Deux lectures indispensables du lundi

A ne pas manquer, un article consistant sur Telos intitulé “et si l’augmentation des dépenses de santé était une bonne nouvelle?“. Cela fait des lustres que je voulais faire un post sur ce sujet, il faudra y revenir, mais cet article pose remarquablement bien le sujet.

Sinon, Eurostat nous informe que le chômage dans la zone euro a baissé d’un point entre décembre 2005 et 2006, atteignant désormais 7.5%. Ce qui appelle plusieurs commentaires.

– Cela permet de relativiser l’actuel débat stérile sur les statistiques du chômage; oui, le chômage diminue en France, mais cela n’a rien d’étonnant : c’est un mouvement général dans toute la zone euro. Cela nous rappelle que ce ne sont pas, pour l’essentiel, les gouvernements qui font les bons ou les mauvais taux de chômage, mais les circonstances. Peut-être qu’un jour on cessera de prêter des capacités qu’ils n’ont pas aux politiques; on peut toujours rêver.

– Tout comme Solow voit des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de productivité, on entend critiquer la politique de la BCE partout, mais la critique peine à se retrouver dans les statistiques. Il suffit d’observer ce diagramme :

Pour constater que le chômage a toujours été inférieur dans la zone euro à celui du reste de l’union européenne. Il est évident qu’il y a là un gros effet de sélection (les pays européens hors zone euro étant souvent d’anciens pays de l’est); mais par exemple, le chômage a augmenté l’année dernière en Grande-Bretagne alors qu’il baissait dans la zone euro. De même, lorsqu’on observe les écarts de taux de chômage énormes entre pays de la zone euro (du simple au triple) l’argument selon lequel des politiques spécificités (merci pour la correction) nationales sont la cause principale prend du sens. Ne pas manquer sinon les autres tableaux, par sexe et âge.

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Alexandre Delaigue

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4 Commentaires

  1. Juste une petite remarque, on ne peut pas écrire :

    Cela nous rappelle que ce ne sont pas, pour l’essentiel, les gouvernements qui font les bons ou les mauvais taux de chômage, mais les circonstances

    et un peu plus bas :
    De même, lorsqu’on observe les écarts de taux de chômage énormes entre pays de la zone euro (du simple au triple) l’argument selon lequel les politiques nationales sont la cause principale prend du sens.

    sans dénier aux gouvernements la capacité a instituer des politiques nationales.

    Vous avez raison, c’est une confusion de ma part. Au lieu de “politiques” je pensais “spécificités nationales” dans le second cas. Merci de m’avoir fait remarquer cette confusion 🙂

  2. Désolé, mais la première chose que je remarque si je regarde ce graphique, c’est que je vois surtout une convergence entre Euro-zone et UE. Le différentiel passe de 0,8 point d’avantage pour la zone euro à 0,1 point. Pas très flatteur pour l’euro qui voit son avantage fondre régulièrement. A part ça, les résultats sont effectivement tellement disparates qu’il n’y a pas grand à accuser l’euro sur la seule base de ce graphique.

    Oui et non. Il est en même temps assez normal que les pays hors zone euro (est-européens pour la plupart) qui sont en rattrapage aient une amélioration en termes de chômage supérieure aux autres pays, indépendamment de tout le reste. En tous les cas on voit mal avec cette évolution en quoi il y aurait un problème spécifique lié à l’appartenance à la zone euro, surtout quand on y ajoute les disparités entre pays.

  3. Dépenses de Santé:
    Sans nier la tendance naturelle de nos dépenses de Santé à croître, notre système de soins souffre d’une approche exclusivemment financière, qui explique en grande partie l’échec des réformes successives.
    Il s’agit probablement du seul secteur d’activité où l’on analyse copieusement les coûts et financements, sans évaluer auparavant l’efficience du service rendu.
    Or ce simple constat interdit tout démarche susceptible, non pas de réduire de manière prolongée le montant des dépenses, mais d’en freiner la croissance.
    Non seulement la progression de la demande augmente le nombre et le coût des dysfonctionnements, mais toute politique de prévention d’envergure est-elle impossible.
    Par ailleurs, l’absence quasi-totale d’organisation de notre système de soins rend illusoire toute démarche thérapeutique d’envergure en cas de crise sanitaire majeure.

    Je ne suis pas convaincu par l’argument de la “seule approche financière”. La véritable approche est plutôt un mélange d’approche de réduction des coûts en maintenant la liberté individuelle du consommateur de soins et du médecin. Ces libertés sont appréciées à la fois par les médecins et les patients : les deux ont parfois tendance à en abuser (je pourrai vous parler d’un pacemaker placé récemment sur une personne de ma connaissance comme pur placebo…) mais c’est cette volonté de préserver les libertés individuelles qui aussi explique l’échec des réformes du système. L’alternative, c’est le NHS dans lequel des comités de médecins décident que la greffe de cornée droite sera remboursée par le système, pas la gauche. Est-ce vraiment ce qu’on veut en France? Certainement pas. Dans le télérama de cette semaine, un sondage montrait que “rationner les soins” est ce qui est considéré par les français comme la pire atteinte à leur liberté.
    C’est cela aussi qui veut qu’on analyse pas l’efficience du service rendu : ce serait aller à l’encontre de cette liberté. A terme on sera probablement obligé d’y venir, soit d’une façon centralisée, soit de façon décentralisée, les assurances et mutuelles se voyant confier une part croissante des remboursements.
    Les dysfonctionnements et l’absence de prévention sont peut-être contestables d’un point de vue d’efficacité sanitaire : mais que demande-t-on exactement au système de santé? L’efficience technique ou la satisfaction des besoins? Je tiens à préciser que je n’ai pas la réponse.

  4. Pas très substantiel le papier sur l’assurance maladie sur Telos. Serais curieux d’avoir votre avis. Le projet de "CSP" ressemble quand même beaucoup à ce qui existe déjà. La seule idée là-dedans est de faire plus payer les vieux pour leurs propres soins, ce qui se défend mais ne casse pas trois pattes à un canard.

    Oui la partie “réforme” n’est pas la meilleure du lot. Le grand intérêt de ce papier est de préciser enfin que la question n’est pas tant de savoir comment limiter les coûts mais de constater que les dépenses vont augmenter de toute façon, parce que c’est ce que les gens veulent et que fondamentalement on en a pour son argent. Lorsqu’on achète des voitures on appelle cela “consommation” et on trouve cela très bien; lorsqu’on achète des soins on dit “dépenses à la dérive” et on trouve cela mauvais. On ne fera rien de bon en la matière tant qu’on n’aura pas compris que la santé est devenue un bien de consommation dont la consommation est vouée à exploser.

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