Ce n’est vraisemblablement pas un scoop pour vous, mais Nicolas Vanbremeersch (ex versac pour le grand public) a sorti un bouquin intitulé De la démocratie numérique. J’ai eu le temps de le lire. Voici quelques lignes à son sujet, venant d’un lecteur sans trop de références dans la sociologie du web.
Sur le fond, le livre de Nicolas donne un point de vue. Il l’annonce : il n’est pas un théoricien de la communication, juste un acteur de son temps et de sa génération, charnière pour l’Internet grand public. Il exagère un peu, dans le sens où il a médité les concepts théoriques, mais n’y a probablement pas trouvé matière à plaquer un discours systématique autour de son expérience personnelle. Vu sous cet angle, De la démocratie numérique fait partie de ces ouvrages utiles, pierres à l’édifice où les penseurs définitifs trouveront du grain à moudre à l’étage abstrait supérieur.
L’ambition initiale semble axée sur une description large de ce que le web change dans la diffusion de l’information. Fort heureusement, on se recentre rapidement sur le web social, puis largement sur les blogs, ce que l’auteur connaît encore le mieux. Vaine tentative que de résumer l’ouvrage. D’un digest, il ne ressort que platitudes. Car, en bref, que nous dit-il, au fond ? Que le rapport individuel à l’information est bouleversé par les blogs, que la liberté d’expression vit une nouvelle ère et que ceci a des conséquences multiples, sur le pouvoir, la presse et le rapport à autrui. Il ne nous apprend pas non plus (enfin, pas à moi) que la frontière est ténue entre tribalisme en ligne et ouverture réelle aux autres groupes sociaux, que la vie en ligne finit souvent dans la vraie vie et que les blogs ne sont pas seulement des lieux où des ados s’épanchent. Enfin, que l’espace des blogs est hiérarchisé et que le succès éditorial est régi par des règles tantôt vieilles comme la célébrité, tantôt réellement propre à l’édition numérique.
Oui, mais voilà… Il se trouve que l’auteur a pris le recul suffisant après des années de publication en ligne pour parsemer son texte de fragments personnels qui rendent le bouquin vivant et, en définitive, convaincant. La mesure du propos, une des marques de fabrique de ce centriste invétéré, colle parfaitement au sujet. L’argumentaire en prendrait presque une dimension linéaire, qu’on appréciera si l’on ne fait pas partie des amateurs de schémas tout prêts.
Au final, un livre qu’on ne regrette pas d’avoir lu, dont on sort avec le sentiment d’en avoir appris, y compris quand on a vécu dans la fosse les années sur lesquelles l’auteur se base pour son propos. Ajoutons qu’on y découvre un versac à l’écriture encore plus agréable que sur son blog, moins griffonnée et d’un style simple, mais travaillé. A conseiller sans nuances pour ceux que le sujet intéresse.
Ah, et quand est-ce qu’on cause économie ici ? Ça viendra, n’ayez crainte.
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