Mise à jour – 09/03/2007

Une nouvelle chronique de livre, La fin des privilèges de Delpla & Wyplosz.

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9 Commentaires

  1. Pourquoi cette insistance sur le "contre-modèle" thatchérien ? Sauf erreur, Maggie a remporté plusieurs élections de suite : si elle s’était contenté de faire tirer sur des mineurs durant tout son passage à Downing Street, jamais elle n’eût été réélue.

    Donc, il doit y avoir autre chose. Et cet "autre chose", c’est précisément que, racheter des rentes pour réformer et libéraliser un pays, c’est précisément la nature de l’action de Thatcher, guidée par les conseils tactiques de l’Adam Smith Institute.

    Vous avez l’air de bien connaître le dossier. Vous pouvez donner des exemples de rentes rachetées par Thatcher ?

    En d’autres termes, ce livre de Delpla et Wyplosz pourrait bien être une version française, adaptée à nos particularismes et plus ciblée sur certaines réformes particulières, du magnum opus de Madsen Pirie, "Micropolitics". Traduction fortement attendue dans notre pays où les politiciens feraient bien d’apprendre à réformer. 😉

  2. Accessoirement, il y a la guerre des Malouines qui l’a rendue célèbre et elle a
    profité de marges de manœuvre formées par ses prédécesseurs : la RENTE,
    certes, mais pétrolière. Les investissements en Mer du Nord ont été faits par les
    gouvernements des années 1970.

  3. Pour les taxis, il y a une méthode simple, utilisée avec succès en Espagne et peu coûteuse : Attribuer une nouvelle licence cessible à chaque possesseur actuel. Ensuite, et bien, malgré leur corporatisme, un certain nombre de chauffeur de taxi en vendront une… Voila 0,4% du PIB économisé.

    Les licences sont déjà cessibles. Et elles se cèdent. Le problème, c’est qu’il n’y en a pas assez. Si vous en attribuez de nouvelles, c’est soit gratuitement et les anciens qui paient toujours leur crédit vont râler. Si vous la vendez, vous maintenez le statu quo en répartissant simplement la rente entre les anciens et les nouveaux en gardant les barrières à l’entrée.

    Le CDI n’est pas « protecteur ». Il ne protège absolument pas de mesure individuelle. Un licenciement est simplement coûteux pour l’employeur. Mais si celui-ci est une entreprise importante (+ de 50 salariés), doté d’un bon service juridique, il n’y a pas de problème. Ce n’est pas le cas des TPE mais le CNE est déjà une bonne réponse.

    Il est peut-être plus age d’attendre des évaluations avant de parler des bienfaits du CNE. Quant au CDI non protecteur, c’est ambigü. Tout dépend ce que vous appelez protection. Les risques d’être au chômage quand on est en CDI sont plus faibles que lorsqu’on est sur un contrat atypique.

    La loi galand a de fait été abolie. Il reste les règles qui limitent l’implantation des grandes surfaces. Mais la « concurrence » entre communes réduit leurs portées. La distribution est un secteur déjà très concurrentiel en France, surtout si on la compare avec l’Anglaise, l’Allemagne ou l’Italienne.

    Une disposition importante de la loi Galland n’est pas abolie : l’interdiction de la vente à perte.

    Il reste donc la réforme de la PAC qui va se faire naturellement avec la pression de la CEE et le départ de Chirac et la réforme de la fonction publique.

    Sur ce dernier sujet, les mesures proposées ne sont tous simplement pas applicables. Je ne pense pas qu’un seul fonctionnaire accepte une indemnité de 6 mois de salaire pour renoncer à son statut. Statut en grande partie symbolique d’ailleurs. La garantie d’emploi à vie n’est pas inscrite dans la loi. Il s’agit juste d’une pratique jamais remise en cause. Un texte de loi – même assorti d’une indemnité – ne changera pas la pratique.

    Je sius assez d’accord sur le côté peu incitatif de l’indemnisation. A titre personnel, elle est quasiment dix fois trop faible pour que j’envisage de l’accepter si on me la présentait aujourd’hui. Reste que refuser, ce serait risquer de ne pas prendre ce qu’on vous donne aujourd’hui, face au risque de se voir imposer la même chose sans compensation un peu plus tard. Globalement, Delpla et Wyplosz comptent pas mal sur ce raisonnement. Néanmoins, quand vous voyez la somme proposée, vous vous dites qu’il y a sûrement mieux à faire face à un acheteur de rente motivé : attendre qu’il revoit sa proposition à la hausse…

    Sur le fond, ce qui est embêtant dans ce livre, c’est qu’il repose sur l’hypothèse du grand soir. Un grand pays, et la France en est un, peu se réformer par petite touche. C’est déjà le cas, et en ce domaine, le bilan du dernier quinquennat est loin d’être nul.

    Ils de défendent de cette logique de grand soir. Mais j’avoue qu’on peut s’interroger concrétement. par exemple, pour les universités, ce serait le bazar pendant 3 ou 4 ans. Ce qui n’est pas sans rappeler les rêves d’états généraux de l’université où les cours seraient suspendus une année pour faire le point. En revanche, ce que le livre montre assez bien, c’est que la démarche n’est cohérente que si on fait tout en même temps.

  4. Je répondrai bien en privé, mais je ne suis pas sûr de savoir à qui m’adresser.

    Sur les Taxis, la mécanique est la suivante : Chaque possesseur de licence s’en voit attribuer une nouvelle. Libre à lui de n’en rien faire pour maintenir le numérus clausus de la profession. Mais comme certains vont vendre la licence surnuméraire, et bien tous auront intérêt à la vendre et si certains ne le font pas tans pis pour eux. De ce fait, on a une mécanique claire, non coûteuse pour la collectivité, neutre pour les chauffeurs de taxi et qui permet d’augmenter le nombre de taxi en circulation.

    La loi Galland faisait beaucoup plus qu’interdire la revente à perte. Elle interdisait aux enseignes de récupérer les « marges arrières ». Celles-ci représentent grosso modo 30 % du prix d’achat des produits. Elle imposait de fait un taux de marge minimum de 30 % à la grande distribution. Les lois Dutreil permettent maintenant de répercuter 20 % des marges arrière sur les prix de ventes. Avec des marges à 10 %, toutes les enseignes perdraient de l’argent. De fait, les prix sont maintenant libérés dans la grande distribution.

  5. Loin d’être un spécialiste du domaine, je m’y suis un petit peu intéressé. Quelques exemples : la possibilité pour les locataires d’HLM de racheter leur logement à un prix très préférentiel (de 20 à 50 % de rabais par rapport au prix du marché) ; une part non négligeable des actions des entreprises privatisées réservée aux employés de ces entreprises avec certains avantages (gratuité des premières actions, accès préférentiel aux suivantes) mais aussi aux habitants des communes où ces entreprises sont implantées ; les pensions des retraités de British Airways rachetées cash ; les mineurs dont les puits devaient fermer se sont vu proposer des primes de déménagement et des cours de recyclage…

    En fait, l’imagination des micropoliticiens n’a de limite que celle des moyens qu’on leur accorde. Rien que de très banal, pourrait-on croire ; mais c’est ce qui sépare Heath de Thatcher, ou Nixon de Reagan. Les premiers croyaient qu’il était suffisant de tenir bon pour réformer ; leurs successeurs ont compris qu’on ne pouvait pas tenir bon contre tous.

  6. Concernant le rachat du statut de fonctionnaire, n’y aurait-il pas un risque que la proposition soit systématiquement acceptée par ceux qui savent que l’état n’a guère intérêt à les licencier et qu’elle soit systématiquement refusée par ceux qui ont de bonnes raisons de penser qu’ils sont considérés comme surnuméraires (fonctionnaires du ministère de l’agriculture, professeurs d’allemand etc…)ce qui rendrait la mesure inefficace. Comment les auteurs prennent-ils en compte cette difficulté?

    Globalement, ils ne le prennent pas en compte !

  7. Elias: je ne sais pas comment les auteurs tiennent compte de cette question, mais la réponse en termes clairs des théoriciens de la réforme de l’état est bien connue : le remplacement des statuts par des métiers et des emplois-types pour favoriser les mouvements de personnels inter-administration voire inter-fonctions publiques.

    Par exemple, un agrégé d’allemand peut espérer devenir chef d’établissement ou inspecteur. Un comptable du ministère de l’agriculture peut devenir comptable dans une autre administration.

  8. A vue de nez leurs évaluations me semblent très faibles. Premièrement parce qu’ils négligent la dimension risque et l’attitude des gens vis à vis de celui-ci : La valeur de la sécurité d’emploi dans la fonction publique est bien plus élevée parce qu’elle correspond à un risque de perte qui fait monter le prix, avant même de prendre en compte l’énorme problème de sélection adverse qu’a cité Elias.

    Figure toi que le chiffre avancé est supposé prendre en compte le risque…

    Et même pour les taxis, je pense qu’ils oublient un secret de polichinelle : le prix de marché des licences est grossièrement sous-évalué. Une part de la licence est souvent rachetée en liquide pour raisons fiscales ce qui veut dire que le vrai prix d’achat est plus élevé que le prix de marché. Et en prenant en compte cet élément, pas sûr que racheter la rente soit rentable… De toute façon, sur un marché qui s’équilibre, le prix de la rente peut-il être différent de son coût?

  9. La question de l’effet de sélection adverse de la prime au départ au titre du rachat d’une rente de situation pour les personnels surnuméraires se pose pour toutes les fusions-acquisitions passées, présentes, et à venir. Les différents procédés par lesquelles elle aura été traitée par le passé n’ont pas davantage que d’autres questions contribué au succès ou à l’échec de fusions-acquisitions.

    Je ne vois pas réellement en quoi les différentes administrations sont bien différentes des acteurs du secteur concurrentiel.

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