Les économistes français bloguent toujours très peu. Cela doit changer.

1 mai 2006 Stéphane Ménia De l'économie en général 6

Il y a un an, presque jour pour jour, je déplorai la quasi-absence des économistes francophones dans la blogosphère, tout en saluant l’ouverture du blog de Bernard Salanié. Qu’en est-il un an après ?

Le constat n’est globalement guère encourageant. Certes, on dénombre de nouveaux blogs tenus par des économistes. Yannick Fondeur et Carole Tuchszirer (dont le blog existait déjà l’an dernier depuis quelques jours), Olivier Bouba-Olga, récemment entré dans l’arène sont les seuls économistes établis qui ont, à ma connaissance du moins, ouvert un blog depuis l’an dernier. Notes d’un économiste, tenu par un thésard s’ajoute au lot. C’est peu, bien peu.

On pourrait analyser en profondeur le pourquoi du comment. Je laisse ce soin à Versac, un des spécialistes des analyses sociologiques des tendances blogs dans la nébuleuse lieu-commun. Je me contenterai de lancer un appel quasi-désespéré aux économistes de langue française. Je veux bien comprendre qu’ils n’aient pas le temps. Je veux bien comprendre qu’ils ne souhaitent pas s’exposer. Néanmoins, je crois que ce serait bien qu’ils tentent l’aventure. Après tout, un blog est vite ouvert et vite fermé. Si vraiment le temps manque, si vraiment l’expérience s’avère peu intéressante, il est toujours temps de faire machine arrière ou de laisser le blog dans un abandon passager.

Il y a une chose que j’ai assimilée en tant qu’utilisateur des nouvelles technologies de l’information et de la communication, c’est que c’est en grande partie l’adoption de la technologie qui génère ses usages. En gros, même quand on ne sait pas vraiment ce qu’on va faire avec une technologie, l’adopter engendre des usages inattendus et utiles. Appliqué à un blog, cela signifie que même si on ne sait que vaguement ce qu’on racontera, on le découvrira au fur et à mesure. Par exemple, je pensais qu’on parlerait d’économie sur notre blog. En fait, je parle de foot. Et Alexandre de ses ennuis judiciaires. De ce point de vue, le blog L’économie sans tabou est assez exemplaire, puisque Bernard Salanié s’y exprime sur des tas de choses, certes toujours en rapport avec l’économie, mais peut-être pas comme il l’avait imaginé initialement (faudrait lui poser la question).

La création de Telos et les motivations qui la sous-tendent forcent cependant à imaginer une raison plus simple. Les économistes sont contre le principe des blogs où, comme Zaki Laïdi, fondateur de Telos, le regrettait en substance dans une émission de France Culture blogomédiatisée pour des raisons extrêmement narcissiques, la parole du premier venu est mise sur le même pied que celle d’un expert reconnu. Comme l’ont fait remarqué maître Eolas et Versac, les choses sont un peu plus compliquées et il est possible de limiter ce genre d’errements.

Je comprends donc toutes les réticences que peuvent ressentir les blogueurs économistes potentiels. Néanmoins, quand je regarde la blogosphère économique américaine, je suis frappé de constater la riche diversité qui la compose. On a des auteurs qui sont des superstars (Becker, Posner, Mankiw, De Long, Levitt) et des tas d’autres, plus ou moins connus dans le “business”. Ce qui est remarquable, c’est que chacun apporte un éclairage et des ressources différentes. C’est ce qui nous manque en France.

Que vous soyez un simple thésard, un cador mondialement reconnu ou simplement un vaillant enseignant-chercheur / chercheur d’une petite université de province (ou d’un labo d’excellence en province…), vous avez tous des choses à nous apporter et à vous apporter. Join the army…

Dernière chose, j’aimerais que ce message soit largement relayé, bien au delà des gens qui le liront. Puis-je compter sur vous ?

6 Commentaires

  2. si les track Trucs sont fermés, on relaie moins facilement !

    (mais bravo pour cet appel, très justifié. Je crains que la crainte explique cette timidité des économistes. Pas très sûrs d’eux. Quant à Telos, le simple fait qu’il n’y ait pas de commentaire suffit à discréditer l’entreprise, à mon avis)

  3. Frédéric : pourquoi voulez vous une pétition ?! Je lançais juste un appel amical.

    Yves : oui, les trackbacks sont fermés depuis qu’on s’est méchamment fait spammés. Mais bon, on s’en passe bien. Quant à Telos, je ne partage pas votre point de vue. C’est une initiative à soutenir. J’en ai un peu marre de la forme d’intégrisme blogosphérique qui règne parfois. Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place.

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