To Blair or not to Blair, that is (not) the question

Martin Hirsch, dans Le Monde daté du 23/07, publie une tribune sur les inégalités, dans laquelle il formule une opinion que je partage : “les attaques comme les défenses du “modèle français” sont souvent à la fois vicieuses et maladroites, comme en atteste la rhétorique sur la Grande-Bretagne. Ce pays connaît une évolution plus favorable que la nôtre en partant de plus bas. Ainsi, la vraie question n’est pas de savoir s’il faut ou non imiter Tony Blair  qui a permis aux pauvres de voir leurs revenus augmenter plus rapidement que les riches  mais plutôt si, et comment, on peut éviter la purge sociale thatchérienne. Que ceux qui pensent que, pour faire du blairisme, il faut passer par le thatchérisme le disent et l’assument. Que ceux qui prétendent éviter la purge sociale expliquent comment. C’est en cela que la référence à la dynamique du Royaume-Uni peut être intéressante

L’article entier est ici.

14 Commentaires

  1. très intéressant. Je me pose souvent cette question de la possibilité de Blair sans Thatcher. Je n’ai pas de réponse franche. J’ai un billet en préparation depuis quelques semaines (mais il n’avance pas) sur un thème, disons, connexe. Ce qui est certain, c’est que même un basculement direct vers le blairisme (qui me paraît tout à fait souhaitable) ne se ferait pas totalement sans douleur. De petits coûts d’ajustement semblent difficiles à éviter.

  2. "Je n’ai pas de réponse franche."

    C’est dommage. Tu aurais des chances pour 2007.
    Enfin, si tu vivais en GB… Ici, on te traiterait de con.

    "De petits coûts d’ajustement semblent difficiles à éviter."

    L’idée de coûts d’ajustement me semble tellement dérisoire face aux coûts d’enlisement que beaucoup de français subissent, que je suis tenté de te demander ce que tu entends par coûts d’ajustement.

  3. « L’idée de coûts d’ajustement me semble tellement dérisoire face aux coûts d’enlisement »

    Moi aussi, mais c’est un facteur de blocage.

    « je suis tenté de te demander ce que tu entends par coûts d’ajustement. »

    Des grèves, et peut-être une petite dépression économique passagère. Le tout d’une ampleur qui dépend précisément de ce qu’on appelle le « blairisme »

  4. Jck : je ne sais pas à quoi pense l’auteur de l’article et je n’aurais pas utilisé cette expression là , mais les premières années de Thatcher ont été marquées par une hausse du chômage et une baisse du pib/tête

  5. "mais les premières années de Thatcher ont été marquées par une hausse du chômage et une baisse du pib/tête"
    avec 20% d’inflation en 1980 il n’y avait pas d’autre option que le monetarisme dur pour revenir a des taux d’inflation normaux,ce n’est pas specifique a la politique Thatcher…

  6. Inégalité et pauvreté

    Une intéressante tribune de Martin Hirsch, président d’Emmaà¼s France, dans Le Monde de samedi 23 (relevée également par Econoclaste), sur la lutte contre les inégalités, et qui revient sur la comparaison récurrente entre le “modèle français”…

  7. J’ai l’impression que dans les pays scandinaves, ils ont réussi à réformer leur marché du travail (et autres adaptations) sans pour autant sacrifier le social. Ou du moins, de manière très mesurée et précautionneuse. Ce qui tendrait à démontrer que Thatcher n’était pas nécessaire.

  8. économie française, économie anglaise : le rôle des croyances

    L’économie anglaise fait office, c’est selon, de modèle ou de repoussoir. Dans son intervention récente, le Président de la République s’est efforcé de faire valoir les bienfaits qui résultent des choix français. Nicolas Sarkozy semble pour sa

  9. Drôle d’article en effet, si l’on peut appeler article ce concentré de lieux communs et d’affirmations ex cathedra, anachronique et téléologique, et fondamentalement faux, puisque cette "purge sociale tatchérienne" a bien eu lieu, dans les années 80 , aux dépens du seul travail non qualifié dans les seules entreprises privées.
    Dès lors, je me demande ce qu’on entend par "petits coûts d’ajustement" : un aggiornamento à la néerlandaise, comme dans ce très intéressant article de
    Wiemer Salverda,
    econpapers.repec.org/pape…
    dont je recommande particulièrement la page 51, à la suédoise, avec la suppression quasi-totale des administrations centrales, où à la finlandaise, avec une diminution drastique des dépenses sociales ?

  10. jck : je suis d’accord sur la nécessité de provoquer une récession quand on veut casser une inflation aussi importante. Mais si on regarde les taux d’inflation et de chômage en France et en GB sur 1979-1990, je ne sais pas si on peut décerner un véritable satisfecit à Thatcher. Certes, la France partait de plus bas en matière d’inflation. Mais elle a commencé à lutter contre plus tard. En 1983, on a un différentiel de 4 points environ (18 > 14). Partant de là , je ne sais pas trop… L’approche des 20% est-elle un seuil qui justifie une politique plus brutale, puisque c’est grosso modo la limite avant la "haute inflation" des manuels.
    Sur le chômage, il augmente jusqu’en 1986-1987, date à laquelle il passe sous le chômage français. 1979-1986, c’est long tout de même. Vous me direz, pendant ce temps, il grimpe en France et ne s’arrête pas avant 1988.
    Bref, globalement, je ne vois pas une politique macroéconomique franchement géniale.
    Socialement, ça a été dur pour un certain nombre, difficile de dire le contraire. Alors, ensuite, est-ce la faute de Thatcher si les mines ont fermé ? Certes, non. Mais Thatcher a quand même pris des mesures favorisant certaines catégories, en oubliant un peu trop Beveridge au passage, me semble-t-il.
    Des réformes fiscales qui favorisent plutôt les plus riches que les plus pauvres, une réduction de la qualité des services, disons universels, la réforme du marché du travail en même temps, ça fait beaucoup. On pourra toujours dire qu’au fond elle n’était pas responsable de la situation calamiteuse qu’elle récupérait. Il n’empêche que la hausse des inégalités et le discours musclé de la Maggie sur ce qu’est une bonne société peut justifier le terme de "purge" sociale. Il ne me plaît pas dans ce contexte, parce que je mets "stalinienne" en général derrière… Comment justifier sinon, une fois réglé le problème de l’inflation, la poursuite de la même politique après 1988, difficilement, mais quand même encore avec Major ?

    Denys : tous les pays que vous citez ont trouvé des solutions, fussent-elles temporaires, avant nous. Ce qui est intéressant, c’est que tous ont à un moment donné ou à un autre eu le sentiment que leur société répondaient de manière "satisfaisante" aux difficultés ("satisfaisante" au sens de Herbert Simon en quelque sorte, c’est-à -dire, pas parfaitement, mais convenablement compte tenu des enjeux et des capacités à y répondre). Le cas néerlandais est intéressant : les polders sont passés, au moins dans les commentaires, du miracle au naufrage. Or, ceci, en France, on ne l’a pas eu depuis des années.
    Dans le cas de la Suède, quel est le problème pour vous de supprimer les administrations centrales ? Il peut y en avoir, mais lesquels précisément ?

  11. Ah mais je ne vois aucun, mais alors absolument aucun inconvénient à supprimer les administrations centrales. Mais une fois de plus, ces histoires de "modèle polder" succédant au "syndrome néerlandais" sont anachroniques et téléologiques. La réalité est bien plus pragmatique : quand le taux de chômage au Pays-Bas passe de 6 % en 1980 à 11,5 % deux ans plus tard, quand le PIB finlandais passe de + 3 % en 1990 à – 7 % l’année suivante, et qu’en conséquence le taux de chômage explose, de 4 % en 1990 à 17 % en 1994, on travaille dans l’urgence, et tous les moyens sont bons. Quand la toiture est en feu, les pompiers ne se préoccupent guère du fait que leur intervention va rompre la clôture des carmélites qui occupent le rez-de-chaussée du bâtiment.
    Le gouvernement néerlandais est sans doute très fier, à posteriori, d’évoquer le "modèle polder" à propos des accords de Wassenaar, et des baisses concomitantes de rémunération dans la fonction publique : c’est une illusion, comme serait illusoire toute tentative d’ériger en modèle et de chercher à reproduire ce qui doit tout aux circonstances.
    Si, Grande-Bretagne exceptée, aucun grand pays européen n’a résolu son problème de chômage c’est parce que, bien moins vulnérables que les petits, ils n’ont jamais été poussés aux extrémités qu’ont connu les Pays-Bas ou la Finlande. C’est pourquoi je m’interroge : dans un pays où tout le monde monte au créneau dès qu’on ferme une classe, la diminution de 30 % sur cinq ans de leur pouvoir d’achat qu’ont connu les fonctionnaires néerlandais risque-t-elle d’entrer dans la catégorie des "petits coûts d’ajustement" ?

  12. Denys : "Le gouvernement néerlandais est sans doute très fier, à posteriori, d’évoquer le "modèle polder" à propos des accords de Wassenaar, et des baisses concomitantes de rémunération dans la fonction publique : c’est une illusion, comme serait illusoire toute tentative d’ériger en modèle et de chercher à reproduire ce qui doit tout aux circonstances."

    Ok, j’avais pas compris les choses comme ça.

    "la diminution de 30 % sur cinq ans de leur pouvoir d’achat qu’ont connu les fonctionnaires néerlandais risque-t-elle d’entrer dans la catégorie des "petits coûts d’ajustement" ?"

    Euh… non, ce serait tout bonnement affreux ! Ignoble ! Dégueulasse même ! ;o)
    C’est parce que je pensais à ce genre d’ajustements que je posais la question à Antoine.
    Sur cet aspect très précis, il faut noter que vu la démographie actuelle de la fonction publique, ce sont probablement les effectifs qui amortiraient. Je ne sais d’ailleurs pas si ceux qui veulent les maintenir à tout prix font un cadeau aux fonctionnaires et au pays. Le problème étant que devant l’incompétence du gouvernement, regarder systématiquement les réductions d’effectifs comme un bon point me semble assez risqué. Et je parle en termes d’efficience.

    D’un autre côté, dans ces réformes, on peut aussi citer le cas des chemins de fer suédois. La libéralisation a accru le salaire des cheminots. Quant au service, après une période de gros flottement, il semble que ce soit devenu très correct.

  13. SM : "Sur cet aspect très précis, il faut noter que vu la démographie actuelle de la fonction publique, ce sont probablement les effectifs qui amortiraient."

    Il y a des chances, en effet. Et j’ai beau flirter souvent avec l’ultra-libéralisme primaire, j’aurais du mal à expliquer comment des réductions d’effectif dans le public pourraient ne pas, à court terme, créer un petit bouchon sur le marché du travail. c’est peut être souhaitable dans un raisonnement à l’équilibre, i.e. à moyen-long terme, mais à court terme, ça peut avoir des conséquences difficiles à assumer politiquement.

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