Nouvelle expérience naturelle sur la mise à l’amende des parents…

amende

A Carpentras, on met à l’amende les parents qui viennent chercher leurs enfants en retard à la fin des activités périscolaires. Déjà, l’an dernier, certaines communes de région parisienne avaient sanctionné les parents indignes. Ainsi que dans le territoire de Belfort. Ça fait rire les économistes. Pourquoi ?

Parce que cette méthode n’est pas assurée de porter ses fruits, comme Alexandre l’expliquait l’an dernier, en se basant sur cet article de référence. Maya Beauvallet en parlait aussi dans son ouvrage sur les stratégies absurdes.

Quand vous remplacez une norme sociale par un rapport marchand, il arrive souvent que les gens préfèrent payer en s’affranchissant de toute règle de bienséance.

Dans ce contexte précis, tendu du fait des modifications des rythmes scolaires (comme l’explique l’article), je suis presque prêt à parier que de nombreux parents viendront payer dédaigneusement ces 5€ de liberté gagnée. Car, si en plus du rapport marchand, vous ajoutez une norme sociale de contestation à (assez) peu de frais…

Deux jours après le Nobel de Tirole, une façon de vous rappeler que dire que les incitations comptent ne signifie pas dire que n’importe quelle incitation compte.

PS : au fait, il s’est passé quoi dans les autres cas français cités ?

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4 Commentaires

  1. “Quand vous remplacez une norme sociale par un rapport marchand, il arrive souvent que les gens préfèrent payer en s’affranchissant de toute règle de bienséance.”

    Ai-je tort de voir un rapport entre cette expérience naturelle et les travaux de Tirole sur une approche par la théorie des jeux des relations entre appareil productif et appareil politique ?

  2. L’une des grosses critiques souvent adressées au papier de Gneezy était la faiblesse du niveau des amendes. Or, ici, dans un contexte budgétaire tendu pour les ménages, 5€ le quart d’heure peut représenter une belle somme à la fin du mois (car il semblerait que ce soit certaines familles qui concentrent les retards, ce qui corrobore ce que j’ai déjà pu observer par ailleurs). Car si l’on regarde le cas de Carpentras, la simple menace (crédible) a suffit à baisser les retards de moitié.

    Ce que cela montre, à mon avis, ce sont deux choses :
    – les liens entre incitations monétaires et non monétaires sont complexes (j’en sais quelque chose, pour travailler là-dessus…)
    – “vulgariser” en ne se basant que sur un seul papier, sans avoir assez d’esprit critique à son égard, est dangereux car le papier en question (aussi célèbre soit-il) peut avoir des failles méthodologiques qui remettent en question une partie de son message (mais ne jetons pas non plus le bébé avec l’eau du bain)

    Ces expériences sont très utiles car elles permettent de donner de l’information supplémentaire sur les conditions de la réussite de ce genre de politique. Il semblerait ainsi qu’une amende “forte” engendre de meilleurs résultats qu’une amende trop faible.

    • Je suis globalement d’accord.
      L’intérêt du papier initial est de montrer : ça peut arriver si on pose des incitations monétaires plus faibles que les normes sociales.

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