Trois bonnes lectures du jour

Comment un journaliste économique, bien au fait de la finance, s’est retrouvé écrasé par les subprimes.

Pourquoi les banquiers ont-ils pris trop de risques? Excès de testostérone. Ce métier notoirement misogyne devrait embaucher plus de femmes.

Pourquoi les mécanismes de permis de pollution ont-ils plus de succès que les taxes environnementales? Parce qu’elles permettent de faire des cadeaux aux entreprises, et s’attirent ainsi une coalition d’intérêts favorables. Au passage, les américains sont peut-être partis pour faire les mêmes erreurs que les européens.

Alexandre Delaigue

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6 Commentaires

  1. L’idée de la testostérone, telle que je la comprends, c’est que les traders sont majoritairement des hommes, et que les hommes auraient une aversion au risque insuffisante.

    Une question vient immédiatement à l’esprit : insuffisante pour qui?

    On pense immédiatement à l’employeur; ici, les banques. On suppose implicitement que certaines banques auraient préféré une conduite plus prudente. Elle avaient plutôt un "tempérament féminin", donc, mais les traders masculins leur ont fait prendre des risques qu’elles ne souhaitaient pas prendre. Hum…

    On ne peut pas nier qu’il existe des problèmes dans tout contrat principal-agent en général, et entre une banque et ses traders en particulier. Mais il ne faut pas oublier le contexte : l’expansion monétaire créait des incitations à la spéculation pour des les acteurs. Rien ne prouve que les banques concernées souhaitaient être plus prudentes que leurs traders.

    Elles ont octroyé à ces traders des bonus tout à fait incitatifs, en termes de prise de risque, alors que rien de les y obligeait. Est-ce qu’un directeur de pompes funèbres irait mettre en place un plan de rémunération super-incitatif pour ses commerciaux?

    Si la concurrence exigeait d’augmenter les traders pour les retenir, cela pouvait se faire dans le salaire fixe. Mais elles ont opté pour des rémunérations avec un fort levier.

    Les banques ont d’ailleurs augmenté leur effet de levier de manière générale. Cela relève d’une décision actionnariale et managériale.

    Comment expliquer un tel appétit pour le risque sur toute la chaîne, du trader à l’actionnaire, en passant par le management? Etaient-ils tous gavés à la testostérone?

  2. Je crains que votre journaliste n’ai pas vraiment compris la leçon. La pire des déroutes financières qui puisse arriver a un homme résulte du mariage, pas du fait de ne pas savoir compter. Hallucinant.

  3. Au passage, il y a un tres bon bouquin en francais "la crise des subprime", laure klein – revue banque edition. IMHO, the best.

  4. "Comment un journaliste économique, bien au fait de la finance […]"
    Voilà une assertion qui mérite d’être discutée. En novembre dernier j’ai été interviewé par une journaliste d’un quotidien français (Le Monde pour ne pas le citer) pour donner mon sentiment sur la crise financière. Lorsque j’ai lu la transcription de mes propos j’ai été effaré de la teneur de l’article : elle n’avait simplement rien compris à ce que je lui avais dit. J’ai tiré deux conclusions de cette expérience.

    La première c’est que la finance a atteint un tel niveau de technicité qu’elle est incomprise par la majeure partie de ceux qui la commentent. Un phénomène inconnu ou incompris suscite généralement la peur et engendre deux types distincts de réaction : la fuite ou la violence. La fuite étant interdite pour le journaliste qui doit expliquer ce phénomène, c’est donc la violence qui a pris le pas dans les commentaires de la crise financière. Les articles sont dans leur majorité écrits "à charge" et font peu de place à la réflexion et à la lucidité. On ne peut alors que regretter la désinformation de masse qui a construit un socle d’idées assez éloignées de la réalité.

    Ma seconde conclusion est que la finance a permis de cristalliser la violence latente au sein de la société. La banque, à travers la diabolisation des traders et le dénigrement des institutions (mes mots sont à peine trop forts), a été jetée aux chiens pour servir d’exutoire à la désespérance générale. En un sens, Daniel Bouton fut le plus solidaire des français en jouant le rôle de soupape sociale et politique.

    PS : Le journaliste n’est pas "écrasé par les subprimes". Les prêts Alt-A sont des "primes". Il est entre autre inquiétant qu’un journaliste "bien au fait de la finance" soit si peu lucide sur l’état des siennes de finances…

  5. Je suis d’accord avec jck sur le bouquin de Laure Klein. D’ailleurs la petite est plus jeune qu’Emmelline et J-E… Gare à eux… 😉

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