Le grand méchant marché, star en devenir ?

Voilà plusieurs fois que j’en entend parler (par exemple, par Alexandre ou Bernard Salanié). Et voilà maintenant que le livre du jour de France Info y est consacré. L’opus de Landier et Thesmar semble être l’essai incontournable du moment (rien que ça…). La chronique de France Info me semble confirmer le bien qu’on en dit ailleurs. On verra bien.

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7 Commentaires

  1. Dommage qu’A.Landier trébuche à la fin de l’interview avec une légère contradiction. Il explique que lorsqu’une entreprise américaine acquiert une société française elle a pour objectif de la développer et de créer des emplois. Et quelques secondes plus tard il conclut qu’il faudrait que les Français redeviennent actionnaires de leurs entreprises pour se "réapproprier les dividendes de notre croissance". Avec un tel raisonnement, on justifie l’actionnariat salarié et les incitations fiscales qui aboutissent à ce que certains salariés ont une épargne totalement déséquilibrée et perdent à la fois leur épargne et leur boulot quand leur entreprise a des difficultés. Ca ne préjuge pas du reste du livre qui a effectivement l’air très intéressant.

    Pas trop d’accord avec vous sur cette interprétation. Entre la detention d’actions françaises et la détention d’actions de son entreprise comme seul patrimoine financier, il y a une différence colossale. Je n’ai pas réécouté la chronique, mais il me semble pas que Landier fasse autre chose que de regretter la faible part du patrimoine en actions des ménages dans leur patrimoine total. Or, s’il en était autrement, les préférences des ménages se portant naturellement vers les boîtes locales, la part de celle-ci détenue par des résidents serait supérieure. Quant à l’acquisition de sociétés vs la propriété nationale, tout ce que j’y vois c’est que si un investissement est bon, peu importe la nationalité des investisseurs. En l’occurrence, je comprends l’argument de la façon suivante : des étrangers profitent d’opportunités que les français ne saisissent pas ; c’est dommage pour eux, mais c’est un choix qui est la conséquence d’un rejet de la finance et dont ils se servent ensuite pour justifier ce rejet.

    SM

  2. Oui, je suis en train de le lire. L’idée c’est de montrer à l’aide d’études empiriques que, contrairement à une croyance très répandue, la finance n’est pas l’ennemie de l’industrie et de l’emploi. En particulier, le chapitre sur les OPA est vraiment intéressant. Je pense que c’est vraiment un livre intéressant dans le débat public français parce que le préjugé anti-finance est fortement ancré dans les mentalités sans qu’il soit réellement fondé.

  3. Un livre de 2004 qui expliquait bien l’intéret de la Finance est "Le Commerce des Promesses" de P-N Giraud.

    Un très bon livre en effet. Publié en 2001, en fait. Je l’avais chroniqué à l’époque.

    Il faut être prudent quand a la possession d’action Françaises. L’intérêt de posséder des actions repose sur l’exigence d’avoir un patrimoine diversifié. Sachant que nos retraites sont corrélées a la bonne santé de l’économie Française, il me semble plus judicieux d’investir dans des actions étrangères et de préférence non Européennes (ou dans le CAC40 qui est suffisamment internationalisé).

    En toute rigueur, si vous voulez dresser un portefeuille efficient, vous devez “mettre un peu de tout dedans”. Par ailleurs, dire que des actions étrangères évitent la corrélation des risques entre actifs est tout de même un peu osé, sans plus de précisions. Je doute qu’on puisse vraiment considérer que les économies allemande, anglaise ou même américaine soient, à l’horizon des retraites, sur un trend de croissance foncièrement différent de l’économie française… Donc, oui à la diversification, qui est le principe de base de construction d’un patrimoine dans une optique théorie financière. Mais non à la lecture que vous semblez en donner. Par ailleurs, revenons à la base de l’argument de Landier, c’est un problème d’insuffisante diversification qui conduit à préconiser l’achat d’actions françaises.

    SM

  4. Je confirme l’opinion de SM : ce que déplore Landier, c’est le fait que les titres français ne sont que faiblement détenus par des français, ce qui crée une hostilité vis à vis de la finance explicable, car les gens ne bénéficient pas de tous les gains liés à l’accroissement d’efficacité des entreprises et se sentent dépossédés. Son argument favorable à l’actionnariat est un argument d’économie politique, de réappropriation du pouvoir de la finance par les citoyens.

  5. Désolé, j’ai voulu faire court. Je ne voulais attirer l’attention que sur le point de l’exigence de diversification et la prise en compte pour ce faire de la totalité de ses avoirs et notamment de sa retraite par répartition afin d’éviter les corrélations inattendues. Le problème qui me chagrine en l’occurrence est la propension de différents gouvernement a pousser des "fonds de pension" a la Française qui n’investiraient qu’en actions Françaises, voire qui serviraient a renflouer patriotiquement/citoyennement des canards boiteux ce qui me semble contraire a l’objectif fondamental d’un fonds de retraite. (Je dois être hors sujet désolé)

    Je comprends bien l’argument d’économie politique qui est d’encourager les gens a investir en action. Toutefois cet investissement ne peut être effectuer que par des gens qui ont un minimum de culture financière, qui comprennent les risques des investissements en actions et qui peuvent les supporter. L’expérience, y compris a l’étranger, montre que ces gens sont plus que rares.
    Le même objectif d’éducation serait mieux atteint par une formation scolaire préalable.

  6. Ne nous fourvoyons pas : les contempteurs du Marché ne contestent pas son efficacité, bien au contraire. Ils contestent sa légitimité morale : le Marché est vu comme faisant primer l’efficacité économique sur la solidarité humaine. Se servir du Marché, se servir de l’Economie, comme l’alpha et l’oméga de la destinée humaine, voilà ce qui est contesté.

    Que le Marché soit un moyen, certes, qu’il devienne une fin, c’est là le débat.

    Sauf que nous vivons dans un pays où au nom de cette illégitimité morale supposée (un mécanisme a-t-il une morale en soi ?) , le mécanisme de marché est synonyme de mal. En revanche, le corporatisme, le centralisme et le constructivisme y sont trop souvent vus comme souhaitables.
    SM

  7. Il s’était fait descendre dans le Monde de l’éco il y a une ou deux semaines. Z’aviez vu la critique? Ca m’avait convaincu de ne pas l’acheter, mais Salanié et vous étant de mailleurs prescripteurs, je crois que finalement je m’y mettrai.

    Attention, en ce qui me concerne, je ne l’ai pas lu, je me contentais de signaler qu’il jouissait d’une publicité assez inhabituelle pour un essai d’économie politique. Néanmoins, l’avis de Salanié et les quelques réflexions d’Alexandre à son sujet m’incitent à penser que vous pouvez y aller. Je n’avais pas lu la critique du Monde.

    SM

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