Peur d’être protégé ?

Sur le blog d’Olivier Bouba-Olga, qui s’amuse bien en ce moment avec les “jeux de mots” des patrons et des UMP concernant la précarité et ses vertus, on trouve ce qu’on peut appeler une perle d’Alain Lambert. Et pourtant, ce n’est pas aussi simple qu’il n’en a l’air…

Loin de moi l’idée de défendre les propos tenus par Lambert, parce qu’ils sont vicelards comme je le soutiens ci-dessous. Néanmoins, je pense qu’il se base sur cet article (ancien article de la semaine) ou sur d’autres étudiant le même thème : “Comment les salariés perçoivent-ils la protection de l’emploi ?”, Fabien Postel-Vinay et Anne Saint-Martin, Economie et statistiques, 2004.

Oui, il y a bien une corrélation négative entre les indices de protection de l’emploi et le sentiment de sécurité, d’après l’enquête du papier (données OCDE).

Il reste évidemment qu’il ne faut pas avoir fait l’ENSAE pour juger que Lambert interprète les résultats de manière tendancieuse, chose que les auteurs eux-mêmes ne font pas, évidemment.

“Du point de vue des salariés et du risque de perte d’emploi auquel ils font face, c’est donc un instrument à double tranchant : d’un côté, la LPE « joue son rôle » en diminuant le risque individuel de perte d’emploi (19), mais de l’autre, elle augmente le coût lié à la perte d’un emploi en diminuant les chances de retour à l’emploi. Une interprétation possible des résultats présentés ici est que ce second effet domine le premier. Toutefois, la corrélation négative mise en évidence n’indique aucun sens de causalité. Si l’on suppose que les individus se déclarant insatisfaits de leur niveau de sécurité de l’emploi ou inquiets face au risque de perdre leur emploi réclament implicitement davantage (et non pas moins) de sécurité de l’emploi, le résultat peut s’interpréter comme la traduction du fait que les travailleurs italiens, portugais, grecs, français ou allemands sont, par nature, « plus inquiets » que les irlandais, les danois ou les américains et que les premiers demandent et obtiennent (par les urnes) une LPE plus stricte.”

Ah, tout de suite, ça a moins de gueule, hein… Vous pourrez lire avec intérêt la fin de l’article (page 17).

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