
et effectivement le mécanisme de base sera toujours présent : la peur… une émotion puissante qui s’auto-amplifie en générant un stress fort qui réduit nos capacités à être rationnels…
dur de faire une analyse dans un espace réduit
un accident est très souvent la conséquence de nombreux facteurs
s’il en manque un il ne se passe rien
cependant chacun une importance différente, plus ou moins grande sur la gravité de l’accident
citons bof :
L’économie est abominablement complexe. Il faut s’y méfier du consensuel – qui perd facilement son sens critique – et rester prudent. On ne peut faire dire à la théorie plus qu’elle ne peut. C’est certes frustrant mais c’est comme cela.
néanmoins il y a des niveaux de complexité
la culture du blé est complexe : la qualité du sol, des semences, les parasites, les engrais, les pesticides, la distribution des pluies et des températures, …, les acheteurs, les transports, …
malgré tout cela la production de blé a été dominée dans les dernières décennies par un seul facteur : le prix garanti par la pac en europe et les subventions aux fermiers aux usa.
pour les crises économiques récentes on constate de longues périodes avec des taux bas des banques centrales, avec création de monnaie-monnaie (billets) et de monnaie-crédit (des banques), qui ne peuvent se poursuivre indéfiniment et un coup de frein quelque part ensuite
les économistes orthodoxes sont très réticents à étudier le phénomène, théoriquement et empiriquement
pourtant, pour citer encore bof qui répète lui même, un taux d’intérêt est un prix de marché dont les manipulations produisent des troubles qui méritent intérêt académique
il y a bien d’autres choses dans l’ordre des hiécharchies et on en arrive à l’abominablement complexe du détail
mais on peut parfois lever le nez du guidon et regarder si certaines étoiles dans l’alignement sont plus grosses que d’autres