Quelques lectures du lundi

Gizmo pense que c’est le moment de vendre.

Avinash Persaud trouve qu’une taxe Tobin serait une bonne idée.

David Warsh nous raconte les origines de la monnaie.

La macroéconomie keynésienne, redux.

Le bouquin de macro d’Ed Leamer a l’air très bien, mais coûte scandaleusement cher.

L’adoption d’une version britannique d’HADOPI suscite le courroux de Chris Dillow. Il n’est vraiment, pas content.

Share Button

Alexandre Delaigue

Pour en savoir plus sur moi, cliquez ici.

5 Commentaires

  1. Le thème transversal de ce billet me semble être celui de la propriété intellectuelle.

    Sur le prix du livre en question, j’avoue connaître pire : dans le milieu juridique, on est habitué à des prix encore plus élevés. La question, c’est qu’est-ce qu’en touche l’auteur : en général pas grand chose. En France 7% du prix HT, ce qui est peu par rapport aux parasites (éditeur, imprimeur, distributeur, libraire). Le terme parasite n’est pas un jugement moral : ils vivent simplement de la production d’autrui. Certes, ils y apportent leur propre travail. Mais un travail bien faible en rapport à celui fourni par l’auteur (cela dépend de ce qu’on écrit, mais plutôt des centaines d’heures de travail hyper-qualifié). Il faut dire que les auteurs ne vivent pas de ce que leur rapporte leur publication (sauf 0,01%). Ils ont un autre travail qui fait bouillir la marmite : universitaire, journalistes… (les auteurs de ce blog ? Votre livre, cela vous a permis de vous payer quoi : une bière ?). Ainsi, on peut dire que la plupart des livres sont subventionné indirectement par l’Université ou des entreprises privées.
    Tout cela pour dire, qu’en matière de propriété intellectuelle sur les livres, l’enjeu (à venir) existe mais est plus faible que pour la musique ou le cinéma.

    Et de la musique (et du cinéma), c’est de cela qu’il est question dans l’article sur l’HADOPI britannique. Et la question est très bien posé, beaucoup mieux qu’en France : on s’attaque là au fondement même du droit de propriété intellectuelle. Ceux qui s’échangent des fichiers sont traités systématiquement, à tort (juridiquement parlant), de voleur. Or ils ne volent rien, ils ne privent personne de rien par ce qu’ils font (c’est mieux dit dans l’article cité).
    Donc, la seule vraie question derrière tout cela, ce n’est pas celle de la morale, mais celle des gros sous.
    En matière de propriété intellectuelle, pas de morale (sauf, spécificité française, pour le droit moral de l’auteur), mais de l’économie avec la question de la rémunération des auteurs.
    C’est la seule chose qui préoccupe ceux qui supplient qu’on légifère, et notamment, tous ceux que j’ai appelé les parasites, tous ces producteurs qui ne vivent que grâce au travail des artistes, et qui défendent donc la perpétuelle extension du domaine de la lutte, la marchandisation généralisée.

    Donc parlons enfin SOU, et uniquement SOU, si on veut légiférer. Et là, il faut enfin proposer de tout revoir, de tout remettre sur la table en matière de rémunération.

    Par exemple : trouvez-vous logique économiquement (éventuellement moralement) que Freud touche (dans sa tombe) des droits d’auteurs encore aujourd’hui jusqu’au 23 septembre prochain. 70 années après sa mort : pouvez-vous me justifier cela économiquement en terme d’incitation à la création ? (voir moralement ?).

    Le système est pourri jusqu’à la moelle et est surtout que défendu par les parasites qui considèrent le peer-to-peer comme une atteinte à leur rente.

    Donc, avant de légiférer, on rediscute à zéro du fondement de la propriété intellectuelle : la sanction ne peut être acceptée quand ce n’est que l’application de lois aberrantes. Changeons les contours de la propriété intellectuelle, pour qu’elle soit économiquement justifié (et non une scorie historique), et après des mesures de limitations du peer-to-peer illégales se justifieront. Jusqu’où une rémunération de l’œuvre intellectuelle est justifié pour inciter à la création ? Quand est-ce qu’on s’arrête : là, c’est la question du domaine public, qui comme tout bien public est très mal défendu.

    … Défendons le domaine public contre son appropriation privée… Voilà le vrai enjeu.

  2. David Warsh écrit :

    "An entirely new feature of money is that its possession renders unnecessary in principle all pre-monetary forms of social relationship: reciprocity, redistribution, kinship, ritual, and so on. Money allows you to fulfil all your needs. It provides the power to increase itself. And it tends to promote predatory isolation. […] [The Tobin tax] is almost certainly a good idea. It seems like a step in the right direction, away from of what, reflected in the distant mirror of the early Greek world, Richard Seaford sees as ‘the oddness, the historical contingency of the lethally limiting limitlessness’ of our times, a step towards a new world in which binding limits are arrived at democratically."

    Quel blabla!

    Le livre qu’il cite est ici pour ceux qui aiment (Marx 13 – Menger 0, dans un livre sur la monnaie, hmmm…) :
    gigapedia.com/items/18920…

    Sur l’origine de la monnaie, je recommanderais plutôt "La naissance de la monnaie : Pratiques monétaires de l’Orient ancien" de Georges Le Rider :
    gigapedia.com/items/32095…

  3. @matht :

    (a) Même sans aspect moral, votre usage du terme "parasites" peut être considéré comme, disons, excessif : au-delà du fait que l’industrie du livre est "constituée" d’une multitude d’échanges économiques quotidiens mutuellement bénéfiques entre des agents économiques vraisemblablement pas moins irrationnels ou moins informés que la moyenne (l’important ici, c’est le "mutuellement bénéfiques" car, sinon, il n’y aurait pas d’échanges), une des deux fonctions économiques du "droit d’auteur" est – précisément – de faciliter les échanges entre agents économiques (grâce à la possibilité de cession de droits), en facilitant la spécialisation et la division du travail tout le long de la "filière du livre" (de l’auteur jusqu’au lecteur final avec, au milieu, tous ceux que vous qualifiez de "parasites"), ce qui est, pour les économistes, source de bien-être collectif. Bien sûr, la révolution numérique a produit, produit et produira des effets sur le fonctionnement de cette filière, certains imaginant la disparition de tous les intermédiaires (jugés par certains inutiles voire nuisibles) entre l’auteur et le lecteur final. Difficile toutefois d’imaginer que tous ces intermédiaires auront disparu dans cinq-dix ans, au regard des bénéfices qu’ils apportent aujourd’hui.

    (b) Sauf erreur, sur la question de la durée "optimale" (pour aller vite) de la protection accordée par le "droit d’auteur" ou le copyright (la réduire ? l’accroître ? la maintenir en l’état ?), elle occupe les économistes depuis des décennies (pour une introduction à la théorie économique du copyright, voir par exemple le billet de Mathieu P. : http://www.leconomiste-notes.fr/... et elle n’a pas été complètement tranchée à ce jour, la recherche théorique et empirique ayant apporté des éléments allant dans le sens d’une réduction ou celui d’un allongement de la durée. En même temps, ces derniers temps, des économistes se sont mobilisés et ont mobilisé un ensemble de travaux académiques pour expliquer au public le peu d’intérêt (au sens des économistes) qu’il y aurait à accroître un peu plus la durée de protection voire proposer sa réduction. D’autres économistes ont même proposé de quasi supprimer tout droit de propriété intellectuelle : http://www.amazon.fr/Against-Int...

    (c) Les questions que vous posez dans votre avant-dernier paragraphe ne sont pas inintéressantes.

Commentaires fermés.