Je lis ici que :
Selon une récente étude du cabinet financier Deloitte & Touche, le célèbre Real Madrid serait le club le plus riche de la planète football.
Avec plus de 292,2 millions d’euros de recettes, le club madrilène devance l’autre grand club espagnol, à savoir le FC Barcelone. En troisième position, on trouve contre toute attente la Juventus de Turin, qui malgré sa relégation en Serie B génère tout de même prés de 250 M€ de Chiffre d’Affaires. Pas de club français dans les dix premiers, mais juste derrière, à savoir une 11e place pour l’Olympique Lyonnais, premier club français avec 127 M€ »
De quoi être sceptique, non ?
Il est en effet étonnant de confondre richesse et chiffre d’affaires!
D’autant plus que j’avais compris que ces clubs espagnols et italiens étaient surtout très endettés
Finalemennt, le club le plus riche, c’est peut être Auxerre!
A cause de la confusion CA/bénéfices ?
Non, puisque le bénéfice ne mesure pas non plus la richesse.
Et encore, ils auraient pu faire coller la richesse à la capitalisation boursière…
C’eût été, pour les clubs cotés, nettement plus opportun.
Assez désastreux, surtout que le site à l’origine de la citation est spécialisé dans "l’actualité des transferts"… L’ignorance économique a encore de beaux jours devant elle !
Le CA ne mesure pas la richesse, pas plus que le bénéfice, pas plus que la capitalisation boursière.
Alors, quelle serait une bonne mesure de la richesse ? En particulier, quelle serait une bonne mesure de la richesse d’un club de foot ?
La richesse d’une entreprise sportive n’a pas de raison d’être définie différemment de celle d’une autre entreprise. En l’occurrence, la richesse d’une entreprise (tout comme celle d’un particulier au fond) peut être comprise comme son patrimoine net, c’est-à-dire la différence entre ses actifs et ses dettes (moyennant quelques retraitements qui ne changenet pas la logique). Maintenant, et c’est pour cela que je disais qu’il était plus opportun de prendre la capitalisation comme indicateur, celle-ci est à un instant la richesse potentielle de ceux qui détiennent les titres, donc les propriétaires. Son défaut, c’est d’être une richesse potentielle, qui ne s’évalue qu’aux conditions de la vente. L’autre gros défaut de la capitalisation boursière, c’est que très peu de clubs sont cotés… La question de savoir comment est déterminée la valeur du titre relève de la théorie de l’évaluation et renvoie soit à la notion de patrimoine net (un raisonnement en stock) soit à la valeur fondamentale (un raisonnement en flux). Eventuellement, dans l’optique de flux, vous pouvez prendre en compte des effets de bulle (toujours en cas de cotation des titres). Mais, quoi qu’il en soit, jamais un chiffre d’affaires n’a représenté une richesse, pas plus pour un club de foot que pour un épicier.
C’est un indicateur de taille. Or, on peut être gros et pauvre. Quant au bénéfice d’un exerice donné, il contribue à faire évoluer la richesse, mais n’est pas la richesse.
Dans ce classement, les clubs les plus riches du point de vue des recettes sont aussi ceux qui disposent du plus d’actifs…
Et les dettes ? Si vous ne prenez pas en compte les dettes, ben c’est pas bon. Il n’est pas impossible du tout que les clubs au plus gros CA aient aussi le patrimoine net le plus important. Un club riche fait du chiffre. Mais tous les clubs qui font du chiffre ne sont pas forcément riches.
Un exemple amusant dans le cas des clubs côtés est celui de la Juventus de Turin qui a vu sa côte augmenter lors de l’annonce de sa relégation en série B (car le club allait enfin équilibrer ses comptes…)
Vous avez raison, c’est à la fois amusant et assez logique. Comptes équilibrés, managers remplacés, actifs globalement peu ébranlés (la marque subsiste, Trézeguet et Buffon ne deviennent pas irrémédiablement moins bons), les profits futurs sont réévalués à la hausse.
"Mais, quoi qu’il en soit, jamais un chiffre d’affaires n’a représenté une richesse, pas plus pour un club de foot que pour un épicier."
C’est n’y rien connaître au foot que dire cela. Les supporters d’un club de foot ne changent pas de club comme d’épicier. Dire qu’être gros ce n’est pas être riche en parlant d’un club de foot c’est comme dire qu’un pays n’est pas puissant s’il a une grosse population. Certes, des pays comme l’Inde ou la Chine peuvent connaître des moments difficiles, voire être temporairement colonisés, mais leur taille leur assure la pérennité et une certaine puissance au moins potentielle (c’est pourquoi la Chine a toujours plus compté que la Belgique, même si cette dernière a été pendant un siècle plus riche). Idem pour un club de foot.
Si vous n’avez rien compris à la notion de richesse, je n’y peux rien. Idem, si vous ne comprenez pas la différence entre un stock (ce qu’est la richesse) et un flux (ce qu’est le CA), je n’y peux rien. Si vous ne pouvez pas comprendre qu’un club peut ne pas être riche malgré un CA important, je vous conseille de vous pencher par exemple sur l’OM de la décennie qui s’achève. La notion de club au bord de la faillite a-t-elle une signification pour vous ? Si le CA est irrémédiablement plus faible que les charges chaque exercice (en y ajoutant les autres produits), en dépit d’un très gros CA, s’enrichit-on ? Si je suis criblé de dettes et que j’ai un CA énorme, suis-je riche ? Vous pouvez vous masturber l’esprit tant que vous voulez (ça fait longtemps que vous n’étiez pas venu le faire ici, on ne s’en portait pas plus mal), ça ne change rien au fait que le CA n’est pas la richesse, n’est pas le patrimoine, y compris pour le Real Madrid ou Manchester. A la limite, ce n’est pas de l’économie, c’est de la comptabilité. Donc, vous aurez du mal à jouer la vierge antilibérale effarouchée en évoquant chez moi un biais droitier.
un CA ne represente pas la richesse…
Oui, bien sûr.
Mais le CA, dans des entreprises de même secteur et un bon indicateur de comparaisons : Les commerces s’achètent très fréquement sur un multiple de leur CA. Le multiple dépend lui du secteur d’activité du commerce. De même le taux d’endettement maximum est mis en relation avec le CA.
Dans le cas des PME, le bénéfice d’exploitation est souvent ce qui reste après la rémunération des dirigeants. Il n’est quasiement jamais utilisés pour determiner le prix de cession.
Un club de foot reste une PME. Je crois que les effectifs salariés du PSG sont à moins de 100 personnes.
La capitalisation boursière serait-elle un reflet plus exact ? En analyse boursière, la capitalisation est le reflet de l’actualisation des bénéfices attendus.
Il existe encore des clubs qui sont des associations sportives sans but lucratif. Leur capitalisation vont donc zéro. doivent-ils figurer en bas du classement ?
Dire que le CA est un élément de comparaison, je l’ai déjà écrit moi aussi et j’ai dit qu’il comparait les tailles, pas les patrimoines. Dire que CA = richesse n’a rien à voir et il faut arrêter de vouloir donner un sens à des stupidités. Dire que le CA fait partie du fonds de commerce, c’est exact. Mais le fonds de commerce n’est qu’un des éléments de l’actif et le CA n’est qu’un des éléments du fonds de commerce (important, néanmoins). Réalisez vous que si vous prenez le CA du Barça comme indicateur de sa richesse, vous excluez par exemple la valeur marchande de Ronaldinho de la richesse du club ?
Pourquoi ne dites vous pas tout simplement qu’il s’agit de la NPV des cash flows futurs (ca ne se dit peut etre pas en Francais?).
Oui, on parle de Valeur Actuelle Nette (VAN) aussi en français. Je ne le dis pas parce que ce n’est qu’une des deux ou trois méthodes d’évaluation d’une entreprise et que ces techniques d’évaluation de l’entreprise sont surtout valables dans l’optique de la vente. En réalité, pas besoin d’aller aussi loin pour pointer la connerie notoire qui consiste à écrire CA = richesse. N’importe qui doit pouvoir comprendre que la valeur des recettes ne peut pas résumer la richesse d’une entreprise, tout comme un salaire ne définit pas la richesse d’un individu, sans quoi l’ISF porterait sur les salaires…
J’ai toujours trouve la facon dont les fonds de commerce sont vendus est une source d’ébahissement et certain ont du y voir une source de profit.
Je crois que ces méthodes simples d’évaluation ne sont que des conventions sectorielles. Elles ont le gros avantage de ne pas mobiliser beaucoup de travail d’investigation financière, d’être acceptées par les acteurs du secteur (ce qui permet de revendre sur les mêmes bases que quand on a acheté) et de ne pas être totalement absurdes, quoique très approximatives. Enfin, en tout cas, c’est comme ça que je le comprends.
Je présume que connerie notoire veux dire inculture economique et financière.
Venant d’un journaliste, même sportif, ça m’a semblé ridicule. Maintenant, après tout, le football étant quand même un sport de cons, j’aurais peut-être pu la fermer et laisser les masses se gargariser de la belle identité richesse=CA.
Mais n’êtes vous pas la pour ca?
Je ne suis pas sûr de comprendre le sens de cette phrase. Au premier niveau, s’agit-il de savoir si je suis là pour corriger ce genre de définitions erronées et donner la bonne (celle de la comptabilité, de l’analyse financière et, aussi, du bon père de famille) à ceux que ça intéresse ? Au premier niveau toujours, s’agit-il de savoir si j’attends de lire des conneries pour m’en gargariser en public ?
Au second niveau, la question est de savoir tout simplement si j’ai un rôle. Qu’est-ce que ça veut dire avoir un rôle ? J’ai un rôle dans ma famille, dans mon travail, c’est indéniable. Ailleurs…
Ici, pour vous dire le fonds de ma pensée, je pensais que l’échange allait se limiter à des commentaires du type « pfff… lamentable » et « Bon, ok, moi ça me choque pas. Si j’ai faux quelque part, c’est quoi la richesse d’une entreprise ? ». Relisez la formulation des commentaires et vous verrez qu’on a remplacé la seconde catégorie par autre chose. Mais ça ne m’étonne pas trop. Cette obsession de donner sa version de la vie, sur tout et n’importe quoi va emporter les conventions les plus inoffensives pour la démocratie. Et évidemment, ce sera toujours au nom de l’égalité et de la liberté…
En fait votre sondage est instructif.
J’étais tellement consterné que j’en ai parlé avec un ami prof d’analyse financière. Comme ça, on était deux…
En fait vos initiales sont particulièrement appropriées et pertinentes. La souffrance et le martinet.
C’est un faux procès. Ceux qui lisent ce site depuis plus d’une semaine le savent.
Je pense quand même que vous pourriez être plus didactique; le revenu, les couts, le cash, le non cash, les marges, la préference temporelle (ou la notion française correspondante), la valeur actuelle, le financement par la dette, le capital, etc., voila un billet de trois pages qui rendrait intelligent.
Et une petite pipe avec tout ça ?
Vous etes OM ou OL?
Il n’y a qu’un seul olympique.