Stiglitz chez Colbert

Savoureux. Mine de rien, Colbert pose d’excellentes questions…

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Alexandre Delaigue

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18 Commentaires

  1. Je n’ai jamais très bien compris en quoi, économiquement parlant, privatiser les profits et socialiser les pertes était mal, fût-ce par des mécanismes tordus intégrant le rachat de banques pourries par l’état pour le plus grand profit de leurs actionnaires : c’est toujours mieux qu’envoyer des jeunes crever en Irak tuer plus innocent encore qu’eux.

    La manoeuvre ne me semble pas économiquement très différente du financement par l’emprunt des plus lucides et clairvoyants individus de la société, identifiés par leur capacité à dépouiller les institutions qui disposent pourtant en théorie de personnels qualifiés pour se défendre, ce qui revient à disposer d’un mécanisme donnant aux citoyens les plus à même d’innover en général les moyens financiers de le faire.

    Reste alors à trouver comment les convaincre d’entreprendre plutôt que de thésauriser, mais quel merveilleux test grandeur nature pour certaines théories philosophiques : celles qui prédisent que les meilleurs d’entre nous ne peuvent qu’être bienveillants envers leurs semblables du simple fait de la claire perception qu’ils devraient avoir de leur propre intérêt.

  2. Il a joué pas mal "hors roleplay" comme on dit en jeu de rôles (ou OOC pour "out of character" pour les anglophones), mais c’est vrai que c’est pas mal.

  3. Ce qui est intéressant, pour un philistin comme moi, c’est le retour à la réalité : la crise est devant nous, en termes d’emplois perdus, d’allocations non versées, etc.

    Passant, je vais tenter de dire en quoi ça me choque de capitaliser les profits et de nationaliser les pertes : si l’argent de mes impôts sert à payer des gens qui ont mené leur banque pourrie à la faillite pour qu’ils continuent ailleurs, alors, comme le dit Colbert, j’aurai vraiment l’impression d’avoir été du mauvais côté du pari.

  4. berli : je comprends que cela puisse vous choquer. Et pas seulement pour une question de mauvais côté du pari.

    Maintenant, je vous propose d’aller au bout d’une telle logique : on a reproché à Milosevic, Saddam Hussein, et autres dictateurs cyniques, d’avoir joué leur propre intérêt contre le bien commun. Pour chacun d’eux, on a envisagé la création d’un tribunal. Pour certains d’entre eux, il a fallu lutter patiemment contre les réseaux d’amitié et d’influence qui les soutenaient, puis, les juger, et enfin, parfois, les exproprier.

    Exproprier est remarquablement aisé dans une économie financiarisée : vous écrivez une petite lettre à l’attention de l’ensemble des institutions financières civilisées avec vos instructions, dont l’application est immédiatement contrôlable par la cohérence interne de leurs comptes.

    D’où ma question : s’il existe de grands méchants profiteurs, pourquoi ne pas tout simplement les juger, et, au besoin, les exproprier, comme cela se fait pour les autocrates pillant les ressources de leur pays ?

    Par ailleurs, dans une économie compétitive, être du mauvais côté du pari est le lot commun, du bon, l’exception, pour une raison simple : on a toujours intérêt à promouvoir un grand bénéfice pour un petit nombre plutôt qu’un petit bénéfice pour un grand nombre : car l’espoir d’être de ceux qui feront le grand bénéfice fait davantage courir l’homme que l’espoir d’être de ceux qui en feront un petit.

  5. On ne saura jamais ce que c’était que cette histoire de transport de sable du Koweit vers l’Irak.

  6. @passant
    « Je n’ai jamais très bien compris en quoi, économiquement parlant, privatiser les profits et socialiser les pertes était mal »

    Ca ne vous dérange pas vous de faire payer les pauvres prévoyant pour renflouer ceux des banquiers les plus imprudents ?

    Moi si ! Je préfèrerais qu’ils soient rachetés par leurs concurrents plus prudents, eux !

    « s’il existe de grands méchants profiteurs, pourquoi ne pas tout simplement les juger »

    Le souci ici, c’est que les coupables n’en profitent même pas ! Mais ce serait amusant d’arrêter la moitié les banquiers centraux à commencer par ceux de la FED et de la banque d’Islande.

    Vous pourrez vous défouler aussi sur le parti Démocrate qui vient justement de faire passer le plan Bush/Paulson pour sauver quelques amis du big Business avec l’argent de Joe, le plombier Américain.
    clerk.house.gov/evs/2008/…

    Maintenant si vous voulez simplement mettre fin au contrôle public du prix du crédit et à l’interdiction d’utiliser la monnaie de son choix.
    Aux politiques démagogiques faisant croire aux pauvres (maintenant SDF) que les maisons et l’argent tombent du ciel.
    Au socialisme, qu’il concerne, les ouvriers, les banquiers, les assureurs ou les constructeurs automobiles.

    Vous avez tout mon soutien ! Mais ya du boulot !

    « mais quel merveilleux test grandeur nature pour certaines théories philosophiques : celles qui prédisent que les meilleurs d’entre nous ne peuvent qu’être bienveillants envers leurs semblables du simple fait de la claire perception qu’ils devraient avoir de leur propre intérêt. »

    La je ne vois pas le rapport !
    Un poncif de café du commerce peut être ?

  7. > Cette histoire de transport de sable du Koweit vers l’Irak.

    Une recherche google apporte comme premiers résultats des gens qui se posent la même question pour les mêmes raisons (Colbert Report)

    Il y a quelques pistes sur Yahoo Answers mais pas de réponses convaincantes pour l’instant.

    answers.yahoo.com/questio…

  8. L’ami du laisser faire:

    L’un n’est pas incompatible avec l’autre.

    En ce qui me concerne, je serais plus partisan d’enquêter sur les évolutions rapides de fortune, et notamment, celles observées à l’occasion d’évènements qualifiés de "tragiques" par les spécialistes qu’à punir les laquais de l’état. A la limite, je me demande même s’il n’est pas envisageable d’invoquer dans un tel contexte les lois anti-terroristes, puisqu’il s’agit bien il me semble d’enquêter sur l’éventualité d’initiatives antisociales menées par de petits groupes d’hommes déterminés.

  9. Je n’adhère pas du tout à cette idée de l’injustice comme un moteur, du privilège comme un lièvre derrière lequel les lévriers courent.
    Tout le monde ne court pas derrière une Mercedes SLK ou un char d’assaut Hummer. D’autant que la plupart des gens savent bien que jamais il ne pourront changer de groupe, puisque c’est le groupe des privilégiés qui décide des règles pour accéder au groupe des privilégiés.
    Et de comment il faut juger un patron comme "pourri" ; sachant que la différence entre le "profiteur ignoble au parachute doré" et le "noble entrepreneur au service de la société", la frontière est médiatique…Par exemple, les caisses occultes de l’UIMM ne sont devenues scandaleuses que lorsqu’on n’a plus pu les voir autrement, et Sainte Laurence s’est enfin offusquée.
    Notre Bon Président a-til tenu ce discours sur la moralisation du capitalisme à ses amis au Fouquet’s ?
    (Oui, je dérive un peu.)

  10. @passant
    "je me demande même s’il n’est pas envisageable d’invoquer dans un tel contexte les lois anti-terroristes".

    Je ne vois pas le moindre rapport entre le terrorisme et l’analphabétisme économique ou à la faiblesse face à la pression médiatique et politique (ie: baisse des taux par Greenspan après le 11/09/01).

    Mettre n’importe quoi sous le vocable de terroriste relève manifestement de la pure démagogie propre aux agitateurs qui fleurissent lors des crises.

    De Hayek à Friedman nombreux sont les économistes qui préconisent la suppression des banques centrales et des politiques publiques de contrôle du crédit. Rien a voir avec de quelconques théories du complot, les corporatismes passent bien loin derrière les idées reçue en matière de blocage des réformes.

    Si vous voulez aider les gens, les pousser à la haine contre des boucs émissaire ou guérir des symptômes, ne sont certainement pas des voix raisonnables.

  11. mort de rire

    Chavez se moque de Bush
    http://www.lexpress.mu/display_a...

    Le président vénézuélien Hugo Chavez s’est moqué hier de son «camarade» George Bush, ironisant sur le virage à gauche pris par le président des Etats-Unis en réaction à la crise financière internationale. Chavez a notamment tourné en ridicule le plan de sauvetage du secteur bancaire qui prévoit l’entrée au capital de certains établissements financiers de l’Etat américain. «Bush est plus à gauche que moi maintenant», a déclaré Chavez lors d’une conférence d’intellectuels sur les bienfaits du socialisme. «Le camarade Bush annonce qu’il va acheter des parts dans des banques privées.» «Je suis persuadé qu’il n’a aucune idée de ce qui se passe», a-t-il
    ajouté.

    et Reuters
    http://www.reuters.com/article/t...

  12. Je connais le terrorisme: c’est l’action par la terreur.
    Par ex., terroriser les gens en maintenant le chômage à un niveau élévé.

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